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3 raisons de croire que le réchauffement climatique n'existe pas
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3 raisons de croire que le réchauffement climatique n'existe pas

ÉcologieRéchauffement climatique
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un homme qui tient ses lunettes
Le questionnement du réchauffement ne relève pas toujours du climatoscepticisme le plus hostile à toute forme de remise en question. Explications.
Écologie
2025-06-12T00:00:00.000Z
fr-fr
Les points clés à découvrir dans cet article
  • Les raisons qui peuvent nous encourager à remettre en question le réchauffement et notre responsabilité
  • Deux des principales difficultés qui se posent dans le cadre de la transition
Les raisons de ne pas croire au changement climatique sont légion.

On les trouve en abondance sur les réseaux sociaux. Mais toutes ne relèvent pas forcément du climatoscepticisme le plus forcené.

On a tendance à se représenter une personne climatosceptique comme quelqu'un qui nie en bloc le réchauffement ou son origine humaine. Quelqu'un avec qui il est impossible d'instaurer toute forme de dialogue constructif.

Sauf que la réalité est plus nuancée. Bien sûr, ce profil de climatosceptique existe - et le plus souvent, hélas, toute forme de discussion est d'avance vouée l'échec, chaque partie campant résolument sur ses positions.

Mais il existe un autre profil de climatosceptique. Des gens qui minimisent par exemple l'origine humaine du réchauffement climatique, et ce, pour tout un tas de raisons qui ne méritent pas nécessairement qu'on les balaie d'un revers de main.

Explications.

une femme détournant le regard

3 raisons de penser que le réchauffement climatique n'existe pas

📘
Il existe des arguments théoriques
qui sur le papier n'ont rien de stupide.
🤨
Notre quotidien n'a pas changé tant que ça
surtout en Occident.
Nos gestes individuels comptent
et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle.

1) Il existe des arguments qui, sur le papier, n'ont rien de stupide

Bien sûr, ces arguments ont été largement réfutés et pour des raisons totalement objectives, fondées sur l'analyse des faits.

Pour autant, en théorie, certaines de ces positions n'avaient rien de stupide, bien au contraire.

L'un des meilleurs exemples illustrant cette réalité est celui de l'argument qui rappelle que le climat de notre planète a toujours connu des fluctuations, et ce, depuis la nuit des temps.

Or, c'est parfaitement exact : depuis la formation de la Terre, son climat a alterné entre des périodes plus froides et des périodes plus chaudes.

Les cycles de Milankovitch, par exemple, expliquent comment les variations de l'orbite terrestre et de l'axe d'inclinaison de notre planète jouent un rôle dans la survenue des périodes glaciaires et interglaciaires.

Considérer tout-de-go que quelqu'un qui le rappelle est un abruti fini n'a rien de très intelligent non plus - il n'y a probablement pas meilleure manière de rompre immédiatement le dialogue, à un moment où nous avons pourtant cruellement besoin de dialoguer.

Note : il existe d'autres exemples de ce type d'argument somme toute fondé. Les variations de l'activité solaire pour ne citer que celui-ci. Mais encore une fois, tous ces éléments ont été minutieusement passés à la loupe. D'une certaine façon, beaucoup d'entre nous auraient sans doute aimé que le réchauffement puisse s'expliquer de ces différentes façons. Ce n'est malheureusement pas le cas. Si vous souhaitez découvrir les faits qui permettent de comprendre pourquoi la plupart des arguments invoqués ne tiennent hélas pas la route, n'hésitez pas à consulter notre article "Climatosceptiques : vérités et contrevérités".
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2. Notre quotidien n'a pas tant changé que ça (surtout en Occident)

Et tout le monde, il faut bien le dire, a d'autres problèmes. D'où une inclinaison sans doute naturelle à mettre de côté un souci qui ne semble pas, pour le moment, avoir tant de conséquences que ça.

Et de fait, passée l'émotion d'avoir vu les Landes partir en fumée en 2022, le quotidien des gens n'ayant pas fait les frais de la catastrophe a repris son cours.

De la même manière, nous observons notre ciel saturé de particules fines en raison des incendies canadiens, ou la population brésilienne suffoquer sous près de 60 °C à intervalles réguliers... Puis nous passons invariablement à autre chose.

