Comprendre l'accord UE-Mercosur en 3 questions clés
Objet d'un débat intense, nous vous proposons de comprendre l'accord UE-Mercosur en 3 questions clés.
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Les solutions de Greenly
Après 13 jours de négociations, la 28e Conférence des Parties (COP28) vient de s’achever à Dubaï aux Émirats Arabes Unis. Du 30 novembre au 12 décembre, les représentants des 197 États ont tenté de trouver des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique et limiter ses répercussions.
Quel bilan dresser de cette COP28 ? Que prévoit l’accord final ? Pourquoi la COP28 a-t-elle tant agité les débats ? Greenly fait le point.
Le premier Bilan Mondial a été rédigé. Premier point de contrôle après l’Accord de Paris, il rappelle que la trajectoire actuelle conduit vers un réchauffement supérieur à + 2°C. Les engagements pris à l’issue de la COP28 sont les suivants.
L’ouverture de la COP28 a été marquée par la concrétisation du fonds des pertes et dommages - approuvé lors de la COP27.
La lutte contre le dérèglement climatique doit s'effectuer de manière équitable. Faute de quoi, elle pourrait donner lieu à l'accroissement des inégalités. Au-delà d'éviter de creuser la dette climatique des pays vulnérables, ce fonds doit permettre d'améliorer le financement de l'adaptation et renforcer la solidarité entre les pays du Nord et du Sud.
Pour rappel, l'adaptation au réchauffement climatique désigne les mesures, les infrastructures et les stratégies destinées à limiter les dommages du dérèglement climatique sur nos activités comme sur la nature.
Soucieux de donner une « impulsion positive », le Sultan al-Jaber s’est félicité de l’adoption de ce mécanisme :
Un accroc toutefois : le refus des pays en développement de voir leur cagnotte hébergée au sein d'une institution occidentale n'a pas été respecté. Le fonds sera hébergé par la Banque mondiale dès 2024 et pour quatre ans. Un secrétariat indépendant sera cependant mis en place.
Concernant les financements à proprement parler, le texte précise que les États ne sont soumis à aucune obligation et n’ont aucun objectif précis à respecter. Ils sont néanmoins fortement incités à débloquer des fonds à destination des pays en développement.
Dans ce contexte, des promesses ont d’ores et déjà été faites :
Une grande avancée certes, mais qui demeure insuffisante pour couvrir les coûts annuels estimés entre 290 et 580 milliards de dollars (265 et 532 milliards d’euros) d’ici 2030.
Maintes fois évoquées au cours des dernières COP, les énergies fossiles demeurent un sujet tabou, alors même que leur sortie s'avère indispensable en vue de réduire massivement nos émissions de gaz à effet de serre.
Finalement, la COP28 s’est clôturée ce mercredi 13 décembre, après de longues négociations à propos des énergies fossiles. Le texte final appelle les pays du monde entier à :
En l’état, le texte ne parle pas de sortie directe des énergies fossiles, mais bien de l’usage d'énergies de transition, dont le gaz et l'énergie nucléaire font partie. Ces alternatives doivent permettre d’assurer la « sécurité énergétique » des pays en développement au sein desquels 800 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité.
Ce texte est historique pour plusieurs raisons :
L’auteur principal du 6e rapport du GIEC, François Gemenne revient sur cet accord particulièrement ambitieux :
D’ici 2030, une centaine de pays se sont engagés à tripler leurs capacités de production d’énergies renouvelables. L’objectif ? Générer 11 000 gigawatts (GW) contre 3 400 GW actuellement. À cela s’ajoute le doublement du rythme annuel de progression de l’efficacité énergétique, passant de 2 à 4 % d’ici 2030.
Deux critiques toutefois :
Le texte final requiert l’accélération du développement des technologies « zéro carbone » et « bas carbone », dont le nucléaire, l'hydrogène bas carbone et le captage et stockage du carbone.
Dans ce contexte, une vingtaine de pays se sont engagés à tripler les capacités mondiales de production d’énergie nucléaire d’ici 2050 par rapport à 2020. L’objectif étant de réduire leur dépendance au charbon et au gaz.
Encore une fois, cet engagement n’est pas contraignant et n’inclut pas les principaux constructeurs de centrales nucléaires que sont la Chine et la Russie.
