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Anne Hidalgo et la politique verte : bon ou mauvais exemple ?
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Blog...Anne Hidalgo et la politique verte : bon ou mauvais exemple ?

Anne Hidalgo et la politique verte : bon ou mauvais exemple ?

Écologie
Politique
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Après 9 ans passés à la mairie de Paris, quel bilan peut-on faire de la politique verte d’Anne Hidalgo ? Peut-elle être considérée comme un exemple à suivre ? On fait le point.
Écologie
2023-11-21T00:00:00.000Z
fr-fr
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« Paris est une ville leader dans la lutte contre le changement climatique » c’est ainsi qu’est présentée l’action d’Anne Hidalgo sur le site Internet de la mairie de Paris. Bien que la capitale soit considérée comme pionnière dans le domaine, la politique verte qui y est menée fait pourtant l’objet de nombreuses critiques.

Quelles sont les mesures environnementales instaurées par Anne Hidalgo ? Quel bilan peut-on dresser de ses neuf ans passés à la tête de la mairie de Paris ? Greenly a mené l’enquête.

Quelle est la politique menée par Anne Hidalgo ?

Anne Hidalgo, une maire socialiste engagée

Intronisée maire de Paris le 5 avril 2014 - première femme occupant une telle position -, Anne Hidalgo a été réélue pour un second mandat le 3 juillet 2020. Bien que l’écologie ait toujours fait partie de ses convictions, la maire socialiste de Paris en a fait une priorité pour son second mandat.

👉 À noter : élue première adjointe au maire (Bertrand Delanoë) en 2008, elle était chargée de l’urbanisme et de l’architecture.

Son engagement environnemental lui a d’ailleurs permis d’être élue présidente du C40 en août 2016 avant d’être réélue en 2018. Le C40 est un réseau créé en 2005 qui regroupe 85 des plus grandes métropoles du monde. L’objectif ? Soutenir l’action des villes dans la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

Une politique verte ambitieuse

Depuis son élection, Anne Hidalgo n’a qu’une ambition : faire de Paris une ville écologique. 

Pour rendre la capitale neutre en carbone d’ici 2050, la maire de Paris a mis à jour en 2018 son Plan Climat adopté en 2007. D’ici 2030, cette feuille de route particulièrement ambitieuse - composé de 500 mesures - ambitionne de : 

  • réduire de 50 % les émissions de gaz à effet de serre ;
  • réduire de 35 % les consommations d’énergie ;
  • porter à 45 % la part des énergies renouvelables et de récupération.

Pour y parvenir, Anne Hidalgo souhaite mener plusieurs projets d’envergure : 

  • accélérer la transition énergétique pour être 100 % renouvelable d’ici 2050 (notamment en équipant 20 % des toits parisiens de panneaux solaires en 2050) ;
  • lutter contre la pollution de l’air à l’origine de 7 900 décès prématurés chaque année à Paris et en Île-de-France (en décarbonant les transports en commun, développant le vélo, en sortant du diesel, en supprimant des places de stationnement, etc.) ;
  • intensifier la rénovation énergétique (rénover 1 million de logements et 50 millions de m² tertiaires d’ici 2050, construire 100 % de bâtiments neufs bas-carbone et à énergie positive, etc.) ;
  • faire de Paris une ville d’alimentation durable (notamment en construisant un système alimentaire durable avec 50 % des aliments consommés à Paris issus de denrées agricoles du Bassin Parisien en 2030 et 75 % en 2050) ;
  • prôner le zéro déchet (l’objectif étant de réduire le gaspillage alimentaire 50 % d’ici 2025) ;
  • adapter la capitale aux effets du changement climatique (grâce à la plantation de 20 000 nouveaux arbres d’ici 2030 ou la révision du PLU Bioclimatique de la capitale).

👉 En outre, depuis 2004, la ville de Paris évalue les émissions de gaz à effet de serre de son territoire et de son Administration et publie son bilan carbone - le dernier date de 2018.

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Quel bilan peut-on dresser de l’action écologique d’Anne Hidalgo ?

Des mesures régulièrement critiquées 

La politique d’Anne Hidalgo n’a jamais fait l’unanimité. La maire de Paris est régulièrement qualifiée de « bétonneuse », « maire de l’hyperdensification », ou encore « de championne du greenwashing  ».

Certaines de ses mesures les plus importantes ne sont pas soutenues par l’opposition, comme dans son propre camp. Ce n’est pas tant les mesures en elles-mêmes, mais la méthode de mise en œuvre qui pose problème. 

En effet, la création de pistes cyclables et la piétonisation des voies a engendré la suppression de places de stationnement et donc l’augmentation des bouchons. Selon Christophe Berkani dans Reporterre

Elle [Anne Hidalgo] n’a pas limité le flux de véhicules entrants dans la ville et n’a pas su gérer ce flux, une fois les voitures dans Paris. Elle s’est contentée de toutes les mettre sur des rues doucement grignotées par des voies supprimées ou des pistes cyclables.

