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Le numérique fait partie de notre quotidien. On imagine mal, aujourd’hui, devoir se passer de son smartphone et des multiples services numériques que nous utilisons maintenant presque sans nous en rendre compte.
Le problème, c’est que comme dans de nombreux domaines, ces éléments parfaitement intégrés dans notre routine et notre vie ne sortent évidemment pas du néant. Ils impliquent, pour beaucoup d’entre eux, des chaînes de production et des éléments de support aux impacts environnementaux et sociaux conséquents, voire dramatiques.
La pollution numérique, contrairement aux services numériques, est parfaitement tangible. Comment est-elle engendrée ? Quelles sont les pratiques les plus polluantes ? Comment lutter contre ce fléau ?
Détails dans cet article.
La pollution numérique désigne l’impact environnemental imputable au domaine du numérique dans son ensemble. En ce sens, elle englobe aussi bien les fabricants de matériel numérique que les consommateurs finaux, en passant par les services de stockage de données, etc.
En effet, contrairement à ce que peut laisser croire le vocabulaire employé pour décrire ces technologies (dématérialisation, cloud, virtuel), les équipements et infrastructures qui permettent les usages numériques sont tout à fait matériels. Leur fabrication repose sur une chaîne logistique mondiale fortement consommatrice de ressources (minerais métalliques et énergétiques, eau, sable, caoutchouc...) dont les conséquences environnementales et humaines sont multiples. (Guide de questionnement pour le développement de services numériques, ADEME et Ouishare, mai 2021)
Selon les chiffres de l’ADEME et de l’Autorité de régulation des communications (Arcep), 2,5 % de l’empreinte carbone de la France serait liée au seul secteur du numérique. Les services numériques, quant à eux, représenteraient pas moins de 10 % de la consommation électrique française annuelle.
Par ordre d’importance, les outils numériques les plus polluants seraient :
NB : la proportion de l’impact environnemental des terminaux, des centres de données et des réseaux varie en fonction de l’indicateur considéré.
À l'échelle mondiale, les émissions de gaz à effet de serre du secteur numérique sont estimées à environ 4 % des émissions globales générées par les activités humaines, et leur taux de croissance est estimé entre 6 et 8 % par an. Or, pour suivre les accords de Paris, elles devraient diminuer de 5 % par an. (Guide de questionnement pour le développement de services numériques, ADEME et Ouishare, mai 2021)
L’impact environnemental du numérique s’explique très facilement. Il existe ainsi 4 raisons majeures à ce bilan peu reluisant.
Ce n’est pas quelque chose dont nous avons pleinement conscience, mais en vérité, tous ces appareils numériques que nous tenons quotidiennement entre nos mains (smartphones, ordinateurs, tablettes, etc.) contiennent une variété de métaux rares : de l'or, du cobalt ou encore du lithium. De même que des substances toxiques nettement moins ragoûtantes à l’image du plomb, du mercure ou du cadmium. Ceci sans parler du sujet du plastique.
Or, tous ces éléments se retrouvent malheureusement trop souvent relâchés dans l’environnement, faute d’avoir été correctement recyclés. Une réalité qui n’est pas sans conséquence pour les sols ou encore les cours d’eau.
Nous venons de le mentionner : la question du recyclage est centrale, quand on aborde la problématique du numérique. Non seulement beaucoup d’appareils numériques ne sont pas convenablement traités (simplement parce qu’ils ne sont pas déposés au bon endroit), mais en plus, les éléments qui pourraient être récupérés dans le cadre du processus de recyclage (à l’image des métaux rares) ne le sont pas.
D’après le site du Parlement européen, moins de 40 % des déchets électroniques de l’Union européenne seraient recyclés.
