Décarbonation : définition, pistes de réflexion et mise en œuvre
Pilier de la transition écologique, la décarbonation s'impose à nos sociétés, en vue notamment de réduire notre dépendance aux énergies fossiles.
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Perçu comme une solution d’avenir, l’hydrogène vert occupe une place croissante dans les stratégies de neutralité carbone. Source d’énergie renouvelable et bas-carbone, elle pourrait ainsi constituer une alternative fiable aux hydrocarbures fossiles et accélérer la transition énergétique de la France.
Qu’est-ce que l’hydrogène vert ? Quelles utilisations pouvons-nous en faire pour tendre vers une société bas-carbone ? Cet élément est-il vraiment décarboné comme son appellation le laisse entendre ?
L’hydrogène vert - ou hydrogène renouvelable et bas-carbone - est un vecteur d’énergie et non une énergie primaire. Historiquement utilisé dans l’industrie à partir de sources carbonées - pour produire de l’engrais et permettre le raffinage -, l’hydrogène a vu son mode de production évoluer et devenir faible en émissions de gaz à effet de serre (GES).
Dans les faits, 116 millions de tonnes d’hydrogène sont produites chaque année dans le monde. La production mondiale d’hydrogène vert représente, quant à elle, moins de 1 % par an. En revanche, la part de l’électrolyse - le procédé permettant la production d’hydrogène vert - représente 6 % des volumes en France, soit la part la plus importante que dans le reste du monde.
On relève quatre formes d’hydrogène selon la source ou le procédé de fabrication utilisé :
L’hydrogène (ou le dihydrogène H2) est un gaz indolore et incolore. Il résulte de l’extraction des atomes d’hydrogène issus de sources ou de matières premières (l’eau, les sources fossiles - charbon, pétrole et gaz naturel - ou la biomasse).
Différents procédés sont ainsi utilisés pour extraire cette molécule :
Cependant, ces procédés sont particulièrement émetteurs en gaz à effet de serre. Pour preuve, selon l’ADEME, la production d’un kg d’hydrogène issu du gaz naturel émet 11,10 kgCO2/kgH2.
C’est pourquoi la production d’hydrogène vert s’effectue par électrolyse de l’eau. L’électricité employée est issue d’énergies renouvelables faibles en émissions carbone. Dans le détail, pour fabriquer un kg d’hydrogène, l’utilisation de l’électricité :
Ces chiffres prennent en compte l’ensemble de la chaîne amont (le procédé de transformation, la fabrication des équipements et l’électricité utilisée). Le transport de l’hydrogène peut quant à lui constituer une source d’émission complémentaire (de 0,35 à 1,1 kgCO2 émis par kg d’hydrogène sur 100 km par camion).
Inutilisée à l’instant T, l’électricité issue d’hydrogène vert peut facilement être stockée. En effet, l’hydrogène a pour avantage de pouvoir se transformer de nouveau en électricité lorsque nécessaire - et vice versa.
Stockable sur du long terme (plusieurs semaines, voire plusieurs mois), l’hydrogène vert permet :
Cependant, d’un point de vue environnemental et économique, cette solution de stockage n’est efficiente que sur certains sites isolés ou des micro-réseaux alimentés à 100 % par des énergies renouvelables.
En outre, grâce aux avancées technologiques, les infrastructures gazières seront en mesure de substituer l’hydrogène vert au gaz naturel. Ce procédé appelé « Power-to-gas » consiste à relier le réseau électrique au réseau de gaz de sorte à pouvoir convertir l’électricité en hydrogène ou en méthane de synthèse.
Deux modes de stockage longue durée sont ainsi envisagés :
L’hydrogène vert se positionne donc comme une alternative aux hydrocarbures fossiles. Au vu de son faible impact carbone, il joue un rôle clé dans la réduction des émissions de GES et dans l’atteinte de la neutralité carbone désirée en 2050. Globalement, il contribue à la lutte contre le réchauffement climatique.
L’hydrogène renouvelable représente ainsi une opportunité prometteuse pour une transition énergétique durable dans les secteurs dont la réduction des émissions de CO2 s’avère compliquée.
Attention, l’utilisation seule de l’hydrogène vert ne permettra pas d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Les actions de sobriété énergétique s’avèrent plus que nécessaires pour relever les défis climatiques auxquels nous faisons actuellement face.
L’utilisation de l’hydrogène vert est envisagée pour décarboner le secteur des transports et plus particulièrement, la mobilité lourde (routière, ferroviaire, maritime et fluviale).
