Appréhender le concept d’impact social en 5 points clés
Toute entreprise en activité a un impact social positif ou négatif. Qu’entend-on par impact social ? Comment le mesurer et l’améliorer ? Explications.
Au printemps 2024, l’ADEME a initié une vaste campagne de communication en collaboration avec l’ATEE. Campagne mettant en avant des industriels rassemblés sous la bannière des “Décarboneurs”, lesquels souhaitent réconcilier les concepts de décarbonation et de compétitivité - ceci via le programme PACTE Industrie.
Ainsi donc, la “décarbonation” devient un motif de ralliement.
Mais qu’est-ce que la décarbonation exactement ? Pourquoi devrions-nous à tout prix décarboner nos sociétés ? Comment ?
Réponses dans cet article.
Le Larousse définit la décarbonation (ou décarbonisation) comme “l’ensemble des actions (mesures et techniques) visant à réduire la consommation d’énergies fossiles et l’émission de dioxyde de carbone d’un pays, d’une économie, d’une entreprise, etc.”.
Dans l’absolu, sachez cependant que ce processus ne doit pas se cantonner à la réduction de nos émissions de dioxyde de carbone (CO2), car ce dernier n’est pas le seul gaz à effet de serre qui pose problème dans le cadre du réchauffement climatique.
Pour rappel, le Protocole de Kyoto a identifié 6 gaz à effet de serre devant faire l’objet de politiques de réduction :
Malheureusement, cette réalité est mal reflétée par le champ lexical qui s’est développé ces dernières années : empreinte carbone, décarbonation, neutralité carbone, etc.
Pour bien faire, en termes d’unité de mesure, on doit ainsi parler de CO2 équivalent ou d’équivalent CO2 (CO2e) pour évaluer le montant des émissions d’une entité ou d’un individu donné. Cette unité de mesure permet en effet de produire une estimation qui prenne en compte l’ensemble des gaz à effet de serre concernés.
Cela étant dit, dans l’idée, le principe de la décarbonation demeure inchangé : il s’agit bel et bien d’agir sur notre recours aux énergies fossiles.
Pour rappel, les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial ont augmenté de 58 % entre 1990 et 2021, et elles continuent de croître (+ 2 % en 2023). Or, les 2/3 de ces émissions sont liées à la combustion d’énergies fossiles. En juin 2024, Courrier international indiquait que si “la consommation d’énergies fossiles semble avoir atteint un pic en Europe et aux États-Unis (...) elle continue à croître dans les pays du Sud”.
Comme nous venons de le voir, la première des raisons pour laquelle la décarbonation s’impose à nos sociétés est la lutte contre le changement climatique. Pour rappel, c’est en effet la concentration d’un excès de gaz à effet de serre au sein de notre atmosphère qui induit in fine le phénomène de réchauffement.
Selon l’indice annuel d’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère (AGGI), publié par l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA), sous l’effet des gaz à effet de serre persistants, le forçage radiatif de l’atmosphère, qui induit un réchauffement du système climatique, s’est accru de 49 % entre 1990 et 2022, le CO2 contribuant pour quelque 78 % à cette augmentation. (Organisation météorologique mondiale (OMM), le 15 novembre 2023)
Ainsi, en réduisant le niveau de nos émissions de gaz à effet de serre, nous pourrons lutter efficacement contre le changement climatique et ses conséquences. Un enjeu vital qui concerne par ailleurs la totalité du globe. Bien que certaines régions du monde ressentent plus fortement que d’autres les dérèglements à l’œuvre, aucune d’entre elles n’est épargnée : canicules à répétition, sécheresses, incendies, inondations, mise à mal de certaines cultures agricoles, intensification de certains phénomènes à l’image des tornades, risque accru de tsunamis… La liste est longue et plus que préoccupante. Sans compter tout ce qui relève du volet économique ou migratoire - le réchauffement climatique étant susceptible de mettre à mal le fonctionnement de certaines activités (à l'image du tourisme de montagne) et de générer de nouveaux flux migratoires à destination des zones les plus épargnées.
Les changements climatiques peuvent influer sur notre santé, sur notre capacité à produire des denrées alimentaires, sur notre habitat, sur notre sécurité et sur notre travail. Certains d’entre nous sont déjà plus vulnérables à leurs effets, notamment les habitants des petits États insulaires et autres pays en développement. Des phénomènes tels que l’élévation du niveau de la mer et l’intrusion d’eau salée ont progressé au point que des populations entières ont dû se déplacer, et les sécheresses prolongées exposent des populations au risque de famine. À l’avenir, le nombre de « réfugiés climatiques » devrait augmenter. (Nations Unies)
Depuis déjà quelques temps, les inquiétudes à l’égard de ces phénomènes sont telles que la communauté internationale commence à prendre des mesures en vue de limiter ces fameuses émissions de gaz à effet de serre - le plan “Fit for 55” de l’Union européenne, par exemple.
