Empreinte carbone : avion vs voiture, le match
L'avion et la voiture sont des modes de transport polluants. Mais l'une de ces options tire-t-elle malgré tout son épingle du jeu ?
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Si aucun territoire n’est épargné par la réalité du réchauffement climatique, certaines régions souffrent plus que d’autres. A fortiori quand leur modèle économique se trouve menacé à brève échéance. En ce sens, le tourisme de montagne fait face à une problématique majeure. À titre indicatif, selon Météo France, la température a augmenté de + 2 °C dans les Alpes et les Pyrénées au cours du 20ème siècle. C’est 0,6 °C de plus que dans le reste de la France. Outre le fait d’être impacté par le changement climatique, la montagne subit ce phénomène plus violemment, tant sur le plan des températures que sur celui de son tissu économique.
Mais alors que faire ? Comment le tourisme de montagne peut-il réagir ? Contribue-t-il d’ailleurs lui-même à cet engrenage qui le menace ? De quelle façon les régions concernées peuvent-elles participer elles aussi à la lutte contre le changement climatique ?
Suivez le guide.
L’ONU définit le tourisme de montagne comme étant un « type d’activité touristique pratiqué à l’intérieur d’un espace géographique déterminé et délimité, comme peuvent l’être des collines ou des montagnes, présentant des caractéristiques et des propriétés particulières propres à tel(le) ou tel(le) paysage, topographie, climat, biodiversité (flore et faune) et population locale donné(e). Il recouvre une large gamme d’activités sportives et de loisirs de plein air ».
On le voit : le tourisme de montagne est un vaste domaine. Ce qui constitue d’ailleurs une force et un défi dans le cadre de sa transition écologique.
Rappelons que contrairement à d’autres régions du monde, le tourisme de montagne n'est pas anecdotique en France. Ceci s’explique d’ailleurs facilement, car la montagne représente 23 % du territoire de l’Hexagone.
Or, à l’époque, la notion de tourisme de montagne était fortement liée aux questions de santé. En bref, les personnes qui prenaient l’initiative de séjourner à la montagne le faisaient principalement pour s’entretenir ou se remettre physiquement. De fait, les eaux des Alpes étaient réputées pour leurs vertus thérapeutiques. Le thermalisme s’instaura, en parallèle d’un mode de vie propre aux élites, qui pouvaient également s’offrir ces escapades pour leur simple loisir. Dans ce contexte et en l’absence des infrastructures que nous connaissons aujourd’hui, le tourisme de montagne avait alors principalement lieu pendant la saison estivale.
Plus tard, en 1936, l’apparition des congés payés ouvrit la porte à une diversification de la clientèle en termes de classe sociale. Pour autant, les populations les plus aisées demeurèrent encore - demeurent à ce jour - largement majoritaires.
Le ski alpin connut son principal essor à cette même période. Après les Jeux Olympiques de 1924 à Chamonix, l’École Française de Ski établit en effet les techniques qui permirent ensuite à ce sport de se développer. Avec, dans son sillage, le développement cette fois-ci du tourisme de montagne pendant la saison hivernale. L’École Nationale du Ski Français fut elle aussi fondée à cette époque.
Selon Statista, entre 2016 et 2022, la France a accueilli en moyenne 40,7 millions de visiteurs par an au sein de ses stations de ski.
Sur le volet économique, un rapport de 2002 estimait que le tourisme de montagne pesait 9 milliards d'euros de chiffre d'affaires (soit 10 % du tourisme national). Sur ces 9 milliards, environ 5 milliards étaient réalisés au cours de la saison estivale, et 4 milliards pendant la saison hivernale.
Notons ici que les remontées mécaniques représentaient à elles seules 80 millions d'euros de revenus (soit 20 % des recettes du tourisme d'hiver).
En termes d’emploi, le tourisme de montagne engloberait 120 000 professionnels toutes saisons confondues.
Pour finir, selon le site du Sénat, la montagne française concentrerait pas moins de 5,15 millions de lits touristiques sur l'ensemble de ses massifs. Parmi ceux-ci, 2,13 millions seraient situés au sein de communes support de stations de ski.
En 2019, on dénombrait pas de moins de 195 à 375 millions de touristes de montagne à travers le monde.