(...) pour le moment, tout ça, ça n'empêche pas l'espérance de vie à la naissance de continuer à être à 80 ans, ça n'empêche pas les gens de continuer à recevoir leur fiche de paie à la fin du mois, ça n'empêche pas les gens de se mettre sur les routes pour partir pendant le week-end de l'Ascension... En gros, ça gêne très peu le quotidien des gens. (Jean-Marc Jancovici, En société, 1er juin 2025)

D'une certaine façon, on aurait presque envie de dire "tant mieux". Sauf que cette tendance à vouloir esquiver le problème aussi longtemps que ça sera possible s'avérera, in fine, véritablement mortifère.

Quelque part, nous aurons délibérément laissé passer notre chance d'amorcer progressivement une transition qui se fera tôt ou tard, et de manière autrement plus brutale et cruelle si nous nous y trouvons contraint(e)s par les rappels à l'ordre du système climatique.

Ce qui commence à toucher les gens vraiment dans leur quotidien, c'est quand vous avez la moitié de la France qui suffoque, ça oui. Quand vous avez un peu une période d'inflation alimentaire très forte parce que les récoltes sont mauvaises (...) ça oui, ça commence à toucher le quotidien des gens. (Jean-Marc Jancovici, En société, 1er juin 2025)

Il n'est pas inutile que nous développions une certaine forme de résilience au regard de ce qui nous attend. Mais résilience ne doit pas rimer avec "indifférence". Ne serait-ce qu'à notre propre égard.

Rappelons qu'à l'échelle mondiale, l’exposition à la pollution de l’air extérieur provoque chaque année le décès d’environ 4,2 millions de personnes.

Note : au sein du spectre européen de l’OMS - lequel compte 53 pays -  environ 600 000 décès par an sont causés par la pollution de l’air (482 000 par la pollution de l’air extérieur et 117 200 par la pollution de l’air intérieur). Dans l’Hexagone, Santé Publique France estime que près de 40 000 décès par an seraient causés par l’exposition des personnes âgées de 30 ans et plus aux particules fines (PM2,5).
une femme qui ferme les yeux

3. Nos efforts individuels comptent

Et ça, ce n'est pas forcément quelque chose que nous avons envie d'entendre.

La plupart des gens ne sont pas bêtes. Ils n'ont pas besoin d'être des expert(e)s en sciences du climat ou dans le domaine de la transition pour comprendre que les efforts que nous allons devoir consentir vont être contraignants - ce qui n'a rien de très engageant a priori.

Gérer l'environnement, j'insiste, c'est gérer la rareté. Donc ça impose nécessairement des contraintes. (...) (Jean-Marc Jancovici, En société, 1er juin 2025)

Or, beaucoup de gens estiment avoir déjà suffisamment de contraintes comme ça - à tort ou à raison selon les cas. Mais pour être tout à fait juste, les supporters de la transition à pleine vapeur n'ont pas toujours aidé les individus qui avaient le moins de moyens, par exemple, à croire autre chose.

Comme si préoccupations sociales et environnementales étaient incompatibles. Ce fut le cas avec le psychodrame emblématique des ZFE.

(...) les gens qui ont les voitures les plus polluantes sont en général les gens qui ont le moins de moyens. (...) au moment où on a mis en place les ZFE, est-ce qu'on a pensé ou pas à ce qu'allaient faire les gens qui n'avaient pas les moyens de changer de véhicule et qui avaient quand même besoin de leur véhicule pour se déplacer ? (Jean-Marc Jancovici, En société, 1er juin 2025)

Le problème, c'est que ce genre d'argument légitime (celui de ne pas faire peser le poids de la transition sur les catégories les plus faibles, ou de limiter au maximum ce poids) a tendance à faire le jeu d'une vision parallèle, beaucoup plus caricaturale qui, elle, ne permet pas de faire avancer les choses de façon constructive.

Présenter la lutte contre le changement climatique comme une affaire de bataille entre le camp des méchants et le camp des gentils, ce n'est pas donner une vision objective du problème tel qu'il existe en réalité. Et nous ne pourrons pas faire progresser les choses dans le bon sens, si nous le résumons ainsi.

Même si cela peut être difficile à entendre pour beaucoup de gens, le fait est que nous bénéficions en France d'un confort "minimal" dont ne bénéficient pas, par exemple, les gens qui vivent dans des pays plus pauvres - sans même aller jusqu'à la misère qu'on peut trouver en Afrique ou en Inde.

