Qu'est-ce que le délit d'écocide ?
Les dommages envers l’environnement doivent-ils être élevés au rang de crime ? Zoom sur la notion d’écocide et la bataille judiciaire qui en découle.
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Nous étions nombreux, début mai 2022, à lézarder paisiblement au soleil, tandis que la sixième limite planétaire était à son tour franchie. Le tout dans l’indifférence générale. 😎 Nous nous permettons d’insister : six limites planétaires sur neuf ont maintenant été franchies. Le chiffre a été actualisé début mai par les chercheurs et les scientifiques. Et ce n’est pas un détail, croyez-nous. 💥 Mais savez-vous d’ailleurs de quoi il retourne ?
Dans l’optique de protéger notre lieu de vie (la planète Terre, rappelons-le), la communauté scientifique est parvenue à établir des seuils environnementaux, illustrant les capacités de la maison mère à répondre à l’ensemble de nos besoins. Et leur constat est sans appel : nous sommes dans la panade. 😖
Mais de quoi parlons-nous donc ?
Découvrez sans attendre les neuf limites planétaires que l’on aurait tout intérêt à cesser de titiller. 👇
Une limite planétaire est un indicateur - reconnu et adopté aux niveaux européen et international - visant à nous indiquer les seuils à ne pas dépasser, sous peine d’engendrer des changements environnementaux brutaux.
Dans les faits, une limite planétaire a également vocation à nous servir de repère. L’idée ? Aider l’humanité à se développer et à prospérer sans menacer son écosystème.
Dans cette optique, deux types de seuils ont été établis : un seuil de sécurité et un seuil à risque. Si le second est dépassé, des dérèglements climatiques majeurs sont à prévoir - hélas parfois irréversibles.
Pour faire simple, définir une limite planétaire revient à définir un périmètre de développement sûr et pérenne. Défier ce seuil équivaut à menacer notre survie et celle des autres espèces. Le constat est brut de décoffrage, mais c’est un fait. Et c’est carrément flippant, quand on sait que l’on a déjà défié six limites sur neuf, n’est-ce pas ? 😶
On dénombre neuf processus biophysiques - dont sept sont encadrés par des seuils quantitatifs - d’ailleurs en interaction constante :
✍️ À noter : la raréfaction des ressources (fossiles, minérales) ne fait pas partie des limites planétaires pour la simple et bonne raison qu’elle n’est pas considérée comme une menace pour la vie humaine.
En outre, les frontières planétaires sont établies comme des objectifs stratégiques visant à garantir un équilibre global. En plus d’informer le grand public, les limites environnementales permettent d’évaluer les interactions entre les différents domaines et d’offrir une vision complète et transversale des risques planétaires.
Soyons clairs, les conséquences du dépassement de ces seuils ne donnent pas lieu à une catastrophe de grande ampleur et immédiate, mais à des impacts apparaissant petit à petit et bouleversant le système en profondeur.
Maintenant que vous savez de quoi il retourne, intéressons-nous aux origines des limites planétaires. Pourquoi ont-elles été établies ?
Les limites planétaires sont le fruit d’un constat : les activités humaines perturbent dangereusement l’équilibre de la planète Terre. À ce titre, l’empreinte humaine rivalise désormais avec la nature, en devenant une force géologique à part entière.
Nous avons quitté l’ère Holocène pour entrer dans l’ère Anthropocène - un terme évoqué pour la première fois en 2000 par le biologiste Eugene F. Stoermer et le chimiste et prix Nobel, Paul Crutzen.
Certes, il y a toujours eu des variations climatiques, mais le changement climatique auquel nous faisons face est plus rapide et intense que les précédents. En cause :
Théorisé en 2005 par Will Steffen et Paul Crutzen, ce phénomène porte d’ailleurs un nom : la Grande Accélération, qui mène à une accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ainsi qu’à d’autres répercussions désastreuses pour notre écosystème.
En bref : on ne peut plus fermer les yeux quant à notre responsabilité vis-à-vis du changement climatique. 😵
Ces variations climatiques majeures ne peuvent - et ne doivent - pas rester sans réponse. En 2009, une équipe de 26 chercheurs du Stockholm Resilience Centre - menée par Johan Rockström et Will Steffen - mettent au point et définissent les limites planétaires dans leur article intitulé « Planetary Boundaries: Exploring the Safe Operating Space for Humanity ».
À l’époque, l’étude dévoile que trois limites ont d’ores et déjà été franchies : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, ainsi que la perturbation du cycle de l’azote et du phosphore.
👋 À savoir : ce concept scientifique entre dans la continuité des travaux du Club de Rome, avec le rapport « Les limites à la croissance » - dit le Rapport Meadows - de 1972. Ce dernier pointait notamment du doigt le modèle de développement fondé sur une croissance infinie, avec des ressources pourtant limitées.
