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Eco-score, l'indicateur pour consommer durable
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Eco-score, l'indicateur pour consommer durable

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L'Eco-score aide-t-il vraiment à consommer durable ? Découvrez cet indice et comment il pourrait révolutionner vos choix alimentaires.
Écologie
2024-09-25T00:00:00.000Z
fr-fr

L’Eco-score est l'indicateur de l’impact environnemental des produits alimentaires sur lesquels il est apposé. Destiné aux consommateurs, il se présente de la même manière que le Nutri-score que l’on connaît déjà : une lettre comprise entre A et E, sur un baromètre allant du vert au rouge, soit un très faible impact vers un impact environnemental important.

Si celui-ci devait arriver dans les rayons au 1er janvier 2024, son application est pour l’instant repoussée.

Mais qu’est-ce que l’eco-score exactement ? Est-il vraiment utile ? Deviendra-t-il obligatoire ?

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Miniature de la vidéo Youtube, avec un homme en train d'expliquer l'Eco-score

Qu’est-ce que l’Eco-score ?

Puisqu’il s’impose doucement dans les rayons des supermarchés, faisons connaissance avec ce baromètre que nous croisons de plus en plus souvent 👇

Pourquoi un Eco-score ?

D’après l’ADEME¹, l’alimentation compte pour 23% de l’empreinte carbone des français en 2023, soit 1,84 tonnes de CO2 par an (l’équivalent de 418 allers-retours Paris/Marseille en TGV, ou 234 fois l’intégrale de Friends). 

Pour comprendre pourquoi cet impact est aussi important, il faut s’intéresser à l’Analyse de Cycle de Vie des denrées alimentaires - c’est à dire prendre en compte la totalité de leur existence (l’amont agricole, la transformation, le transport, l’emballage, l’utilisation et la fin de vie) - et les conséquences qui lui sont associées : 

  • utilisation d’engrais et de pesticides ;
  • dégradation des sols et des réserves d’eau ;
  • consommation d’énergie ;
  • pollution de l’air par le transport routier et/ou aérien ;
  • réfrigération des supermarchés et des ménages pour le stockage ;
  • recyclage ou incinération des déchets d’emballage.

La liste est encore longue. Notre alimentation consomme, pollue et dégrade la planète de manière significative. C’est pourquoi l’éco-score devient nécessaire : il s’agit de prendre conscience de cet impact, et de privilégier les denrées les plus saines pour l’environnement ou, en tout cas, les moins néfastes.

Qui a créé l’Eco-score ?

Ce sont Yuka et ses 9 partenaires (La Fourche, Marmiton, FoodChéri, Seazon, eco2 Initiative, ScanUp, OpenFoodFact, Frigo Magic et Etiquettable) qui lancent le projet Eco-score, arrivant sur leurs applications dès 2018.

Précurseures dans le domaine, s'ensuivent les propositions² de la Convention Citoyenne pour le Climat et la loi Climat et Résilience en 2021 qui imposent un affichage environnemental. 

C’est dans ce cadre que l’affichage Eco-score deviendra à terme obligatoire. Si cet affichage devait entrer en vigueur au 1er janvier 2024, il est pour le moment repoussé pour l’améliorer, sans communication autour d’une application ultérieure.

Comment est calculé l’Eco-score ?

L’Eco-score se calcule sous forme d’un résultat sur 100 points, basé sur les données d’AGRIBALYSE®³ et d’indicateurs complémentaires pour pallier aux limites de calcul de l’ACV. Plus l’on est proche de 100, meilleur le score sera.

Eco-score = ACV + bonus - malus

Qu’est-ce que la base de données AGRIBALYSE® ?

AGRIBALYSE® constitue une bibliothèque géante et gratuite, qui compile les indices ACV calculés par l’ADEME. Ce travail constitue une banque de données de plus de 200 produits agricoles (produit brut, comme les fruits par exemple) et 2500 produits alimentaires (aliments transformés comme les jus) vendus en France.