Notre quotidien est jalonné de machines et de dispositifs auxquels nous ne prêtons même plus attention tant nous nous y sommes habitué(e)s. Et considérer que ce "standard de vie" à l'occidental est "la norme" pose une sérieuse question mathématique.
Note : pour rappel, si tout le monde vivait comme nous, les Français(e)s, il nous faudrait 2,86 planètes pour subvenir à tous ces besoins.

Le problème n'est pas tant le confort, mais ce que nous percevons comme étant les composantes essentielles de ce confort. Notre "standard" s'est considérablement enrichi depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et l'essor de la société de consommation.

(...) on a eu toujours plus de tout, tout le temps - et en même temps, en face, la nature n'a pas trop souffert. (...) Et puis là, on commence à vivre une époque un peu moins bénie, plus désagréable quelque part, où il va falloir gérer des restrictions. (...) ça demande de changer d'habitudes - on aime pas ça. Ça demande de changer de point de vue - on aime pas ça. (Jean-Marc Jancovici, En société, 1er juin 2025)

Tout le monde ne dispose pas du même potentiel d'action. Certaines initiatives ne pourront être engagées qu'à l'échelle de l'État et sont l'apanage de l'État seul, par exemple.

En revanche, certains problèmes clés, pour être traités à la racine, vont nous appeler à nous remettre collectivement en question.

La surconsommation par exemple. Oui, nombre d'entreprises polluent, en proposant une offre toujours plus pléthorique de biens et de services (parfois de mauvaise qualité, qui plus est).

Mais à un moment donné, qu'est-ce qui nous oblige à les encourager à continuer en consommant bien au-delà de ce que sont nos besoins réels ?

Nous devons accepter l'idée de regarder les choses pour ce qu'elles sont et pas pour ce que nous aimerions qu'elles soient. Cela nous oblige à nous auto-juger sans chercher la facilité. L'une des facilités les plus courantes, à l'échelle des individus, consiste à regarder chez le voisin ou la voisine, pour voir s'il n'y a pas là aussi quelque chose à pointer du doigt et se donner ainsi bonne conscience.
Note : selon l’étude «The Power of People», adopter un mode de vie plus respectueux pourrait permettre aux seuls citoyens de réaliser entre 25 et 27 % des économies nécessaires pour maintenir le réchauffement à 1,5 °C d’ici 2030.
des passants

Pourquoi avons-nous tant de mal à nous mettre en ordre de marche ?

🔍
Nous souffrons d’une large méconnaissance ou d'une perception faussée du sujet.
🧠
Notre cerveau ne nous rend pas service.

Nous souffrons d’une large méconnaissance du sujet

À bien des égards, le changement climatique est un sujet technique aux nombreuses intrications.

C'est pourquoi la transition écologique est elle-même une problématique complexe : elle ne se cantonne pas au domaine environnemental. Elle a des implications sociales, économiques, financières, sociologiques, psychologiques, etc.

À cela, il faut ajouter que les politiques (y compris écologistes) et les médias n'ont pas toujours aidé : en axant la plupart des sujets environnementaux sur le négatif à des fins de clivage, de visibilité et de sensationalisme (et de clics), ils ont contribué à créer une forme de découragement et d'anxiété quant au fait que "rien ne bouge jamais" et que "tout va mal".

Beaucoup de gens préfèrent aujourd'hui ne plus s'informer, pour parer à un flux continu d'agressivité, de pessimisme et d'informations toutes plus déprimantes les unes que les autres. L'enjeu n'étant pas nécessairement de nier, mais de protéger sa santé mentale.

C'est, là encore, tout à fait compréhensible. Mais il faut absolument insister sur le fait que même si les défis sont nombreux, il y a aussi des raisons d'espérer et de se mobiliser - et on ne parle pas ici d'écologie politique et militante.

Ce n'est pas parce que les choses bougent lentement ou par a-coup qu'il faut en conclure que rien n'avance. C'est faux.

C'est frustrant, parce que nous avons besoin d'aller vite. Mais la vérité, c'est qu'à toujours dénigrer et forcer des transformations qui ne sont pas simples et soulèvent parfois des problématiques légitimes, on obtient des réactions de rejet viscéral qui nous réexpédient sans fin à la case départ.

On touche à la sociologie, on touche à la profondeur du fonctionnement humain, et si on ne veut pas créer des refus d'obstacle, si on veut que ça avance, il y a d'une certaine manière l'obligation d'être un peu patient. (Arthur Aubœuf, Leaf Media)
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screenshot de YouTube

Notre cerveau ne nous rend pas service

Notre inaction trouve partiellement son origine au cœur d'une zone de notre cerveau appelée striatum. 