Les 50 entreprises pétro gazières à l’origine de 40 % de la production mondiale ont signé une charte de « décarbonation du pétrole et du gaz ». Ces dernières s’engagent à ne plus émettre de CO2 lors de l’extraction et la production desdits combustibles.
À cela s’ajoute la volonté d’atteindre d’ici 2030 un objectif de réduction de méthane « proche de zéro », et de supprimer le torchage de gaz de routine. Des engagements significatifs, mais encore insuffisants pour l’OCDE chargé de l’énergie, puisqu’ils ne représentent que 30 % des besoins nécessaires pour contenir le réchauffement à + 1,5°C.
Selon les experts de l’AIE (Agence Internationale de l’Énergie), le développement des énergies renouvelables et la réduction des émissions de méthane permettraient une diminution de 4 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2030 - soit 10 % des émissions annuelles actuelles.
Le 12 janvier dernier, le Sultan Ahmed Al Jaber a été nommé président de la COP28. Ministre de l'Industrie des Émirats Arabes Unis, il était cependant aussi considéré comme un "prince du pétrole" de par son poste de PDG de l'Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC).
Dans les cinq ans à venir, il prévoirait d'investir 150 millions de dollars dans le pétrole et le gaz. Selon The Guardian, le plan d'expansion des hydrocarbures des Émirats arabes unis est le troisième portant le plus atteinte à la neutralité carbone » après l'Arabie Saoudite et le Qatar.
Comble de l'ironie : sa nomination a été rendue possible grâce à son poste de PDG de Masdar, une société gouvernementale d'investissement dans les énergies renouvelables. Au demeurant, sa connaissance approfondie des systèmes énergétiques constituait un atout certain en vue de trouver :
Bien que le recours aux énergies fossiles soit incompatible avec la réduction des émissions, la nomination de Sultan Ahmed Al Jaber présentait un avantage selon François Gemenne, spécialiste des questions environnementales et climatiques :
La COP28 a été marquée par la présence record de lobbyistes des énergies fossiles. Près de 2 500 accréditations ont été distribuées (contre 636 pour la COP27), soit une délégation plus importante que celles des nations du monde (excepté le Brésil et les Émirats Arabes Unis).
Dubaï n'est pas le meilleur élève qui soit en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Pour preuve : l'empreinte carbone par habitant est l'une des plus élevées au monde (21,8 tonnes de CO2 par habitant en 2021).
Entre autres choses, la croissance de la ville repose sur les investissements dans les énergies fossiles, et le béton est venu progressivement recouvrir les récifs coralliens dans le but de créer les îles palmiers.
À première vue, le choix de Dubaï pour accueillir la COP28 semblait bien sûr incohérent.
Pour être juste, rappelons toutefois que les Émirats Arabes Unis ont été le premier pays du Moyen-Orient à annoncer une initiative stratégique Net Zero. Leur deuxième contribution déterminée au niveau national (NDC) devrait permettre de réduire les émissions de 93,2 millions de tonnes métriques de CO2e. Enfin, le pays investit dans les énergies renouvelables et compte installer plus de 9 GW de capacité solaire d'ici 2030.
Alors que la sortie des énergies fossiles était au cœur de tous les débats durant la COP28, l’OPEP (l’Organisation des pays exportateurs de pétrole) est venue jeter de l’huile sur le feu.
Dans une lettre, le secrétaire général de l’OPEP, Haitham al-Gais, avait appelé ses 23 membres et associés à :
Officiellement, le directeur de la recherche de l’OPEP, Ayed al-Qahtani, expliquait que :
La sortie des énergies fossiles viendrait mettre à mal leur économie - qui repose essentiellement sur l’extraction et l’exportation de ces combustibles.
Aux yeux de certains, ce coup de pression était révélateur de la nervosité de l'OPEP quant à l'avenir du secteur. Pour autant, il n'a pas manqué de semer la discorde. Proposée lundi 11 décembre, la première version du texte a été jugée insuffisante, puisqu’elle appelait uniquement à la :
Or, la sortie des énergies fossiles et la transition vers les énergies renouvelables s’avèrent indispensables pour limiter le réchauffement climatique conformément à l’objectif de l’Accord de Paris. Jean-Pierre Favennec, professeur, spécialiste de l’énergie et du pétrole, a résumé ainsi le litige :
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