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Le bio réduit-il mon empreinte carbone ?
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Le bio réduit-il mon empreinte carbone ?

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Main tenant de la terre
Derrière cette apparente évidence se cache une réalité plus complexe.
Écologie
2025-03-07T00:00:00.000Z
fr-fr

Derrière cette apparente évidence se cache une réalité plus complexe. Certes, l’agriculture biologique limite l’usage des pesticides et préserve la qualité des sols, ce qui tend à réduire son impact carbone par hectare. Toutefois, ses rendements plus faibles nécessitent davantage de surfaces pour produire la même quantité de nourriture qu’en agriculture conventionnelle, ce qui peut nuancer son bilan carbone, notamment pour la viande bio.

Mais plutôt que d’opposer bio et conventionnel à système égal, l’enjeu est d’interroger la nécessité de produire toujours plus, notamment en ce qui concerne la viande, dont l’élevage mobilise l’essentiel des terres agricoles et génère une part importante des émissions de gaz à effet de serre.

Un produit bio l’est-il réellement ?

Pour qu’un produit soit considéré comme biologique, il doit être fabriqué sans engrais, ni pesticides de synthèse (source : Larousse).

Les produits bio sont-ils exempts d’organismes génétiquement modifiés (OGM) ?

Un produit biologique est-il forcément exempt d’OGM ? Pas tout à fait. Le Règlement (CE) n° 834/2007 de l’Union européenne précise que « l’objectif est d’avoir une présence d’OGM dans les produits biologiques aussi réduite que possible ». Autrement dit, la contamination accidentelle reste possible. Toutefois, l’Agence Bio rappelle que le seuil de 0,9 % d’OGM dans les aliments biologiques ne constitue pas une autorisation, mais un plafond au-delà duquel un produit perd son label bio. Cette présence doit être fortuite et techniquement inévitable. 

De plus, en 2025, le bio pourrait être menacé par de nouvelles techniques de modification génétique ? 

En juillet 2023, la Commission européenne a proposé de supprimer la traçabilité des OGM issus des « nouvelles techniques génomiques » ainsi que l’étiquetage des aliments en contenant. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Ces techniques consistent à modifier l’ADN d’un organisme pour lui conférer une caractéristique spécifique. « Il s’agit d’introduire dans le génome d’une plante un gène d’une autre espèce. C’est un ajout génétique », explique Agnès Ricroch, enseignante-chercheuse en génétique des plantes à Agro ParisTech et à l’université Paris-Saclay, interrogée par France Inter (2024). 

Concrètement, ces manipulations permettent, par exemple, de créer du blé avec moins de gluten, des pommes de terre résistantes aux herbicides ou encore des vignes immunisées contre certaines maladies. Si ces innovations sont présentées comme des avancées agronomiques, elles ne sont pas sans risque. Une étude menée par Kawall et al. (2020) met en lumière des effets secondaires inattendus : modifications hors cible, altérations involontaires du génome et autres anomalies regroupées sous le terme « d’irrégularités génomiques ».

En supprimant la traçabilité et l’étiquetage de ces nouveaux OGM, la Commission européenne pourrait priver les consommateurs d’une information essentielle et remettre en cause l’accès à une alimentation biologique garantie sans OGM. 

Le bio est-il produit sans pesticides ?

Contrairement aux idées reçues, un produit bio ne signifie pas qu’il est totalement exempt de pesticides. En Europe, le règlement (CE) n° 834/2007 impose que 95 % des ingrédients agricoles d’un produit bio soient issus de l’agriculture biologique

Mais alors, que contiennent les 5 % restants ?

L’agriculture biologique autorise l’usage de pesticides, mais uniquement ceux d’origine naturelle ou dérivés de substances naturelles. En pratique, 363 produits phytosanitaires sont autorisés en bio, contre 2 668 en agriculture conventionnelle (source : Yuka, 2022).

L’agriculture biologique peut uniquement avoir recours à des intrants provenant de « substances naturelles ou de substances dérivées de substances naturelles ». Ainsi, il existe 363 produits commerciaux autorisés en bio, contre 2668 en conventionnel (source : Yuka, 2022).

Si les agriculteurs « ne peuvent, pour le moment, pas garantir de vendre des produits totalement exempts de résidus de pesticides chimiques de synthèse », selon l’Agence Bio, il est à noter que des traces de ces substances sont régulièrement détectées dans les aliments biologiques (source : Schleiffer, M., & Speiser, B., 2022). En effet, selon cette même étude, les pesticides sont largement présents dans tous les compartiments de l’environnement (air, sol, sous-sol, etc.) et, issus d’applications locales, de zones plus éloignées ou encore d’usages historiques, ils contaminent toute la chaîne alimentaire et les écosystèmes.