Considérée comme très primitive, elle est présente chez la plupart des animaux et influe sur la prise de décision. 

Dans les faits, le striatum envoie de la dopamine (la molécule responsable du plaisir), laquelle nous incite à entreprendre certaines actions. Si celles-ci concernaient auparavant les initiatives liées à notre survie - manger, par exemple - elles se sont diversifiées au fil de notre évolution. Leur seul dénominateur commun demeurant l'immédiateté.

Mais quel est le rapport avec le changement climatique ?

Pour faire simple, notre striatum nous confronte à des “dilemmes” quotidiens. Nous multiplions les comportements polluants mais souvent synonymes de dopamine  - consommer sans modération des biens issus d'industries excessivement polluantes, par exemple.

Or, cette fameuse sensation de plaisir est limitée dans le temps, ce qui force le striatum à envoyer régulièrement de la dopamine.

Cela crée de l’accoutumance (également appelée « habituation hédonique ») et nous pousse à répéter ces actions encore et encore.

Bien sûr, ce système de récompense est mis à mal par notre cortex cérébral. Développé plus tardivement que le striatum dans l’histoire de l’évolution humaine, le cortex cérébral ne fait théoriquement pas le poids face à l'habituation hédonique. Mais il est très au fait de l’urgence climatique, lui.

D’après Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et auteur de l’ouvrage intitulé "Bug humain", nous pourrions progressivement inverser la tendance en “entraînant” notre striatum dès l’enfance. 

Loin d'être une lubie, apprendre à nos enfants à consommer de façon raisonnée est absolument essentiel. Car s'ils ne peuvent agir eux-mêmes dans l'immédiat - en tout cas, pas à la même échelle que leurs parents et grand-parents - les aider à acquérir ces réflexes leur permettra de s'adapter plus facilement à ce que sera le monde de demain.

Accepter de regarder cette réalité en face est difficile. Suffisamment pour que nous ne complexifions pas davantage la situation. Rechercher l'irréprochabilité chez les uns et les autres (et ne pas la trouver), ou prendre pour prétexte d'inaction la non-irréprochabilité de ces mêmes "autres" ne nous mènera nulle part. Tout individu ayant grandi au sein d'une société occidentale depuis l'essor de la société de consommation a contribué, même de façon minime et involontaire, à la situation actuelle.
Bibliographie

Climatosceptique, Larousse, https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/climatosceptique/10910992

Incendies de l'été 2022: bilan et retour d'expérience, Les services de l'État en Gironde, https://www.gironde.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Environnement-risques-naturels-et-technologiques/Risques-naturels-et-technologiques/Prevention-des-risques-naturels-et-technologiques/Feux-de-forets-se-preparer-se-proteger/Incendies-de-l-ete-2022-bilan-et-retour-d-experience

Brésil : la température ressentie atteint près de 60°C, Franceinfo, https://www.franceinfo.fr/monde/bresil/bresil-la-temperature-ressentie-atteint-pres-de-60-c_6195516.html

Pollution de l’air ambiant (extérieur) et santé, Organisation Mondiale de la Santé (OMS), https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/ambient-(outdoor)-air-quality-and-health

Qualité de l’air : Sources de pollution et effets sur la santé, Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/air-exterieur/qualite-de-l-air-exterieur-10984/article/qualite-de-l-air-sources-de-pollution-et-effets-sur-la-sante

Pollution de l’air ambiant : nouvelles estimations de son impact sur la santé des Français, Santé Publique France, https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2021/pollution-de-l-air-ambiant-nouvelles-estimations-de-son-impact-sur-la-sante-des-francais

The Power of People, The JUMP, ARUP, C40, https://static1.squarespace.com/static/5f462d8d0b04df7da032a9bd/t/62252df0cc7bb27d653085a4/1646603770769/The+Power+of+People+-+The+JUMP.pdf

Devant la menace climatique, chaque cerveau est responsable, Le Monde, https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/07/14/devant-la-menace-climatique-chaque-cerveau-est-responsable_6134784_1650684.html

Jour du dépassement : comment la date est-elle calculée par les scientifiques ? France inter, https://www.radiofrance.fr/franceinter/jour-du-depassement-comment-la-date-est-elle-calculee-par-les-scientifiques-7567095

"Striatum", Sébastien Bohler, Editions du Seuil