Fermer

Votre demande a bien été prise en compte.

Merci, votre email a été ajouté à notre base. Prêt(e) à voir la vie en vert ?

Qu'est-ce que l'artificialisation des sols ?

L’artificialisation des sols constitue l’un des enjeux majeurs dans la lutte contre le réchauffement climatique. De quoi s’agit-il ? Réponse dans cet article.
Green Actu’
2023-05-26T00:00:00.000Z
fr-fr
une personne debout sur le trottoir devant des feuilles mortes sur le sol

L’artificialisation des sols est devenue un enjeu majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique. À l’origine de nombreuses répercussions environnementales, ce phénomène ne cesse pourtant de croître.

En quoi consiste cette pratique nocive pour la biodiversité ? Quels sont les causes et les conséquences de la transformation des sols ? Comment lutter contre ce phénomène ? Réponses ici.

Qu’est-ce que l’artificialisation des sols ?

Artificialisation des sols, définition

L’artificialisation des sols est le fait de transformer des sols naturels, forestiers ou agricoles en espaces urbains (habitats, commerces, équipements publics, parkings, parcs, terrains de sport, etc.). L’aménagement de ces espaces - aux conséquences souvent irréversible - entraîne ainsi : 

  • une imperméabilisation partielle ou totale des sols ;
  • une stabilisation ou un compactage des sols ;
  • un ajout de matériaux composites dans les sols.

La définition de l’artificialisation des sols est indiquée dans l’article 192 de la loi Climat et Résilience et est inscrite dans le Code de l’urbanisme. Elle désigne : 

L'altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d'un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage.

👋 En réalité, l’Homme a toujours modifié son territoire pour survivre, perturbant ainsi les interactions naturelles des sols et des sous-sols. Ce phénomène s’est accentué avec l’évolution des pratiques (agricoles et de construction) et la croissance démographique.

La surface des espaces naturels français ne cesse de diminuer

La surface occupée par les espaces naturels, agricoles et forestiers tend à diminuer d’année en année. Publié en mai 2021, un rapport du Sénat indique que les espaces urbains couvrent désormais 22 % du pays contre 7 % en 1936. 

👉 D’après les chiffres du Gouvernement, 20 000 à 30 000 hectares sont artificialisés chaque année. L’urgence est de mise puisque la part de transformation des sols augmente quatre fois plus vite que la population.

Close
youtube screenshot

Quelles sont les causes de l’artificialisation des sols ?

L’étalement urbain

Près de huit milliards d’humains vivent actuellement sur Terre. Selon l’ONU, ce chiffre pourrait s’élever à 9,6 milliards en 2050. Cependant, l’accroissement de la population mondiale soulève de nombreuses problématiques. 

Au-delà d’exploiter plus de ressources naturelles que la planète n’est capable de produire, la Terre n’est pas extensible. Des zones naturelles devront implacablement disparaître pour laisser place à de nouveaux logements. Ce phénomène s’illustre d’ores et déjà par la construction de nouveaux habitats en périphérie des villes (la périurbanisation). 

Plusieurs raisons peuvent expliquer la migration de la population : 

  • l’augmentation des prix du foncier en centre-ville ;
  • la vacance des logements (8 % en 2015 selon l’Insee), qui contribue à la sous-exploitation du bâti existant ;
  • le développement de résidences secondaires (qui représentaient 9,5 % des logements en 2015), diminuant le nombre de logements disponibles sur le marché ;
  • l’attrait des ménages pour l’habitat individuel ;
  • la volonté de profiter des avantages économiques, politiques et culturels des grandes villes ;
  • la recherche d’un meilleur cadre de vie.

👉 L’urbanisation de la France a réellement pris de l’ampleur au début du XXe siècle.

L’augmentation du nombre de ménages

Selon l’Observatoire de l’artificialisation, 276 377 ha ont été consommés entre 2009 et 2019, principalement autour des centres-villes et sur le littoral. En l’état, 42 % des terres artificialisées sont destinées à l’habitat, 28 % aux infrastructures de transport, le reste (30 %) est attribué au foncier économique (de services et de loisirs).

Or, les surfaces de certains territoires se retrouvent bétonnées alors même que la population n’augmente pas en ces lieux. Pour preuve : entre 2012 et 2017, 24 % des communes françaises ont consommé des espaces pour bâtir de nouveaux logements tandis que le nombre de ménages est en baisse. Seules 2,1 % des communes françaises n’ont aucune consommation d’espace entre 2009 et 2019. 

En définitive, les terres artificialisées sont passées de 3 millions d’hectares en 1981 à 5 millions d’hectares aujourd’hui - soit + 70 % contre un accroissement de la population de 19 %.

Pâté de maisons vu du ciel

L’agriculture intensive 

L’artificialisation des sols ne désigne pas seulement la construction d’infrastructures bétonnées. Elle peut également être causée par les pratiques utilisées dans l’agriculture intensive, comme : 

  • le labourage des sols en profondeur ;
  • l’utilisation d’une grande quantité de produits chimiques (engrais, pesticides, etc.) pour lutter contre les parasites ;
  • le compactage des sols suite aux multiples passages des engins agricoles - empêchant l’air et l’eau de s’infiltrer.

