
La Net-Zero Banking Alliance (NZBA)
Initiative mondiale visant à aligner les banques sur l’Accord de Paris, la Net-Zero Banking Alliance (NZBA) apparaît en 2025 plus affaiblie que jamais.
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Responsable chaque année de plus de 8 millions de décès – dont 7 millions sont des consommateurs ou d’anciens consommateurs et 1,2 million sont des non-fumeurs exposés à la fumée –, l'Organisation mondiale de la Santé considère l'épidémie de tabagisme comme l'une des plus grandes menaces pour la santé publique à laquelle le monde ait jamais été confronté (source : Statista, 2024). Outre les effets indiscutables sur la santé humaine, le secteur du tabac utilise des terres et de l'eau qui sont pourtant indispensables à d'autres besoins plus essentiels.
Le tabac provient des feuilles d’un arbuste tropical, le Nicotiana tabacum, cultivé principalement en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie.
Après la récolte, les feuilles de tabac sont mises à sécher, généralement dans de grands fours chauffés au bois ou au charbon — un procédé très courant dans les pays producteurs. À noter que les principaux producteurs de tabac sont en tête la Chine, puis l’Inde et enfin le Brésil (source : Statista, 2024). Ensuite vient l’étape du séchage, afin de conserver les propriétés des feuilles avant transformation. Puis, le tabac est « expansé », c’est-à-dire traité au dioxyde de carbone sous haute pression pour gonfler les feuilles avec de l’air. Ce procédé permet d’utiliser moins de tabac par cigarette, réduisant ainsi les coûts de production, mais il est très énergivore. Le tabac est ensuite roulé, emballé (papier, aluminium), puis expédié à l’échelle mondiale (source : Reporterre, 2022).
Les premières cigarettes produites en usine font leur apparition en 1830, tandis que la première machine à produire du tabac est introduite en 1843. Cependant, sa popularité ne se manifeste qu'après la Seconde Guerre mondiale. La toxicité de ce produit est révélée en 1950 par plusieurs recherches épidémiologiques, menant à l'introduction des filtres au cours de la même année. En dépit de ces données scientifiques, les producteurs ont conçu une vaste sélection de produits, dont plusieurs sont spécifiquement destinés à diminuer l'usage de leur produit vedette.
Après la cigarette électronique, le dernier gadget en date connaît les faveurs des plus jeunes. La « puff », une cigarette électronique jetable au prix très accessible et aux goûts divers et variés, qui contient en partie de la nicotine. Interdite en France d’après la loi n° 2025-175 du 24 février 2025 – la France devient alors le deuxième État européen, après la Belgique, à interdire la commercialisation des puffs sur son territoire pour des raisons écologiques évidentes mais aussi de santé publique (source : Vie publique, 2025).
Aujourd'hui, on dénombre quatre grandes sociétés transnationales productrices de tabac du monde, que l’on surnomme les « Big 4 » ou « Big Tobacco » :
Les multiples impacts environnementaux qui découlent de l’industrie du tabac sont légion.
Selon un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié en 2022, « Le tabac : un poison pour notre planète », chaque étape de la filière, de la production à la consommation, a un impact négatif sur l’environnement.
Les principaux impacts sociaux et environnementaux liés à l’industrie du tabac sont (source : OMS, 2022) :
En ce qui concerne les chiffres, et toujours selon le rapport de l’OMS « Le tabac : un poison pour notre planète », chaque année, l’industrie du tabac est à l’origine de :
Enfin, bien que la production, la transformation et le transport du tabac soient généralement responsables de l'essentiel de ces impacts, le consommateur lui-même contribue fréquemment à un impact environnemental défavorable. En ce qui concerne la phase d'usage, donc celle qui relève de la responsabilité de l'utilisateur, un mégot abandonné sur le sol est à l'origine d'une pollution environnementale significative :
Ainsi, chaque phase du cycle de vie d'un mégot entraîne une pollution. Si l'on réduit ces valeurs colossales à la dimension d'une simple cigarette, toujours en se basant sur le rapport de l'OMS (2022), l'empreinte carbone d'une seule cigarette correspond en moyenne à :
Enfin, très souvent oublié du débat, un mégot de cigarette peut être à l’origine de nombreux incendies.
