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Low tech : définition, enjeux et acteurs
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Low tech : définition, enjeux et acteurs

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chiffres et carte du monde numérique
Qu’est-ce que la low tech ? Pourquoi fait-elle sens aujourd’hui ? Quels sont ses champs d'application ? Greenly définit cette démarche écoresponsable dans cet article.
Écologie
2024-09-02T00:00:00.000Z
fr-fr

La low tech (pour « low technology ») milite pour un retour à l'essentiel, mettant à mal notre mode de vie actuel basé sur la surconsommation et le suréquipement. Pourtant, il s'agit d'une démarche plus que nécessaire, à l'heure où les ressources naturelles sont au bord de l'épuisement et où la quantité de gaz à effet de serre (GES) émise dans l'atmosphère est toujours plus importante.

Pour preuve : le monde a engendré 41,3 Gt CO2e en 2022, soit + 1 % par rapport à 2021. Une trajectoire tout à fait incompatible avec l’objectif de l’Accord de Paris, qui implique de limiter le réchauffement climatique à + 1,5 °C d'ici la fin du siècle. 

Qu'est-ce que la low tech ? Quels sont ses champs d’application ? Greenly fait le point.

Qu’est-ce que la low tech ?

Low tech, définition

Le terme low tech (« basse technologie » en français) désigne la conception et l’usage d’une technologie à faible impact environnemental, économique et accessible à tous. La low tech relève ainsi de l’innovation dite « frugale », comprendre ici qu'il s'agit d’une démarche permettant de répondre à nos besoins essentiels grâce à des innovations simples, efficaces, écologiques et nécessitant un minimum de moyens.

En définitive, ce concept renvoie aux solutions - objets, techniques, services, systèmes, savoir-faire, courants de pensée ou pratiques - les moins sophistiquées, les plus écologiques et les moins coûteuses possible, sans pour autant altérer la qualité du résultat final.

L’origine de la low tech

C’est au cours des années 1970, qu’Ernst Friedrich Schumacher développe le concept low tech. Économiste et pionnier de l’écologie, il propose trois changements majeurs pour tendre vers la déconsommation :

  • prendre en compte la nature en tant que capital à préserver et non comme simple source de revenus ;
  • créer une économie pérenne fondée sur une exploitation raisonnée - qui a conscience de la disponibilité limitée des ressources offertes par la planète ;
  • intégrer le bien-être des travailleurs et la préservation de l’environnement dans les décisions économiques.

Le concept se popularise au début des années 2010, notamment grâce à l’ouvrage de Philippe Bihouix intitulé :  « L’âge des Low Tech. Vers une civilisation techniquement soutenable » (éditions du Seuil, 2014). Selon l’ingénieur centralien :

  • les hommes n'ont jamais autant « produit, pollué et jeté ». L’auteur préconise le retour à des techniques plus simples pour éviter l'épuisement des ressources ;
  • le recours aux énergies nouvelles n’est pas toujours l’idéal. En cause : l’usage de métaux rares et d’une grande quantité d’énergie - les batteries de véhicules électriques étant controversées par la pollution engendrée lors de leur fabrication, par exemple.
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Quels sont les trois grands principes de la low tech ?

L’utilité

La low tech doit répondre aux besoins individuels et collectifs considérés comme essentiels, tout en développant des modes de vie, de production et de consommation sains - l’énergie, l’habitat, les transports ou la santé pour ne citer que quelques domaines.

L'objectif ? Délaisser le superflu pour revenir aux fondamentaux et à l’essentiel.

L’accessibilité 

Deuxièmement, la low tech doit être abordable et appropriable par le plus grand nombre. À terme, il s’agit de favoriser l’autonomie des populations et de mieux répartir la valeur ou le travail.

Pour ce faire, les technologies employées doivent : 

  • être facilement réparables ;
  • être fabriquées localement - idéalement issues du recyclage d’objets ou de matériaux durables ;
  • avoir des principes de fonctionnement facilement appréhendables ;
  • être vendues à un coût adapté à une large part de la population.
Au-delà du réemploi et de la réparation, la philosophie low tech privilégie également le « Do It Yourself » (DIY) - c’est-à-dire fabriquer soi-même des objets low tech avec les moyens à disposition.