Ces différentes pratiques contribuent à l’érosion des sols, ainsi qu’à la disparition de la matière organique - pourtant essentielle pour nourrir la faune et la flore.

Quelles sont les conséquences de l’artificialisation des sols ?

Bien que l’artificialisation des sols permette d’offrir des logements et des commerces à tous, cette pratique porte néanmoins atteinte à notre qualité de vie et à l’environnement.

Accélère à la perte de la biodiversité

Les sols et sous-sols fourmillent de vie, puisqu’ils constituent l’habitat et l’alimentation de nombreuses espèces animales et végétales.

Or, la transformation de sols naturels en sols imperméabilisés modifie la composition et la structure des sols, pouvant provoquer la destruction de l’habitat des espèces. De même, la construction de routes fragmente l’espace et empêche les déplacements des espèces, donnant lieu à leur disparition sur le territoire.

En 2020, le rapport Living Planet de WWF révélait que l’artificialisation des terres et des mers serait la première cause d’extinction de la biodiversité mondiale. 50 % des espèces auraient disparu suite à l’artificialisation de leurs espaces.

Contribue au réchauffement climatique

Pour faire simple, les sols constituent l’un des principaux puits de carbone naturels avec les forêts et les mers. C’est-à-dire qu’ils séquestrent une partie du carbone présent dans l’atmosphère grâce à l’accumulation de matières organiques. 

Selon l’ADEME, 4 à 5 milliards de tonnes de carbone seraient stockées dans les sols et les forêts françaises.

👉 Ils permettent ainsi de maintenir l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère et celles absorbées par lesdits puits.

Malheureusement, les activités humaines - notamment l’utilisation massive de combustibles fossiles - sont à l'origine d'une trop forte concentration de GES dans l’atmosphère. Face à ce volume conséquent de gaz à effet de serre, l’action des puits de carbone naturels s’en trouve amoindrie. 

Le phénomène d’artificialisation des sols ne vient pas arranger les choses et contribue à la hausse des températures de deux manières : 

  • directe - le changement d’état des sols et la perte de la végétation ne permettent plus d’absorber du CO2 et de maintenir l’équilibre climatique en place ;
  • indirecte - via le développement de projets polluants, lesquels contribuent à la pollution de l’air, des sols et des cours d’eau.

En outre, les habitants des zones urbaines sont plus susceptibles d’être victimes d’îlots de chaleur - zones où les températures sont particulièrement élevées. Le réfléchissement des surfaces (notamment le goudron) et la chaleur provoquée par le refroidissement des bâtiments, les moteurs de voitures ou le fonctionnement des industries accentuent ce phénomène.

Amplifie les risques d’inondations

Un sol en bonne santé absorbe l’eau de pluie par infiltration - permettant la survie des espèces animales et végétales - et recharge nos nappes phréatiques - plus grande source d’eau potable à notre disposition. 

Ainsi imperméabilisé (c’est-à-dire recouvert de béton), le sol n’est plus capable d’absorber l’eau, amplifiant ainsi les phénomènes de ruissellement et d’inondations en cas de fortes intempéries. 

En démontrent les inondations historiques subies par la région d’Emilie-Romagne en Italie. Mi-mai, la région située au nord-est du pays a subi de multiples débordements de fleuves provoquant des glissements de terrain et quatorze décès. Malheureusement, l’accélération du réchauffement climatique pourrait impacter 94 % des communes italiennes (les inondations, les glissements de terrain et l’érosion côtière étant les principales menaces).

D’autant que la région est constituée de plus de 200 000 hectares imperméabilisés. Or, les infrastructures bétonnées ont été bâties sur des zones sujettes aux inondations, ce qui n’a fait que renforcer les risques naturels de ruissellement.

une voiture bloquée par une inondation

Réduit la surface des parcelles agricoles

Sans surprise, la bétonisation de sols agricoles réduit la surface des sols cultivables. 6,9 % des terres agricoles ont ainsi disparu entre 1981 et 2012 - ce qui représente 2 millions d’hectares. L’atteinte à la qualité des sols (notamment leur fertilité) entraîne alors une perte de productivité agricole et limite la production alimentaire française.

À l’échelle mondiale, les végétaux fournissent 80 % de notre alimentation. L’agriculture constitue ainsi une ressource économique et un moyen de développement. Or, ⅔ de l’artificialisation des sols effectuée entre 2006 et 2014 ont eu lieu sur les terres agricoles, compromettant notre sécurité alimentaire.

Augmente les coûts

Pour les raisons vues précédemment, l’étalement urbain occupe désormais la périphérie des villes. Afin d’être accessible et fonctionnel, un terrain artificialisé doit être correctement entretenu et raccordé (via l’aménagement de routes, l’installation de réseaux d’assainissement et d’électricité). Cependant, la création de ces réseaux est à l’origine de dépenses supplémentaires, pas toujours abordables pour les petites communes.

En outre, ces aménagements supplémentaires nécessitent le bétonnage d’une plus grande surface naturelle et sont autant de sources de nuisances envers la biodiversité (les nuisances sonores et la pollution lumineuse notamment).

