La difficile équation de la sobriété numérique
La sobriété numérique vise à minimiser l’impact environnemental lié à notre usage du numérique. Un concept qui se heurte pourtant à de nombreux défis.
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L’artificialisation des sols est devenue un enjeu majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique. À l’origine de nombreuses répercussions environnementales, ce phénomène ne cesse pourtant de croître.
En quoi consiste cette pratique nocive pour la biodiversité ? Quels sont les causes et les conséquences de la transformation des sols ? Comment lutter contre ce phénomène ? Réponses ici.
L’artificialisation des sols est le fait de transformer des sols naturels, forestiers ou agricoles en espaces urbains (habitats, commerces, équipements publics, parkings, parcs, terrains de sport, etc.). L’aménagement de ces espaces - aux conséquences souvent irréversible - entraîne ainsi :
La définition de l’artificialisation des sols est indiquée dans l’article 192 de la loi Climat et Résilience et est inscrite dans le Code de l’urbanisme. Elle désigne :
👋 En réalité, l’Homme a toujours modifié son territoire pour survivre, perturbant ainsi les interactions naturelles des sols et des sous-sols. Ce phénomène s’est accentué avec l’évolution des pratiques (agricoles et de construction) et la croissance démographique.
La surface occupée par les espaces naturels, agricoles et forestiers tend à diminuer d’année en année. Publié en mai 2021, un rapport du Sénat indique que les espaces urbains couvrent désormais 22 % du pays contre 7 % en 1936.
👉 D’après les chiffres du Gouvernement, 20 000 à 30 000 hectares sont artificialisés chaque année. L’urgence est de mise puisque la part de transformation des sols augmente quatre fois plus vite que la population.
Près de huit milliards d’humains vivent actuellement sur Terre. Selon l’ONU, ce chiffre pourrait s’élever à 9,6 milliards en 2050. Cependant, l’accroissement de la population mondiale soulève de nombreuses problématiques.
Au-delà d’exploiter plus de ressources naturelles que la planète n’est capable de produire, la Terre n’est pas extensible. Des zones naturelles devront implacablement disparaître pour laisser place à de nouveaux logements. Ce phénomène s’illustre d’ores et déjà par la construction de nouveaux habitats en périphérie des villes (la périurbanisation).
Plusieurs raisons peuvent expliquer la migration de la population :
👉 L’urbanisation de la France a réellement pris de l’ampleur au début du XXe siècle.
Selon l’Observatoire de l’artificialisation, 276 377 ha ont été consommés entre 2009 et 2019, principalement autour des centres-villes et sur le littoral. En l’état, 42 % des terres artificialisées sont destinées à l’habitat, 28 % aux infrastructures de transport, le reste (30 %) est attribué au foncier économique (de services et de loisirs).
Or, les surfaces de certains territoires se retrouvent bétonnées alors même que la population n’augmente pas en ces lieux. Pour preuve : entre 2012 et 2017, 24 % des communes françaises ont consommé des espaces pour bâtir de nouveaux logements tandis que le nombre de ménages est en baisse. Seules 2,1 % des communes françaises n’ont aucune consommation d’espace entre 2009 et 2019.
En définitive, les terres artificialisées sont passées de 3 millions d’hectares en 1981 à 5 millions d’hectares aujourd’hui - soit + 70 % contre un accroissement de la population de 19 %.
L’artificialisation des sols ne désigne pas seulement la construction d’infrastructures bétonnées. Elle peut également être causée par les pratiques utilisées dans l’agriculture intensive, comme :
Ces différentes pratiques contribuent à l’érosion des sols, ainsi qu’à la disparition de la matière organique - pourtant essentielle pour nourrir la faune et la flore.
Bien que l’artificialisation des sols permette d’offrir des logements et des commerces à tous, cette pratique porte néanmoins atteinte à notre qualité de vie et à l’environnement.
Les sols et sous-sols fourmillent de vie, puisqu’ils constituent l’habitat et l’alimentation de nombreuses espèces animales et végétales.
Or, la transformation de sols naturels en sols imperméabilisés modifie la composition et la structure des sols, pouvant provoquer la destruction de l’habitat des espèces. De même, la construction de routes fragmente l’espace et empêche les déplacements des espèces, donnant lieu à leur disparition sur le territoire.
Pour faire simple, les sols constituent l’un des principaux puits de carbone naturels avec les forêts et les mers. C’est-à-dire qu’ils séquestrent une partie du carbone présent dans l’atmosphère grâce à l’accumulation de matières organiques.
👉 Ils permettent ainsi de maintenir l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère et celles absorbées par lesdits puits.
Malheureusement, les activités humaines - notamment l’utilisation massive de combustibles fossiles - sont à l'origine d'une trop forte concentration de GES dans l’atmosphère. Face à ce volume conséquent de gaz à effet de serre, l’action des puits de carbone naturels s’en trouve amoindrie.
