Empreinte carbone : avion vs voiture, le match
L'avion et la voiture sont des modes de transport polluants. Mais l'une de ces options tire-t-elle malgré tout son épingle du jeu ?
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Le transport aérien fait l’objet de nombreuses critiques quant à son empreinte carbone, notamment celle des vols intérieurs - à l’origine de 4 % des émissions de CO2 en France. Afin de réduire les émissions carbone de ce secteur, le gouvernement a décidé de supprimer certains vols intérieurs.
La suppression de certaines liaisons intérieures en France est-elle réellement bénéfique pour l’environnement ? Greenly a mené l’enquête. 🕵️♂️
Contrairement aux vols internationaux, les vols intérieurs - ou vols domestiques - relient deux villes situées dans un même pays. Il s’agit généralement d’un vol court-courrier (de moins d’une heure) permettant de faire la liaison entre la capitale et une ville de province, ou entre deux villes de province.
Ces vols sont généralement empruntés par des personnes en déplacement professionnel ou des voyageurs se rendant sur le lieu d’un court séjour.
👉 Les avions utilisés sont dits de transports régionaux, car plus petits que les avions moyen-courriers et long-courriers.
En 2018, on comptait 108 liaisons aériennes intérieures en France - en excluant l’Outre-Mer et la Corse - pour un total de 22 millions de passagers.
En 2019, les vols intérieurs français étaient à l’origine de 4,8 millions de tonnes de CO2, soit 4 % des émissions du secteur des transports - près de deux fois moins sans la prise en compte des vols vers l’Outre-mer. [Gouvernement]
L’impact est non négligeable puisque selon la base carbone de l’ADEME, un avion court-courrier émet 0,258 kg de CO2 par passager et par km contre 0,152 kg de CO2 par passager et par km pour un long-courrier.
Le décret publié au Journal Officiel du 23 mai 2023 acte la suppression de certains vols intérieurs si une alternative en train directe de moins de 2h30 est possible - une première mondiale.
L’adoption de cette mesure est fondée sur l’article 20 du règlement européen sur les services aériens stipulant que « lorsqu’il existe des problèmes graves en matière d’environnement », un État membre peut :
Le décret s’applique ainsi pendant trois ans. Une évaluation sera effectuée par le ministre de l’aviation civile, 24 mois après son entrée en vigueur.
👉 Cette mesure faisait partie des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat retenues par le gouvernement et inscrites dans la loi Climat et Résilience de 2021. Sa mise en application a ensuite été validée en décembre 2022 par la Commission européenne, la consultation du public et le Conseil d’État.
L’article 1er du décret définit les critères de suppression d’un vol. La liaison ferroviaire doit assurer le trajet - dans chaque sens :
Selon les critères précisés par le décret, seules trois liaisons régulières de transport aérien public de passagers sont supprimées - toutes les compagnies opérant en France sont concernées :
Les liaisons entre les villes de Lyon-Paris Charles-de-Gaulle, Rennes-Paris Charles-de-Gaulle et Lyon-Marseille pourraient être concernées par ce décret si le réseau ferroviaire fait l’objet d’une amélioration. En effet, pour le moment, ces lignes de train ne répondent pas au dernier critère - à savoir assurer le trajet tôt le matin et tard le soir.
👉 Les vols en correspondance ne sont pas concernés.
L’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050 implique la décarbonation totale des transports - qui représentaient encore 30 % des émissions de GES nationales en 2022. Pour y parvenir, chaque personne doit émettre deux tonnes de CO2 chaque année - en 2021, nous étions encore à 9,5 tonnes/personne…
Cependant, les compagnies affirment que les trois liaisons supprimées ne représentent que 0,02 % des émissions du transport aérien français. Sans compter que ces trois liaisons étaient d’ores et déjà vouées à être supprimées.