En 2015, l’étude de 2009 est actualisée et intitulée « Planetary boundaries: Guiding human development on a changing planet ».
La révision du modèle conceptuel intègre désormais une neuvième limite : l’introduction de nouvelles entités dans l’environnement. En outre, l’étude démontre alors que le seuil du changement d’utilisation des sols est désormais dépassé.
Les dégâts se poursuivent. 😔 En janvier 2022, l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère - autrement dit, la pollution chimique - devient la cinquième limite à être dépassée. S’ensuit, en avril 2022, le franchissement d’une sixième : celle du cycle de l’eau douce. D’après l’étude menée par Johan Rockström parue dans la revue Nature, cette ressource est en fait « largement perturbée par les pressions humaines aux échelles continentale et planétaire ».
Si vous êtes un lecteur assidu de notre blog, vous connaissez le concept de changement climatique sur le bout des doigts ! Mais un petit rappel ne fait jamais de mal. 👋
Le changement climatique est caractérisé par une hausse de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, causée par les activités humaines. Autrement dit, l’utilisation d’énergies fossiles, l’utilisation d’engrais de synthèse ou la production de GES artificiels viennent perturber les fragiles équilibres climatiques.
De fait, on note :
Selon l’Accord de Paris, il est nécessaire de maintenir la hausse de la température mondiale sous la barre des 2 °C - idéalement 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
À ce titre, cette limite planétaire est calculée en fonction de la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Le seuil doit être inférieur à 350 ppm (partie par million). Or nous sommes actuellement à 412 ppm. 😅
Principaux puits de carbone - les océans absorbent un quart des émissions depuis la révolution industrielle - les océans transforment le CO2 en acide carbonique.
Néanmoins, l’absorption d’une trop grande quantité d’émissions de carbone augmente le taux d’acidité de l’océan, mettant ainsi en péril la diversité marine, tout en compromettant la capacité des océans à absorber davantage de CO2.
En outre, cet excès de carbone dans l'atmosphère est - de fait - absorbé par les êtres vivants, affectant ainsi la reproduction des espèces, les écosystèmes marins et la chaîne alimentaire.
Cette limite planétaire est fixée en fonction du taux de saturation d'aragonite, qui ne doit pas tomber sous la barre des 80 % - en comparaison de son niveau au moment de l'ère préindustrielle. En 2009, cette limite est à 84 % et n’est donc pas encore dépassée. 💪 Malheureusement, en suivant le même rythme jusqu’en 2050, la saturation devrait atteindre les 80 % tant redoutés.
L’ozone stratosphérique est la couche de l’atmosphère située entre 20 et 50 km d’altitude, qui protège les êtres vivants en filtrant une grande partie des rayons UV.
Son amincissement - voire sa disparition - est une catastrophe pour la vie terrestre (cancers de la peau et modification du système de photosynthèse des plantes en perspective).
À ce titre, la concentration d’ozone dans l’atmosphère est fixée à 275 UD (unité Dobson), sachant que la valeur moyenne de la colonne d’ozone est de 300 DU.
Or, en 2009, la concentration a atteint 283 UD. ❌
👀 Bon à savoir : en 1987, 197 pays se sont engagés à préserver et reconstruire la couche d’ozone via le Protocole de Montréal. L’objectif était de stopper la production et la consommation de substances nocives à la couche. Depuis son entrée en vigueur, 80 % des produits chimiques en cause ont été éliminés.
Autre bonne nouvelle - elles sont trop rares pour ne pas les mettre en avant - l’Organisation météorologique mondiale affirme que la couche d’ozone s’est rétablie de 1 à 3 % par décennie depuis 2000.
La couche située au-dessus de l’hémisphère nord devrait entièrement se rétablir d’ici 2030, tandis que celle située au dessus de l’hémisphère sud le sera d'ici 2050 et d’ici 2100 pour les régions polaires.
L’azote et le phosphore sont des nutriments essentiels à la croissance des végétaux. 🌿 Émis en trop grande quantité, ils deviennent cependant néfastes à l’environnement, contribuant à la pollution de l’eau par les nitrates - azote - entraînant l’eutrophisation des eaux douces - phosphore - et provoquant l’anoxie des océans et la prolifération d’algues vertes.
Ainsi, la limite de l’azote est située entre 62 et 82 millions de tonnes (Mt) par an, rejetées à l’échelle mondiale.
Une limite dépassée en 2015 avec des pertes d’azote estimées à 150 Mt. Quant au phosphore, il existe deux seuils :
👉 Au rythme actuel, les réserves naturelles de phosphore seront épuisées dans 50 à 100 ans.