N’ayant pas été déposés là où il l’aurait fallu, les appareils numériques finissent généralement incinérés ou enfouis dans une décharge. Dans un cas comme dans l’autre, le résultat n’a rien d’enviable :
En 2022, près de la moitié des 62 millions de tonnes d’« e-déchets » se sont retrouvées dans des décharges sauvages (14 millions de tonnes) ou ont alimenté le marché noir du recyclage dans les pays en développement (16 millions de tonnes). (...) Cette mauvaise gestion a des conséquences catastrophiques sur l’environnement et la santé des personnes qui travaillent ou vivent à proximité de ces décharges, en particulier les enfants, en les exposant à un cocktail de produits toxiques (plomb, dioxines, PFAS…). Selon les estimations de l’Unitar, 58 tonnes de mercure ou encore 45 000 tonnes de plastiques contenant des retardateurs de flammes sont rejetées, chaque année, dans l’environnement. Cette pollution a un coût estimé à 78 milliards de dollars (71 milliards d’euros). (Stéphanie Mandard pour le journal Le Monde, 20 mars 2024)
L’obsolescence programmée est une pratique ayant clairement pour but d’amener les consommateurs à renouveler fréquemment leurs équipements - de préférence auprès de la marque leur ayant fourni leur précédent produit.
88 % des Français changent leur téléphone portable alors qu’il fonctionne encore. (ADEME, Les impacts du smartphone, 2017)
Or, cette surconsommation des équipements numériques a évidemment un coût environnemental élevé, puisqu’elle conduit à créer éternellement de nouveaux déchets, et qu’il faut par ailleurs continuer à extraire des ressources supplémentaires pour produire sans cesse de nouveaux articles - encore une fois, trop insuffisamment recyclés.
Pour se faire une idée, rien qu’en France, 62,5 millions de tonnes de ressources sont utilisées chaque année afin de produire et utiliser nos équipements numériques. Sur le même laps de temps, 20 millions de tonnes de déchets seraient générées sur l’ensemble du cycle de vie de ces équipements.
Les activités minières ont un impact sur l’air, l’eau et les sols, et peuvent entraîner l'épuisement de ressources hydriques vitales pour les populations locales. Ainsi, les conflits locaux et les déplacements de population liés à ces nuisances sont récurrents. Par ailleurs, la compétition pour le contrôle de minerais stratégiques peut être un facteur clé de l’instabilité politique de certaines régions, voire jouer un rôle déterminant dans des conflits armés. C’est par exemple le cas du tantale en République Démocratique du Congo. (Guide de questionnement pour le développement de services numériques, ADEME et Ouishare, mai 2021)
On le voit : les intrications liées au domaine du numérique sont gigantesques, et dépassent de très loin le cadre de l’exploitation de ressources en provenance de pays tiers. De surcroît, cette exploitation elle-même est sujette à de vifs débats, dans la mesure où le contexte dans lequel elle intervient peut se révéler dramatique. À titre d’exemple, l’extraction du cobalt dans les mines de République Démocratique du Congo est majoritairement réalisée par des enfants, le tout, dans des conditions de travail déplorables.
Hélas, à une époque où le format vidéo est devenu le format média par excellence, il se trouve également que le streaming vidéo est l'une des activités numériques les plus énergivores. Netflix, YouTube, services de vidéos en ligne… Tous consomment énormément. De fait, le streaming impose par définition un transfert continu de données en haute définition. Les serveurs et le réseau tournent donc à plein régime, ce qui augmente la consommation d'énergie.
C’est un exemple plutôt bien connu à présent, mais mentionnons-le tout de même : l’empreinte carbone de l’email - notamment lorsqu’il inclut des pièces jointes - n’est pas négligeable au regard de la quantité des messages qui s’échangent par son intermédiaire, notamment dans le monde professionnel. De même, le stockage des emails non lus ou inutiles n’est pas neutre, puisqu’il implique que des centres de stockage de ces données existent et fonctionnent en continu - afin que vous puissiez y avoir accès à tout moment.
Les emails ne sont pas les seuls à être stockés. De façon générale, le stockage de données dans le cloud (et le besoin en matière de synchronisation constante) induit là encore une forte consommation d'énergie. En cause : la multiplication des sauvegardes automatiques et des partages de fichiers.