Les acteurs de la filière bio peuvent mettre en place certaines mesures pour réduire ces risques, mais une contamination par les pesticides reste techniquement inévitable. Ce phénomène ne peut cependant pas être imputé aux agriculteurs, mais plutôt à une conséquence inévitable de l'utilisation massive des pesticides depuis les années 1950.

Attention toutefois, l’Agence Bio le rappelle : le respect du cahier des charges bio a un impact direct sur les résidus de pesticides que l’on peut détecter sur le produit final. Si des résidus de pesticides sont présents dans 42 % des aliments en France, en bio, ce taux descend à 12 % (source : Agence Bio).

Le bio émet-il moins de gaz à effet de serre ?

Une étude publiée par l’ADEME en 2020 met en lumière une réalité souvent méconnue : si l’agriculture biologique présente des avantages environnementaux indéniables (préservation de la qualité des sols, de la biodiversité, etc.) – elle n’est pas forcément la meilleure option en termes d’émissions de gaz à effet de serre rapportées à la quantité produite.

En raison de rendements plus faibles, elle nécessite plus de terres pour produire la même quantité de nourriture, ce qui peut entraîner une augmentation des émissions par kilogramme de produit, un besoin accru en surface, lié à la déforestation (source : ADEME, 2020).

En effet, selon l’ADEME, en raison de rendements plus faibles, l’agriculture biologique nécessite plus de terres pour produire la même quantité de nourriture. Cela entraîne une eutrophisation plus importante, une consommation d’énergie moindre, certes, mais des émissions de gaz à effet de serre équivalentes, voire supérieures à celles de l’agriculture conventionnelle. Rapporté à la logique de production, le bilan carbone de l’agriculture biologique serait donc moins favorable.

Néanmoins, par hectare, l’agriculture biologique émet généralement moins de gaz à effet de serre que l’agriculture conventionnelle, notamment grâce à l’absence d’engrais azotés de synthèse et à une meilleure séquestration du carbone dans les sols. 

En conclusion, elle pollue moins par surface cultivée, car elle n’utilise pas d’engrais chimiques et stocke mieux le carbone dans les sols. Mais comme elle produit moins, chaque kilo de nourriture émet souvent plus de gaz à effet de serre qu’en agriculture conventionnelle (source : ADEME, 2020).

Toutefois, ces conclusions méritent d’être nuancées : l’étude ne prend pas en compte des enjeux majeurs comme l’impact sur la biodiversité, pourtant crucial pour la pollinisation, ou encore les effets des pesticides, qui appauvrissent les sols. Autant de paramètres essentiels pour établir une comparaison réellement complète entre le bilan carbone de l’agriculture biologique et celui de l’agriculture conventionnelle.

La viande bio réduit-elle mon empreinte carbone ?

Acheter de la viande bio et locale est souvent perçu comme le meilleur moyen de réduire son empreinte carbone individuelle. Pourtant, son impact reste limité. Contrairement aux idées reçues, la majorité des gaz à effet de serre liés à l’élevage ne proviennent pas du transport, de la distribution ou de la transformation, mais principalement du méthane, un gaz à effet de serre très puissant émis par les ruminants lors de leur digestion.

À lui seul, le méthane représente 93 % des émissions directes de l’élevage (source : Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, 2024). 

Que la viande soit bio ou non, les animaux produisent toujours du méthane, un gaz à effet de serre aux conséquences majeures sur le climat.

NB : Dans l’élevage, le méthane est surtout issu de la digestion des ruminants comme les vaches et les bœufs. Leur estomac, appelé rumen, contient des microbes qui décomposent les aliments en produisant des nutriments. Durant ce processus, un gaz (l’hydrogène) est libéré et transformé en méthane par d’autres microbes spécialisés, avant d’être rejeté dans l’air (principalement sous forme de rots).

Parmi les ruminants, les bovins comptent parmi les plus gros émetteurs de méthane. Leur élevage nécessite aussi d’importantes ressources : eau, alimentation et surtout des terres. Or, la conversion d’espaces naturels (forêts, prairies) en terres agricoles – un phénomène appelé changement d’usage des sols – libère du carbone stocké dans les sols, aggravant ainsi le réchauffement climatique. Sur ce dernier point donc, l’agriculture biologique peut paradoxalement avoir un impact carbone plus élevé qu’un élevage intensif. 

En bio, les animaux disposent souvent de plus d’espace et se nourrissent d’aliments produits localement, mais les rendements agricoles étant plus faibles, il faut plus de terres pour produire la même quantité de nourriture. Cela peut entraîner la conversion de nouvelles surfaces agricoles, aggravant la déforestation et l’émission de CO₂ (source : ADEME, 2020).

