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Quelle est l'empreinte carbone de la cosmétique ?
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Quelle est l'empreinte carbone de la cosmétique ?

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produits cosmétiques (crème et maquillage) sur fond vert
L'industrie de la cosmétique n’est pas sans impact sur l’environnement. Quelles sont les principales sources de pollution ?
Secteurs d'activité
2024-10-29T00:00:00.000Z
fr-fr

Les exigences de plus en plus fortes des consommateurs impactent directement les marques cosmétiques. En 2023, c'est 67% des clients qui privilégient les marques engagées : au-delà de concevoir des produits de qualité et bons pour la santé, les entreprises doivent désormais prendre en considération leur impact sur l’environnement.

En effet, nos modes de production et de consommation exercent de multiples pressions sur nos écosystèmes. Pour cause : à l’heure actuelle, le secteur de la cosmétique est à l’origine de 0,5 à 1,5 % des émissions GES de la planète. Un chiffre qui semble faible, mais dont les conséquences sont bien visibles.

La transition écologique de l’industrie de la beauté doit donc s’effectuer dès maintenant. Mais quelles actions sont à mettre en place pour y parvenir ? Quels sont les postes les plus émetteurs ? Que dit la législation ? Réponse dans cet article.

Quelle est l’empreinte carbone de la cosmétique ?

Zoom sur le secteur

Commençons par clarifier notre sujet : l’industrie de la cosmétique ne définit pas seulement le maquillage, mais bien l’ensemble des produits d’hygiène et de beauté. À ce titre, ce marché englobe le savon, le shampooing, le dentifrice ou encore le parfum.

La Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA) nous donne quelques chiffres sur le secteur cosmétique en France :

  • les entreprises françaises représentent 15% des parts de marché mondiales ;
  • 22 % du chiffre d'affaires concerne les parfums ; 
  • moins de 10 % de la production est consacrée aux produits de maquillage.

Utilisés quotidiennement par des millions de Français et vendus par 3 200 entreprises françaises réparties en 5 900 établissements, les produits cosmétiques ne sont pas sans impact sur le réchauffement climatique.

Dès lors, l’objectif est double pour ce secteur : protéger l’environnement, tout en prenant soin de la santé des consommateurs - notamment via la composition des produits.

Les émissions de GES de l’industrie de la beauté

L’étude de référence concernant les émissions de gaz à effet de serre (GES) engendrées par l’industrie de la cosmétique s’intitule « It’s Time to Make up the Future » et a été publiée en 2020 par le cabinet de conseil suisse Quantis. 

Selon l’analyse du cycle de vie (ACV) d’un produit cosmétique - c’est-à-dire sa conception, la traçabilité des ingrédients, son transport, son utilisation et sa fin de vie - il en ressort que le secteur de la beauté serait à l’origine de 0,5 à 1,5 % des émissions de GES de la planète. Dans le détail, les émissions s’élèvent à :

  • 40 % pour la consommation des produits cosmétiques - la phase d’utilisation du produit est particulièrement énergivore. De plus, la présence de microbilles dans les cosmétiques - plus précisément dans les exfoliants, les gommages ou encore les shampooings - est dévastateur pour l’environnement - on estime que 2 % des microbilles plastique se retrouvent dans les océans ;
  • 20 % pour les emballages ;
  • 10 % pour les ingrédients - naturels ou chimiques ;
  • 10 % pour les transports ;
  • 5 % pour les points de vente ;
  • moins de 5 % pour les étapes de conception et de fin de vie des produits cosmétiques. 

Néanmoins, il est bon de rappeler que les émissions de GES ne sont pas les seules répercussions environnementales. On compte également la gestion de déchets, les atteintes à la biodiversité, l’épuisement des ressources ou encore la pollution des eaux. 

Les limites du calcul de l’empreinte carbone de la cosmétique

Soyons réalistes : peu de données scientifiques existent quant aux impacts environnementaux - notamment sur l’écotoxicité des ingrédients - de la cosmétique.

D’autant que seules les grandes entreprises sont en mesure de réaliser des analyses du cycle de vie de leur produit en vue d’optimiser leur conception. En effet, cette étude est jugée trop coûteuse pour les petites et moyennes entreprises qui de surcroît n’ont pas de personnes compétentes dans ce domaine.

Par ailleurs, le champ d’action de l’ACV semble être sommaire, puisque l’impact de nombreux ingrédients sur les milieux naturels est méconnu - et donc difficilement quantifiable. 

La solution ? Améliorer la traçabilité des ingrédients. À ce titre, le rapport gouvernemental ne souhaite pas attendre l’entrée en vigueur de l’article 273 de la loi Climat et Résilience (à retrouver dans cet article) pour suivre les ingrédients contenant de l’huile de palme ou de l’huile de palmiste.

