Empreinte carbone : avion vs voiture, le match
L'avion et la voiture sont des modes de transport polluants. Mais l'une de ces options tire-t-elle malgré tout son épingle du jeu ?
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En principe, les banques utilisent l’épargne de chaque citoyen afin de financer des projets ou des entreprises ayant un impact plus ou moins important sur l’environnement.
Ce faisant, les citoyens - et leurs économies - peuvent se trouver à l’origine de l’émission indirecte de gaz à effet de serre (GES) et d’autres atteintes environnementales.
Une question se pose alors : notre argent est-il utilisé pour financer la transition climatique ou au contraire pour soutenir des projets polluants ? Greenly a mené l’enquête.
Les banques sont considérées comme étant des acteurs de premier plan pour accélérer la transition écologique. Cependant, selon une étude réalisée par Oxfam France en 2020, les choix d'investissements et de financements des grandes banques françaises contribuent pour l’heure à nous acheminer vers des scénarios catastrophiques. Rappelons que l’Accord de Paris implique de limiter le réchauffement à + 1,5 °C (maximum + 2 °C). Or, nous nous orientons peu à peu vers une hausse de la température moyenne mondiale de + 4 °C.
Dans le détail, selon le calculateur d’Oxfam, l’épargne d’un Français moyen (environ 25 000 €) placée à la Société Générale est à l’origine de 16 tonnes eqCO2 par an. Or, pour être en mesure de limiter le réchauffement, l’empreinte carbone annuelle de chaque Français devrait s’élever à 2 tonnes de CO2 d’ici 2050.
Le budget carbone est donc largement dépassé.
Pourtant, depuis la signature de l’Accord de Paris, les banques se sont engagées à s’aligner sur les objectifs définis. Problème : il s’avère que les engagements des banques demeurent très insuffisants. En outre, pour le moment, aucun acteur financier n’a indiqué stopper son financement des énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz naturel), par exemple.
Les experts du GIEC sont formels : nous devons impérativement stopper l’utilisation des énergies fossiles pour pouvoir limiter le réchauffement climatique à + 1,5 °C d’ici la fin du siècle. Pour y parvenir, la production mondiale de ces énergies doit diminuer de 6 % par an d’ici 2030.
C’est pourquoi le monde bancaire français a formulé deux engagements :
Cependant, le rapport de Reclaim France, l’Institut Rousseau et Les Amis de la Terre (« Actifs fossiles, les nouveaux subprimes ? Quand financer la crise climatique peut mener à la crise financière ») en date de 2021 révèle que les onze banques européennes étudiées cumulent un stock de 532 milliards d’euros d’actifs fossiles. Lesdites banques sont BNP Paribas, Crédit Agricole SA, Société Générale, Banque Populaire Caisse d'Épargne (BPCE), Deutsche Bank, Commerzbank, UniCredit, Intesa Sanpaolo, Santander, BBVA et ING.
Autrement dit, les infrastructures bancaires détiennent encore des centaines de milliards d’actifs financiers relatifs à l’exploration, l’exploitation, le transport et l’utilisation des énergies fossiles. Ces stocks d’actifs fossiles contribuent au réchauffement climatique, puisqu’en finançant des entreprises polluantes, les banques sont responsables de l’émission de larges quantités de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère.
👉 Le secteur bancaire a donc sa part de responsabilité dans la crise climatique.
Bien que les banques contribuent au réchauffement climatique, ces dernières ont tous les outils à leur disposition pour accélérer la transition écologique.
Avant de soutenir les engagements environnementaux de leurs clients, les banques doivent montrer l’exemple et initier leur propre transition écologique et énergétique. L’objectif étant de placer la lutte contre le réchauffement climatique au cœur de leurs priorités stratégiques.
Pour devenir des acteurs clés dans la lutte climatique, les banques doivent commencer par quantifier leur impact sur l’environnement en réalisant leur bilan carbone. Dans les grandes lignes, il s’agit de cibler les pratiques et les postes d’activité les plus polluants afin d’élaborer un plan d’action de réduction des émissions en interne (diminuer les déplacements, la consommation d’énergie, employer du matériel durable, etc.).
À terme, il convient :
Après avoir diminué leur propre empreinte carbone, les banques sont fortement invitées à mesurer les émissions financées - c’est-à-dire celles produites par les entreprises qu’elles financent. Pour ce faire, les infrastructures bancaires peuvent se baser sur la norme Partnership for Carbon Accounting Financials (PCAF) qui fournit une méthodologie de calcul des prêts et des investissements.