La durabilité

Enfin, la low tech doit limiter les impacts écologiques, sociaux et sociétaux, et ce, à toutes les étapes du cycle de vie - de la conception à la fin de vie en passant par la production et l’usage. L’objectif étant de concevoir un objet à l’empreinte carbone la plus faible possible, tout en utilisant des matériaux de qualité.

C’est pourquoi, elle privilégie l'écoconception, la réparabilité, la robustesse et la recyclabilité de sa technologie. En définitive, la low tech consiste à simplifier le processus de fabrication en usant de moins de matériaux et en se défaisant de toute complexité.

Pourquoi développer les technologies low tech ?

Contrer les répercussions néfastes de l’high-tech

Développer les innovations low tech constitue une solution pour limiter les pollutions induites par les technologies high-tech (« haute technologie ») considérées comme plus avancées, mais plus consommatrices et polluantes. En effet, l’high-tech s’inscrit dans une société de consommation reposant sur l’excès : un mode de vie incompatible avec l’urgence climatique actuelle.

De plus, pour répondre à la demande qui ne cesse de croître, cette industrie est entre autres à l’origine : 

  • de l’exploitation excessive de matériaux rares ;
  • de l’obsolescence programmée ;
  • de la surconsommation d’énergie ;
  • de la production d’une quantité élevée de déchets.

👉 À noter : l’high-tech désigne les nouvelles technologies - à l’image de l’informatique, d’Internet, de la Haute Définition, etc. 

Par définition, le low tech s’oppose radicalement au high-tech. Contrairement au high-tech - qui répond à des besoins secondaires de consommation -, la low tech permet de conserver - voire, d’améliorer - notre confort dans le respect de l’environnement, de la santé humaine, tout en évitant la pénurie des ressources naturelles.

Limiter la consommation de ressources naturelles

Sans surprise, la fabrication des technologies actuelles requiert des ressources naturelles dont les réserves s’épuisent à vue d'œil - notamment celles des énergies fossiles. A contrario, la low tech vise la sobriété et s'inscrit dans une démarche d’économie circulaire - les systèmes créés étant conçus pour être réutilisés à l'infini, tout en générant peu de déchets.

Finalement, le concept de low tech regroupe des solutions techniques qui sont aujourd’hui tombées dans l’oubli. Ces solutions sont souvent le fruit d’une fabrication locale, plus proche de l’artisanat que de la production industrielle.

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Quels sont les principaux champs d’application de la low tech ?

L’habitat et la construction

Le BTP et l'habitat se prêtent bien aux low tech. Selon le rapport sur l’état mondial des bâtiments et de la construction de la PNUE, en 2021, le secteur représentait plus de 34 % de la demande d’énergie et 37 % des émissions de carbone. En cause : la consommation énergétique des logements et les matériaux nécessaires à leur construction.

D'après l'ONPE (Observatoire National de la Précarité Énergétique), 26 % des ménages français ont souffert du froid pendant au moins 24 heures au cours de l’hiver 2022-2023. Des mesures low tech peuvent ainsi intervenir pour permettre une meilleure isolation des logements - à l'image des techniques de construction durable

Des toilettes sèches, un récupérateur d'eau ou encore un chauffe-eau solaire sont autant d'idées pour s'engager dans cette démarche. À terme, il s’agit de développer des maisons écologiques et des écoquartiers.

Fondée en 2020, la Low tech Building est une association loi 1901 allant en ce sens. Elle accompagne la transition du secteur immobilier vers une approche low tech. L’objectif ? Réduire le bilan carbone des travaux publics selon trois indicateurs : 

  • la raison d'être du bâtiment ;
  • la sobriété des matériaux utilisés ;
  • la résilience du bâtiment.
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Les transports

Selon le dernier rapport du GIEC, les émissions directes engendrées en 2019 par les transports mondiaux étaient estimées à 8,7 Gt CO2e, soit 15 % des émissions mondiales annuelles (56 Gt CO2e). La low tech constitue donc un levier d’action pour décarboniser ce secteur.

