Le guide des achats responsables en 2024
Une politique d’achats responsables est une stratégie d’achat, visant à minimiser ses impacts environnementaux et sociétaux. Explications.
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À l’heure où il est essentiel de lutter contre le réchauffement climatique, dressons le bilan carbone des secteurs d’activités économiques. Dans quelle mesure la production d’électricité, les banques, l’agriculture, le numérique, ou encore le bâtiment et les transports contribuent-ils à polluer l’atmosphère ?
Selon l’agence internationale de l’énergie, les émissions mondiales de CO2 par secteurs se répartissent ainsi dans le monde : La production d’électricité émet le plus de CO2 avec 41%, viennent ensuite les transports avec 25%, le secteur de l’énergie hors électricité (6%) , la construction et énergie (18%), le résidentiel (6%) et les autres secteurs dont le tertiaire (4%).
Selon le CITEPA, rapport Secten 2020, en 2019 la répartition des émissions de gaz à effet de serre par secteurs en France était la suivante :
Derrière la plupart des produits et des services que nous nous plaisons à consommer, il y a l’électricité. Qu’elle provienne d’une centrale thermique, nucléaire, ou d'énergies renouvelables, sa production compte pour près de 43% des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l'activité humaine.
Le bilan carbone de la production d'électricité prend en compte la totalité des GES émis lors de sa production mais aussi la construction et le démantèlement de ces différents modes de production… En fonction des technologies employées, la production d'électricité est plus ou moins polluante : entre le charbon et les énergies renouvelables, l’impact carbone de la production d’électricité varierait de 1 à 20…
Les centrales thermiques, prépondérantes en Chine et Inde, sont les plus nombreuses, car moins chères à construire. Parmi elles, les centrales à charbon produisent près de 40 % de l’électricité mondiale. Hélas, elles sont aussi responsables de 73 % des émissions liées à notre consommation d'électricité… Côté nucléaire, les centrales émettent très peu : 6 grammes de CO2eq/kWh. Mais c’est sans compter sur la gestion des déchets et les potentiels (très graves!) accidents. En termes d’énergies renouvelables, les parcs solaires photovoltaïques s’en sortent très bien, avec un facteur d’émission de 56 gCO2e par kWh, de même que les parcs éoliens, avec un taux d’émissions entre 14 et 15 gCO2e par kWh selon que les éoliennes soient sur terre ou en mer…
Si nous consommons tant d'électricité, c’est en grande partie pour alimenter le très énergivore secteur du numérique.
Le bilan carbone du numérique, ou bilan carbone de l’informatique et d’internet comme disent certains, serait selon un rapport présenté en 2020 par le Sénat à l’origine de 3,7 % des émissions totales de GES et de 4,2 % de la consommation mondiale d’énergie. A l’échelle de notre pays, il représenterait 2 % du total des émissions de l’année dernière. Selon l’Insee et le groupe de réflexion The Shift Project, 44 % du bilan carbone du numérique serait imputable à la fabrication des terminaux, des centres informatiques et des réseaux, et 56 % à leur utilisation, depuis l’envoie d’email au visionnage de vidéos.
A titre d’exemple, l’Internet recouvre plus de 9 milliards d'équipements et 45 millions de serveurs dans le monde, responsables de près de 10% de la consommation d’électricité globale. En termes d'infrastructures, les réseaux de télécommunications et les data centers, ont consommé en 2016 près de 416 térawattheures d'électricité à l’échelle internationale, soit presque autant que la France entière, 473 térawattheures pour la même période.
D’après l’ONG Greenpeace, c’est la fabrication des équipements informatiques (tablettes, ordinateurs, smartphones, téléviseurs et IoT…) qui consomme le plus d’énergie, puisque toute la chaîne de production de ces appareils fonctionne aux énergies fossiles. Une illustration qui donne à réfléchir : la production d'un téléviseur de 11 kilos, qui induit l’extraction de 2,5 tonnes de matières premières, génère 350 kg de CO2, soit autant qu’un aller-retour Paris-Nice en avion…
Comme on ne peut pas (encore?) manger nos ordinateurs, impossible de tirer une croix sur les légumes, les céréales, et la viande...
En France, le bilan carbone de l’agriculture compterait selon l’ADEME pour un cinquième des émissions de GES, soit le deuxième poste d’émissions du pays, avec 85 MtC02 émis en 2019, dont 11 Mt de CO2 liés à la consommation d’énergie par les machines agricoles et sylvicoles. Une bonne nouvelle : les émissions de GES de l’agriculture auraient diminué de 6 % entre 1990 et 2017…
Comment se répartissent ces émissions ?
💡 À noter : selon l’ADEME, le bilan carbone des exploitations agricoles varient énormément en fonction des pays. A titre d’exemple, une salade cultivée sous serre chauffée en Allemagne en hiver générera deux fois plus de GES qu’une salade produite en Espagne en plein air (240 grammes d’équivalent CO2 contre 510 grammes).
Voiture, avion, bateau, train ou encore trottinettes électriques… En France, les transports sont d’après l’ADEME les principaux émetteurs de CO2 : ils totalisent 31 % de nos émissions nationales. Le bilan carbone des transports est bien sûr très disparate en fonction des véhicules analysés. Pour faire le point, il faut comparer l’empreinte carbone des différents modes de transport (combien de CO2 émis par kilomètre par passager) en prenant en considération différents facteurs : le modèle du véhicule (neuf ou vieux) et son pays de fabrication, sa durée de vie etc…
Quelques chiffres pour se donner une idée :
On aimerait bien vous conseiller de favoriser les trottinettes électriques pour moins polluer, mais il s’agit d’une fausse bonne idée…
Côté logement et construction, le bilan carbone du bâtiment n’est pas des moindres… En comptant les émissions liées à sa consommation d'énergie, le secteur du bâtiment et de la construction représente 23% des émissions de gaz à effet de serre en France. Pour le calculer, il faut se référer au bilan carbone BTP construction, qui permet notamment d’évaluer la dépendance d’un projet aux combustibles fossiles. En effet, les entreprises de gros œuvre, c’est-à-dire les entreprises en charge de la construction des fondations, du soubassement, de l'assainissement, de l'élévation des murs, de la toiture, de la charpente, et parfois des menuiseries extérieures, sont très exposées à la contrainte carbone. De manière générale, leur activité induit entre 500 et 750 kg équivalent CO2 par euro de chiffre d’affaires…
Un rapport publié conjointement par Les Amis de la Terre France et Oxfam France en 2019 a décortiqué les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement et d’investissement de 2018 des principales banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Banque Populaire Caisse d’Epargne) dans les énergies fossiles ; les résultats sont glaçants!
D’après cette étude, l’empreinte carbone des banques françaises représente au total 8 fois les émissions de GES de la France entière. À elles seules, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale émettraient chacune plus que le territoire français! Petit rappel : suite à l’adoption des lois Grenelle 1 et 2 adoptées respectivement en 2009 et 2010, il nous faut diviser par quatre nos émissions de GES d’ici 2050 par rapport à celles de 1990. Que les banques n’hésitent pas à se mettre au diapason!
En conclusion, pour polluer moins, il nous faut arrêter de changer d’iPhone tous les ans, de manger de la viande à tous les repas, de prendre l’avion pour faire Paris-Marseille. Et peut-être, pour ceux qui peuvent, pourquoi pas changer de banques…