La difficile équation de la sobriété numérique
La sobriété numérique vise à minimiser l’impact environnemental lié à notre usage du numérique. Un concept qui se heurte pourtant à de nombreux défis.
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Régulièrement montré du doigt comme étant le moyen de transport le plus polluant, l’avion ne cesse de s’attirer les foudres des écologistes. Ce faisant, nombre de passagers se sentent honteux d’emprunter ce mode de transport -honte appelée le flygskam-, voire le boycottent. À tort ou à raison ?
Selon les Chiffres clés des transports, l’empreinte carbone de l’aviation compte pour 4 % du total des émissions de GES des transports en France. À titre de comparaison, en 2020, le secteur aérien était à l’origine de 2,9 % des émissions mondiales de CO2.
Avant de tirer des conclusions hâtives, remettons-nous-en aux faits : quel est véritablement le Bilan Carbone® d’un vol en avion ?
Pour connaître l’impact carbone d’un vol en avion, il convient de réaliser le Bilan Carbone® de l’appareil, c'est-à-dire calculer les émissions de gaz à effet de serre (GES) engendrées tout au long de sa vie. Cette étude prend ainsi en compte :
À cela s’ajoutent plusieurs facteurs déterminants :
En France, d’après le simulateur de l’ADEME, emprunter l'avion revient à émettre 259 gCO2e/km/personne. Mais qu’en est-il pour un vol en avion court, moyen et long-courrier ?
L’ADEME chiffre les impacts :
👉 À titre indicatif : un aller-retour Paris-New York (d’une distance de 5 836 km) émet environ 2,1 tonne de CO2 - soit 887 kg de CO2e/passager/aller. En définitive, emprunter un vol long courrier engendre la totalité des émissions annuelles auxquelles un Français devrait se soumettre pour limiter le réchauffement climatique à + 1,5 °C d’ici la fin du siècle.
Le kérosène est issu du raffinage du pétrole (un combustible fossile). Plus visqueux que le fioul, il est utilisé pour alimenter les turboréacteurs, les turbopropulseurs et pour lubrifier les pièces mécaniques. Selon l’ADEME, l’extraction, le transport, le raffinage et la distribution de la ressource sont à l’origine de 16 % de CO2.
En outre, la consommation du kérosène d’un seul vol en avion engendre 84 % de CO2 (3,01 kg de CO2 par litre). Au-delà du carbone, la combustion du carburant produit également de la vapeur d’eau, des hydrocarbures imbrûlés, du monoxyde de carbone, des oxydes d’azote, des oxydes de soufre et des particules de suie.
Le carburant n’est pas le seul coupable. Sur les 259 gCO2e rejetés par km et par personne, le kérosène représente certes 54,6 % de l’empreinte carbone, mais les traînées de condensation constituent 45,2 % du Bilan Carbone®.
Bien qu’il ne s’agisse que de vapeur d’eau émise par les moteurs, ces traînées favorisent la formation de nuages (des cirrus). Un phénomène à première vue tout à fait anodin. Or, ces nuages - qui peuvent persister de longues heures dans le ciel - jouent un rôle dans le réchauffement de la surface de la Terre.
Dans les faits, ils absorbent une partie du rayonnement issu de la Terre afin de le rediriger vers le sol au lieu de l’espace. En emprisonnant ainsi la chaleur, ils empêchent le bon fonctionnement de l’effet de serre.
La construction de l’appareil est à l’origine de 0,2 % de l’empreinte carbone. En cause : le type de matériaux et la quantité utilisée (aluminium, titane ou encore métal).
Dès lors, les matériaux composites occupent une part grandissante dans la construction des avions - notamment dans la fabrication des structures d’avion. Plus légers que le métal, ces matériaux permettent de réduire le poids de l’appareil et donc la consommation de carburant.
Dès lors, l’implication de chacun est nécessaire pour réduire le Bilan Carbone® de l’aérien. Il convient ainsi de limiter l’usage de l’avion - notamment les vols court-courriers - au profit d’alternatives plus durables. L’usage de l’avion doit rester un geste exceptionnel.
