
Comprendre le principe et l'analyse de double matérialité
La double matérialité, pilier de la CSRD, rend désormais indissociables les performances environnementales et financières d'une entreprise. Explications.
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Carbon insetting vs offsetting – an explainer
The World Economic Forum, 2022
Insetting et offsetting sont deux anglicismes qui renvoient au mécanisme de compensation des émissions de gaz à effet de serre (GES) des entreprises.
Ainsi, même s’il s’agit d’investir dans des projets dits vertueux, ces deux formes n’ont pas le même fonctionnement, ni le même impact, qu’il soit économique, environnemental ou social.
Pour contextualiser, l'idée de compenser les émissions a vu le jour en 1997 lors de la mise en place de l'objectif visant à réduire les émissions de GES de 5% entre 2008 et 2012 dans le cadre du Protocole de Kyoto. Pour se conformer à cette exigence, les entreprises ont la possibilité de compenser leurs émissions en investissant dans des crédits carbone destinés à des projets environnementaux.
Ainsi, deux dispositifs émergent dans le marché de conformité de Kyoto :
Ainsi, le marché de carbone européen s'impose comme une obligation pour les entreprises issues des secteurs les plus polluants, tels que la production d'électricité, la sidérurgie, les raffineries et le chauffage urbain.
Le marché de compensation volontaire, qui inclut l'offsetting et l'insetting, se développe simultanément. Il vise à attirer les particuliers et les entreprises non contraints, mais qui désirent tout de même financer la diminution de leurs émissions. À l'inverse du marché réglementé, celui-ci ne subit aucune restriction légale.
La compensation carbone, insetting ou offsetting, est une obligation pour certaines entreprises. Tour d’horizon des trois principales réglementations actuelles incitant les structures à réduire, puis compenser leurs émissions.
En effet, en vue d'abaisser leur émissions de GES, les entreprises doivent se soumettre à l'exercice de la comptabilité carbone.
Les organisations doivent ainsi s’appuyer sur des référentiels robustes de quantification des émissions — tels que le GHG Protocol, le Bilan Carbone®, ou encore les normes ISO 14064 et 14069 — afin de mesurer précisément leur empreinte carbone et de classifier leurs émissions. Cette connaissance fine de leur impact constitue un prérequis indispensable pour engager en priorité des actions de réduction, puis, le cas échéant, compléter leurs efforts par une contribution carbone fondée sur des projets externes crédibles et de haute intégrité.
Trois textes réglementaires incitent donc les entreprises à se soumettre à cet exercice de comptabilité, à l'instar de :
Accord de Paris : priorité à la réduction des émissions ! Depuis l'Accord de Paris en 2015, la compensation carbone a gagné en importance. En effet, cet accord engage les États à contenir le réchauffement climatique en dessous de + 2 °C, ce qui implique une réduction massive et rapide des émissions mondiales. Pour atteindre cet objectif, les entreprises doivent adopter des stratégies climatiques plus complètes, incluant la contribution volontaire à des projets bas-carbone. La compensation devient alors un outil d’accompagnement, à condition qu’elle ne remplace jamais la réduction des émissions à la source. Car si les entreprises s’appuient uniquement sur l’offsetting sans diminuer leurs propres émissions, le respect de cet Accord reste hors de portée.
L'atténuation du carbone, aussi appelé carbon offsetting, correspond à l'action qu'entreprend une entreprise en finançant des initiatives ayant pour but de diminuer ou de capturer les émissions de gaz à effet de serre, dans le but de contrebalancer ses propres émissions qu'elle ne peut pas réduire de manière directe. Par exemple, au lieu de réduire immédiatement ses propres émissions, l'entreprise a la possibilité d'acheter un crédit carbone qui correspond à une réduction effectuée par un tiers. Donc, si une entreprise ne respecte pas l’objectif de réduction qu’elle s’est elle-même imposé, elle peut acheter le nombre de crédits carbone correspondant à la quantité de ses émissions dites « incompressibles ».
Ainsi, cette méthode ne réduit pas les émissions réelles de l'entreprise, seulement celles comptabilisées ailleurs.
L'offsetting, vraie ou fausse solution ? L'offsetting ne diminue pas les émissions effectives de l'entreprise, mais uniquement celles qui sont inscrites ailleurs. Si ces initiatives ne sont pas minutieusement contrôlées, le risque de « greenwashing » devient considérable. En définitive, le simple recours à l'offsetting ne résoud pas le problème, elle ne fait que le déplacer. Par ailleurs, un risque important de greenwashing subsiste lorsque ces projets ne font pas l’objet d’une vérification rigoureuse. En effet, plusieurs études révèlent que la plupart des projets de compensation carbone, surestiment largement leur impact climatique réel, en raison notamment d’un déficit de traçabilité (source : Annual Review of Environment and Resources Volume 50, 2025).
L’insetting, ou la compensation intégrée, est une autre manière de compenser volontairement les émissions de son entreprise. Ici, il s’agit d’investir dans des projets d’impact socio-environnementaux en amont ou en aval de la chaîne de valeur de l'entreprise — ses usines, ses transports, ses fournisseurs directs. Ainsi, sur la base des potentiels de réduction, du degré de faisabilité et de l’objectif de l’entreprise, l’organisation fait appel à ses parties prenantes pour décider des projets qui méritent d’être financés. Ces derniers peuvent concerner la consommation énergétique, le développement de pratiques plus durables, l’agriculture régénérative dans les supply chain agricoles ou l’agroforesterie par exemple.
Au-delà de réduire et de compenser les émissions de l’entreprise, l’insetting permet de :
C'est la vraie réduction qui compte pour diminuer réellement la concentration de CO2e dans l'atmosphère. L'insetting doit être la priorité : on réduit d'abord à la source, puis on compense si nécessaire.
Sur un plan purement scientifique, l'insetting est essentiel puisqu'il s'attaque aux sources d'émissions réelles au lieu de les transférer ailleurs. Les gaz à effet de serre ne se dissipent pas par enchantement : la seule manière d'atténuer véritablement la concentration de CO2e dans l'atmosphère est de diminuer les émissions dès leur origine.
L'offsetting, même bien intentionné, ne réduit pas les émissions totales de l'entreprise — il les compense extérieurement, ce qui ne change rien à son impact climatique réel. Enfin, sans insetting, les entreprises continueraient à polluer au même rythme en se contentant de payer ailleurs, ce qui n'accélère pas la transition nécessaire. C'est pour cela que les scientifiques alertent : il faut d'abord réduire, ensuite contribuer, si nécessaire.
Pour en savoir plus à ce sujet, consultez notre article lié aux enjeux et controverses de la compensation carbone !
Créé en 2018, le label bas-carbone assure l'intégrité des projets proposés sur le marché de la compensation carbone. Le but ? Assister les entreprises dans l'identification d'un projet vraiment écologique au milieu de la multitude d'initiatives présentées sur le marché du carbone.
Le financement des projets externes via l'offsetting aérien vise à contrebalancer les émissions de CO2e générées par les vols, toutefois cela ne contribue pas concrètement à leur diminution. L'insetting aérien diminue directement les émissions de la compagnie aérienne : utilisation de carburants plus performants, optimisation des itinéraires, électrification des aéroports. L'insetting est plus fiable sur le plan scientifique parce qu'il contribue véritablement à réduire l'empreinte carbone de l'industrie aérienne, alors que l'offsetting ne sert qu'à la déplacer.