En vue de combler ces lacunes, le secteur de la cosmétique doit réaliser une feuille de route, ainsi qu’un calendrier de mise en œuvre indiquant les recommandations et les actions à instaurer pour accélérer la transition écologique. Pour y parvenir, l’ensemble du cycle de vie de chaque produit doit être pris en considération et tous les acteurs doivent y participer.

Quelles réglementations sont en vigueur pour maîtriser l’impact environnemental de la cosmétique ?

La loi AGEC

La loi AGEC - « loi anti-gaspillage et pour l’économie circulaire » - entend bien répondre aux problématiques liées aux emballages. Dès lors, elle fixe des objectifs de réduction, de réemploi et de recyclage des déchets à travers cinq grands axes : 

  • acter la fin des emballages plastique à usage unique en 2040 ;
  • inciter les producteurs et les fabricants à la transparence en vue d’offrir une meilleure information aux consommateurs ;
  • soutenir le réemploi solidaire et éradiquer le gaspillage ;
  • lutter contre l’obsolescence programmée ;
  • repenser les modèles de production.

L’Écolabel européen

Créé en 1992 par l’Union européenne (UE), l’Écolabel européen garantit l’efficacité du produit, ainsi que le respect de l’environnement et de la santé. La certification se base sur une liste de critères exigeants.

Révisé fin 2021, le nouveau référentiel élargit le champ d’application de l’Écolabel européen et rehausse les exigences autour de la composition, de l’origine des ingrédients, de l’emballage ou des transports. 

En effet, depuis 2015, seules quelques références de cosmétiques dits « à rincer » (les gels douche et les shampooings notamment) pouvaient être certifiées. Désormais, les produits dits « non rinçables » (déodorants, crème, produits solaires ou encore maquillage) intègrent la liste des produits concernés.

Dès lors, le respect de plusieurs critères comme la performance environnementale, la qualité du produit ou encore les aspects sanitaires donne lieu à la certification. 

Cette récompense est un grand succès pour nos produits lavants. L'Écolabel européen applique les critères les plus stricts aux produits cosmétiques. Ils sont analysés sous tous les aspects de leurs conséquences sur l'environnement - du contenu, à l'emballage, au recyclage après usage. En outre, l'efficacité des produits est testée. - Andreas Wilfinger, cofondateur de RINGANA, pour l'ADEME.

L’affichage environnemental

Mis en place dans de nombreux secteurs (alimentation, produits électroniques ou encore le textile), l’affichage environnemental n’est pas obligatoire sur les produits cosmétiques. 

Pour pouvoir noter de A à E l’impact environnemental desdits produits, le rapport gouvernemental requiert la mise en place de méthodes de calcul précises et éprouvées sur le plan scientifique, ainsi que les atteintes à l’environnement qui découlent des produits. L’objectif est double :

  • informer le consommateur ;
  • inciter les entreprises à valoriser leurs démarches d’écoconception.

Dans l’optique de faire avancer les choses, l’Oréal, Henkel, Nature&Co et Unilever ont créé le consortium Eco Beauty Score en vue de co-construire un système de notation volontaire de l’impact environnemental des produits. Tout comme l'eco-score, un score global sera apposé sur l’emballage de chaque produit permettant d’aider le consommateur à faire des choix plus raisonnés.

Les premières expérimentations voient le jour en 2023, notamment chez Unilever, LVMH et L'Oréal. À suivre.

Comment tendre vers la cosmétique responsable ?

La transition écologique dans l’industrie de la cosmétique semble être au cœur des stratégies des acteurs de la beauté. Quelques solutions pour concevoir des produits écoresponsables. 

Se lancer dans une démarche d’écoconception

En se basant sur l’ACV d’un produit, l’entreprise peut modifier son processus de conception. L’idéal ? Créer un produit neutre en carbone. Dès lors, l’écoconception semble être la réponse adaptée.

Mais en quoi consiste cette démarche ? Il s’agit de prendre en compte les principes du développement durable (environnemental, social et économique) durant la fabrication et le cycle de vie d’un produit pour que ce dernier ait l’impact environnemental le plus faible possible. À ce titre, plusieurs mesures peuvent être mises en œuvre :

  • produire de manière éthique tout en diminuant les consommations en énergie, en eau et en améliorant la gestion des déchets ;
  • favoriser le réemploi ;
  • utiliser raisonnablement les ressources naturelles. Par exemple, en vue de limiter l’usage de l’eau dans les formules des produits comme dans son utilisation, les entreprises sont incitées à créer des formules moins riches en eau et en substances nocives. Plusieurs avantages : obtenir des formules plus concentrées - et donc plus efficaces -, une meilleure conservation et proposer des produits plus économiques ;
  • opter pour des emballages non polluants, biodégradables ou recyclés, voire vendre le produit sans le moindre emballage ;
  • protéger l’environnement et la population locale ;
  • choisir des partenaires écoresponsables et locaux ;
  • opter pour le transport maritime et ferroviaire permettrait de réduire les émissions de 30 %.