La piétonisation des voies sur berges de Seine rive droite - l’une des solutions pour réduire les émissions de GES engendrées par le trafic routier - était une mesure très critiquée. La commission d’enquête publique en 2016 - soutenue par les associations d’automobilistes, le Medef, la fédération du bâtiment, l’opposition municipale et les villes de banlieue - était contre ce projet. 

Malgré le soutien de pneumologues inquiets par la pollution de l’air parisien, le projet a fait l’objet d’un refus par le tribunal administratif de Paris en 2018. Une mesure qui sera finalement appliquée.

À cela s’ajoute la volonté de transformer le périphérique parisien en ceinture verte grâce à la plantation de 70 000 arbres et à la réduction du nombre de voies. Or, ce projet a fait un tollé tant au niveau de l’opposition, qu’au niveau des écologistes - d’après eux, la plantation de nouveaux arbres semble nécessiter l’abattage d’arbres centenaires au préalable.

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La ville de Paris en bonne place dans les classements français

En 2019, Greenpeace, le Réseau Action Climat et l’Unicef France ont distingué l’action de la maire de la capitale dans la lutte contre la pollution de l’air. Paris occupe la première place - sur les 12 qui composent le classement - grâce à la multiplication des ZFE (zones à faibles émissions).

👉 La première évaluation d’Airparif concernant la première journée Paris Respire et Pantin sans voiture montre l’efficacité de cette mesure sur la qualité de l’air. Entre 11 h et 16 h, les concentrations de dioxyde d’azote (NO2) ont baissé de 5 % à 20 % - et ce, à proximité des axes de circulation.

En 2023, Le Parisien a classé les villes de la plus à la moins verte selon une vingtaine de critères (mode de chauffage, moyens de transport, habitat, etc.). Du fait de ses éco-quartiers, Paris occupe la huitième place.

En outre, le plan Biodiversité de Paris porte ses fruits. Révisé en 2018 pour la période 2018-2024, ce second plan a d’ores et déjà un bilan positif puisque 2.800 espèces sauvages ont été comptabilisées. Les associations et spécialistes sont particulièrement satisfaits de la politique mise en place par Anne Hidalgo. [Source : 20 minutes]

Un bilan qui reste néanmoins mitigé

En juillet 2023, l’Institut Montaigne a dressé le bilan de mi-mandat d’Anne Hidalgo après sa réélection en 2020. Les conclusions sont les suivantes. 

Le financement de la transition environnementale est bel et bien possible grâce aux « solides capacités d’investissement » de la ville de Paris. En outre, "si la part des dépenses facilement identifiables comme vertes dans le budget municipal est faible, la part réellement consacrée aux enjeux écologiques est bien plus élevée". Ceci s'explique par le fait que certaines dépenses n'appartiennent pas à la catégorie environnementale de manière directe. Pour autant, les avancées opérées sur ces thématiques sont indispensables à la transition d'une société (ou d'une municipalité) dans son ensemble.

Ainsi, selon le CA 2021 et le budget prévisionnel 2023, la part consacrée aux enjeux écologiques est donc relativement élevée. À titre illustratif : 

  • 40 % des investissements annuels de la ville sont consacrés à l’aménagement des territoires et habitat ;
  • 13 % des investissements annuels de la ville sont consacrés aux transports.
En s’appuyant sur les indicateurs « verts » de Paris, l’Institut Montaigne conclut que le bilan écologique d’Anne Hidalgo est positif.

Une conclusion quelque peu nuancée par le rapport de la Chambre Régionale des Comptes (CRC) publié en 2022. Bien que la politique menée ait eu de bons résultats, la ville de Paris reste en retard sur ses objectifs écologiques. 

Pour preuve : le premier plan climat adopté en 2007 sous Bertrand Delanoë devait atteindre trois objectifs en 2020 : 

  • réduire de 25 % les consommations énergétiques ;
  • augmenter de 25 % la part des énergies renouvelables ;
  • réduire de 25 % les émissions de gaz à effet de serre.

Or, entre 2004 et 2018, les consommations énergétiques n’ont baissé que de 5 % (hors transports), la part des énergies renouvelables ne représentait que 18,4 % dans le mix énergétique et la réduction des émissions était de 20 %. Des objectifs non atteints, mais en bonne voie (excepté les consommations énergétiques pour lesquelles la ville doit redoubler d’efforts).

Bonne nouvelle néanmoins : grâce à la politique antivoitures (via le développement des pistes cyclables ou l’augmentation des tarifs de stationnement), les émissions engendrées par le trafic routier ont chuté de 34 %.
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Finalement, la politique d’Anne Hidalgo est-elle un exemple à suivre ?

