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Michel Barnier est le nouveau Premier ministre de la République française, nommé le 5 septembre dernier par le Président de la République. Il est membre des différents partis gaullistes au fil de sa carrière (UDR, RPR, UMP et LR). Il prend ses fonctions dans un climat de confusion politique exceptionnel, à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale. Sa nomination suscite l’étonnement voire l’indignation, en raison du faible résultat que son parti obtient aux dernières législatives (5% pour 38 sièges).
Qui est Michel Barnier ? Pourquoi a-t-il été nommé ? Quelle est sa politique environnementale et que faut-il retenir de son discours de politique générale ?
Réponses dans cet article. 👇
Michel Barnier est le Premier Ministre le plus âgé de la Ve République, et possède donc une longue carrière dans la vie politique. Retour sur son parcours en France et en Europe.
Dès l’adolescence, Michel Barnier adhère à l’Union des Démocrates pour la République (UDR), parti gaulliste positionné à droite sur l’échiquier politique. Il commence sa carrière en 1973, comme chargé de mission pour le Ministre de l’Environnement Robert Poujade, avant de devenir le plus jeune conseiller général de France en Savoie, à 22 ans. Ensuite, il est successivement chargé de mission pour Pierre Mazeaud (secrétaire d’État de la Jeunesse et des Sports), conseiller technique du secrétaire d’État auprès du Premier ministre, et enfin secrétaire d’État lui-même au Commerce et à l’Artisanat en 1977.
En 1978, il devient le plus jeune député de l’Assemblée nationale aux côtés du Rassemblement pour la République -conservateurs de droite-, où il représente une circonscription de la Savoie. Mandat qui sera reconduit à la suite des nouvelles élections 4 ans plus tard.
En parallèle, il devient président du conseil général de la Savoie, encore une fois le plus jeune élu en date.
En 1995, il devient sénateur de la Savoie. Il n’effectuera pas ce mandat du fait de ses fonctions gouvernementales, mais sera néanmoins réélu en 1997. Il quitte cette fonction deux ans plus tard, en raison de sa nomination comme commissaire européen.
Il monte ainsi les échelons jusqu’à son entrée au gouvernement en tant que ministre de l’Environnement en 1993, pendant le mandat du Premier ministre Édouard Balladur. Il devient deux ans plus tard ministre délégué aux Affaires européennes jusqu’en 1997, cette fois-ci sous la présidence d’Alain Juppé.
Il fait son retour en tant que ministre aux Affaires étrangères en 2004. Il passe ensuite par le Conseil d’État, avant de revenir en 2006 en tant que ministre de l’Agriculture et de la Pêche jusqu’à son élection au Parlement européen en 2009.
Il accède donc au poste de député européen en 2009, sous les couleurs de l’UMP. Il y reste 6 mois, avant de rejoindre la commission des affaires constitutionnelles et la vice-présidence de la Commission européenne.
En 2015, il est nommé conseiller spécial pour la politique de défense et de sécurité à la Commission européenne. Il est ensuite nommé négociateur en chef responsable des négociations avec le Royaume-Uni dans le cadre de leur sortie de l’UE, puis représentant de l’Union européenne chargé de la relation avec le Royaume-Uni, toujours dans le cadre du Brexit en 2019.
À la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron cherche le politique le moins susceptible d’être victime d’une censure parlementaire. Les premiers bruits de couloirs quant à une possible nomination de Michel Barnier arrivent durant l’entre-deux tours des élections législatives de 2024. Il obtient la direction du gouvernement le 5 septembre.
Position | Période |
---|---|
Au gouvernement | |
Ministre de l'Environnement | 1993 - 1995 |
Ministre délégué aux Affaires européennes | 1995 - 1997 |
Ministre des Affaires étrangères | 2004 - 2005 |
Ministre de l'Agriculture et de la Pêche | 2007 - 2009 |
Premier ministre | Depuis le 5 septembre 2024 |
Au Parlement français | |
Député de la Savoie | 1978 - 1993 |
Sénateur européen de la Savoie | 1995 - 1995 puis 1997 - 1999 |
Dans l'Union Européenne | |
Commissaire européen à la Politique régionale | 1999 - 2004 |
Député européen, président des députés européens PPE élus en France | 2009 - 2010 |
Commissaire européen au Marché intérieur et aux Services | 2010 - 2014 |
Négociateur en chef des négociations avec le Royaume-Uni | 2016 - 2019 |
Chef de la force opérationnelle sur les relations futures avec le Royaume-Uni | 2019 - 2021 |
Au niveau local | |
Conseiller général de la Savoie | 1973 - 1999 |
Président du conseil général de la Savoie | 1982 - 1999 |
Michel Barnier s’engage déjà dans une politique écologique dès sa présidence au conseil régional de Savoie, et publie déjà un rapport parlementaire “Chacun pour tous et cent propositions pour l’environnement” en 1990.
