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Le sable : une ressource naturelle menacée ?
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Le sable : une ressource naturelle menacée ?

ÉcologieRéchauffement climatique
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dunes de sable sur fond vert
Le sable serait-il en voie de disparition ? La perte de cette ressource naturelle pourrait avoir des impacts dévastateurs sur l’environnement.
Écologie
2024-11-26T00:00:00.000Z
fr-fr

Le sable n’a pas pour seule fonctionnalité de recouvrir nos plages et nos déserts, loin de là. Cette ressource naturelle est en réalité utilisée dans la fabrication de nos appareils, de nos objets du quotidien, ainsi que dans la construction de nos logements.

Invisible à première vue, le sable est pourtant partout autour de nous. Pour preuve, il s’agit de la deuxième ressource la plus consommée sur la planète - 50 milliards de tonnes par an - après l’eau.

Serait-elle vouée à disparaître dans les années à venir ? Faut-il s'inquiéter d'une « crise du sable »  ? L’extraction peut-elle être régulée ? Comment lutter contre les dérives liées à l’exploitation du sable ? Greenly vous dit tout.

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miniature de la vidéo Youtube, avec un homme en rouge qui parle

Le sable est-il important ?

Le sable, un composant aux multiples qualités

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le sable n’est pas qu’un élément esthétique faisant partie du paysage. Ses qualités sont telles qu’il est utilisé :

  • dans la conception de nos produits du quotidien (téléphones portables, puces informatiques, microprocesseurs, produits cosmétiques, etc.) ;
  • dans la construction de logements, de routes et dans les travaux publics, puisqu’il s’agit d’un élément clé pour fabriquer du béton, du verre et d’autres matériaux de construction.
Le sable est le héros méconnu de notre développement - Sheila Aggarwal-Khan, directrice de la division économie du PNUE, pour Le Monde, 2022

Le sable est issu de l’altération de matériaux d’origine minérale (roches) ou organiques (coquilles d’animaux) qui lui confèrent plusieurs avantages :

  • polyvalence, de par sa petite taille ;
  • solidité ;
  • légèreté - idéal pour les processus de pulvérisation ;
  • fluidité - qui fait de lui le composant parfait pour les circuits de filtration.

En définitive, la vie moderne dépend en grande partie de cette ressource naturelle. Le problème ? Le sable exploitable n’est pas renouvelable et n’est donc pas disponible en quantité infinie. En effet, la majeure partie du sable est impropre ou inaccessible à une utilisation industrielle.

À titre d’illustration, étendu sur plus de 9 millions de kilomètres carrés, le Sahara pourrait être une source importante de sable. Pourtant, les grains trop ronds et trop fins, ne permettent pas la fabrication du ciment.

Le sable est-il en voie de disparition ?

Comment le sable est-il extrait ?

L’approvisionnement en sable n’est pas sans conséquence sur l’environnement. Cette ressource, désormais considérée comme précieuse, est extraite :

  • le long des littoraux ;
  • dans les rivières ;
  • dans les bassins sédimentaires ;
  • dans des mines ou des carrières terrestres - via des excavations dans des carrières ou des opérations de dragage. Un processus terriblement nocif pour les écosystèmes du monde entier, mais qui représente néanmoins 85 % de l’activité extractive ;
  • dans les océans pour faire face à l’épuisement des réserves dans les mines. Aujourd’hui, l’extraction du sable marin représente 75 millions de tonnes annuelles - soit 2,5 % de la production totale de sable.

Ces activités nocives pour l’environnement sont menées par des personnes surnommées « les pirates du sable » ou « les marchands de sable ».

Une ressource naturelle mise sous pression

Chaque année, on estime qu’entre 27 et 40 milliards de tonnes de sable sont extraites sur la planète.

Bien que ce chiffre soit déjà impressionnant, la demande mondiale de sable pourrait croître de 45 % d’ici à 2060 et mettre en péril cette ressource naturelle. À titre de comparaison, en 2020, la demande de sable de construction s’élevait à 3,2 milliards de tonnes par an. Elle devrait ainsi passer à 4,6 milliards de tonnes d’ici 2060.

Toutefois, cela reste des estimations puisque nous ne connaissons pas avec précision les réserves de sable restantes - même s’il semblerait que le volume de sable soit de 120 millions de milliards de tonnes.

D’après l’étude parue dans la revue NewScientist et menée par des chercheurs de l’Université de Leiden aux Pays-Bas, cette hausse serait causée par la croissance démographique, l’évolution de nos modes de consommation et la croissance économique. 

Une question se pose alors : le monde est-il en mesure de supporter une exploitation de sable aussi effrénée ?

Cette pratique est-elle légalement encadrée ?

L’extraction du sable est bel et bien soumise à un cadre légal français. En outre, l’exploitation  des gisements marins relève du code minier. Cela signifie qu’elle est contrôlée par les pouvoirs publics et fait l’objet d’un suivi environnemental. Malgré tout, cela ne semble réduire en rien la pression subie par la ressource.

Malheureusement, étant à défaut considéré comme une ressource gratuite et infinie, le sable fait certes l’objet de réglementations, mais qui sont facilement contournées à travers le monde.

Comme c’est le cas en Inde - deuxième pays consommateur après la Chine - au Maroc et au Cambodge, où la corruption des administrations, l’exploitation des travailleurs et la mise en danger des populations sont de mise.

À titre de comparaison, chaque année, la Chine consomme 60 % du sable mondial. Pire : ces quatre dernières années, elle a utilisé autant de sable que les États-Unis en un siècle.

