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Qui est Christophe Béchu ?

ÉcologiePolitique
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Ministre depuis 2022, Christophe Béchu est un politique discret et parfois décrié. Retour sur sa carrière et son programme environnemental.
Écologie
2024-05-15T00:00:00.000Z
fr-fr

Christophe Béchu est l’actuel ministre de la Transition écologique et de la Cohésion territoriale. Né à Angers le 11 juin 1974, il est titulaire d’un DEA de droit public, d’un DESS de droit des interventions sanitaires et sociales des collectivités locales, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et a obtenu son examen d’entrée à l’école d’avocats de Poitiers.

Mais quel est le parcours de Christophe Béchu ? Quelles mesures pour l’environnement souhaite-t-il prendre ? À quelles difficultés fait-il face ? Réponses dans cet article.

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Christophe Béchu "on dit que ce ministère est le ministère de l'impossible"

Son parcours politique

Fonctions précédentes

Christophe Béchu a commencé sa carrière à 21 ans en tant que conseiller municipal d’Avrillé (Maine-et-Loire) en 1995. Il devient, trois ans plus tard, adjoint à la communication et collaborateur parlementaire du député maire d’Avrillé, qui le nommera plus tard adjoint à l’urbanisme. Simultanément, il est élu conseiller général du canton d’Angers-Nord-Ouest.

En 2004, Christophe Béchu devient le plus jeune président du conseil général de Maine-et-Loire, poste auquel il sera reconduit jusqu’en 2014.

Suite à sa défaite au second tour des élections municipales d’Angers en 2008 (élections auxquelles il obtiendra sa revanche en 2014), il devient également député européen et démissionne alors du conseil municipal en raison des limites imposées au cumul des mandats. Il démissionne à nouveau de ce poste en 2010 pour la même raison, lors de son élection au conseil régional des Pays de la Loire.

Limité une fois encore au moment de son élection en tant que sénateur de Maine-et-Loire, il abandonne son poste de conseiller régional et reste sénateur jusqu’en 2017.

En 2020, sa liste de candidats remporte à nouveau les élections municipales : il est alors réélu maire d’Angers. Fonction qu’il abandonnera en 2022, à son arrivée au gouvernement.

Depuis 2021, Christophe Béchu est également secrétaire général du parti Horizons (nouveau parti d’Edouard Philippe), parti qu’il a soutenu dès sa création.

À Angers, on entend souvent que "Christophe Béchu s’est présenté à tout, sauf à Miss France”.

En parallèle de sa carrière politique, Christophe Béchu opère dans divers secteurs : 

  • Chargé de cours en finances publiques (à partir de 1998);
  • Dirigeant de l’entreprise de conseils en télécommunications CrafTelecom (2000-2002); 
  • Président de la SODEMEL (depuis 2004); 
  • Président du SDIS 49 (2001-2009);
  • Président du Festival d’Anjou (2005-2009);
  • Président de l’Association de collectivités locales “Réseau Idéal” (à partir de 2006);
  • Président du conseil d’administration du GIPED (2006-2009);
  • Conseil d’administration de Dexia Crédit Local (2007-2009);
  • Président de l’ODAS (depuis 2015);
  • Président de l’AFITF (2018-2022);
  • Président de La République des maires (depuis 2019).

Son entrée au gouvernement

Christophe Béchu entame sa carrière gouvernementale en mai 2022, en tant que ministre délégué chargé des Collectivités territoriales. Il œuvre sous l’autorité du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et de la ministre de la Transition écologique Amélie de Montchalin, au sein du gouvernement d’Elisabeth Borne.

Remaniement ministériel : ses nouvelles responsabilités

À la suite du premier remaniement, Christophe Béchu monte en grade : passant de ministre délégué à ministre, il hérite du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion territoriale.

D’après ecologie.gouv, les missions de ce ministère sont diverses : “préparation et mise en oeuvre du développement durable, de la cohésion des territoires, de la lutte contre les inégalités territoriales, de l’environnement, de la préventions des risques naturels et technologiques, de la sécurité industrielle, des transports et infrastructure, de l’équipement et logement, de l’urbanisme. Il élabore et met en œuvre la politique de lutte contre le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique. Il promeut une gestion durable des ressources rares.” Un ministère chargé d’une multitude de missions donc, elles-mêmes dispersées dans de nombreux secteurs.

Néanmoins, à l’occasion de ce remaniement, le ministère de l’écologie perd des places à l’ordre protocolaire et s’écroule de la sixième à la onzième place. Loin d’être anecdotique, l’ordre protocolaire définit symboliquement l’importance de chaque ministère pour le gouvernement. alors que celui de Christophe Béchu se retrouve en fin de liste, le message inquiète les ONG : l’écologie ne serait officiellement pas la priorité de ce quinquennat.