Les États-Unis sont de loin le pays qui accueille le plus de visiteurs au sein de ses stations de ski (55,5 millions de visiteurs en moyenne et par an sur la période 2016-2022). Viennent ensuite l’Autriche (43,6 millions de visiteurs), puis la France, qui abrite le plus grand domaine skiable au monde (les 3 Vallées, avec 600 kilomètres de pistes skiables).
Si aucun territoire au monde ne peut se targuer d’échapper aux conséquences du changement climatique, il n’en demeure pas moins que certains ressentent plus fortement ses premières répercussions. Parmi eux : les territoires montagneux. Au sein de ces derniers, la réduction du manteau neigeux combinée à son pouvoir de réflexion des rayonnements solaires font très mauvais ménage.
Résultat : au cours du XXe siècle, dans les environs du Mont-Blanc, la température a augmenté de + 2 °C depuis les années 1930 - contre + 0,74 °C à l'échelle planétaire. Et les choses ne semblent pas près de s’améliorer. D’après CREA Mont-Blanc, d’ici 2050, la hausse de température au-dessus de 2000 mètres d’altitude pourrait atteindre + 3°C.
Plus largement, chaque degré de réchauffement devrait entraîner la disparition d’un mois d’enneigement. Ce à quoi il faut ajouter d'autres phénomènes, à l'image de la multiplication des éboulements - liés à la fonte des glaces.
Le tourisme de montagne contribue au changement climatique, lui aussi. S’il n’en est pas pour autant le principal contributeur, il peut donc participer à l’effort collectif en vue de lutter contre le réchauffement.
Si on se concentre uniquement sur la question des émissions de gaz à effet de serre (GES), rappelons que l’énergie constitue la principale source de ces fameuses émissions à l’échelle mondiale (73,2 %). Or, comme beaucoup d’activités, le tourisme de montagne nécessite une quantité considérable d’énergie pour fonctionner, et ce, à tous les niveaux.
À ce stade, il faut souligner que quantifier l’impact environnemental du tourisme de montagne est extrêmement complexe du fait de la diversité des acteurs impliqués. Afin de produire son analyse en 2022, l’ADEME avait donc choisi de cantonner son travail aux industries spécifiques aux activités de montagne.
Trois catégories étaient apparues :
Le rapport complet est téléchargeable sur le site de l’ADEME.
Sur l’échantillon observé de fabricants d’équipement de sport outdoor, les trois postes d’émissions les plus importants étaient :
NB : Là encore, il est important de souligner la diversité des activités représentées, y compris au sein du segment de l’équipement de sport outdoor. À titre d’exemple, le potentiel d’émissions des équipements textiles est généralement plus élevé en phase de production qu’en phase d’usage, a contrario des équipements électroniques.
Selon l’étude réalisée par l’ADEME, en moyenne, près de 95 % de l’impact des acteurs de ce segment tiendrait à la réalisation des projets. Ceci incluant les postes relatifs aux matières premières, à l’installation des systèmes, à la phase d’utilisation du dispositif, ou encore à sa fin de vie.
Attention : la complexité du lieu du chantier influe grandement sur la proportion de l’impact. De manière générale, une étude au cas par cas reste toujours à privilégier.
L’activité de bureau et la consommation d’énergie au sein des ateliers d’assemblage comptaient pour la majorité des émissions de gaz à effet de serre générées (40 %) sur l’échantillon étudié.
S’ensuivaient la phase d’usage des installations (25 %), puis le poids des matières premières (20%) - principalement importées de l’Asie du Sud-Est.
Pour cette branche, la phase de construction et celle d’usage sont apparues comme les plus émettrices (respectivement 45 et 40 % de l’impact total). S’il n’est pas négligeable, le poids des activités de bureau (15 %) et du fret (4 %) n’était donc pas prépondérant.
Faute de projet à analyser pour son rapport, l’ADEME s’est concentrée sur le fonctionnement de ce type d’entreprise. Dans ce contexte, elle a conclu que la majorité de l’impact carbone était lié à l’achat de biens et services (52 %) - comment souvent pour les entreprises de services.
Avant de rentrer dans le détail, rappelons que l’impact carbone des domaines skiables et des territoires de montagne est très influencé par le niveau d’altitude. A fortiori le niveau de consommation énergétique, ce qui explique logiquement l'importance de la représentation de ce poste dans les résultats.