Au-delà des dommages irréversibles causés aux écosystèmes brûlés, un incendie libère une grande quantité de gaz à effet de serre, car la combustion des arbres et de la végétation relâche le carbone qu’ils stockaient dans l’atmosphère.
En pratique, le secteur du tabac consomme de manière significative des ressources naturelles telles que les terres agricoles, l'eau et l'énergie afin de produire un produit qui n'est pas nécessaire pour l'homme et qui nuit à sa santé :
À cet accaparement de ressources — au détriment d’usages plus utiles à la société — s’ajoute la pollution directement issue de cette même production.
Selon le Dr Ruediger Krech, Directeur du Département Promotion de la santé à l'OMS, les mégots de cigarette, comme tous les autres déchets, sont regrettables si on considère qu'ils renferment plus de 7 000 substances chimiques nocives. Le problème concerne la seconde plus grande source de pollution plastique à l'échelle mondiale : les filtres en acétate de cellulose contenus dans les cigarettes (un matériau non biodégradable).
Ainsi, un filtre de cigarette libère des substances nocives : la cellulose acétate libère également dans les écosystèmes de la nicotine, des métaux lourds et d'autres produits chimiques absorbés, qui se propagent dans l'eau. En se dégradant progressivement, il libère ces substances polluantes et a le potentiel de contaminer des centaines de litres d'eau.
Les milieux aquatiques, tels que rivières, lacs et eaux destinées à la consommation humaine, se retrouvent ensuite contaminés par les produits chimiques qui s'échappent. Les terres destinées à la culture du tabac perdent alors leur capacité de production pour d'autres cultures, telles que les aliments, car le tabac contamine les rivières et réduit la fertilité du sol.
Le tabac est cultivé dans des pays à revenu faible ou intermédiaire (en Amérique latine, en Asie du Sud et de l’Est, etc.) dont les ressources vitales sont déjà compromises par le réchauffement climatique.
De plus, cette culture très gourmande en ressources, nécessite une utilisation intensive de pesticides et d’engrais, ce qui contribue à la dégradation des sols et à des risques de santé pour l’Homme.
À cela s’ajoutent les coûts économiques liés au traitement des nombreuses maladies causées par le tabac chez les consommateurs. Ces dépenses mobilisent des budgets publics considérables, qui ne peuvent alors être réaffectés à des domaines essentiels comme la prévention, la recherche médicale ou d’autres priorités sociales.
Quant aux travailleurs du tabac, il s’agit souvent des familles incluant des enfants, piégés dans un cycle d'exploitation économique – recevant des salaires dérisoires – tout en risquant la "maladie du tabac vert", causée par l'absorption de nicotine à travers la peau lors de la récolte des feuilles humides.
Les populations les plus démunies compromettent ainsi leur santé pour cultiver un produit qu'elles n'ont souvent pas les moyens de se procurer, tout en enrichissant considérablement les grandes entreprises du tabac. Ces dernières, à leur tour, ciblent les marchés émergents avec des stratégies marketing agressives en produisant une substance qui empoisonnera d'autres individus vulnérables, perpétuant ainsi un cycle d'exploitation.
La morale est sans équivoque : l’industrie du tabac prospère en exploitant la pauvreté à une extrémité de sa chaîne de production, tout en créant délibérément une dépendance mortelle à l'autre bout – une double exploitation dont les bénéfices reviennent principalement aux actionnaires des multinationales du tabac.
L’industrie du tabac se divise donc entre plusieurs acteurs : les cultivateurs de tabac, les transformateurs de tabac ou encore les vendeurs de leurs produits. Autrement dit, cette industrie, et par extension, son lobbying est extrêmement puissant.
L'industrie du tabac a développé un système de lobbying efficace reposant sur quatre piliers : des associations professionnelles présentant une image respectable, des cabinets de lobbying dirigés par d'anciens décideurs politiques, des instituts de recherche créant une fausse controverse scientifique, et des alliances stratégiques avec d'autres secteurs économiques.
Ce lobbying protège une industrie dont les produits causent la mort de plus de 75 000 personnes par an en France d'après Améli.
Face aux réglementations strictes dans les pays occidentaux, l'industrie cible désormais les marchés moins réglementés des pays en développement. L'aspect immoral réside dans un calcul simple : retarder les mesures de santé publique génère des profits supplémentaires au prix de milliers de vies. Les documents internes de l'industrie prouvent qu'elle connaissait les dangers de ses produits tout en les niant publiquement.