Aggrave la fracture territoriale

La construction en périphérie des villes contribue à reléguer une partie de la population à l’écart du centre-ville. Cette migration accentue la fracture territoriale, puisque :  

  • les commerces sont dévalorisés ;
  • le centre-ville est déserté petit à petit ;
  • les logements sont éloignés des services publics et de l’emploi, contribuant non seulement à la précarité - éloignées des zones d’activités, les personnes sans-emploi rencontrent plus de difficultés à renouer avec le marché du travail - et à la dépendance à la voiture individuelle. Or, ce mode de transport est principalement responsable de l’empreinte carbone du secteur.
fumée sortant d'un pot d'échappement

Comment lutter contre ce phénomène ?

Respecter l’objectif Zéro Artificialisation Nette

En France, la protection des espaces naturels menacés par l’artificialisation des sols fait l’objet du Plan Biodiversité à l’origine de l’objectif Zéro Artificialisation Nette (ZAN). L’objectif ZAN est désormais inscrit dans la loi Climat et Résilience. 

Pour garantir l’absence de toute artificialisation nette des sols, la loi a établi un objectif intermédiaire de réduction de moitié de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers entre 2021 et 2031, par rapport à la période 2011-2020. Deux enjeux : 

  • limiter l’utilisation de nouveaux espaces en réutilisant des secteurs déjà urbanisés (à l’image des locaux vacants et des friches) ou en construisant des zones plus compactes composées d’espaces verts ;
  • renaturaliser un espace pour chaque nouvel espace artificialisé - c’est-à-dire restaurer les fonctionnalités écologiques d’un territoire. En ce sens, la loi renforce les règles de délivrance des autorisations d’urbanismes commerciales lorsqu’elles impliquent une artificialisation des sols.

👉 Le ZAN est en lien avec le quinzième ODD (Objectif de développement durable) déterminé par l’ONU, qui vise à réduire la perte d’habitats naturels et la biodiversité. Il s’inscrit également dans « la feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation des ressources ». Initiée en 2011, elle a pour intention d’enrayer la dégradation des sols et l’augmentation des surfaces artificialisées.

Repenser l’aménagement urbain

Attention à toute mésinterprétation. L’atteinte de l’objectif de Zéro artificialisation nette ne requiert pas de stopper totalement les projets d’aménagement, mais bien de repenser nos modes de construction. La séquence « éviter, réduire, compenser » (ERC) permet ainsi d’évaluer les impacts d’un projet sur l’environnement afin d’éviter les aménagements superflus.

En ce sens, plusieurs axes d’amélioration sont à l’étude : 

  • réutiliser des zones déjà artificialisées et réhabiliter les friches urbaines - la France compte 2 400 friches industrielles occupant entre 90 000 et 150 000 hectares [Rapport 2021] ;
  • favoriser un développement équilibré et proche des transports pour faire face au mitage (c’est-à-dire les constructions dispersées) ;
  • résorber la vacance immobilière de longue durée pour des centralités attractives ;
  • prendre en compte le sol dans les projets d’aménagement. L’objectif étant de bâtir une infrastructure en harmonie avec le contexte géographique et paysager.

👉 En définitive, ces réglementations nécessitent la révision complète de notre modèle.

Protéger la biodiversité

L’artificialisation des sols étant la première cause de disparition de la biodiversité, le gouvernement a mis en place une « Trame Verte et Bleue ». Issue des lois Grenelle sur l’environnement, elle doit permettre de maintenir et de reconstituer les réseaux d’échanges (appelés continuités écologiques) eux-mêmes composés de corridors écologiques. 

L’objectif ? Permettre aux espèces animales et végétales de circuler, de s’alimenter et de se reproduire sans danger.

Cette trame doit être prise en compte dans les décisions d’aménagement du territoire pour assurer le cycle de vie des espèces.

Réduisez vos émissions de CO2 !

L’artificialisation des sols diminue la capacité de stockage des puits de carbone naturels. Or, nos émissions contribuent au réchauffement climatique. Pour limiter ses effets, chaque citoyen et entreprise doit réduire ses émissions de carbone.

Réalisez le bilan carbone de votre structure afin d’élaborer une stratégie de réduction des émissions ambitieuse, mais atteignable. Découvrez la plateforme en réservant votre démonstration gratuite !

Homme souriant
Logo coloré "time to change"

Green-Tok, la newsletter consacrée à la révolution climatique

On fait le bilan de l'actualité green une fois par mois (ou plus si on trouve des choses intéressantes à vous raconter)

Plus d’articles

Green Actu’
une femme utilisant une tablette numérique dans un décor végétal

Le guide du numérique responsable en 2024

Ines Gendre
Par
Ines Gendre

Le numérique responsable est une démarche d’amélioration continue centrée sur l’empreinte du numérique. Mais comment le mettre en œuvre ?

Technologie
Green Actu’
un smartphone sur une table

La difficile équation de la sobriété numérique

Ines Gendre
Par
Ines Gendre

La sobriété numérique vise à minimiser l’impact environnemental lié à notre usage du numérique. Un concept qui se heurte pourtant à de nombreux défis.

Technologie