Les conséquences de l’épuisement du sable

L’environnement en grand danger

Sans surprise, le prélèvement massif du sable montre déjà des répercussions sur l’environnement. En effet, le sable est directement ou indirectement lié aux 17 objectifs de développement durable (ODD) pour deux raisons :

  • cette ressource est indispensable pour accomplir lesdits objectifs ;
  • son extraction peut entraver nos efforts environnementaux.

À titre d’exemple, des dizaines d’îles indonésiennes ont disparu suite à une vaste exploitation minière. Les Maldives n’hésitent pas à puiser de grandes quantités de sable pour agrandir et protéger ses îles de l’élévation du niveau de la mer, un procédé qui détruit les récifs coralliens déjà fortement fragilisés par le réchauffement climatique.

Par conséquent, la diminution des réserves de sable devrait accentuer les pressions environnementales existantes. Si nous continuons à cette allure, des pénuries absolues pourraient arriver. En effet, l’extraction du sable :

  • engendre la disparition progressive des plages - entre 75 et 90 % des plages du monde reculent. Cette érosion du littoral est causée par l’extraction du sable marin effectuée par des bateaux et des appareils sous-marins. Ces derniers traînent et aspirent le sable créant ainsi des trous dans le fond marin qui sont ensuite naturellement comblés par le sable provenant des plages ;
  • détériore la faune et la flore, puisque l’aspiration du sable implique également celui des organismes vivants des fonds marins. Or, ces espèces constituent la base de la chaîne alimentaire marine, mais également le bout de la chaîne privant ainsi des milliers de familles de pêcheurs ;
  • compromet la protection des côtes, puisque les plages sont un rempart naturel contre certains événements météorologiques - à l’image des tempêtes ;
  • rend les terres agricoles inexploitables de par leur salinité. En effet, l’érosion des côtes permet l’infiltration de l’eau de mer via les estuaires.

L’expansion urbaine menacée

Aussi surprenant que cela puisse paraitre, le secteur du BTP est le plus gourmand en consommation de sable, puisque pas moins de 70 % des constructions BTP du monde entier sont construites à l’aide de cette ressource. Dans le détail, le secteur consomme :

  • 200 tonnes de granulats pour bâtir une maison individuelle de taille moyenne ;
  • 3 000 tonnes pour construire un hôpital ;
  • 30 000 tonnes pour un kilomètre d’asphalte des routes ;
  • 12 millions de tonnes pour une centrale nucléaire.

Mélangé avec du gravier, le sable est un composant essentiel permettant de créer le granulat utilisé pour la fabrication du béton. Très solide et peu coûteux, il ne fait aucun doute que le secteur du bâtiment ne peut se passer de cette ressource.

Dès lors, la diminution des réserves de sable peut entraver le développement des villes et la construction des infrastructures vitales pour le développement économique.

Un constat inquiétant alors que de nouvelles techniques de constructions gourmandes en sable commencent à voir le jour comme la poldérisation - qui consiste à créer artificiellement des surfaces terrestres sur la mer. Ce procédé - utilisé à Singapour et à Dubaï - est la seconde utilisation la plus importante du sable après le BTP. 

Comment réduire notre consommation de sable ?

Recycler les matériaux de construction

Dès lors, il convient de réduire l’impact de l’extraction du sable en revoyant les modes de construction du bâtiment. Plusieurs solutions s’imposent :

  • allonger la durée de vie des bâtiments ;
  • développer les filières de recyclage et de réemploi des matières issues des chantiers de démolition - notamment le granulat. Développer le béton recyclé est également une idée à exploiter.

Chaque année, pas moins de 100 millions de tonnes de granulats proviennent des chantiers de déconstruction du BTP. La plupart sont réemployés en tant que sous-couches de routes, mais des recherches sont en cours par le programme national Recybeton pour fabriquer de nouveaux matériaux issus de ces déchets.

Utiliser des matériaux alternatifs

En vue de poursuivre notre rythme de construction, il convient de privilégier l’éco-construction des bâtiments. Il est ainsi nécessaire de développer le recours à des matériaux alternatifs tels que :

  • la terre ;
  • le bois ;
  • la paille ;
  • le verre ;
  • des matériaux biosourcés.

Utiliser ce type de matériaux permet non seulement de réduire l’utilisation du sable, mais également de tendre vers un BTP plus durable. À titre indicatif, la construction durable est le fait de prendre en compte de l’ensemble du cycle de vie d’un logement en vue de réduire son impact environnemental.

Utiliser plus efficacement les espaces

Selon l’étude parue dans la revue NewScientist, la réduction la plus importante de l’utilisation du sable pourrait être obtenue par la réduction des espaces au sol pour chaque personne et par bâtiment (favoriser le partage des bureaux, par exemple). 

En définitive, il convient de bâtir moins et moins grand.

Mettre en place des plans nationaux de gestion de l’activité

Intitulé « Sable et développement durable : trouver de nouvelles solutions pour la gouvernance environnementale des ressources mondiales en sable », le rapport en date d’avril 2022 de l’ONU pointe du doigt l’urgence. L’objectif ? « Éviter une crise ».

Pour mieux contrôler l’exploitation du sable, le Programme des Nations unies préconise :

  • le durcissement des réglementations ;
  • l’établissement d’une gouvernance concertée entre les États ;
  • la sensibilisation et l’accompagnement des autorités régionales ;
  • la mobilisation des acteurs du secteur.
  • L’enjeu est donc planétaire puisque certaines régions du monde sont déjà à sec. Or, d’ici 2060, le sable consommé proviendrait majoritairement de l’urbanisation des pays africains et asiatiques.

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