À l’heure actuelle, le transport lourd représente plus de 22 % des émissions carbone de l’ensemble des transports. Or, à l’horizon 2026, les flottes du secteur public devront être composées de 37,4 % de véhicules à très faibles émissions. [ADEME]
En vue d’entamer la décarbonation du secteur, les véhicules de transport collectif de personnes et de transport de marchandises devront alors :
Cependant, bien qu’elle doive être privilégiée, la solution bas-carbone actuelle (électrique-batterie) n’est pas adaptée à tous les moyens de mobilité du fait du temps de recharge, de l’autonomie accordée ou de la capacité de chargement. Dans ce cas, l’hydrogène s’avère être une alternative pertinente. Cette seconde solution ne requiert que quelques minutes pour remplir le réservoir d’un véhicule et ne rejette que de l’eau lors de son utilisation.
L’industrie - notamment les secteurs de la chimie, de la sidérurgie et du raffinage - s’avère particulièrement consommatrice en énergies fossiles et est donc émettrice d’une quantité non négligeable de GES. À l’horizon 2030, l’usage d’hydrogène vert contribuerait à mener les émissions du secteur à 53 millions de tonnes de CO2 - contre 80 millions de tonnes aujourd’hui -, comme déterminé dans la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC).
Selon l’ADEME, chaque année, la France produit 780 000 tonnes d’hydrogène carboné issu à 95 % des énergies fossiles, uniquement pour des usages industriels. L’empreinte carbone de ces usages est estimée à 8,7 millions de tonnes de CO2 par an.
👉 Néanmoins, cette production tend à baisser puisqu’elle était estimée à 900 000 tonnes en 2012.
Par ailleurs, la réindustrialisation du pays - inscrite dans le plan France 2030 - ne semble pouvoir s’effectuer sans l’utilisation de l’hydrogène décarbonée. La priorité consiste alors à remplacer les énergies fossiles par l’hydrogène vert et augmenter le nombre d’électrolyseurs sur le territoire.
Au-delà de réduire l’empreinte carbone des territoires, les multiples avantages issus de l’utilisation de l’hydrogène vert constituent des arguments forts pour inciter les collectivités à déployer des infrastructures de production et de distribution. De fait, la création de ces écosystèmes vertueux :
Encore en phase de développement, les technologiques utilisées pour produire l’hydrogène vert sont coûteuses, compliquant le déploiement de cette solution à grande échelle.
À titre d’exemple, l’électrolyse de l’eau est 3 à 6 fois plus chère que le vaporeformage du gaz naturel. [Gouvernement]
En avril 2021, l’ADEME indiquait que l’acquisition d’un véhicule hydrogène était 3 à 4 fois supérieurs à son équivalent traditionnel.
En outre, le développement de la filière hydrogène implique de former les techniciens et d’avoir recours aux ressources, ainsi qu’aux matériaux nécessaires à la construction les infrastructures. Autant d’éléments qui alourdissent la facture.
Deux solutions sont à notre disposition pour réduire les coûts :
Malgré les avantages de l’hydrogène vert, son rendement demeure encore trop faible - comme nous l’avons étudié sur la question des transports. De fait, la production nécessite une consommation élevée d’électricité pour obtenir un rendement correct. Or, même en utilisant une électricité renouvelable, les impacts induits par la production de l’hydrogène bas-carbone ne sont pas nuls.
À cela s’ajoute l’impact environnemental pouvant être provoqué par les fuites d’hydrogène. Une étude parue dans la revue scientifique Communications Earth & Environment, révèle que l’émission d’une tonne d’hydrogène dans l’atmosphère équivaut à rejeter 13 tonnes de CO2.
En France, l’utilisation de l’hydrogène vert fait l’objet d’une stratégie nationale publiée en 2020. Celle-ci prévoit des politiques publiques de soutien et d’accompagnement, ainsi que 9 milliards d’euros d’aides publiques. Trois grands objectifs sont à atteindre :
À terme, il s’agit de conjuguer le développement technologique avec la compétitivité économique et la transition écologique pour faire de la France le leader européen dans ce domaine.
En outre, la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie) délivre les orientations et les actions prioritaires que doivent initier les pouvoirs publics dans le domaine de l’énergie. Dès 2028 est requis le déploiement de :
Face aux enjeux climatiques actuels, il devient impératif d’entamer la transition écologique de son entreprise. Quantifiez vos émissions en réalisant le bilan carbone de votre activité et élaborez une stratégie de réduction avec nos experts.
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