En ce sens, le gouvernement français a supprimé certains vols intérieurs lorsqu’une alternative en train de 2h30 maximum est disponible. Une démarche louable, mais dont la réduction des émissions reste faible (0,02 % des émissions du transport aérien français).
Dans le cas où il serait impossible de se passer de ce mode de transport, il convient de compenser les émissions de son dernier vol en avion. Toute personne a l’opportunité de réduire son empreinte environnementale en finançant des projets éco-responsables, comme la plantation d’arbres ou les énergies renouvelables.
Mais attention à ne pas en abuser !
En vue d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, les acteurs de l’aéronautique se sont engagés à réduire leurs émissions carbone en entamant la décarbonation du secteur.
De fait, plusieurs améliorations sont à l’étude, à l’image :
En outre, la loi Climat et Résilience du 22 août 2021 impose aux compagnies aériennes de compenser 70 % de leurs émissions carbone issues des vols intérieurs en 2023 et la totalité en 2024. Deux manières de procéder :
Pratique et rapide, il est vrai que l’avion possède des avantages indéniables. Cependant, en attendant la mise sur le marché d’un avion vert, il est préférable de se tourner vers des alternatives plus écologiques.
Au vu des avantages environnementaux qu’ils engendrent, ces modes de déplacements font l’objet du « plan vélo et marche 2023-2027 ». Ce plan gouvernemental poursuit trois ambitions :
Pour y parvenir, le gouvernement a mis en oeuvre divers dispositifs, à l’image du « Savoir rouler à vélo », de la prime à l’achat de vélo ou encore du Forfait Mobilités Durables.
Selon les données Statista, 22 % de la population emprunte quotidiennement les transports en commun en France.
Une aubaine tant pour l’environnement, que pour les salariés. En effet, l’employeur est dans l’obligation de prendre en charge 50 % du prix de l’abonnement aux transports en commun de ses salariés.
Les salariés du secteur privé sont également éligibles au Forfait Mobilités Durables (FMD), leur accordant un montant pouvant aller jusqu’à 800 €. L’objectif ? Couvrir les déplacements domicile-travail en transports en commun (hors abonnement), en covoiturage ou à vélo.
Par kilomètre et par personne, le train serait 8 fois plus écologique que la voiture et 14 fois plus que l’avion révèle l’ADEME.
Le point noir ? Le prix des billets de train bien plus onéreux que ceux d’avion, n’incitant pas les voyageurs à favoriser cette alternative bas-carbone. En effet, un rapport de Greenpeace révèle qu’en France, le train est 2,6 fois plus cher que l’avion, allant à l’encontre de l’urgence climatique.
Cependant, les avantages sont à noter :
Selon les Chiffres clés des transports 2024, la voiture individuelle est à l’origine de 82 % de l’empreinte carbone des transports français. Un bilan plus élevé que celui de l’aérien du fait de son utilisation quotidienne par une seule personne et pour de courts trajets.
C’est pourquoi il est préférable de se tourner vers le covoiturage. Selon le simulateur de l’ADEME, le fait de transporter cinq personnes dans un véhicule thermique pendant 10 km permet de limiter les émissions de CO2 à 0,44 kgCO2e au lieu de 1,9 kgCO2e.
D’après une étude BlaBlaCar, le covoiturage a permis d’économiser plus d’1,6 million de tonnes de CO2 en 2018, tout en transportant deux fois plus de passagers.
Permettant une réduction notable de l’empreinte carbone de la voiture, le covoiturage est récompensé par le gouvernement français. Une prime de 100 € est versée à toute personne se lançant dans le covoiturage courte distance.
Type de transport | Émissions (kgCO2) |
---|---|
TGV | 2,93 |
Tramway | 4,28 |
Métro | 4,44 |
TER | 27,7 |
Covoiturage thermique (5 passagers) | 43,5 |
Bus (GNV) | 122 |
Voiture thermique | 218 |
Avion court courrier | 259 |
Toute entreprise est incitée à réaliser son Bilan Carbone® afin d'identifier les principaux postes d'émission de gaz à effet de serre - vol en avion, consommation d’électricité, gestion des déchets, etc. - et ainsi mettre en œuvre un plan d'action ciblé et efficace.
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