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Le sable : une ressource naturelle menacée ?
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Le sable : une ressource naturelle menacée ?

ÉcologieRéchauffement climatique
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dunes de sable sur fond vert
Le sable est une ressource naturelle mise sous pression. Chaque année, on estime qu'entre 27 et 40 milliards de tonnes de sable sont extraites sur la planète.
Écologie
2025-05-29T00:00:00.000Z
fr-fr
Le sable, bien qu'invisible à première vue, se trouve pourtant tout autour de nous. Pour preuve, il s’agit de la deuxième ressource la plus consommée sur la planète — 50 milliards de tonnes par an – après l’eau (source : UN News, 2024).

De quoi est fait le sable ? 

Le sable est étroitement lié à l'histoire de la construction, et ce, depuis bien très longtemps. Les premières traces remontent en effet à 100 ans avant J.-C. (source : UNICEM).

L’origine du sable

Le sable provient principalement de la désagrégation des roches, causée par l’érosion (vent, pluie, gel, variations de température) au fil de millions d’années.

Le sable est issu de l’altération de matériaux d’origine minérale (roches) ou organiques (coquilles d’animaux), lui offrant ainsi divers atouts :

☀️
Sa polyvalence
Liée à la finesse de ses grains, utile dans de nombreux secteurs
📏
Sa solidité
Indispensable dans le béton ou le verre
⚖️
Sa légèreté
Idéale pour les procédés de pulvérisation

Ces fragments sont transportés par les rivières jusqu’aux littoraux, déserts ou fonds marins (source : Université PSL (Paris Sciences & Lettres)). Sa composition varie selon l’origine des roches (souvent du quartz). Le sable est donc un produit lent, façonné par la nature sur des temps géologiques très longs.

Des dizaines voire centaines de milliers d'années sont nécessaires pour que la nature produise du sable en grande quantité (source : Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine). 

Mélangé avec du gravier, le sable est un composant essentiel permettant de créer le granulat utilisé pour la fabrication du béton. Très solide et peu coûteux, il est indéniable que le domaine de la construction ne peut se priver de cette ressource (construction de bâtiment, de routes, de pont, etc.). La vie moderne dépend donc en grande partie de cette ressource naturelle. 

Toutefois, le sable exploitable n'est pas une ressource renouvelable et n'est donc pas accessible en quantité illimitée. Effectivement, une grande partie du sable n'est pas adaptée ou accessible pour un usage industriel.

Quelle est la différence entre sable de rivière, sable marin et sable de carrière ?

Il n'est pas possible d'utiliser tous les types de sable pour la construction ou à des fins industrielles.

Par exemple, les grains du désert sont trop petits et ronds pour être utilisés dans la production de béton. C'est pourquoi les sables des rivières et des plages, ainsi que ceux continentaux, sont soumis à une telle pression (source :  The Conversion, 2019).

Actuellement, on identifie trois types de sable qui sont exploités par l'Homme :

Sable de rivière
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Le sable, qui provient du lit des rivières par dragage ou d'un ancien lit de rivière asséché, a été poli par le courant, ce qui donne à ses grains une forme émoussée.
Sable de carrière
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Le sable de carrière est un élément prélevé en grande quantité du sol ou produit à partir de l'extraction de la pierre en carrière. Le sable de carrière est un type de sable employé dans le domaine de la construction.
Sable marin
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Le sable marin, extrait des fonds ou des plages, se divise en deux types : le sable siliceux, qui est employé dans le bâtiment pour la production de béton, et le sable coquillier (principalement calcaire), destiné aux amendements agricoles (source : Radio France, 2025).
Chaque année, six milliards de tonnes de sable sont extraites du milieu marin (source : Le Monde, 2023).

Le sable marin est plutôt exploité par nécessité économique, car les ressources terrestres s'épuisent progressivement. 

Le sable est extrait des continents mais, de plus en plus aujourd’hui, des mers également. Il y a plusieurs décennies, il existait des carrières de sable à ciel ouvert mais rapidement elles ont été épuisées. On est alors allé chercher le sable en profondeur dans les continents mais aussi  au fond des mers et des océans (source : controverses – Mines).

L'extraction marine représente aujourd'hui une solution de substitution face à la raréfaction des gisements continentaux, mais elle pose des défis environnementaux majeurs. 

Comment le sable est-il exploité ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le sable ne se limite pas à son rôle paysager. Ses propriétés en font un matériau clé, aussi bien dans la fabrication de nos objets du quotidien (téléphones, microprocesseurs, cosmétiques…) que dans la construction, où il est indispensable à la production de béton, de verre et d’autres matériaux.

Quels sont les deux types d'extraction du sable ?