Si les données brutes ne sont pas évidentes à comprendre pour qui n’est pas familier à la méthodologie de l’Analyse de Cycle de Vie, il existe une application officielle⁴ qui rassemble les données et les rend bien plus accessibles. Les consommateurs peuvent alors se faire une idée de l’impact des produits qu’ils achètent (toujours calculé pour la fabrication d’1 kilogramme ou 1 litre du produit concerné).

⚠️ ces données ne correspondent pas à l’Eco-score, mais bien aux données brutes de l’ACV des produits. En revanche, c’est à partir de ces données que l’éco-score est calculé.

Pour calculer les ACV des produits agricoles et produits alimentaires, la base de donnée AGRIBALYSE® compile 16 indicateurs, pondérés en fonction de leur impact :

Indicateur d'impact Détails
Changement climatique Indicateur le plus connu. Correspond à la modification du climat affectant l'écosystème global.
Particules fines Effet néfaste reconnu sur la santé humaine, causé notamment par la pénétration pulmonaire.
Épuisement des ressources en eau Épuise les ressources en eau dans certaines régions. Cette catégorie tient compte de la rareté de l'eau en fonction des zones.
Épuisement des ressources énergétiques Épuise les ressources énergétiques non renouvelables : charbon, gaz, pétrole etc.
Usage des terres Impact d'une activité sur la dégradation des terres, par rapport à son état naturel.
Épuisement des minéraux Épuisement des ressources minérales non renouvelables : cuivre, potasse, terres rares, sable, etc.
Appauvrissement de la couche d’ozone Augmente l’exposition de l'ensemble des êtres vivants à ces radiations négatives.
Acidification Émissions chimiques dans l'atmosphère qui redescendent dans les écosystèmes, causant notamment des pluies acides.
Radiation ionisante, effet sur la santé Effets de la radioactivité causés par les déchets radioactifs suite à la production d'électricité nucléaire.
Formation photochimique d’ozone Dégradation de la qualité de l'air via la formation de "smog" connus pour leurs effets néfastes sur la santé humaine.
Eutrophisation, terrestre Déséquilibre et appauvrissement de l'écosystème, principalement les sols agricoles.
Eutrophisation marine Prolifération et asphyxie des zones, causant notamment les algues vertes.
Eutrophisation eau douce Prolifération et asphyxie des zones, causant notamment les algues vertes que l'on peut retrouver dans les rivières ou les lacs.
Ecotoxicité d'eau douce Indicateurs de toxicité via la contamination de l'environnement.
Effets toxicologiques sur la santé humaine : substances non-cancérogènes Impact sur la santé lié à l’exposition aux contaminants chimiques par les pollutions du milieu (air, eau, sol). Causés par les pesticides, métaux lourds ou polluants industriels.
Effets toxicologiques sur la santé humaine : substances cancérogènes Impact sur la santé lié à l’exposition aux contaminants chimiques par les pollutions du milieu (air, eau, sol). Causés par les pesticides, métaux lourds ou polluants industriels.

Les indicateurs complémentaires

La méthodologie de l’Eco-score étend sa comptabilisation à différentes échelles, pour parvenir à l’impact le plus global possible. On compte 5 facteurs de comptabilisation supplémentaires, où plus les résultats sont bons, plus les points s’accumulent (jusqu'à la limite de 25 points).

Indicateur Description Points associés
Système de production Relatif aux labels environnementaux (bio par exemple) de 0 à +20 points
Approvisionnement local Relatif au transport des matières premières de 0 à +15 points
Politique environnementale Relatif aux pratiques environnementales des pays producteurs de -5 à +5 points
Circularité de l'emballage Relatif à la recyclabilité de l'emballage de 0 à -15 points
Espèces menacées Relatif à la survie des espèces -10 points ou E

Les avantages et limites de l’Eco-score

Ce nouveau repère change la donne face aux fabricants usant de greenwashing (en savoir plus) ou qui ne prennent pas en compte l’impact de leurs produits, se trouvant plus facilement identifiables et boycottés par les acheteurs consciencieux. Pour rester concurrentiels face aux rivaux plus verts, les fabricants vont donc prendre en compte la durabilité de leurs produits, pour se plier aux convictions écologiques des consommateurs. L’Eco-score encourage donc un standard minimal de durabilité.