Outre les conséquences directes des épisodes de canicule, on parle peu des problématiques sanitaires posées par la concentration excessive de gaz à effet de serre au sein de notre atmosphère. Des problématiques pourtant bien réelles à l’image de l’augmentation du nombre de sujets allergiques et de l' aggravation des symptômes liés à l’asthme.
La hausse des températures provoque une floraison et une pollinisation plus précoces et un allongement des saisons polliniques pour les espèces qui pollinisent à la fin de l’hiver et au début du printemps (cyprès, frêne, bouleau). Plus exposée aux pollens, la population développe davantage d’allergies. En cause également, les grains de pollen de bouleau et d’ambroisie, en quantité plus importante, sont plus allergisants. Par ailleurs, comme l’ont démontré plusieurs études, l’augmentation de la concentration dans l’atmosphère de CO2, nécessaire à la photosynthèse, accroît de façon significative la production de pollen. Quant à la pollution, en déformant ou transformant certains grains, elle accroît leur capacité à pénétrer en profondeur les voies respiratoires, déjà irritées et fragilisées par cette même pollution. (Commissariat général au développement durable sur Notre environnement, le 24 mai 2023)
Les allergies ne sont cependant que la partie émergée de l’iceberg : fragilisation des personnes souffrant de pathologies cardiaques, hausse du niveau de transmission de maladies infectieuses (via la prolifération des moustiques notamment)... Les conséquences sanitaires du réchauffement climatique sont nombreuses.
En France, la décarbonation repose sur la mise en œuvre de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). Introduite en 2015 via la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV), elle a depuis fait l’objet d’une révision en 2018-2019 en vue de rehausser ses objectifs et d’atteindre ainsi la neutralité carbone dès 2050.
Pour consulter en détail le contenu de la Stratégie Nationale Bas-Carbone, cliquez ici.
En résumé, cette fameuse stratégie repose sur deux axes :
Plus spécifiquement, il s’agit de :
Secteur d'activité | Objectif 2030 | Objectif 2050 |
---|---|---|
Bâtiments | - 49 % | décarbonation complète |
Transports | - 28 % | décarbonation complète (sauf transport aérien domestique) |
Agriculture | - 19 % | - 46 % |
Production d'énergie | - 33 % | décarbonation complète |
Industrie | - 35 % | - 81 % |
Déchets | - 35 % | - 66 % |
Pour consulter le détail des mesures par secteur d’activité, cliquez ici.
NB : Il est important de souligner que si la stratégie reposant à la fois sur la réduction de nos émissions et l’exploitation des puits de carbone est a priori recevable, elle se heurte cependant à certains obstacles. Le fonctionnement des puits de carbone, en particulier, est mis à mal par les conséquences du réchauffement climatique. Le 23 mai 2024, un communiqué du Citepa alertait notamment sur l’état de nos forêts.
Estimé à environ - 45 Mt CO2 en moyenne dans les années 2000, ce puits s’est considérablement réduit pour atteindre environ - 20 Mt CO2 dans les années récentes, notamment en raison de l’effet couplé de sécheresses à répétition depuis 2015, de maladies affectant le taux de mortalité des arbres, et d’une hausse des récoltes de bois. Cette diminution du puits implique un effort encore plus conséquent sur les autres secteurs afin de parvenir à la neutralité carbone. (Citepa, 23 mai 2024)
Au sens strictement physique, le site Connaissance des Énergies définit l’efficacité énergétique comme le rapport entre l’énergie utile produite par un système, et l’énergie totale consommée pour le faire fonctionner.
De façon plus spécifique, le magazine Geo, lui, explique qu’il s’agit d’un point d’équilibre permettant d’utiliser moins d'énergie, sans pour autant bénéficier d’un service moindre.
Très concrètement, l’efficacité énergétique se traduit à l’échelle d’un logement, par exemple. De fait, un logement convenablement isolé peut permettre de consommer moins d’énergie, sans amoindrir le confort thermique de ses habitants.
Plus généralement, l’efficacité énergétique repose sur deux grands axes :
L’intensité énergétique, elle, désigne le rapport entre la consommation d'énergie d’un pays et son produit intérieur brut (PIB). De manière littérale, elle traduit donc l’efficacité énergétique de l’économie d’un pays donné, c’est-à-dire la quantité d'énergie utilisée pour produire une certaine quantité de PIB. Bien évidemment, dans l’optique d’un processus de décarbonation, le but est de réduire au maximum cette intensité énergétique, qui peut servir d’indicateur pour évaluer la pertinence des politiques mises en œuvre.
Ainsi que l’explique EDF, la sobriété énergétique est “une démarche volontaire de réduction des consommations d’énergie, grâce à des modifications des usages et des modes de vie”.
Très mise en avant l’année suivant l’invasion de l’Ukraine et le début de la crise de l’énergie en Europe, la sobriété énergétique revêt en effet plusieurs avantages. Au-delà du fait de réduire les émissions induites par la consommation d’énergie, elle permet tout bonnement de réduire l’usage de cette dernière, de parer ainsi au risque de pénurie et de réaliser des économies.
