Empreinte carbone : avion vs voiture, le match
L'avion et la voiture sont des modes de transport polluants. Mais l'une de ces options tire-t-elle malgré tout son épingle du jeu ?
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La newsletter de votre média préféré, cette notification Instagram qui dit que Tom68 a liké votre dernière photo sur la plage de Nice, le message de votre cousine éloigné vous informant que son mariage est reporté pour cause de pandémie, tous ces mails dégagent des émissions de gaz à effet de serre, et ont donc une empreinte carbone. De quel ordre est cette empreinte, et d’où provient-elle ? Et surtout comment faire pour la réduire à son strict minimum ?
Contrairement à l’idée communément partagée, l’empreinte carbone d’un email est loin d’être anecdotique, d’autant plus qu’elle doit être multipliée par la quantité colossale de messages qui s’échangent chaque jour. Car oui, nos boîtes mails croulent sous le poids des courriers électroniques... Inventés dans les années 60 par l’ingénieur américain Ray Tomlinson, ils font partie du quotidien de la majorité des individus.
Démonstration en quelques chiffres :
Et les mails sont très énergivores ! Si l’on zoom sur l'empreinte carbone de l’email moyen, voilà ce que cela donne :
Au niveau mondial alors cela donne quoi ? 281 milliards d'emails ont été envoyés chaque jour dans le monde en 2018 (source : Radicati Group) Si l’on se base sur une empreinte carbone moyenne de 4 grammes par email, on arrive au chiffre vertigineux de 410 millions de tonnes de CO2 générées chaque année.
À noter : ce montant est sans doute sous-évalué car il ne prend pas en compte les spams, qui représentent la moitié des messages reçus, et qui même non ouverts provoquent des émissions de GES.
Comment se fait-il alors que les envois d’emails totalisent une telle empreinte carbone ?
Même adressé à Kevin de la compta dont le bureau n’est qu’à cinq mètres du nôtre, notre courriel enverra des données à un data center, bien souvent de l’autre côté de l’Atlantique : en effet, sur les 4500 data centers recensés à travers le monde, plus de 1800 sont aux États-Unis, dont bien sur ceux de Google et Yahoo, contre 56 en France. De fait, la majorité des emails français parcourent des milliers de kilomètres, et ce tout en opérant des passages par de nombreux routeurs, serveurs et ordinateurs ayant besoin d’énergie pour fonctionner. Et pour se refroidir ! Car en data center, la température de certains composants peut facilement monter à 60 degrés…
A noter : les data centers consomment près de 10 % de l'électricité mondiale, dont près de la moitié sert à faire fonctionner les systèmes de refroidissement (source : Guilhem Cottet, délégué général de France Datacenter)
Lorsque le voyage de l’email est terminé, sa dépense d’énergie n’est pas finie, car vient la phase de stockage, qui pose ses propres problèmes. En France, les internautes auraient en stock répartis sur l’ensemble de leur boite mail entre 10 000 et 50 000 mails non lus (source : Foxintelligence). Leur coût : la consommation de 200 TWh par an pour assurer leur stock en data center, générant ainsi 0,3% des GES. (source : le média Nature)
Au total, 80 % des mails ne sont jamais ouverts, entre spams, courriers aux 34 destinataires et autres newsletters jamais lues et pourtant jamais annulées…
Quelques conseils pour éviter que votre messagerie devienne un vivier d’émissions de GES…
Bien souvent, 3 emails peuvent être condensés en un seul, quitte à être envoyés plus tard dans la journée. (Quand cela est possible, préférez le coup de téléphone ou le texto !) Et lorsque le mail s’impose, n’hésitez pas à réduire la liste des destinataires au strict minimum.
Vous pouvez également vous désabonner de toutes les newsletters que vous ne lisez pas. Dans la même veine, une bonne piste est aussi de passer en revue ses vieilles adresses mails dormantes ou s’amoncèlent des mails relevant d’une autre vie. Vous pouvez également effacer les adresses email enregistrées que vous n’utilisez plus. Votre crush de maternelle, cette cousine a qui vous n’avez pas parlé depuis 15 ans, hop, on appuie sur delete, et on passe tout ça à la sauce Marie Kondo.
Et pour ceux qui aiment déléguer à une application, il en existe plusieurs proposant de trier pour vous votre boite mail, à l’instar de Cleanfox, ListeWise ou encore Clean Email.
Pour commencer, il faut bien penser à alléger chaque mail envoyé : pas de pièce jointe inutile, et si pièce jointe il y a, vous pouvez réduire sa taille avant de l’ajouter. Par exemple, compresser les images ou les envoyer via un lien hypertexte est moins énergivore qu’un document.
Il faut également penser à trier régulièrement ses mails afin de ne rien stocker d'inutile. Et si vous avez le courage, appliquer le grand nettoyage de printemps à l’ensemble de votre boite mail. Ce “ok” accompagné d’un smiley à lunette de soleil reçu en réponse à une proposition d’apéro bière-fromage après le bureau n’a pas forcément sa place 5 ans plus tard sur votre messagerie.
Apple et Yahoo sont en tête de file. Depuis 2013, Apple lutte contre la pollution numérique avec l’ambition de dépendre à 100% d'énergies renouvelables, avec à ce jour, près de 80% des actions de la marque soutenues par des énergies propres. De son côté, Yahoo serait autour de 75%. Suit Facebook avec 67%, et Google avec 56%
A la traine, on retrouve Amazon et Netflix. La société de Jeff Bezos qui s’était engagée à atteindre 40% d'énergies renouvelables en 2016 avait pris du retard pour n’atteindre que 16% en 2017. Toutefois, Amazon vient d'investir dans un parc éolien aux Pays-Bas...pour peut-être atteindre 100 % d'énergie renouvelable d'ici 2030.
A surveiller de près : Netflix, puisque le streaming vidéo compte pour près de 65% du trafic digital mondial, et ce alors que l’entreprise ne repose qu’à 20% sur les énergies propres. A surveiller d’encore plus près, les géants du web asiatiques, Tencent, Baidu, Alibaba et Naver, qui n’ont pas prévu de se passer du charbon…
Une lecture à recommander sur le sujet : la lumière sur le phénomène a été faite grâce à la publication de l’ouvrage How Bad are Bananas? The Carbon Footprint of Everything, publié en 2010 par Mike Berners-Lee, chercheur et frère du célèbre Tim Burners-Lee, considéré comme l’un des inventeurs d’Internet. (Ecologiste convaincu, Mike Berners-Lee est également l’auteur de There Is No Planet B : A Handbook for the Make Or Break Years.)
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