Devanture du Palais de l'Elysée avec drapeaux françaisDevanture du Palais de l'Elysée avec drapeaux français

Le programme environnemental de Christophe Béchu

En 2023, les émissions de gaz à effet de serre en France subissent une baisse record, d’après Christophe Béchu. Se félicitant de ces résultats, le Ministre de la Transition Écologique déclare que “Structurellement, c'est la preuve que la planification écologique, les mesures qui sont engagées commencent à produire des effets”. Penchons-nous donc sur quelques-unes de ces mesures.

PNACC-3 : “faire de 2024 l’année de l’adaptation”

PNACC : définition

Le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC) est un plan d’action concret pour anticiper les impacts et limiter les éventuels dommages dûs au changement climatique, sur nos activités socio-économiques ainsi que sur la nature.

L’édition 2024

La troisième édition du PNACC, sur le thème “la France s’adapte”, s’est tenue ce 22 janvier afin d’échanger avec différents acteurs (élus, experts, citoyens) au sujet de l’adaptation nécessaire dans l’hypothèse des +4° prévus d’ici 2100. Si le plan n’a pas encore été publié, nous savons déjà qu’il aborde différents points organisés autour de 4 axes : 

  • “Protéger les Français” ;
  • “Assurer la résilience de l’économie” ;
  • “Préserver les milieux naturels et culturels” ;
  • “Adapter les territoires et assurer la continuité des infrastructures et des services essentiels”.

Le service civique écologique

Lancé en 2024 par Christophe Béchu et Sarah El Haïry (Ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles), le service civique écologique devrait recruter ses premiers ambassadeurs avant l’été 2024.

L’objectif ? Proposer à 50 000 jeunes, d’ici 2027, de s’engager en faveur de projets pour la transition écologique.

Ces engagés seront déployés dans diverses structures (collectivités, secteur public, associations etc.), pour des missions d’éducation et de sensibilisation auprès de différents publics, d’animations d’évènements écologiques, ou encore pour dresser les inventaires de la faune et de la flore au sein de certains espaces naturels.

Quelqu'un ramassant un déchet sur le solQuelqu'un ramassant un déchet sur le sol

Le tour de France de l’écologie et les COP régionales

Le concept du tour de France de l’écologie est simple : rencontrer les citoyens et collectivités de chaque région, pour un temps d’échange autour des objectifs de la planification écologique en France. Christophe Béchu se rendra dans chaque région pour débattre autour de ce sujet, le dernier rendez-vous en date s’étant déroulé le 8 novembre en Haute-Garonne.

En parallèle, des COP (Conferences of the Parties) sont organisées, après demande de Christophe Béchu, par les préfets de région et les présidents de chaque conseil régional. Articulées autour de deux grands axes (décarbonation et préservation de la biodiversité et des ressources naturelles), ces COP comprennent 4 phases :

  • Établissement d’un diagnostic des actions (passées et en cours) des collectivités ; 
  • Création d’un débat autour des prochains objectifs ; 
  • Partage des résultats aux départements des régions ; 
  • Matérialisation des leviers et actions à mener au moyen d’une feuille de route.

Le Zéro Artificialisation Nette d’après Christophe Béchu

Qu’est-ce que la loi Zéro Artificialisation Nette (ZAN) ?

La loi ZAN vise à mieux considérer les conséquences environnementales de la construction et de l’aménagement des sols, tout en prenant en compte les besoins locaux d’infrastructures, de logements et d’activités.

Elle s’inscrit dans la loi “Climat et résilience”, qui ambitionne de réduire de moitié le taux d’artificialisation d’espaces naturels en 2031, avant d’atteindre l’artificialisation zéro à l’horizon 2050.

Outre la réduction des terrains agricoles nécessaires au développement des régions, le bétonnage des surfaces affecte l’envergure des espaces naturels à l'image des forêts, puits de carbone essentiels à la séquestration des GES. De plus, l’étalement urbain restreint la biodiversité, augmente la pollution (de l’air, de l’eau, sonore et lumineuse) et amplifie les risques d’inondations puisque les sols absorbent moins.
Il est cependant important de noter que certains projets “d'envergure nationale” échapperont à cette législation, comme le projet d’autoroute A69 ou le projet de mine de lithium dans l’Allier. Une entorse qui coûtera 12 500 hectares d’espaces naturels à la France.

Le “Plan eau” de Christophe Béchu

Mis en place après les sécheresses de l’été 2022, le Plan eau initie la mise en oeuvre d’une “gestion sobre, résiliante et concertée de la ressource en eau” d’après le communiqué de presse gouvernemental sur les avancées du plan. Ce projet comporte 53 mesures destinées à économiser l’eau et optimiser son utilisation, articulées autour de 3 piliers : sobriété, disponibilité et qualité. Parmi ces mesures, on retrouve une modernisation du réseau pour lutter contre les fuites, des investissements pour la réutilisation des eaux usées ou encore l’amélioration du stockage de l’eau dans les nappes.

