
Directive CSRD : actualités 2025, contenu et conseils
La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) bouleverse le reporting extra-financier des entreprises. Voici ce qu’il faut savoir en 2025.
ESG / RSE
Secteurs d'activité
Le paysage du reporting de durabilité d'entreprise a connu une transformation profonde, passant d'une simple obligation de transparence à un exercice stratégique rigoureux, notamment avec l’entrée en vigueur de la CSRD.
En 1987, la Commission Brundtland des Nations Unies a défini la durabilité comme « la satisfaction des besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins » (Welcome to the United Nations).
Bien que la version officielle puisse sembler quelque peu vague, on peut identifier deux approches différentes du concept de durabilité :
Il paraît plus sensé d'adopter une stratégie de durabilité forte, car sans la nature, rien ne tient. En effet, la nature, aussi appelée « capital naturel » est indispensable à la production du capital manufacturé de l’Homme – fournissant une gamme multidimensionnelle de services essentiels à la vie humaine (sécurité, ressources, santé, relations sociales), comme l’air, l’eau, la nourriture et la régulation du climat. Il ne peut donc pas être totalement remplacé par du capital physique ou financier (Université Clermont Auvergne). Les entreprises doivent contribuer à la préservation du capital naturel.
Il existe une relation étroite, voire une confusion, entre les concepts de durabilité et de développement durable. Cependant, quelques facteurs permettent de les différencier. L'objectif de la durabilité est de réduire les impacts négatifs des activités humaines sur l'environnement et d'éviter l'épuisement des ressources naturelles. Quant au développement durable, il représente une approche concrète pour parvenir à ce but, en intégrant l'aspect économique, l'environnement et le bien-être social. Ce sont les trois piliers du développement durable.
Pour certains, le développement est intrinsèquement durable puisqu'il rehausse la qualité de vie tout en protégeant l'environnement. Cependant, pour certains, le terme « développement durable » est inutilement redondant, car l'extension illimitée des ressources rend impossible la viabilité à long terme. Effectivement, l'expression « développement durable » pourrait être considérée comme un oxymore, une juxtaposition de deux concepts qui sont en contradiction.
Un excellent rapport de durabilité raconte une histoire cohérente : où va l'entreprise, comment elle mesure ses progrès, et pourquoi ses parties prenantes peuvent lui faire confiance pour créer de la valeur.
Historiquement, la France a joué un rôle de précurseur avec la loi sur les Nouvelles Régulations Économiques (NRE) de 2001, qui a introduit pour la première fois une "obligation de dire" pour les entreprises cotées concernant les conséquences sociales et environnementales de leurs activités. Cette initiative, bien qu'avant-gardiste, laissait aux entreprises une grande latitude sur la forme et le fond de leur communication, créant un reporting hétérogène et difficilement comparable. C’est l'entrée en vigueur progressive de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) de l'Union Européenne qui a marqué une rupture fondamentale avec cette approche. La CSRD ne se contente pas de mettre à jour la précédente directive, elle change de paradigme. Ses objectifs sont clairs : harmoniser le reporting de durabilité à l'échelle européenne, garantir la publication d'informations de qualité, fiables et comparables, et ainsi limiter activement les allégations trompeuses. Cette transition réglementaire représente une transformation philosophique du reporting de durabilité. Les entreprises sont contraintes de passer d'un exercice de communication RSE, souvent rétrospectif et axé sur la mise en valeur d'initiatives positives, à un exercice de gestion stratégique, prospectif et intégré. L'introduction des normes européennes de reporting de durabilité (ESRS), l'obligation d'un format numérique balisé (XBRL) pour faciliter l'analyse des données, et surtout, l'exigence d'un audit externe par un commissaire aux comptes ou un organisme tiers indépendant (OTI) sont les piliers de cette révolution.
Donc, à ce jour, voici les piliers pour construire un rapport de durabilité est donc un document regroupant les informations suivantes :
Pour trouver un exemple de rapport de développement durable, l'endroit le plus approprié serait les sites internet officiels des entreprises dans les rubriques « Responsabilité sociale » ou « Développement durable », où elles mettent en ligne leurs rapports annuels.
Voici, selon les critères de qualité définis ci-dessus dans cet article, les entreprises qui se distinguent par leurs rapports de durabilité.
Entreprises | Explications |
---|---|
Schneider Electric
|
|
LVMH
|
|
Danone
|
|
En synthèse, à la suite de l'adoption de la directive européenne sur le reporting en matière de durabilité des entreprises (CSRD), les sociétés françaises ont l’obligation de publier un rapport traitant de trois domaines clés : l'environnement, le social et la gouvernance.
Généralement, un bon rapport se distingue par la clarté et la simplicité de sa présentation d'informations, avec des résumés sous forme de tableaux et une orientation clairement définie. L’existence d’une évaluation rigoureuse de double matérialité impliquant parties prenantes internes et externes. La couverture équilibrée entre impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance. La transparence sur les plans de transition climatique, avec des objectifs nets zéro clairement identifiés. Et enfin, l’assurance indépendante pour garantir la fiabilité des données et renforcer la confiance des investisseurs (PwC, 2025).