Plusieurs innovations sont à relever dans ce domaine : 

  • promouvoir la mobilité durable (transports en commun, marche, vélo, etc.) en remplacement de la voiture individuelle ;
  • accélérer le développement des véhicules électriques à batterie ;
  • réduire l’emprunt de l’avion au profit du train ;
  • acheter des véhicules d’occasion.

L’agriculture

En embrassant les solutions low tech, les agriculteurs renoueraient avec une agriculture paysanne et respectueuse de la Terre. En ce sens, il s’agirait de privilégier la permaculture et l’agriculture biologique.

Ils (ré)apprendraient également à travailler des matériaux comme le métal ou le bois, à développer une capacité à fabriquer et à réparer eux-mêmes leur matériel, réduisant ainsi leur dépendance aux experts et technologies extérieures.

Conséquences ? Une diminution des coûts et une baisse importante de l'empreinte carbone des exploitations agricoles. Rappelons que l’agriculture est à l’origine de 20 % des émissions de gaz à effet de serre nationales. [ADEME]

L’alimentation

Selon l’ONU, 14 % des aliments sont perdus dans la chaîne d'approvisionnement et 17 % de la production alimentaire mondiale est gaspillée dans la vente au détail et la consommation.

Face à ces pertes colossales, il convient de développer des solutions low tech pour limiter le gaspillage alimentaire :

  • le compost ;
  • la lactofermentation - un mode naturel de conservation des aliments qui consiste à tasser les légumes dans un bocal en verre avec du sel ;
  • les circuits courts ;
  • les initiatives zéro déchet.
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L’énergie

Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), en 2022, les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie étaient estimées à 36,8 milliards de tonnes - une augmentation de 0,9 % par rapport à 2021.

La transition énergétique - soutenue par les innovations low tech - constitue ainsi l’un des moyens à notre disposition pour limiter le réchauffement climatique. Quelques exemples d’innovations low tech à faible consommation énergétique :

  • un four solaire composé d’une vitre et de matériaux communs (bois, liège, papier aluminium, etc.), il fonctionne grâce à l’énergie directe du soleil  - la température de cuisson pouvant varier entre 120 et 170 degrés - et ne requiert pas d’électricité ;
  • « un frigo du désert » qui conserve naturellement les aliments sans avoir recours à l’électricité ;
  • un aquarium équipé uniquement d’un bac en verre. Le filtre est remplacé par des plantes, le substrat et des micro-organismes qui nettoient et purifient naturellement l’eau. Ici les équilibres naturels remplacent l’usage de la technologie ;
  • s’éclairer sans gaz ni électricité en faisant preuve d’ingéniosité avec une bouteille d’eau ;
  • une éolienne domestique permettant de produire sa propre électricité.
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Le numérique

La low tech peut être complétée par une démarche du numérique responsable. Il s’agit de mettre en place des mesures veillant à réduire l’impact du digital (écoconception des terminaux et utilisation plus sobre et moins énergivore du numérique, par exemple).

En effet, l'impression d'immatérialité causée par le digital est un leurre. Plusieurs exemples :

  • des data centers bien réels sont nécessaires pour faire tourner la grande machine du numérique. Ils représentent 25 % des émissions mondiales de GES liées au numérique et consomment 2 % de l’électricité mondiale ;
  • l'extraction des matières premières et la fabrication des terminaux représentent jusqu’à 80 % des impacts.
Actuellement en pleine croissance, le digital représente 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) nationales et 2,5 % des émissions de GES mondiales. En outre, si Internet était un pays, il serait le 3ᵉ plus gros consommateur d’électricité au monde.

À ce titre, l'entreprise Fairphone a pour intention de bâtir un monde plus juste en fabriquant des smartphones durables et équitables. En outre, le spécialiste du numérique responsable Frédéric Bordage a fondé en 2014 le collectif « Green IT » - une communauté d'acteurs et d'experts réunis pour rendre le secteur informatique plus responsable. 