Comment réduire son empreinte carbone en mangeant de la viande ? Plutôt que de privilégier la viande locale ou bio, l’option la plus efficace reste de réduire sa consommation de viande rouge et d’opter plus souvent pour des viandes à plus faible impact, comme le poulet ou la dinde. Adopter une alimentation plus diversifiée et riche en protéines végétales contribuerait également à réduire les émissions liées à l’élevage.

Pour finir…le bio permet-il réellement de réduire mon empreinte carbone ?

Pour conclure, si le bio émettrait globalement moins de gaz à effet de serre par hectare, ce n’est pas forcément le cas par kilogramme de produit. Se pose alors une question essentielle : compte tenu des rendements plus faibles du bio par rapport à l’agriculture conventionnelle, dispose-t-on de suffisamment de terres pour produire entièrement en bio tout en maintenant notre régime alimentaire actuel ?

Jean-Marc Jancovici met en avant un point clé : entre 65 et 70 % des surfaces agricoles servent à nourrir le bétail, reflet de notre forte consommation de viande et de produits laitiers (source : Jean-Marc Jancovici, 2001). 
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Photo de viande rouge

Or, si nous réduisions notre consommation de viande, il deviendrait plus envisageable de convertir davantage de terres en bio tout en assurant notre sécurité alimentaire. Comme il l’explique : « Dès lors que, mangeant moins de viande, nous n’avons plus besoin d’une agriculture aussi intensive, nous n’avons plus non plus besoin de tout ce qui est nécessaire pour la maintenir », à savoir les engrais chimiques, les pesticides et autres intrants coûteux.

Sur le plan économique, bien que l’agriculture biologique entraîne des coûts de production plus élevés, elle pourrait en contrepartie réduire les dépenses associées à la dépollution de l’eau et à la restauration des écosystèmes dégradés par l’agriculture intensive. À long terme, ces économies pourraient compenser les surcoûts du bio et garantir notre souveraineté alimentaire.

Cette hypothèse est confirmée par une étude du CNRS publiée en 2021. Elle démontre que réduire la consommation de produits animaux et les importations de nourriture pour le bétail, tout en adoptant des pratiques agroécologiques – permettrait à l’Europe d’être plus autonome, de nourrir sa population en 2050, de continuer à exporter des céréales et de réduire significativement la pollution et les émissions agricoles (source : CNRS, 2021).

En résumé, manger bio permet de réduire certains impacts environnementaux, mais ne garantit pas une diminution significative de l’empreinte carbone. Pour y parvenir, l’enjeu principal réside ailleurs : réduire sa consommation de viande rouge, privilégier les protéines végétales et favoriser les produits locaux et de saison.

Un bio industriel se développe, Carrefour est aujourd'hui le premier vendeur de bio en France. Manger bio est souhaitable, mais non suffisant. Manger de saison, local, et sortir de la grande distribution sont tout autant nécessaires (Jean Marc Jancovici, 2017).
Bibliographie

Bio, Larousse, https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/bio/9380#:~:text=Sans%20engrais%2C%20ni%20pesticides%20de,Des%20produits%20bio.

Qu’appelle-t-on les “nouveaux OGM” ?, France Inter, 2024, https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-question-du-jour/qu-appelle-t-on-les-nouveaux-ogm-2327172

Broadening the GMO risk assessment in the EU for genome editing technologies in agriculture, 2020, https://enveurope.springeropen.com/articles/10.1186/s12302-020-00361-2

Règlement (CE) n° 834/2007, Union Européenne, https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex%3A32007R0834

Yuka, Manger bio est-il meilleur pour la santé ?, 2022, https://yuka.io/alimentation-bio-sante/

L'agriculture biologique est-elle « bonne pour le climat » ?, ADEME, 2020, https://affichage-environnemental.ademe.fr/sites/default/files/2023-12/agriculture-biologique-bonne-climat-hayo-van-der-werf.pdf

Ministère de l’agriculture et la souveraineté alimentaire, 2024, https://www.vie-publique.fr/files/rapport/pdf/294932.pdf

Schleiffer, M., & Speiser, B., 2022, https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749122013306

Pourquoi est-il possible de trouver des traces de pesticides dans les produits bio ?, Agence bio, https://www.agencebio.org/questions/pourquoi-est-il-possible-de-trouver-des-traces-de-pesticides-dans-les-produits-bio/

Publication de Jean-Marc Jancovici, Facebook, 2017, https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/le-bio-nest-pas-tout-le-temps-significativement-mieux-que-le-non-bio-la-r%C3%A9glemen/10156638709257281/

Jean-Marc Jancovici, 2001, https://jancovici.com/transition-energetique/occupation-des-sols/la-planete-entiere-pourrait-elle-manger-bio/

Une agriculture biologique pour nourrir l’Europe en 2050, CNRS, 2021, https://www.cnrs.fr/fr/presse/une-agriculture-biologique-pour-nourrir-leurope-en-2050