À titre indicatif, sachez que la France ambitionne de réduire de 40 % sa consommation d’énergie d’ici 2050, et de 10 % sur les années 2023 et 2024 (par rapport à 2019).
C’est dans ce contexte qu’un plan de sobriété d’envergure nationale avait été annoncé en 2022. En parallèle du lancement de la campagne “Chaque geste compte, économisons l’énergie”, avec pour règles d’or les fameux “Je baisse, j’éteins, je décale”.
D’après le SDES, en 2022, les énergies renouvelables représentaient 14,1 % de la consommation dʼénergie primaire en France - soit 359 TWh sur 2544 TWh au total. Pour se faire une idée, à cette même date, le nucléaire en représentait 36 %, les produits pétroliers 30 %, le gaz naturel 16 %, le charbon 3 % et les déchets non renouvelables 0,8 %.
En bref, notre marge de progression dans le développement des énergies renouvelables demeure grande. D’autant plus que, comme le précise le rapport du Ministère de la transition écologique, “la consommation primaire dʼénergies renouvelables peut fluctuer dʼune année sur lʼautre en fonction des conditions météorologiques (pluviométrie pour lʼhydroélectricité, ensoleillement pour le photovoltaïque, etc.)”.
Le fait que les énergies renouvelables ne puissent pas forcément être mobilisées à tout moment du fait de la météo, du niveau d’ensoleillement ou de la sécheresse (dans le cas de l'hydroélectricité) constitue une véritable problématique. C’est l’une des raisons pour lesquelles le nucléaire apparaît comme une force d’appui aux yeux de certains, dans l’optique de parvenir à décarboner notre mix énergétique le plus vite possible.
Le GIEC, notamment, considère que le nucléaire est compatible avec l’élaboration de stratégies de décarbonation.
Ceci étant dit, il ne faut pas minimiser l’attrait des énergies renouvelables, qui ne rejettent pas ou peu de CO2, sont plus accessibles que le nucléaire, et ne posent pas de problème en matière de déchets radioactifs. D’ailleurs, les chiffres partagés par l’AFP ne trompent pas : en 2023, les investissements dans le nucléaire ont atteint 63 milliards de dollars, contre 659 milliards de dollars pour les renouvelables.
Le nucléaire, dans cette histoire, est une partie intéressante de la solution, et très loin d’être la totalité de la solution. (Jean-Marc Jancovici, 12 février 2024, Commission d’enquête au Sénat)
L’énergie nucléaire peut fournir une énergie à faible émission de carbone à grande échelle (confiance élevée). (...) En même temps, l’énergie nucléaire continue d’être affectée par des dépassements de coûts, des besoins d’investissement initiaux élevés, des défis liés à l’élimination finale des déchets radioactifs et les divers niveaux d’acceptation publique et de soutien politique (degré de confiance élevé). (Extrait du 6ème rapport du GIEC, Groupe III, p. 639)
Il est relativement facile d’appliquer certains gestes de sobriété énergétique chez soi et de contribuer ainsi à la décarbonation de notre société.
Le site du Ministère de la transition écologique propose ainsi de :
Les gestes de sobriété énergétique permettant d’améliorer l’efficacité énergétique de nos structures sont relativement simples à mettre en œuvre.
Le gouvernement français, en partenariat avec l’ADEME, a d’ailleurs publié ce document, qui synthétise les principaux réflexes à adopter :
Pour en apprendre davantage au sujet de la sobriété numérique et de ses enjeux, n’hésitez pas à consulter notre article dédié.
Nous l’avons vu : le principe même de la décarbonation vise à nous affranchir progressivement de notre dépendance aux énergies fossiles, pour réduire notre empreinte carbone de façon significative. Un défi pour de nombreuses entreprises, mais qui ne relève pas de l’impossible, à condition de s’y prendre de façon méthodique.
En tout premier lieu, chaque entreprise désireuse de réduire significativement son impact environnemental doit dresser un état des lieux par l’intermédiaire du Bilan Carbone®. Loin de produire une simple estimation du niveau des émissions de gaz à effet de serre (GES) imputables à l’entreprise, cet exercice va permettre d’identifier les axes d’amélioration prioritaires, et d’organiser la mise en mouvement de la structure de manière ordonnée et échelonnée dans le temps.
Afin de permettre à un maximum d’entreprises d’entamer leur transition écologique, Greenly a ainsi développé un outil de gestion carbone, permettant à chacune d’entre elles d’évaluer leur impact, puis de suivre l’évolution de leur trajectoire en temps réel, tout au long de leur parcours de décarbonation. En outre, cette plateforme permet à ses utilisateurs de soutenir des projets de contribution carbone, de réaliser l’analyse de cycle de vie (ACV) de ses produits et/ou services, ou encore de préparer les reportings exigés par ses parties prenantes, voire certaines législations.
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