Inégalement répartie sur la planète - elle ne représente que 3 % des eaux mondiales - l’eau douce est essentielle pour notre survie et celle des êtres vivants (végétaux, animaux, etc.). Pour autant, les prélèvements en eau se sont accélérés au cours du 20e siècle, notamment pour l’agriculture et les usages industriels. À titre d’illustration, la part de ressource annuelle renouvelable d’eau douce prélevée pour servir les activités humaines (or agriculture pluviale) est passée de moins de 2 % à 10 % au cours du 20e siècle.
🔎 Cette limite planétaire prend également en compte l’eau verte, qui est absorbée par les végétaux - et donc par les puits de carbone terrestres.
Il n’est pas étonnant que cette limite soit dépassée, au regard de notre utilisation catastrophique de l’eau…
Un chiffre ? La part d’eau renouvelable qui peut être utilisée sans compromettre les écosystèmes est fixée à 400 km3 d’eau douce par an à l’échelle planétaire.
Préparez-vous au choc : nous prélevons actuellement 2600 km3 d’eau par an. 😱
Cette modification du cycle de l’eau par l’homme risque de perturber la planète entière. Pire, dans son dernier rapport, le GIEC affirme que le cycle de l’eau est d’ores et déjà à « un rythme supérieur à tout ce que nous avons connu au cours de l’ère géologique de l’Holocène ». À titre d’illustration, plusieurs régions Amazoniennes risquent de devenir des savanes.
Le changement d’utilisation des sols englobe la transformation de milieux naturels et semi-naturels en terres agricoles.
Autrement dit, le déploiement des activités humaines sur des surfaces naturelles a de lourdes conséquences sur l’environnement :
Le seuil se réfère ici au pourcentage de surface forestière conservée, en comparaison de la couverture forestière d’avant 1700. À ce titre, au lieu d’avoir 75 % de terres jadis forestières encore boisées, on n’en compte désormais plus que 62 %. 😒
L’érosion de la biodiversité - c’est-à-dire les êtres vivants, les écosystèmes et les espèces vivantes - implique l’augmentation du taux d’extinction des espèces. Cela passe par :
Cette limite comprend deux types de diversité :
👀 À savoir : nous assistons aujourd’hui à la sixième extinction de masse sur terre avec une rapidité et une intensité jamais vue auparavant.
Face à ces répercussions désastreuses, le seuil à ne pas dépasser est de 10 extinctions d’espèces sur un million par an.
Vous pensez que ce chiffre est inatteignable ? Détrompez-vous, puisque la limite a été franchie en 2009 avec 100 extinctions sur un million d’espèces. 👌
Contrairement à ce que l’on pense, les aérosols sont majoritairement des particules fines de nature organique en suspension dans l’air - solides, liquides ou minérales (poussières, embruns, suie ou roche érodée).
Toutefois, l’activité humaine a créé des aérosols toxiques et transformés (primaires ou secondaires) nocifs pour notre santé, comme pour l’environnement. 🤗
L'accumulation des particules provenant d’aérosols augmente le taux d’opacité de l'atmosphère, entraînant ainsi 10 à 15 % du rayonnement solaire à la surface de la terre. Par ailleurs, le carbone noir et le carbone organique présent dans la composition des aérosols transformés conduisent au réchauffement de la planète.
Malgré son importance prépondérante dans le réchauffement climatique, il est impossible de quantifier un seuil à ne pas dépasser. En cause ? La complexité des aérosols, la variabilité spatio-temporelle des particules, des sources et des impacts.
Il s’agit de quantifier les pollutions créées ou introduites par les Humains dans la biosphère (nouvelles substances chimiques, les nanomatériaux et les polymères plastiques entre autres). Cette introduction est considérée comme une limite planétaire puisqu’elle a trois effets néfastes :
Pour fixer un seuil, il convient de connaître l’impact de l’exposition aux différentes substances sur les organismes et dans l’environnement. Mais compte tenu de la quantité importante de produits chimiques en circulation, définir une limite relève de l’impossible. Néanmoins, cette frontière planétaire n’est pas laissée sans solution ! En effet, deux approches ont été élaborées :
👋 À titre d’information, le plastique pèse deux fois plus que tous les animaux sur terre et nous ingérons 2000 particules de microplastique chaque semaine. Miam. 🍽
La France prend peu à peu conscience de son impact environnemental, notamment à travers plusieurs engagements et publications - on peut citer le rapport sur l’état de l’environnement et le bilan environnemental. Vous pouvez agir à votre niveau et contribuer au respect des seuils fixés pour les limites planétaires restantes ! Faites dès maintenant appel à nos experts pour réduire les émissions de CO2 de votre entreprise (et faire des économies) ! 📞