Rejoindre le mouvement Plastic Act

En 2021 et poussée par les réglementations de plus en plus strictes, la FEBEA s’est engagée dans le mouvement Plastic Act. L’objectif ? Concevoir des emballages plus durables en vue de réduire l’empreinte plastique du secteur. Les marques se basent ainsi sur le principe des 4R (Réduire, Réemployer, Recycler et Réincorporer le plastique recyclé) et généralisent l’écoconception. 

D’ici 2025, les entreprises membres doivent donc :

  • réduire la consommation de plastique de 15 % en favorisant les grands formats ainsi que des formules concentrées ;
  • réemployer 20 % de leur plastique grâce aux flacons de parfum rechargeable, à l’offre en vrac et à la consigne. Une étude d’EVEA précise que la réutilisation des contenants permet de diminuer les émissions de CO2 de 79 % ;
  • permettre le recyclage de 100 % des emballages ;
  • réincorporer 10 à 25 % de matière recyclée dans les contenants.

L’utilisation de matériaux alternatifs est également à l’étude telle que le plastique recyclé, végétal, le verre allégé et les matériaux biosourcés.

Labelliser ses produits

Au-delà de l’Écolabel européen, d’autres certifications sont à la disposition des marques de beauté. 

À titre d’illustration, le label de certification biologique Cosmebio garantit la composition biologique d’un produit - 95 % d’ingrédients végétaux certifiés biologiques. Ce dernier doit également respecter un cahier des charges strict quant à la composition du produit - c’est-à-dire limiter l’utilisation de substances chimiques - et son impact sur la planète.

⚠️ Attention, un produit certifié biologique n’a pas pour autant un Bilan Carbone® positif ! Ce label garantit certes l’usage d’ingrédients bio, mais ces derniers peuvent très bien provenir de l’autre bout du monde - et donc augmenter les émissions de GES.

Créé en 2013, la slow cosmétique est un label indépendant délivré par l’Association Internationale Slow Cosmétique. Unique en son genre, il repose sur quatre piliers : 

  • écologique, qui garantit l’usage de formules propres, des process de fabrication écoresponsables ainsi que des ingrédients locaux, naturels et peu transformés ;
  • saine, qui assure le respect du vivant ;
  • intelligente, qui atteste de la qualité et de l’efficacité du produit ;
  • raisonnable, qui englobe le rapport qualité-prix, ainsi qu’une communication marketing raisonnable.

À ce jour, plus de 300 marques sont labellisées.

La prise en compte du développement durable dans la conception du produit est certes devenue indispensable, mais les marques doivent prouver leur véritable engagement écologique et non pas utiliser cette démarche écologique comme outil marketing (attention au greenwashing !).

L’impact écologique et psychologique de la cosmétique actuelle est très lourd pour la planète, pour notre portefeuille et pour notre état d’esprit. Face à ce constat, certains se disent qu’une autre cosmétique est possible. - Julien Kaibeck, fondateur de la Slow Cosmétique.

Réformer quelques règlementations

Le rapport gouvernemental a mis en lumière quelques failles juridiques. En effet :

  • le règlement (CE) n° 1223/2009 du 30 novembre 2009 lié aux produits cosmétiques ne prend pas l’impact environnemental en considération ;
  • le règlement n° 1009/2006 du 18 décembre 2006 REACH - relatif aux substances chimiques - présente de nombreux obstacles ;
  • la définition des nanomatériaux n’est pas identique dans tous les règlements européens ;
  • le règlement n° 1272/2008 du 16 décembre 2008 ne concerne pas les produits cosmétiques. Or, il implique la classification, l’étiquetage et l’emballage de substances chimiques dangereuses pour la santé comme pour l’environnement.

Bien que l’industrie de la beauté mette bel et bien des actions en place en vue d’accélérer la transition écologique, des améliorations sont encore à effectuer.

Vous souhaitez réduire vos émissions de GES ?

Réaliser un Bilan Carbone® est la première étape pour réduire les émissions liées à la conception et la consommation des produits cosmétiques. Pour entamer cette démarche écoresponsable, chiffrer et analyser les actions mises en œuvre, faites appel à nos experts !

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