On peut identifier uniquement deux méthodes d'extraction du sable, en se basant sur les ressources disponibles sur terre ou en mer :

Type Détail
Extraction terrestre
L'exploitation à ciel ouvert utilise des pelles mécaniques, chargeurs frontaux et convoyeurs. Elle concerne les carrières terrestres (200 millions de tonnes/an) ainsi que les berges et anciens lits de rivières.
Extraction marine
Le dragage s’effectue à l’aide de dragues à godets ou d’équipements d’aspiration montés sur des barges. Deux techniques : la drague à benne preneuse (encore répandue en France) et la drague à élinde traînante pour aspirer le sable des fonds marins.

Pendant longtemps l’extraction terrestre, l'extraction terrestre dans des carrières de sable et des mines terrestres constituait la préférence prédominante. Aujourd'hui, les rivières et les fonds marins sont devenus des zones d'exploitation privilégiées.

L'exploitation du sable est-elle légalement encadrée ?

La France se distingue par sa diligence dans l'exploitation du sable, et l'extraction de ce dernier est effectivement régie par une législation française (source : Radio France, 2025). C'est parce que l'exploitation des ressources maritimes est régie par le code minier. Cela indique qu'elle est sous la supervision des autorités gouvernementales et fait l'objet d'une surveillance environnementale. Toutefois, cela ne semble pas diminuer la pression sur la ressource et il est à noter que la France figure toujours parmi les principaux producteurs de sable mondialement (source : Statista, 2024).

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Foule applaudissant
NB : À noter que les premiers producteurs de sable sont les Etats-Unis en tête, la Chine puis les Pays-Bas (source : Statista, 2024). Par ailleurs, une grande partie des opérations de dragage du sable s’effectue dans des pays à faibles revenus, ce qui entraîne également des tensions géopolitiques et soulève la question d'un colonialisme moderne. On constate une érosion de ces ressources au Maroc, au Sri Lanka, au Cambodge et même au Sénégal.

La corruption administrative, l’exploitation des travailleurs et la mise en danger des populations profitent aux entreprises des principaux pays producteurs, où la réglementation est souvent laxiste. Ces acteurs tirent avantage d’un encadrement minimal et de conditions précaires, exploitant une ressource perçue comme gratuite, ce qui leur permet de contourner les rares règles existantes à travers le monde.

Dans les pays moins avancés sur les questions environnementales et sociétales, les exploitations se font majoritairement de manière illégale, à grande échelle et aux dépens de l’environnement qui est pourtant parfois exceptionnel au voisinage des sites d’extraction (source : controverses – Mines).

Faut-il s'inquiéter d'une « pénurie du sable »  ?

Selon une étude menée en 2022 par des chercheurs de l’université de Leiden (Pays-Bas), publiée dans le magazine New Scientist, la demande mondiale de sable pourrait augmenter de 45 % d’ici 2060. 

Cette hausse serait liée à la croissance démographique, à l’évolution des modes de consommation et au développement économique, menaçant ainsi cette ressource naturelle.

Quelles sont les conséquences de l'extraction du sable ?

La première conséquence de l’extraction du sable est environnementale avec une destruction irréversible de l’écosystème marin et une disparition d’espèces marines ou littorales, avec des effets en cascade. En effet, l'extraction de sable a des répercussions sur l'environnement et contribue même à l'aggravation de divers phénomènes :

Détériore la faune et la flore
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L’extraction de sable entraîne la destruction des habitats marins, l’aspiration des organismes vivants et la modification des courants. Le dragage soulève les sédiments, ce qui trouble l’eau (turbidité de l’eau) – génère une pollution sonore affectant la biodiversité mais aussi les populations locales.
accélère l’érosion côtière
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L'extraction du sable marin réalisée par des navires et des équipements sous-marins qui draguent et aspirent le sable provoque la formation de trous marins qui sont ensuite naturellement comblés par le sable provenant des plages.
Compromet la protection des côtes
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Les plages sont un rempart naturel contre certains événements météorologiques – mais quand elles disparaissent du fait de l’érosion, l’eau salée s’infiltre par les estuaires (e.g. rend les sols agricoles trop salés pour être cultivés).
Répercussions sociales
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L’exploitation du sable aggrave les risques pour les populations humaines — inondations, submersions, érosion — tout en épuisant les ressources essentielles à leur survie, comme les terres agricoles et les stocks de poissons, menaçant ainsi leur sécurité et leur souveraineté alimentaire.
Accroissement des tensions géopolitiques
En savoir +
Dans de nombreux pays, le sable est exploité illégalement par des « pilleurs du sable » – comme en Inde (source : Ministère des Armées), ce qui alimente la corruption, les violences et les conflits autour de l’accès à la ressource.

On ne connaît pas exactement les quantités de sable qui restent – même si certaines estimations évoquent un volume de sable de 120 millions de milliards de tonnes (source : Conflits : Revue de Géopolitique). Pour rappel, l'ensemble des réserves de sable dans le monde sont loin d'être exploitables.

Néanmoins, face à une population en croissance et à des besoins qui augmentent, l'épuisement conjugué à la pénurie de cette ressource entraîne une augmentation des coûts économiques – présageant une crise du sable dans les années à venir.