Il est le créateur de la loi Barnier durant son mandat de ministre de l’Environnement en 1995, pour le renforcement de la protection de l’environnement. Cette loi instaure les principes généraux du droit à l’environnement, et une série d’obligations :
Pendant son mandat de ministre de l'Agriculture et de la Pêche, dans le cadre du plan Ecophyto, il lance l’objectif de réduction de 50% de la quantité de pesticides en France d’ici 2030. Il propose également un plan de performance énergétique des exploitations agricoles et un plan de relance de l’agriculture biologique, où il offre pour la première fois une place aux associations environnementales afin de cogérer les projets.
Comme le veut l’usage, le Premier ministre a proposé sa Déclaration de politique générale (DPG) à l’Assemblée nationale, ce 1er octobre. Elle sert de feuille de route, d'exposition des grandes orientations et réformes de son programme gouvernemental, à l’attention des députés. Entre immigration, dette budgétaire, situation en Nouvelle-Calédonie et réforme des retraites, Michel Barnier prend le temps de dévoiler un long programme écologique. Si les mesures environnementales étaient absentes des programmes électoraux des principaux partis aux élections législatives, elles sont bien présentes et primordiales dans le discours de politique générale de Michel Barnier.
Considérée comme “une épée de Damoclès” au-dessus des Français, la réduction de la dette écologique fait partie des premières exigences du nouveau gouvernement.
👉 La dette écologique correspond à la dette contractée par les pays riches industrialisés, au détriment des pays pauvres et des générations futures.
Après un bref rappel de la baisse de 3,6% des émissions de gaz à effet de serre en France par rapport à la même période de 2023, Michel Barnier dévoile son plan d’action avec un mot d’ordre : “Je crois, et depuis longtemps, à une écologie des solutions”. Mais quelles solutions propose-t-il concrètement ?
Pour parvenir à faire de la transition verte un levier économique viable, le Premier ministre propose 4 grandes mesures :
Si ces mesures sont encore floues pour le moment, il faudra attendre les premières directives de la ministre de la Transition écologique, de l’énergie, du climat et de la prévention des risque : Agnès Pannier-Runacher.
La première annonce de ce levier va faire grincer quelques dents : poursuivre le développement du nucléaire, notamment avec de nouveaux réacteurs. Il continue en indiquant qu’il souhaite aussi poursuivre le développement des énergies renouvelables, mais cette fois-ci avec plus de réserves : il faudra mesurer plus efficacement leurs impacts, surtout pour les éoliennes. À cela s’ajoutent :
Pour réduire la dette écologique, le nouveau gouvernement souhaite également l’amélioration énergétique en France avec 3 directives :
Cette dernière mesure s’avère très intéressante : Michel Barnier annonce que l’État, “avec ses plus gros propriétaires immobiliers et fonciers du pays, doit être aussi exemplaire et il réduira cette consommation d’énergie en isolant des surfaces qu’il gère”. Vers une rénovation énergétique de l’Élysée, donc ?
Pour résoudre les problématiques au sujet de l’eau (inondations, sécheresses, conflits des usages, pollution des nappes phréatiques, envolée des prix etc.), Michel Barnier propose de lancer une "grande conférence nationale pour agir" consacrée aux enjeux stratégiques liés à l’eau. Un écho, sans doute, à sa création de la Commission nationale du débat public comprise dans la loi Barnier.
En outre, il ajoute qu’il souhaite encourager l’économie circulaire et préserver la biodiversité.
Pour mettre en place toutes ces mesures, il annonce que les travaux de planification vont “reprendre immédiatement” :
Michel Barnier conclut son plan d’action environnemental en rappelant que “il n’y a pas de fatalité, aussi longtemps qu’il n’y a pas de fatalisme”. Si la dette écologique fait bien partie de son programme au même niveau que la dette budgétaire, il faut cependant souligner qu'il n’y a pour l’instant aucune mesure concrète, ni aucun budget alloué.
Suite à sa nomination, le NFP annonce immédiatement son projet de déposer une motion de censure, pour contester « un gouvernement ne respectant pas le résultat des urnes ». Cette motion, débattue à l’Assemblée nationale le 8 octobre 2024, n'obtient que 197 voix sur les 289 nécessaires. Le Rassemblement National avait déjà annoncé ne pas soutenir cette initiative avant de voir les premières mesures et le débat budgétaire. À suivre, donc.
De plus, lors d'un entretien au JDD le 20 octobre dernier, Michel Barnier déclarait vouloir un « moratoire » au sujet des réglementations liées à la transition durable et plus particulièrement de la CSRD, pour repousser leur entrée en vigueur de deux ou trois ans. Une annonce qui crée l'incertitude, en raison de l'obligation juridique liée à cette dernière. Arnaud Gossement, avocat spécialisé dans le droit de l'environnement et de la durabilité, déclare pour Novethic :
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