Les autres critères

Mais le projet n’est pas parfait : si l’impact environnemental est bien pris en compte, ce n’est pourtant pas le seul qui mériterait notre attention. Quid de l’éthique, du bien-être animal, des conditions de travail des employés etc. ? Ces critères, tout aussi importants pour le consommateur, ne sont nullement présents dans le calcul final de l’Eco-score. Heureusement, les labels peuvent compenser cette lacune.

Les problèmes de comptabilité

Les limites de cet indicateur se trouvent aussi dans la comptabilisation : les données AGRIBALYSE® sont calculées en fonction de la catégorie du produit, et non par produit. Par exemple, une tomate cultivée en France en culture de plein air aura le même score qu’une tomate en serre chauffée importée en avion, alors que l’impact est totalement différent. Cette faille est compensée par les indicateurs complémentaires, mais les données sur lequel repose le calcul sont déjà biaisées.

La confusion avec le Nutri-score

La proximité des visuels de l’Eco-score et du Nutri-score peut également poser problème : si un produit à un Eco-score E mais un Nutri-score A, le consommateur peut être tenté de faire une moyenne ou de dédramatiser la mauvaise note. À l’inverse, un Eco-score très bon mais un Nutri-score dans le rouge pourrait encourager l’achat d’un produit mauvais pour la santé.

La critique d'UFC Que Choisir

Dans un article de 2020, UFC Que Choisir critiquait le choix de la base de données AGRIBALYSE®, favorisant d’après eux l'agriculture intensive. Ce raisonnement tient par un constat simple : le calcul se fait au rendement, ce qui signifie qu’une structure qui produit beaucoup sur une petite surface obtient le meilleur score, au détriment des agricultures biologiques ou de plein air.

« Les professionnels de l’agriculture biologique ont bâti au fil du temps une relation de confiance avec les consommateurs sur la base d’un haut niveau d’exigence environnementale. Le projet d’Eco-score ne doit pas créer la confusion et fragiliser cet acquis. Nous avons besoin de plus de cohérence du côté des politiques publiques sur le contenu et le sens qu’on veut donner à la transition agricole et alimentaire. En l’état, le projet d’Eco-score brouille les messages de manière très préoccupante. » - Didier Perréol, Président du Synabio, pour UFC Que Choisir.

Le test de l’Eco-score chez Carrefour : bilan et apprentissages

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Miniature de la vidéo Youtube, avec le texte "Carrefour expérimente l'Eco-score"

En 2021, Carrefour teste l’Eco-score dans son catalogue d’e-commerce. Si les résultats sont encourageants, l’enseigne l'abandonnera néanmoins pour se tourner vers un autre baromètre en 2023. Les enseignements tirés de cette expérimentation sont synthétisés dans leurs communiqués, dont on retiendra que 88% des clients pensent que cette mesure est positive, mais 72% d’entre eux souhaiteraient davantage d’informations sur la méthodologie. Une fois celle-ci expliquée, ils maintiennent que “le bien-être animal, la présence de pesticides et le mode d’élevage devraient être davantage valorisés”. Un échos donc aux limites exposées précédemment, qui se confirment d’après les consommateurs.

Vers la fin de l’Eco-score ?

En juin 2024, suite à une médiation entre l’IFOAM et l’ADEME, l’Eco-score est abandonné dans le secteur alimentaire. Le nom “Eco-score” pose problème à l’IFOAM, pour qui  “éco” est trop associé à “bio”. Les marques du collectif ayant crée le baromètre ont donc jusqu’au 31 décembre 2024 pour renoncer aux visuels, et les pouvoirs publics ont la charge de trouver une nouvelle appellation. C’est pourquoi cet affichage environnemental alimentaire est repoussé, le temps de trouver un nom qui satisfera toutes les parties et de prendre en compte les critiques des consommateurs, fabricants et enseignes de supermarchés. 