Donc, pour réussir la rédaction de ce rapport, voici 5 stratégies pratiques pour rédiger efficacement un rapport CSRD :
Actions | Explications |
---|---|
Analyse de la double matérialité
|
Identifiez vos impacts sur l'environnement et la société, ainsi que les risques pour l'entreprise. Élaborez une matrice de matérialité intégrant parties prenantes internes et externes. Cette analyse permet de déterminer les normes ESRS pertinentes. |
Cartographie de la chaîne de valeur
|
Documentez tous les impacts depuis vos fournisseurs jusqu’aux clients finaux, en incluant scopes 1, 2 et 3, conditions de travail des sous-traitants et biodiversité. Cette cartographie structure l’ensemble du reporting. |
Gouvernance et collecte de données
|
Nommez un responsable CSRD, formez les équipes et mettez en place des procédures de remontée des informations. Assurez-vous que tous les indicateurs quantitatifs ESRS soient mesurés de façon fiable. |
Objectifs et plans d'action
|
Pour chaque enjeu matériel, fixez des objectifs SMART avec échéances précises. Développez des plans d’action détaillés et allouez budgets et ressources, car la CSRD exige des engagements concrets. |
Audit et publication
|
Organisez le contrôle par un tiers indépendant, préparez la version digitale taggée en format ESEF et publiez le rapport au plus tard 4 mois après clôture de l’exercice. |
La crédibilité d’une stratégie durable repose sur la transparence quant à la nature intrinsèque du modèle économique de l’entreprise. Avant la réflexion amont, l'entreprise doit réaliser un audit de compatibilité entre son cœur de métier et les objectifs climatiques.
C’est toute la difficulté des secteurs à fort impact (ex. : énergies fossiles, aviation, etc.), qui doivent d'abord réviser leur modèle économique avant de pouvoir envisager des stratégies de durabilité crédibles - sous peine de générer des rapports comportant des contradictions fondamentales entre leurs activités principales et leurs objectifs climatiques.
Greenly automatise l’ensemble du processus de reporting de durabilité, y compris la réglementation à la CSRD. La plateforme calcule les émissions de gaz à effet de serre (scopes 1, 2 et 3) d’une entreprise en exploitant ses données financières et opérationnelles, réduisant considérablement le temps de collecte manuelle. Greenly vous accompagne également dans la définition d’objectifs fondés sur la science (SBTi) et dans le suivi de votre trajectoire de décarbonation, ce qui renforce la crédibilité de votre démarche, quel que soit le cadre réglementaire.
Pour en savoir davantage, demandez une démonstration gratuite et sans engagement de la suite climat Greenly.
Un audit de durabilité consiste à vérifier la fiabilité et la conformité des données extra-financières d’une entreprise (ex. : émissions de carbone, politiques sociales, gouvernance, etc.) par rapport aux standards en vigueur. En général, un audit évalue la traçabilité, la méthodologie et l’intégration de ces informations dans la stratégie de l’entreprise.
Par exemple, l'audit de la CSRD, selon l’AFNOR, se déroule en cinq étapes clés (AFNOR Certification).
Première étape : commence par une prise de connaissance approfondie de l’entreprise et du contexte, incluant la collecte des données nécessaires.
Seconde étape : le périmètre de la vérification est défini, avec la sélection des indicateurs à auditer et la planification des interventions à mener.
Troisième étape : l’auditeur vérifie la conformité aux normes ESRS, notamment le processus d’analyse de double matérialité, les informations publiées dans le rapport de durabilité, et le respect de la classification européenne des activités durables (Taxonomie).
Quatrième étape : les résultats des vérifications sont examinés pour formuler un avis objectif.
Cinquième étape : la synthèse est formalisée dans un rapport d’audit avec un avis motivé, assurant l'objectivité et la neutralité du processus.
Pour mener à bien un audit de durabilité, notamment dans le cadre de la CSRD, il est essentiel de définir avec précision le périmètre (activités, filiales, chaîne de valeur, etc.), d’examiner en détail les processus de collecte et de consolidation des données (émissions de gaz à effet de serre, ressources, aspects sociaux et gouvernance) et de documenter rigoureusement les résultats. Cette approche assure la transparence, l'exactitude et la conformité du rapport final.
Les auditeurs de durabilité sont principalement les grands cabinets de consulting, appelés « les Big 4 » (Deloitte, EY, KPMG, PwC), complétés par des cabinets spécialisés comme Bureau Veritas, Mazars ou EcoVadis selon les secteurs. Ces auditeurs certifient la fiabilité des données avec une "assurance limitée" (donc moins poussée qu'un audit financier par exemple) en vérifiant méthodologies, calculs d'émissions, indicateurs sociaux et conformité aux standards ESRS.
Les auditeurs s'appuient sur des référentiels techniques pour réaliser un diagnostic de durabilité (ex. : GHG Protocol) – et des bases de données sectorielles (ex. : ADEME) pour valider les facteurs d'émissions et benchmarks utilisés.
Qu'est-ce que la durabilité, Cairn, 2012, https://shs.cairn.info/le-developpement-durable--9782130592822-page-55?lang=fr
Rapports de durabilité publiés par 250 entreprises européennes, PwC, 2025, https://www.pwc.fr/fr/publications/2025/05/250-rapports-de-durabilite-pwc.html