Le phénomène d’artificialisation des sols ne vient pas arranger les choses et contribue à la hausse des températures de deux manières :
En outre, les habitants des zones urbaines sont plus susceptibles d’être victimes d’îlots de chaleur - zones où les températures sont particulièrement élevées. Le réfléchissement des surfaces (notamment le goudron) et la chaleur provoquée par le refroidissement des bâtiments, les moteurs de voitures ou le fonctionnement des industries accentuent ce phénomène.
Un sol en bonne santé absorbe l’eau de pluie par infiltration - permettant la survie des espèces animales et végétales - et recharge nos nappes phréatiques - plus grande source d’eau potable à notre disposition.
Ainsi imperméabilisé (c’est-à-dire recouvert de béton), le sol n’est plus capable d’absorber l’eau, amplifiant ainsi les phénomènes de ruissellement et d’inondations en cas de fortes intempéries.
En démontrent les inondations historiques subies par la région d’Emilie-Romagne en Italie. Mi-mai, la région située au nord-est du pays a subi de multiples débordements de fleuves provoquant des glissements de terrain et quatorze décès. Malheureusement, l’accélération du réchauffement climatique pourrait impacter 94 % des communes italiennes (les inondations, les glissements de terrain et l’érosion côtière étant les principales menaces).
D’autant que la région est constituée de plus de 200 000 hectares imperméabilisés. Or, les infrastructures bétonnées ont été bâties sur des zones sujettes aux inondations, ce qui n’a fait que renforcer les risques naturels de ruissellement.
Sans surprise, la bétonisation de sols agricoles réduit la surface des sols cultivables. 6,9 % des terres agricoles ont ainsi disparu entre 1981 et 2012 - ce qui représente 2 millions d’hectares. L’atteinte à la qualité des sols (notamment leur fertilité) entraîne alors une perte de productivité agricole et limite la production alimentaire française.
À l’échelle mondiale, les végétaux fournissent 80 % de notre alimentation. L’agriculture constitue ainsi une ressource économique et un moyen de développement. Or, ⅔ de l’artificialisation des sols effectuée entre 2006 et 2014 ont eu lieu sur les terres agricoles, compromettant notre sécurité alimentaire.
Pour les raisons vues précédemment, l’étalement urbain occupe désormais la périphérie des villes. Afin d’être accessible et fonctionnel, un terrain artificialisé doit être correctement entretenu et raccordé (via l’aménagement de routes, l’installation de réseaux d’assainissement et d’électricité). Cependant, la création de ces réseaux est à l’origine de dépenses supplémentaires, pas toujours abordables pour les petites communes.
En outre, ces aménagements supplémentaires nécessitent le bétonnage d’une plus grande surface naturelle et sont autant de sources de nuisances envers la biodiversité (les nuisances sonores et la pollution lumineuse notamment).
La construction en périphérie des villes contribue à reléguer une partie de la population à l’écart du centre-ville. Cette migration accentue la fracture territoriale, puisque :
En France, la protection des espaces naturels menacés par l’artificialisation des sols fait l’objet du Plan Biodiversité à l’origine de l’objectif Zéro Artificialisation Nette (ZAN). L’objectif ZAN est désormais inscrit dans la loi Climat et Résilience.
Pour garantir l’absence de toute artificialisation nette des sols, la loi a établi un objectif intermédiaire de réduction de moitié de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers entre 2021 et 2031, par rapport à la période 2011-2020. Deux enjeux :
👉 Le ZAN est en lien avec le quinzième ODD (Objectif de développement durable) déterminé par l’ONU, qui vise à réduire la perte d’habitats naturels et la biodiversité. Il s’inscrit également dans « la feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation des ressources ». Initiée en 2011, elle a pour intention d’enrayer la dégradation des sols et l’augmentation des surfaces artificialisées.
Attention à toute mésinterprétation. L’atteinte de l’objectif de Zéro artificialisation nette ne requiert pas de stopper totalement les projets d’aménagement, mais bien de repenser nos modes de construction. La séquence « éviter, réduire, compenser » (ERC) permet ainsi d’évaluer les impacts d’un projet sur l’environnement afin d’éviter les aménagements superflus.
En ce sens, plusieurs axes d’amélioration sont à l’étude :
👉 En définitive, ces réglementations nécessitent la révision complète de notre modèle.
L’artificialisation des sols étant la première cause de disparition de la biodiversité, le gouvernement a mis en place une « Trame Verte et Bleue ». Issue des lois Grenelle sur l’environnement, elle doit permettre de maintenir et de reconstituer les réseaux d’échanges (appelés continuités écologiques) eux-mêmes composés de corridors écologiques.
Cette trame doit être prise en compte dans les décisions d’aménagement du territoire pour assurer le cycle de vie des espèces.
L’artificialisation des sols diminue la capacité de stockage des puits de carbone naturels. Or, nos émissions contribuent au réchauffement climatique. Pour limiter ses effets, chaque citoyen et entreprise doit réduire ses émissions de carbone.
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