L’Eco-score textile

Si l’affichage environnemental alimentaire est repoussé , celui présent sur les vêtements devrait devenir obligatoire début 2025. Selon le texte de la loi Agec, le secteur du textile sera expérimenté progressivement pendant 18 mois, avant d’étendre l’indicateur à d’autres secteurs. Celui-ci fonctionne de manière semblable à l’Eco-score alimentaire avec l’ACV des vêtements, en prenant compte de 3 critères principaux : 

  • les émissions de gaz à effet de serre ;
  • les atteintes à la biodiversité ;
  • la consommation de ressources naturelles.

Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique, annonce que cet affichage prend en compte deux volets : “l’ensemble des impacts environnementaux tout au long du cycle de vie du produit” et “la durabilité non-physique liée aux pratiques des marques”. Le score s’étend de 0 pour les marques les plus vertueuses, à l’infini pour les moins bons élèves comme les marques habituées à la fast fashion. À ce jour, les visuels du score restent encore à déterminer.

Cet affichage et le fonctionnement des bonus-malus s’inscrivent dans la future loi adoptée le 14 mars dernier à l'Assemblée Nationale, relative à la régulation de la fast fashion.

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Miniature de la vidéo Youtube, avec inscrit "Melchior Planète, dans un monde en transformation écologique"

Pour aller plus loin : le Planet-score

Suite aux lacunes constatées de l’Eco-score, les pouvoirs publics lancent un appel à projet en 2021. L’Institut technique de l’agriculture biologique propose le Planet-score, qui séduit rapidement les associations de consommateurs et les enseignes.

Il est semblable à l’Eco-score dans sa présentation, avec un barème de 0 à 100, mais prend en compte plusieurs critères laissés de côté par l’Eco-score : 

  • stockage du carbone par les prairies ;
  • la déforestation importée (par exemple les achats de soja utilisé dans l’alimentation animale) ;
  • la saisonnalité des productions (impact des serres chauffées sur la consommation d’énergie) ;
  • le transport de denrées par avion ;
  • l’emballage ;
  • l’irrigation ;
  • l’origine des différents ingrédients ;
  • l’impact du mode d’élevage sur le bien-être animal.

Ce sont pour ces raisons que le Planet-score séduit plus que l’Eco-score, qui lui cédera peut-être sa place lorsque l’affichage environnemental alimentaire deviendra obligatoire. À suivre, donc.

Comment consommer plus responsable ?

Pour garder les bons réflexes, plusieurs applications peuvent vous être utiles : 

  • Yuka ou OpenFoodFact, pour accéder aux notes des produits ;
  • TooGoodToGo, pour éviter le gaspillage alimentaire à prix réduits ;
  • Etiquettable, l’appli par des cuisiniers et blogueurs pour consommer responsable.

Qu’il s’agisse de l’alimentaire ou du textile, les habitudes à adopter sont similaires : consommer local, prendre en compte les scores et labels, et s’habituer à questionner l’utilité de son achat : ai-je vraiment besoin de ce pull fabriqué en Chine ? Ne pourrais-je pas manger quelques repas sans viande cette semaine ?

Pour les professionnels, sensibiliser vos collaborateurs à l’alimentation durable est un premier pas pour accélérer la transition écologique de la société.

Si vous souhaitez aller plus loin, réalisez le Bilan Carbone® de votre structure afin de déterminer les postes les plus polluants et agir en conséquence. 

Nos experts sont là pour vous aider.

Bibliographie

¹ADEME, sondage opinionway, 2023.

²Les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat - Objectif 5.2, 2020.

³AGRIBALYSE® - Portail ADEME, https://agribalyse.ademe.fr/

⁴https://agribalyse.ademe.fr/app

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