Selon le rapport de l'ADEME, l’activité touristique compte pour 88 % de l’impact des domaines skiables et territoires de montagne. Les trois postes d’émissions les plus importants seraient :
Rappelons toutefois que l’étude de l’ADEME n’a porté que sur un échantillon restreint. En ce sens, la géographie des domaines skiables peut fortement impacter la position du transport au sein de ce classement.
Les activités de la collectivité liées à l’activité touristique représentaient 9 % de l’impact des domaines skiables et territoires de montagne sur l'échantillon observé. Les trois postes d’émissions les plus importants étaient :
L’exploitation du domaine skiable, quant à lui, comptait pour 3 % de l’impact des domaines skiables et territoires de montagne étudiés. Les trois postes d’émissions les plus importants étaient :
Si l’Humanité peut encore agir pour limiter les conséquences du réchauffement climatique, certaines d’entre elles ne peuvent hélas plus être inversées. De façon générale, nos sociétés - où qu’elles se situent dans le monde - vont devoir s’adapter à un certain nombre de dérèglements.
Dans ce contexte, le secteur du tourisme de montagne doit non seulement contribuer à la lutte contre le changement climatique, mais aussi se préparer aux mutations à venir.
L’une des premières pistes que le tourisme de montagne pourrait explorer concerne les services de réparation et de revente. D’ailleurs, indépendamment du secteur d’activité, allonger la durée de vie des produits de consommation en général constituerait un gigantesque progrès pour notre société.
De même, la réussite d’un tel dispositif implique un certain nombre de prérequis. Parmi eux :
Si elles tendent à se développer, la revente et la réutilisation sont encore loin d’être ancrées dans les habitudes des sociétés occidentales en particulier. Pour cette raison, la communication et la promotion autour de la création de tels services nécessiteront sans doute un certain budget au démarrage.
En outre, pour être efficace, une telle démarche doit s’attacher à garantir la réparabilité d’un maximum de produits. Idéalement, la réparabilité devrait devenir la règle, et la non-réparabilité l’exception.
Cerise sur le gâteau ? La coopération entre les marques du secteur, en vue de mutualiser leurs besoins. Ceci faciliterait la création d’ateliers de réparation communs, et permettrait de concevoir des pièces de remplacement interchangeables d’une marque à l’autre.
Là encore, la nécessité de se tourner vers l’éco-conception ne concerne pas uniquement le secteur du tourisme de montagne. Elle se prête toutefois particulièrement aux scénarios de transition de ce domaine d’activité.
Indissociable de l’analyse de cycle de vie (ACV), l’éco-conception obligerait les acteurs concernés à procéder à une étude au sujet de l’impact environnemental de leurs produits ou services, et ce, à l’échelle de l’ensemble de leur existence.
Pour plus de détails, quant à l’analyse de cycle de vie, n’hésitez pas à consulter notre article à ce sujet.
Une fois ce travail réalisé, un certain nombre d’actions pourraient être entreprises :
Bien sûr, à l’image du développement des services de réparation et de revente, la généralisation de l’éco-conception impliquera la mise en œuvre d’une solide politique de communication. À une époque où la sur-technicité des produits est vantée à tort et à travers, des produits plus dépouillés - de superflu, pourtant - pourraient ne pas être attractifs de prime abord. De même que des matériaux jugés moins performants. D’où la nécessité de faire preuve de pédagogie, en élaborant un argumentaire qui soit à la fois accessible et convaincant.
La question de la chaîne d’approvisionnement est sans nul doute l’une des plus compliquées à aborder. La raison est simple : la bonne volonté de l’entreprise qui décide de se pencher sur cette problématique peut rapidement se heurter à un mur.
Pour autant, cela ne signifie pas qu’aucune solution n’existe. Avant même de solliciter ses fournisseurs, la première des actions à entreprendre consiste à cartographier sa chaîne de valeur. En identifiant clairement ses flux, toute entreprise peut ainsi inverser son raisonnement. Au lieu de rechercher un fournisseur, elle recherche d’abord une matière première ou un service - de préférence éco-responsable.
Après étude, trois possibilités s’offrent à l’entreprise :
Plusieurs entreprises peuvent ainsi s’allier pour peser auprès des entités qui les fournissent pour les inciter à :
À plus ou moins brève échéance, l’offre touristique des domaines de montagne va être appelée à se diversifier. D'autant plus pendant la période hivernale, au moment où la neige jouait jusqu’à présent un rôle prépondérant dans le chiffre d’affaires de la saison. Ceci sera notamment vrai pour les stations de ski situées à basse et moyenne altitude.