En outre, les liaisons Paris-Charles de Gaulle-Bordeaux et Paris-Charles de Gaulle-Nantes ont obtenu une dérogation pour les trois prochaines années, du fait d’un trajet ferroviaire supérieur à 2h30 pour rejoindre la gare de l’aéroport (3h30 et 3h).
Une très faible avancée en la matière donc.
D’autant que la proposition de la Convention Citoyenne pour le Climat demandait la suppression des vols où une alternative bas-carbone de moins de 4h (et non 2h30) était possible - 22 lignes étaient alors concernées. Une ambition largement réduite par le gouvernement.
La suppression de ces lignes doit inciter les voyageurs à se tourner vers des modes de transport moins émetteurs de GES. Le train et le covoiturage constituent alors deux bonnes alternatives.
En effet, selon la SNCF, le train émet 90 % de CO2 en moins qu’un voyage en avion ou en voiture. Certes le trajet est plus long, mais les gares ferroviaires se situent en centre-ville contrairement aux aéroports situés en périphérie des villes.
La suppression de ces trois liaisons devrait permettre le développement et un meilleur entretien du réseau ferroviaire français, mais également inciter à la baisse du prix des billets.
D’un autre côté, le transport routier était certes à l’origine de 94,7 % des émissions du secteur des transports en 2020 - dont 53,5 % des émissions uniquement engendrées par les voitures particulières. Cependant, le fait de remplir un véhicule permet d’économiser 6 kg de CO2.
D’après une étude menée par BlaBlaCar, le covoiturage a permis d’économiser plus d’1,6 million de tonnes de CO2 en 2018, tout en transportant deux fois plus de passagers.
👉 Face à ces résultats encourageants, le gouvernement soutient cette pratique en octroyant une prime de 100 € à toute personne se lançant dans le covoiturage courte distance (25 € lors du premier trajet et 75 € après le dixième trajet réalisé dans un délai de trois mois). C’est l’occasion parfaite pour découvrir de nouvelles villes françaises !
Selon cette même étude, le bus constitue une excellente alternative, puisque le taux d’occupation s’élève à 60 % et n’émet que 36 gCO2/passager au km (le covoiturage émet 58 gCO2/passager au km).
Pour rappel, cette mesure ne concerne pas les vols en correspondance. Ainsi, les compagnies aériennes peuvent aisément contourner l’interdiction en continuant de proposer des vols Paris Orly-Nantes, Paris Orly-Lyon et Paris Orly-Bordeaux avec une correspondance à Toulouse ou à Nice, par exemple.
Dans un même temps, le personnel et les avions des vols supprimés seront réaffectés vers d’autres destinations étrangères moyen-courriers. Cela donnera lieu à des durées de vols plus importantes et donc plus émettrices en CO2.
Bien que cette mesure soit tout à fait louable, elle demeure pourtant très insuffisante. En 2020, le Réseau Action Climat avait étudié la question dans son document intitulé « Climat : que vaut le plan du gouvernement pour l’aérien ? ».
Selon l’association, les lignes intérieures les plus émettrices en France sont :
Une seule ligne est donc concernée par la décision du gouvernement.
Pour réduire significativement les émissions de CO2 des vols intérieurs, le gouvernement devrait supprimer les lignes si une alternative en train de moins de 5h est possible. Cela porterait le nombre de liaisons concernées à 39 pour une réduction de 60,6 % des émissions issues des vols métropolitains et 4,5 % des émissions de l’ensemble des vols au départ de la France.
Ce cas de figure est également applicable pour les liaisons dont une alternative en train de moins de 6h est possible. Les émissions de CO2 diminueraient ainsi de 83,5 % pour les vols métropolitains et de 6,2 % pour l’ensemble des vols au départ de la France.
Au-delà de songer à supprimer d’autres vols intérieurs, le Réseau Action Climat propose :
Contribuez à l’atteinte de la neutralité carbone en réduisant vos déplacements professionnels en avion, mais également en réalisant le bilan carbone de votre activité. Cette analyse permettra de cibler les principales sources de pollution et d’agir en conséquence.
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