La fabrication de nouveaux appareils numériques est très gourmande en ressources naturelles ainsi qu’en énergie. Chaque nouvel appareil implique en effet l'extraction de matières premières, la consommation d'énergie dans le cadre de la production et la distribution auprès des points de vente concernés. En ce sens, renouveler trop régulièrement ses appareils numériques (notamment pour suivre la mode) revient à soutenir un modèle extrêmement coûteux pour la planète.
Aujourd’hui, on trouve plus de 70 matériaux différents dans un smartphone. Ces matériaux sont présents en petite quantité et leur alliage parfois complexe rend nombre d’entre eux difficiles à recycler. Une cinquantaine de métaux sont nécessaires pour fabriquer un smartphone, soit deux fois plus que pour un téléphone portable ancienne génération. Or, ces métaux deviennent de plus en plus complexes à exploiter dans le monde. (ADEME, Les impacts du smartphone, 2017)
Moins connu, cet aspect pourrait intéresser de nombreuses entreprises compte tenu du fait que la plupart d’entre elles possèdent très certainement un site internet. Sachez donc qu’un site web “lourd” (dotés d’images non compressées, de vidéos en autoplay, etc.) est plus consommateur en énergie qu’un site web bien optimisé, car son chargement implique davantage de traitement de données, ce qui accroît la consommation d'énergie des serveurs comme des appareils qui tenteront d’y naviguer.
Initiative | Objectifs |
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Directive sur les Déchets d'Équipements Électriques et Électroniques (DEEE) | Réduire l'impact environnemental des déchets électroniques. Responsabiliser les producteurs en les obligeant à financer la collecte et le traitement des DEEE. Atteindre des taux de collecte et de recyclage spécifiques dans les États membres. |
Règlement sur l'Écoconception (EcoDesign Regulation) | Améliorer l'efficacité énergétique des produits tout au long de leur cycle de vie. Réduire la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre associées. Encourager la durabilité et la réparabilité des produits. |
Le numérique responsable une démarche d’amélioration continue centrée sur la minimisation de l’empreinte environnementale et sociale du numérique. En bref, il s’agit ni plus ni moins d’apprendre à utiliser le numérique de façon raisonnée et raisonnable.
Les principaux axes du numérique responsable sont :
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter nos articles détaillés portant respectivement sur le numérique responsable et la sobriété numérique.
De même, si vous souhaitez en apprendre plus quant à la manière de recycler convenablement vos déchets d’équipements électriques et électroniques, consultez sans attendre le site du Service Public.
Les plateformes de streaming ne constituent pas des éléments tangibles dans le cadre de notre quotidien. De même, peu de gens ont finalement déjà vu un centre de données.
Dans ce contexte, le numérique revêt, par certains aspects, une dimension immatérielle qui ne nous aide pas à prendre conscience de son impact pourtant réel. Par ailleurs, nous sommes tellement habitués (en tout cas dans les pays développés) à une forme de surabondance de l’offre que nous ne prêtons plus vraiment attention à cette quantité excessive de produits à notre disposition, lesquels ne répondent généralement à aucun véritable besoin.
Participer à la lutte contre la pollution numérique peut ainsi simplement consister à aborder ce sujet autour de soi, en entreprise ou dans la sphère privée, et à sensibiliser autant d’individus que possible à la réalité de ce problème.
On n’en parle peu, pourtant des initiatives voient bel et bien le jour dans le domaine du numérique. La coalition européenne pour le numérique vert (EGDC ou European Green Digital Coalition en anglais) a ainsi été créée en 2021, afin de permettre aux entreprises qui le souhaitent de soutenir la transformation écologique et numérique de l’Union européenne.
En synthèse, les signataires de la coalition s'engagent :
Pour accéder à la totalité des informations concernant l’initiative et ses engagements, merci de consulter directement le site de la Commission européenne en cliquant ici.
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