Parmi les principales de réflexion :
Pour ce qui est du ski, mieux vaudrait le réserver aux zones nécessitant le moins d’enneigement artificiel. Ceci permettrait d’économiser à la fois l’énergie, l’eau et les dispositifs techniques.
À titre illustratif, en 2016, le Parc naturel régional du Vercors a remporté le Trophée Adaptation au Changement Climatique et Territoires, en amorçant son processus d’adaptation. Parmi les initiatives prises :
Ajoutons que fin 2022, l’appel à projets “Territoires Région Montagne Été-Hiver” organisé par la Région Auvergne Rhône-Alpes a permis à 28 territoires (voir tableau ci-dessous) de bénéficier de 15 millions d’euros, en vue de diversifier leurs offres touristiques.
Alpes | Haut-Chablais, Chamonix – Mont-Blanc, Pays du Mont-Blanc, Vallée de Thônes Aravis, Massif des Bauges, Arlysère, Tarentaise Vanoise, Vallée d’Aigueblanche, Haute-Maurienne Vanoise, Maurienne Galibier, Pays des Aiguilles d’Arve, Pays d’Évian Vallée d’Abondance, Montagnes du Giffre, Cluse Arve et Montagne, Belledonne, Oisans, Chartreuse, Matheysine, Vercors, Baronnies Provençales |
Jura | Montagne de l’Ain |
Massif central | Montagne ardéchoise, Mézenc Sucs Haut Lignon, Ambert Livradois Forez, Loire Forez, Montagne bourbonnaise, Grand Sancy, Massif Cantalien |
En ligne de mire de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et de la loi Climat et Résilience, le sujet de la rénovation thermique des bâtiments est aussi central pour les domaines de montagne. De fait, une meilleure isolation permettrait de réduire la consommation énergétique - particulièrement importante pendant la période hivernale.
D’ores et déjà, les domaines skiables peuvent entreprendre de réaliser la DPE de leurs infrastructures, afin d’identifier les zones sur lesquelles il est urgent d’intervenir.
Par ailleurs, le développement de réseaux de chaleur peut également constituer une alternative pour ce type de territoire concernant le volet énergétique. Pour davantage d’informations, n’hésitez pas à consulter le guide développé par le CEREMA.
NB : toujours au sujet de l’énergie, il est à noter que les zones montagneuses disposent d’un avantage naturel pour la production hydraulique d’électricité. Ceci, grâce à la quantité d’eau stockée par la neige, la glace, les lacs et les nappes, combinée à des dénivelés d’ampleur.
L’accessibilité des domaines de montagne constitue un défi majeur pour rendre le tourisme de montagne plus vertueux sur le plan écologique.
À l’échelle nationale et locale, des solutions pourraient toutefois être envisagées. La mise en place de davantage de moyens de transport collectif propres, par exemple. À titre d’illustration, la commune de Saint-Gervais a d’ores et déjà initié ce projet, avec la création des lignes Facilibus, soutenues par des navettes électriques et un bus roulant au GNV (Gaz Naturel pour Véhicules).
NB : le Gaz Naturel pour Véhicules est un carburant présentant certains avantages, en dépit de ses imperfections. En comparaison de l’essence, le GNV émet 25 % de CO2 en moins. De même, il émet environ 90 % moins de particules fines. En fonction de la manière dont il est produit, le GNV peut toutefois devenir une réelle alternative écologique. Dans cette optique, il faut toutefois le produire non par extraction de gaz fossile, mais par méthanisation des biodéchets et déchets agricoles. À cette condition, le BioGNV pourrait même être produit de manière locale - les montagnes étant des lieux privilégiés d’élevage. En outre, le BioGNV est parfaitement compatible avec les motorisations GNV classiques.
Dans le même esprit, Saint-Gervais a inauguré en 2023 un ascenseur valléen pour faciliter le déplacement de sa population et des touristes au sein de la station village (proche du Bettex). Ceci ajouté au Tramway du Mont-Blanc permettant de rejoindre les cimes depuis le Fayet.
Dans un tout autre style, il pourrait aussi être envisagé de proposer des réductions et des offres sous condition :
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