👉 Parmi leurs missions ? Promouvoir la sobriété numérique au travers notamment l’écoconception des services numériques et le développement des pratiques low tech à l'échelle individuelle, mais également au niveau des entreprises.

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Comment reconnaître une technologie low tech ?

Trois éléments principaux et quelques questions à se poser permettent d'identifier si une solution relève de la low tech ou non :

  • le besoin : les dommages environnementaux « valent-ils » l’utilité de l’objet acheté ou du service rendu ? Est-ce qu’il est réellement nécessaire de succomber à ce gadget pour sa vie de tous les jours ? ;
  • la durée de vie des produits : ce produit est-il jetable ? Quelle est la part des ressources renouvelables ou non renouvelables dans sa composition ? ;
  • l’aspect socioéconomique des modes de production : dans quel contexte cette solution a-t-elle été produite ? Doit-on poursuivre la course à l’effet d’échelle ou ne vaudrait-il mieux pas privilégier des ateliers et des entreprises de plus petite taille ?

👉 Bon à savoir : les projets low tech prennent plusieurs formes : R&D, fondation, éducation, service, etc.

Qui sont les acteurs de la low tech ?

Le Low-Tech Lab

Le Low-Tech Lab est une initiative reposant sur le slogan de la low tech : « Faire plus et mieux avec moins ». 

Le Low-Tech Lab est un laboratoire dédié aux technologies peu gourmandes en matériaux et en énergie. Avant d’adopter le nom Low-Tech Lab en 2020, l’association était connue sous le nom Gold of Bengal créée en 2013.

C’est au cours de sa mission de volontariat à bord d’un navire prototype en fibres naturelles de jute en 2009 au Bangladesh que l'ingénieur et fondateur de cette initiative, Corentin de Chatelperron, constate l’intérêt des solutions low tech. En 2016, il fait le tour du globe en voilier avec l’objectif de découvrir toutes les low tech existantes, de les répertorier et de les rendre disponibles à toutes et à tous en open source.

L'objectif ? Rechercher, développer et promouvoir des solutions low tech pertinentes et durables valorisant les ressources et les savoir-faire propres à chaque territoire.

👉 Le Low-tech Lab est composé de spécialistes en innovation collaborative, de designers, de coordinateurs techniques, etc. Le Low-tech Lab expérimente et transmet notamment ses expériences via les réseaux sociaux.

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La Low-tech Skol

Située à Guingamp en Bretagne, la Low-tech Skol forme des : 

Référent·e·s en Économie Circulaire et Low-tech pour aider les entreprises à passer du modèle actuel à un modèle low-tech.

Les diplômés de cette école sont polyvalents et employables dans tout type de secteur. Leur mission ? Apporter et mettre en œuvre des idées simples et efficaces pour permettre à une entreprise de réaliser des économies.

Les acteurs low-tech dans le monde

Les initiatives low tech se multiplient dans le monde. Selon l’annuaire du Low-Tech Lab : 

  • 960 projets sont référencés - dont 564 en Europe ;
  • 91 pays contribuent au développement de la low tech ;
  • 12 domaines d’application.

Au-delà des innovations, de grandes figures de la low tech émergent aux États-Unis. Jason Rohrer et Limor Fried sont deux d’entre elles. En effet, Jason Rohrer a imaginé des jeux vidéo « Lo-fi » (pour « low fidelity »), soit basse définition.
Limor Fried est quant à elle une des stars du DIY (« do it yourself »). Cette ingénieure a créé la société d’électronique pour particuliers : Adafruit Industries. L’idée : faire en sorte de simplifier l’électronique à la maison, notamment grâce à des kits.

Intégrez la low tech au sein de votre entreprise !

À l’heure actuelle, toute entreprise souhaitant assurer la pérennité de son activité se doit d’intégrer les enjeux environnementaux actuels dans leurs modes de production et de consommation. Cependant, avant de développer la low tech au sein de sa structure, il convient de cibler les postes les plus émissifs en réalisant le bilan carbone de son activité.

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