Actuellement, les banques financent majoritairement les entreprises œuvrant dans les énergies fossiles. Ce faisant, les liquidités et les réserves consacrées à ce secteur ne peuvent être mobilisées en faveur de la transition écologique - à savoir dans le financement de projets durables, des technologies propres ou en accordant des prêts aux entreprises ayant des pratiques écoresponsables.
Depuis quelques années, certaines banques s’engagent d’ailleurs dans une démarche de finance durable. C’est notamment le cas des structures issues de 23 pays ayant rejoint le programme Net Zero Banking Alliance lancé dans le cadre de l’Initiative financière du Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP-FI). Ces dernières se sont engagées à aligner leurs investissements et leurs portefeuilles avec l’atteinte de l’objectif zéro émission nette en 2050.
De même, des alternatives aux banques traditionnelles (des néobanques ou des écobanques) voient le jour. Ces nouvelles banques financent uniquement des projets à impact neutre, positifs pour l’environnement et participent à la décarbonation de l’économie.
👉 Bon à savoir : en 2021, la Banque Postale est devenue la première banque traditionnelle au monde à prévoir une sortie totale du pétrole et du gaz en 2030.
Après avoir initié leur propre transition écologique, les banques peuvent inciter leurs clients à faire de même, en facilitant l’accès aux technologies propres grâce à :
Ce faisant, les banques contribuent à la généralisation de pratiques durables et par extension, à la lutte contre le changement climatique.
Bien que les énergies fossiles soient encore majoritairement utilisées dans le monde, les actifs fossiles - apparaissant comme sûrs au vu des critères d’analyse actuels - sont en voie de devenir « des actifs échoués ». Autrement dit, ces actifs ont de fortes chances de perdre de la valeur et de la liquidité compte tenu de l’urgence climatique - l’utilisation des énergies fossiles étant vouée à diminuer pour respecter l’Accord de Paris.
Selon le rapport précédemment cité de Reclaim France, l’Institut Rousseau et Les Amis de la Terre, ignorer ces actifs échoués - représentant 95 % du total des fonds propres des onze banques européennes étudiées - pourrait donner lieu à une situation similaire à la crise des subprimes.
👉 Pour rappel, cette dernière avait provoqué des faillites bancaires - notamment celle de Lehman Brothers, la quatrième banque d'affaires la plus importante des États-Unis -, une récession mondiale, ainsi qu’une poussée du chômage et des inégalités.
Les banques pourraient faire faillite si les mécanismes d’assurance et leurs fonds propres se révélaient insuffisants pour absorber la perte de valeur des actifs. Dans ce cas, les risques pris par les infrastructures bancaires pourraient se répercuter sur les États, voire les citoyens.
Pour cette raison, plusieurs banques commencent à intégrer les risques liés aux catastrophes environnementales.
Le constat est clair : le système actuel reposant sur les énergies fossiles est obsolète. Pour agir directement sur le niveau d’émission de GES de l’économie réelle, les banques doivent augmenter leurs financements dans des projets bas-carbone.
Or, selon une étude d’Oxfam France et des Amis de la Terre, en 2018, 70 % des financements énergétiques des banques étaient à destination des fossiles, contre 20 % pour les énergies renouvelables.
La réforme du modèle économique actuel s’avère indispensable pour financer l’économie de demain. Mais il s’agit d’un long processus nécessitant :
Les banques doivent stopper leurs investissements à destination des énergies fossiles. Or, à l’heure actuelle, le prix des actifs fossiles est encore trop attractif. La transition écologique n’étant pas clairement engagée, le risque financier des actifs n’est pas pris en compte dans leur tarif.
Si les prix ne sont pas dissuasifs, la réglementation nationale et européenne doit l’être.
La réformation du système économique actuel s’avère nécessaire, mais sa mise en œuvre demeure très timide. Pour preuve : le plan d’action européen (comprenant la taxonomie ou les standards pour les produits financiers verts) ne vise qu’à corriger les mécanismes existants.
Selon l’Institut Rousseau, il faudrait :
Ainsi, pour garantir la stabilité financière tout en prenant en compte les risques pour l’environnement, Reclaim France préconise dans son rapport :
Grande avancée : la question de la transparence des activités est désormais encadrée par le règlement SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation). Ce nouveau cadre oblige tous les acteurs des marchés financiers à faire preuve de transparence quant à l’approche environnementale et sociale de leurs produits, ainsi qu’à leur durabilité.
Bien que les banques soient des acteurs essentiels pour lutter contre le réchauffement climatique, la finance n’est finalement qu’un outil. Tout citoyen, État et entreprise doit contribuer à l’effort collectif en diminuant leurs émissions de GES.
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