
Neutralité carbone : pourquoi et comment l'atteindre ?
Pour respecter les objectifs fixés par l'Accord de Paris, nous devrions atteindre la neutralité carbone à l’échelle planétaire à horizon 2050. Mais pourquoi ?
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L’Accord de Paris est un traité dit “juridiquement contraignant”. Ça signifie qu’il s’agit d'un contrat entre les parties qui l’ont ratifié. Les accords juridiquement contraignants peuvent donc être utilisés dans le cadre de procédures judiciaires.
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L’Accord de Paris a deux objectifs et non trois :
Dit simplement, l’Accord de Paris vise à limiter le réchauffement climatique au maximum, car parvenir à cantonner la hausse de la température moyenne à + 2 °C relèverait déjà de l’exploit, compte tenu du temps imparti et de la situation de départ (sans parler de la vitesse à laquelle les choses ont évolué en l’espace de dix ans). Il impliquerait notamment que nous parvenions à la neutralité carbone à l’échelle mondiale d’ici 2050. Ces seuils, bien sûr, n’ont pas été choisis au hasard.
CCNUCC
Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
Si on se focalise uniquement sur la question des objectifs, alors non, l’Accord de Paris n’est pas respecté. Comme nous l’évoquions plus haut, l’un de ces deux objectifs a déjà été enterré. Et la trajectoire sur laquelle nous nous trouvons actuellement n’augure rien de bon pour le second.
Vaclav Smil, dans “2050. Pourquoi un monde sans carbone est presque impossible” (Éditions Arpa)
Chercheur spécialisé sur les sujets d’énergie et de climat
Faut-il en conclure que l’Accord de Paris est inutile ? Non, définitivement pas. Tout d’abord, parce qu’il est important que les chiffres qui y figurent soient dans tous les esprits.
La limite des 2 °C est un seuil au-delà duquel la Terre telle que nous la connaissons changera radicalement (nous en expérimentons d'ailleurs déjà un avant-goût). Les risques climatiques notamment, y augmenteront de manière conséquente, et il est important de se préparer à cette réalité. D’où l’importance de ne pas seulement travailler à atténuer le réchauffement climatique, mais aussi de commencer à s’adapter dans la limite de ce qui sera possible.
Courrier international
17 octobre 2025
Alors oui, le chiffre mérite d’être nuancé, car il implique que les engagements pris en termes de réduction des émissions soient maintenus. Mais il n’en demeure pas moins que c’est un premier pas encourageant.
Vaclav Smil, dans “2050. Pourquoi un monde sans carbone est presque impossible” Éditions Arpa
Chercheur spécialisé sur les sujets d’énergie et de climat
Arthur Aubœuf, pour Leaf Media
Cofondateur de Team for the Planet

La mise en œuvre de l’Accord de Paris repose essentiellement sur deux mécanismes : les contributions déterminées (CDN) au niveau national et les stratégies à long terme (LT-LEDS).
L’Accord de Paris fonctionne par cycle, et chaque cycle a une durée de 5 ans. Au début d'un cycle, chaque pays (ou groupe de pays comme dans le cas de l’Union européenne) est supposé soumettre une forme de “plan” indiquant les actions qui seront menées en vue de contribuer à l’atteinte des objectifs fixés par l’Accord de Paris.
Les pays ayant ratifié l’Accord de Paris ont dû soumettre leurs premières CDN en 2020 et devront normalement répéter cette déclaration tous les 5 ans - indépendamment du fait que les actions indiquées dans ces plans puissent avoir des délais de mise en œuvre supérieurs à 5 ans.
CCNUCC
Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
Parfois maladroitement traduit “stratégies à long terme de développement à faible émissions”, ces fameuses stratégies sont simplement des feuilles de route visant à organiser l’action de chaque pays sur un horizon plus ou moins lointain.
Ces stratégies sont, en quelque sorte, une version extensive des CDN. Mais contrairement aux CDN, les LT-LEDS ne sont pas obligatoires, ce qui crée nécessairement des disparités entre les États.
Certains pays à l’image de l’Australie en ont déjà soumis plusieurs (une en 2021, puis en 2024), tandis que d’autres n’ont partagé leur première stratégie à long terme qu’en 2025 (le Liban, par exemple).
Il existe une différence entre signer et ratifier. L’Iran, la Libye et le Yémen ont bien signé l’Accord de Paris, mais ils ne l’ont pas ratifié. Or, une simple signature ne les contraint pas juridiquement. Comme le souligne le Conseil de l’Europe, “la signature d’un traité est l’acte par lequel l’État manifeste son intérêt à l’égard du traité et son intention de la ratifier. L’État n’est pas lié par le traité au moment de la signature”. “La ratification est l’acte par lequel l’État exprime son consentement définitif à être lié par le traité. L’État Partie doit alors respecter les dispositions du traité et les mettre en œuvre”.