Plus d’un an après le lancement du Plan eau, Christophe Béchu se félicite des avancées avec “100% des mesures engagées”. Toutefois, la traduction de ces mesures se fait attendre. Si les “points noirs” du réseau ont bien été identifiés, seulement 54,39% d’entre eux font l’objet d’un accompagnement financier pour des travaux de mise à niveau. D’autres mesures portant sur la qualité, comme la réduction de la pollution de l'eau ou des pesticides, sont déjà mises en pause avant d’avoir débuté. Certains points ont même été annulés : le Plan eau prévoyait la généralisation d’une tarification progressive via laquelle les Français paieraient plus cher après un certain seuil de consommation, mais la contestation du Conseil économique, social et environnemental et des collectivités locales ont eu raison du projet. Les mesures comprenaient également une hausse des redevances pour les agriculteurs - projet abandonné après leurs manifestations en 2024.

Les critiques et controverses

Des débuts difficiles

À de nombreuses reprises, Christophe Béchu s’est vu critiqué pour sa quasi-absence des circuits médiatiques. Jugé "invisible" durant les incendies dévastateurs de 2022 (juste après sa promotion au poste de ministre), les critiques ont rapidement fusé quant à cette discrétion. D’après le journal Ouest-France, Emmanuel Macron lui-même aurait invité Christophe Béchu à “rectifier le tir”.
Si sa nomination avait déjà été source d’étonnement du fait de son inexpérience dans le domaine de l’écologie, son attitude en retrait a agacé certains politiques, notamment écologistes, qui y voyaient un manque d’intérêt de sa part pour les sujets environnementaux.
Christophe Béchu s'en est évidemment défendu : "Je ne crois pas à la précipitation ou à l'agitation, je crois à la concertation. Le ministère de la Transition écologique est celui de la prévention, pas celui qui éteint les incendies quand ils ont commencé" avait-il déclaré pour RTL.

Un manque d’appétence pour la cause environnementale ?

S’il a œuvré pour le plan Vélo lorsqu’il était maire d’Angers, ou pour le sauvetage de zones aménageables de sa métropole, on ne relève aucune mesure environnementale de son initiative au cours de ses différents mandats en tant que sénateur et député européen. Christophe Béchu a d’ailleurs lui-même reconnu qu’il n’était “pas un grand fan de l’éolien” chez Ouest-France. En outre, il aurait voté contre l’interdiction des néonicotinoïdes (insecticide “tueur d’abeilles”), lorsqu’il était sénateur (information toutefois nuancée par le site de Public Senat). Enfin, on peut souligner que son attachement au nucléaire, comme il l’a rappelé pour Franceinfo, lui a valu quelques critiques de la part du public et des politiques anti-nucléaires.

Ses déplacements en avion

Dans le numéro de décembre 2023 du journal angevin La Topette, une enquête au sujet de Christophe Béchu a fait état de son attrait pour les voyages en avion, même pour des déplacements en France. Une réalité au sujet de laquelle Christophe Béchu indique qu’il “confirme et assume”, la règle étant a priori "de prendre le train pour les trajets de moins de 3 heures et de privilégier le train si possible pour les trajets de 3 à 4 heures".

Sa vision de l’avenir écologique

Réduire la dépendance au plastique

La réduction de la consommation de plastique est devenue cruciale, d’autant plus depuis le vote de la loi Agec en 2019 - pour une économie circulaire visant à sortir du “produire, consommer, jeter”. Afin d’atteindre cet objectif, Christophe Béchu travaille à ce que les 50 entreprises (agro-alimentaires et dans le bâtiment) qui mettent le plus d’emballages plastiques sur le marché réduisent leur production ou utilisent des plastiques recyclés. Pour inciter les entreprises à respecter la loi Agec, des contrôles plus stricts pourraient être envisagés à l'avenir. Les interdictions de vaisselle jetable dans les fast-foods, la disparition des pailles en plastique ou le suremballage des fruits et légumes seraient ainsi davantage surveillés, même si le gouvernement a annoncé ne pas vouloir sanctionner pour le moment.

Ces mesures font écho à la quatrième édition du CNI (Comité Intergouvernemental de Négociation) sur le Traité plastique, au sein duquel la France est particulièrement active. Ce comité souhaite créer une législation mondiale pour sanctionner la production de plastique en 2024.

La COP29

La COP29, conférence de l’ONU sur le climat, aura lieu en novembre 2024 en Azerbaïdjan. Après les accords de la COP28 pour l’abandon progressif des énergies fossiles, le thème principal cette année sera donc le financement de cette transition, particulièrement pour les pays en développement. Christophe Béchu, représentant pour la France des négociations sur le climat, n’a pas encore indiqué la stratégie qu’il souhaite adopter lors de cet événement.

Les élections européennes 2024

Soutien inconditionnel de Valérie Hayer (candidate pour le parti Besoin d’Europe) comme il l’a rappelé sur X, Christophe Béchu annonce défendre 3 idées pour cette campagne européenne : 

  • La mise en place d’un service écologique européen, dans la continuité de son projet déjà lancé en France ; 
  • La création du “1% climat”, pour faire face au déficit d’investissements privés dans la transition écologique en Europe ;
  • L’adoption d’une trajectoire européenne de réchauffement, pour anticiper les effets du dérèglement climatique, et faire de l’adaptation une grande politique de l’Union européenne.

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