
Comprendre les scopes d’émissions 1, 2 et 3
Pour évaluer correctement son empreinte carbone, une entreprise doit étudier ses scopes d'émissions 1, 2 et 3. Mais de quoi s'agit-il ?
ESG / RSE
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Le véritable enjeu de la transition écologique
Ce que cet enjeu implique pour nous tous et nous toutes
Les défis qui nous attendent
Nathalie Cabrol, pour Clique (Canal +)
Astrobiologiste et Directrice scientifique du Centre de recherche Carl Sagan de l'Institut SETI
La transition écologique ne vise donc pas à “sauver la planète” comme on l’entend trop souvent. Ce n’est pas la Terre qui est menacée : ce sont les conditions extraordinaires qui y rendent notre vie possible. Car la vie dans l’Univers n’est pas la règle, mais l'exception — en témoigne le fait que sur les 8 planètes du Système solaire, une seule ait la capacité de nous accueillir en l’état.
*Un épisode de ce type aurait déjà eu lieu au début du Système solaire, entre deux planètes alors en formation : la Terre et Théia — qui aurait été totalement désintégrée par la puissance du choc (petit aperçu dans la vidéo ci-dessous). Pour la petite histoire, les débris éjectés au moment de la collision se seraient ensuite agrégés pour former la Lune que nous observons aujourd'hui.
On peut définir la transition écologique comme l’évolution de notre société vers un modèle qui tient compte des enjeux de durabilité et de “soutenabilité”.
ISE (Institut Supérieur de l’Environnement)
27 mai 2025
En général, le terme de soutenabilité se rapporte au domaine financier — on parle de la soutenabilité d’un emprunt, pour savoir si l’emprunteur sera capable d’en supporter le coût. Depuis quelques années, on l’utilise aussi dans le domaine du développement durable, pour souligner le fait qu’une société n’est pas “durable” si sa survie est potentiellement menacée par un manque de ressources (alimentaires, énergétiques, etc.) ou par des répercussions liées à ce fonctionnement (la pollution, typiquement).

Inutile de se leurrer : nous sommes très loins d’être prêt.e.s à coloniser d’autres planètes telles que Mars — si vous voulez comprendre pourquoi, n’hésitez pas à consulter les dernières sections de notre article à ce sujet. Mais n'allez pas en conclure que nos voisines sont des planètes “mortes” : ce sont seulement des mondes différents, gouvernés par des équilibres différents. Si nous venions à détruire celui qui rend notre vie possible sur Terre, nous disparaîtrons. Mais notre planète, elle, continuera d’exister à l'image de ces autres mondes.
Rappelons que l’effet de serre est un phénomène naturel et justement indispensable à la vie sur notre planète. Sans lui, cette dernière serait beaucoup trop froide. Le problème n’est pas l’effet de serre mais le fait que nous l’ayons détraqué.

Nathalie Cabrol, pour Clique (Canal +)
Astrobiologiste et Directrice scientifique du Centre de recherche Carl Sagan de l'Institut SETI, en Californie
Gardez à l’esprit que la Terre fonctionne comme un système fermé. Et en tant que partie intégrante de ce système, tout ce que nous faisons — nous autres, êtres vivants — est susceptible d’en modifier les équilibres.
Ce fameux “système” est régi par des lois physiques et chimiques que nous avons tou·te·s apprises au collège : rien ne disparaît, tout se transforme.
Pour simplifier encore les choses, vous pouvez imaginer la Terre comme une balance à deux plateaux : d’un côté, il y a notre excès de gaz à effet de serre ; de l’autre, les réponses générées en conséquence par le système climatique. Plus le poids de nos émissions s’alourdit, plus le plateau opposé s’élève et envoie des signaux forts de "rééquilibrage" (les fameux “dérèglements climatiques”). Le réchauffement climatique, c’est donc ce balancier qui tente par tous les moyens de retrouver son centre — de manière de plus en plus brutale.

Tout le monde. La transition écologique n’est pas uniquement l’affaire d’une minorité. Tout le monde a sa propre pierre à apporter à l’édifice.
Comme son nom l’indique, la transition écologique est d’abord et avant tout une phase de transition. Un jour, peut-être, nous vivrons dans une société bas carbone qui permettra à tout un chacun de vivre sa vie en ayant un impact minime sur l’environnement. Mais vouloir atteindre cet objectif du jour au lendemain est irréaliste. L’échec cuisant des ZFE l’a amplement démontré — ce n’est jeter la pierre à personne que de le reconnaître.
L’un des principaux problèmes de la transition écologique telle qu’elle est parfois présentée, c’est qu’elle donne l’impression que nous allons tou.te.s devoir faire la même chose et tout de suite (acheter une voiture électrique, pour ne citer que cet exemple) pour correspondre au profil type du ou de la citoyen.ne éco-responsable qu'il nous faut devenir. Mais c’est faux.

Il est difficile de résumer en quelques lignes ce que sont les axes de la transition écologique, ainsi que tout ce qu’ils impliquent.
La synthèse ci-dessous est très loin d’être exhaustive. Pour tâcher de la rendre lisible, nous avons néanmoins mis en relief les sujets qui constituent le fondement de notre vie quotidienne : l’énergie, la mobilité, l’alimentation, l’habitat, la production et la consommation.
La raison pour laquelle nous y avons ajouté la biodiversité, c’est que nous dépendons totalement de cette dernière (pour notre nourriture, notre eau et même notre oxygène) — et donc que la pérennité de notre société repose sans discussion possible sur la préservation de cette biodiversité. La nécessité de “protéger la biodiversité” va plus loin que de simples actes de philanthropie ponctuels et motivés par nos élans d’affection variables à destination des koalas, ou de tout autre adorable petit museau. Il s’agit également d’assurer notre propre survie.

Ceci dit, s’il fallait retenir une seule chose de cet article, c’est que la clé de notre transition réside dans l’arrêt de l’exploitation des énergies fossiles que sont le pétrole, le gaz et le charbon.
Et pour nous défaire de ces énergies, nous devons réussir deux choses :
Les énergies renouvelables ne pourront jamais rivaliser avec les énergies fossiles en termes de rendement. Dit simplement, ça signifie que les énergies renouvelables ne nous permettront jamais de produire autant d’énergie à la demande. Seul le nucléaire peut rivaliser avec les énergies fossiles, mais son développement est très inégal à l’échelle mondiale — et par ailleurs fortement sujet à débat, y compris chez les défenseurs de l’environnement. Et quand bien même la décision de le développer plus largement serait actée, il faut compter des années et des années avant que les installations nécessaires soient opérationnelles.
Conclusion ? Si nous voulons lutter efficacement et rapidement contre le changement climatique, nous devons nous tourner sans tarder vers la sobriété énergétique.
Il nous faut apprendre à consommer moins d’énergie au quotidien : opérer un usage raisonné de son système de chauffage (a fortiori s’il fonctionne au gaz), ne pas prendre sa voiture pour un oui ou pour un non, manger de saison et si possible local... Mais aussi, par exemple, faire preuve de discernement quant à la manière dont le marketing nous incite à acheter sans cesse des biens et des services dont nous n’avons pas véritablement besoin.
Il existe de multiples façons d'œuvrer à cette sobriété nouvelle. Charge à chacun.e d'entre nous de se retrousser les manches, pour comprendre de quelle manière il.elle peut mettre la main à la pâte. Le succès de la transition écologique ne dépend que de notre aptitude à nous mobiliser massivement en faveur de cet objectif... Affaire à suivre, donc.