L’ONU tire la sonnette d’alarme…

Dans un rapport publié en 2022, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) tire la sonnette d'alarme face à une consommation de sable vertigineuse, qui excède largement les capacités naturelles de renouvellement.  L’objectif ? « Éviter une crise ».

La principale avancée réside dans la reconnaissance du sable par l’ONU comme une “ressource stratégique” nécessitant une gestion rigoureuse.

En effet, le sable est directement ou indirectement lié aux 17 objectifs de développement durable (ODD) pour deux raisons :

  • cette ressource est indispensable pour accomplir lesdits objectifs ;
  • son extraction peut entraver nos efforts environnementaux.

Par conséquent, la diminution des réserves de sable devrait accentuer les pressions environnementales existantes. 

Les conclusions du rapport de l’ONU sont sans équivoque : pour encadrer plus efficacement l’exploitation du sable, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (source : UN News, 2022) recommande notamment :

d’attribuer au sable un prix reflétant sa véritable valeur environnementale, en tenant compte des services écosystémiques qu’il rend (protection contre les tempêtes, habitat pour la biodiversité, filtration de l’eau, etc.) ;

de promouvoir une économie circulaire reposant sur le recyclage des matériaux de construction plutôt que l'extraction continue, notamment sur les plages ;

de renforcer les réglementations encadrant cette ressource et de mettre en place une gouvernance concertée entre les États ;

de sensibiliser et accompagner les autorités locales et de mobiliser les acteurs du secteur autour de pratiques durables.

L’enjeu est donc planétaire puisque certaines régions du monde sont déjà à sec. Or, d’ici 2060, le sable consommé proviendrait majoritairement de l’urbanisation des pays africains et asiatiques.

Comment éviter une « crise du sable » ?

Révolutionner l'économie du sable par la circularité : la première solution consiste à abandonner la logique linéaire (extraire-produire-jeter) pour une approche circulaire (extraire-produire-réutiliser). Cela implique d'interdire la mise en décharge des déchets minéraux et d'encourager massivement la réutilisation du sable dans les marchés publics.

Développer des alternatives matérielles et constructives : des substituts viables existent : terre, bois, paille, verre, matériaux biosourcés, roche concassée, ou "sable minéral lourd" issu des résidus miniers. Ces alternatives réduisent la dépendance au sable tout en orientant le BTP vers plus de durabilité. L'éco-construction doit devenir la norme, privilégiant des bâtiments moins gourmands en ressources.

Optimiser l'usage de l'espace : selon l'étude de NewScientist (2022), la réduction la plus efficace passerait par la diminution des surfaces au sol par personne et par bâtiment : partage des bureaux, mutualisation des espaces. Le principe : bâtir moins et moins grand. Cette approche contraste avec l'émergence de techniques ultra-consommatrices comme la poldérisation (création de terres artificielles sur mer), utilisée à Singapour et Dubaï, qui représente désormais le second usage mondial du sable après la construction.

Protéger les sites critiques par une gouvernance stricte : l'extraction sur les plages devrait être interdite, cruciales pour la protection de l’érosion côtière, tout en réglementant drastiquement le dragage marin. Cela nécessite une gouvernance internationale avec des normes mondiales, une cartographie des ressources et l'implication de toutes les parties prenantes pour éviter les solutions uniformes inadaptées aux spécificités locales.

Bibliographie

UN News, 2024, https://news.un.org/fr/story/2022/04/1119012

À la découverte du sable… 1, Université PSL (Paris Sciences & Lettres), https://geofestival.minesparis.psl.eu/bzh/lib/exe/fetch.php/10_panneaux_geofestival_bzh_0_.pdf

Extraction du sable marin : le fléau invisible | France Culture, Radio France, 2025, https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-reportage-de-la-redaction/extraction-du-sable-marin-le-fleau-invisible-9342124

L'extraction de sable marin – "Nous croyions qu'il …, controverses – Mines, https://controverses.minesparis.psl.eu/public/promo15/promo15_G5/www.controverses-minesparistech-1.fr/_groupe5/index.html

Le sable, une ressource essentielle en voie de disparition, The Conversion, 2019, https://theconversation.com/le-sable-une-ressource-essentielle-en-voie-de-disparition-122094

Chaque année, six milliards de tonnes de sable sont extraites du milieu marin, Le Monde, 2023, https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/09/07/chaque-annee-six-milliards-de-tonnes-de-sable-sont-extraites-du-milieu-marin_6188269_3244.html

We are running out of sand and global demand could soar 45% by 2060, New Scientist, 2025,  https://www.newscientist.com/article/2313170-we-are-running-out-of-sand-and-global-demand-could-soar-45-by-2060/

Les enjeux de l'extraction du sable, l'exemple de l'Asie du Sud …, Conflits : Revue de Géopolitique, https://www.revueconflits.com/les-enjeux-de-lextraction-du-sable-lexemple-de-lasie-du-sud-est