Les Parisiens insatisfaits

Un sondage OpinionWay publié le 1er juillet 2023 par Le Parisien dresse le bilan de mi-mandat d’Anne Hidalgo : 

  • 34 % des Parisiens sont très mécontents du bilan de l’action d’Anne Hidalgo ;
  • 26 % sont plutôt mécontents ;
  • 32 % sont assez satisfaits ;
  • 8 % sont très satisfaits.

Il en ressort clairement que les Parisiens n’éprouvent plus une certaine fierté à vivre dans la capitale. Pour preuve : 58 % d’entre eux considèrent que l’évolution globale de la vie à Paris est « moins agréable ». 

En outre, 44 % des sondés jugent que la lutte contre la pollution s’est dégradée durant les trois dernières années. À cela s’ajoute le mécontentement de :

  • 71 % des Parisiens quant à la propreté de leur ville ;
  • 69 % quant à la circulation ;
  • 66 % quant à l’image de la ville.
En définitive, 60 % des Parisiens ne sont pas enchantés par la politique menée par Anne Hidalgo.

Sans compter qu’ils craignent pour leur santé. Et à raison. En cas de canicule, la ville de Paris serait la plus mortelle d’Europe révèle une étude publiée dans The Lancet le 16 mars 2023. En cause : l’urbanisation de la ville à l’origine d’îlots de chaleur.

Mais une politique prise en exemple par d’autres capitales

Les capitales du monde entier s’inspirent de la politique verte menée sur la ville de Paris, tandis que certains médias vont jusqu’à la récompenser. 

Le 17 novembre 2016, le magazine Foreign Policy a décerné le prix de la « diplomate verte de l’année » à Anne Hidalgo.

Le 2 août 2023, Planetizen a classé Anne Hidalgo quatrième parmi les urbanistes contemporains les plus influents au monde. Le site américain souhaitait mettre en lumière les personnalités qui « ont un impact sur la planification et les villes aujourd’hui ». 

Anne Hidalgo a été distinguée pour la mobilisation d’un :

Capital politique important pour déprioriser l'automobile comme mode de transport de choix dans le centre-ville, avec de vastes améliorations en matière de sécurité routière et de pollution de l'air, en plus des émissions de gaz à effet de serre.

À l’heure actuelle, des métropoles du C40 veulent prendre exemple sur la capitale. En effet, Paris est la première ville au monde à mesurer ses émissions de carbone en direct. Mis au point par la startup Origins.earth, cette « météo du climat » fonctionne grâce à des capteurs installés sur les toits. L’objectif ? Se donner toutes les chances d’atteindre la neutralité carbone. [Source : Novethic]

👉 Pionnier en la matière, le plan climat de Paris est pris comme exemple à l’étranger. Cependant, comme les bilans l’attestent, les ambitions sont élevées et les résultats ne sont pas toujours à la hauteur.

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Quelles sont les mesures à venir ?

Le programme 2023

Dans l’optique d’atteindre les objectifs fixés dans sa politique verte, Anne Hidalgo ambitionne en 2023 de : 

  • créer 50 000 m2 d'espaces verts supplémentaires ;
  • construire deux forêts urbaines dans le 14e et dans le 20e arrondissement ;
  • ouvrir quinze centrales solaires sur les toitures d’équipements publics ;
  • réviser le PLU bioclimatique et le nouveau Plan Climat, pour dessiner le Paris des années 2024-2030 ;
  • installer 45 kilomètres de nouvelles pistes cyclables ;
  • rendre le cœur de Paris aux piétons, aux vélos, aux commerçants, aux transports en commun et aux taxis - sur le modèle d’Oslo et de Milan ;
  • rénover 5 000 logements sociaux dans le cadre du programme Éco-rénovons Paris ;
  • réinventer les Champs-Élysées (végétaliser et piétonniser l’avenue).

Le budget dédié est en hausse

Les ambitions sont grandes, mais le budget est-il adapté ?

Lors du point presse du lundi 13 mars 2023, Anne Hidalgo a promis 1,2 milliard d’euros d’investissements supplémentaires d’ici 2026. Cet argent - rendu disponible grâce à la hausse de 52 % de la taxe foncière - devrait servir à : 

Bâtir une ville plus agréable, plus calme, plus solidaire et mieux armée face aux conséquences du réchauffement climatique.

En 2023 : 

  • 59,8 millions d’euros devraient être utilisés pour la rénovation thermique des bâtiments (5 000 logements sociaux et 40 000 logements privés seraient concernés) ;
  • 16 millions d’euros seraient dédiés à l’aménagement de 20 nouvelles rues près des écoles ;
  • 50 millions d’euros pour l’entretien des parcs et jardins et à la renaturation des quartiers.

👉 Il y a cependant une ombre au tableau. D’ici la fin de l’année 2023, la ville de Paris aura contracté une dette de 7,9 milliards d’euros.

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