D'après l'OMS, cette tactique d'influence cible principalement les groupes vulnérables comme les jeunes, les individus à revenus modestes et les pays en développement. C'est pour cette raison que la survie du marché du tabac et de la nicotine repose en grande partie sur l'attraction de nouveaux consommateurs parmi les jeunes. Selon l'OMS, les producteurs de tabac mettent en œuvre différentes stratégies pour attirer et établir une relation de confiance avec les jeunes dès leur tendre enfance (par exemple : à travers la promotion de la cigarette électronique, du puff, du tabac chauffé, etc.).
D'après Greenly, une industrie du tabac réellement responsable exigerait trois changements essentiels :
Ces mesures reconnaîtraient qu'une industrie véritablement responsable ne peut continuer à commercialiser un produit qui, utilisé comme prévu, tue la moitié de ses consommateurs réguliers.
La manière la plus simple et radicale de réduire l’impact environnemental du tabac, c’est de ne plus en consommer.
Chaque année, des campagnes comme la Journée mondiale sans tabac (31 mai) ou le Mois sans tabac (novembre) rappellent cet enjeu. En parallèle, des mesures existent : hausse des prix, interdiction aux mineurs, mise en garde sur les paquets, interdiction de publicité (loi Évin), et développement d’alternatives comme la cigarette électronique (qui n’est pas sans impact non plus).
Mais au fond, prendre conscience de la pollution que génère cette industrie à chaque étape – de la culture à la fin de vie des mégots – devrait suffire à motiver l’arrêt.
Loi du 24 février 2025 visant à interdire les dispositifs électroniques de vapotage à usage unique, Vie publique, 2025, https://www.vie-publique.fr/loi/292058-interdiction-puffs-cigarette-electronique-jetable-loi-du-24-fevrier-2025
Volume des ventes totales de tabac en France de 2005 à 2023, Statista, 2025, https://fr.statista.com/statistiques/480246/ventes-totales-tabac-france/
Les cigarettes PIR, une norme indispensable contre les …, generationsanstabac.org, 2020, https://www.generationsanstabac.org/fr/actualites/les-cigarettes-pir-une-norme-indispensable-contre-les-incendies/
Le mégot de cigarette est écotoxique - Chimirec, Chimirec, https://chimirec.fr/actualite-33400-122.php#:~:text=Chaque%20ann%C3%A9e%2C%20en%20France%2C%20on,plages%20et%20dans%20nos%20villes.
Les plus grands producteurs de tabac au monde, Statista, 2024, https://fr.statista.com/infographie/32335/plus-grands-pays-producteurs-de-tabac/
Pesticides, déchets... L’industrie du tabac détruit l’environnement, Reporterre, 2022, https://reporterre.net/Pesticides-dechets-L-industrie-du-tabac-detruit-l-environnement
Déforestation, consommation d’eau, émissions de CO2 : la très lourde empreinte environnementale de l’industrie du tabac, Le Monde, 2023, https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/08/09/deforestation-consommation-d-eau-emissions-de-co2-la-tres-lourde-empreinte-environnementale-de-l-industrie-du-tabac_6184872_3244.html?utm_source=chatgpt.com
L'industrie du tabac, pire désastre pour la planète, Libération, 2022, https://www.liberation.fr/environnement/climat/lindustrie-du-tabac-pire-desastre-pour-la-planete-20220531_MGA25KAS6FFINAWZ6TON6N6T7U/
France : L'industrie du tabac a déclaré plus de 800 000€ en …, generationsanstabac.org, 2024, https://www.generationsanstabac.org/fr/actualites/france-industrie-du-tabac-a-declare-plus-de-800-000e-en-lobby-en-2023/
Les lobbies du tabac organisent l’anti-prévention du tabagisme, Cairn, 2018, https://stm.cairn.info/revue-les-tribunes-de-la-sante-2018-1-page-91?lang=fr
Tabagisme : comparaison régionale en France et étude sur l …, Améli, 2024, https://www.ameli.fr/medecin/actualites/tabagisme-comparaison-regionale-en-france-et-etude-sur-l-efficacite-de-tabac-info-service
Les conspirateurs du tabac, Le Monde, 2012, https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/02/25/les-conspirateurs-du-tabac_1647738_3224.html