Empreinte carbone : avion vs voiture, le match
L'avion et la voiture sont des modes de transport polluants. Mais l'une de ces options tire-t-elle malgré tout son épingle du jeu ?
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Le mois de mars 2024 vient de battre un bien triste record : la concentration de CO2 dans l’air a gagné un niveau qui n'avait pas été atteint depuis au moins 14 millions d’années. En cause ? Les activités humaines. Elles sont en train de détruire notre lieu de vie à petit feu, c'est pourquoi il est temps d’agir avec des sanctions fortes. C’est dans ce contexte que l'écocide apparaît au Journal Officiel en 2021, après de nombreux tumults et refus au cours des 50 dernières années.
Mais reprenons les choses dans l’ordre. Que signifie "écocide" ? Est-ce bien un "crime d'écocide" dont il est fait mention dans les textes officiels ? Pourquoi la mention d'écocide a fait tant débat ? Greenly vous explique son histoire.
L’étymologie du mot « écocide » ne laisse pas de place au doute quant à sa signification. Construit à partir de la racine grecque « Eco » qui signifie « la maison », il est suivi du suffixe « cide » issu du latin « caedere », signifiant « tuer ».
Ce terme est également fondé sur l’association des mots « écosystème » et « génocide ».
Autrement dit, l’écocide renvoie à la destruction massive d’écosystèmes, en partie ou dans leur totalité.
Sans surprise, l’exploitation excessive de l’environnement par l’activité humaine est la cause de la plupart des maux de la planète. On trouve ainsi :
Un exemple ? En 2021, selon la première étude portant sur les atteintes à l’environnement en France, les forces de l'ordre ont dénombré 31 400 infractions environnementales. Ce chiffre est en hausse de 7 % par rapport à 2016.
Étant à l’origine de ces dégâts, les dirigeants des grandes entreprises et les responsables politiques sont particulièrement visés par le délit d’écocide. Selon le rapport de l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP) réalisé en 2017, 100 entreprises - majoritairement des industries pétrolières - sont responsables de 71 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre entre 1988 et 2015.
Les conséquences des crimes qui portent atteinte à l’équilibre des milieux naturels sont légion :
L'écocide trouve son origine pendant la Guerre du Vietnam. Lors de l’opération Ranch Handau, l’armée américaine utilise « l’agent orange » afin de déloger leur ennemi. En effet, il leur est quasiment impossible d’avancer face aux forêts denses, aux champs et aux mangroves.
Alors quoi de mieux que de les détruire chimiquement ?
Dès 1961, l’armée américaine épand la végétation de ce défoliant chimique extrêmement toxique - de par sa teneur en dioxine - afin de détruire toute forme de vie - végétale comme animale.
Pendant dix ans, pas moins de 80 millions de litres de produits chimiques seront déversés sur le Vietnam dans l’unique but d’empêcher leur ennemi de se nourrir et de se cacher. De fait, on estime que 20 % des forêts et 30 % des mangroves du Sud du Vietnam sont ravagées. Rien ni personne n’est épargné. Les humains exposés à cet herbicide développent des cancers et des malformations.
Un désastre écologique et humain.
En 1970, alors fermement opposé à l’utilisation qu’en font les Américains, le biologiste Arthur Galston - qui a participé au développement des substances présentes dans l’agent orange - souhaite créer « un nouvel accord international pour interdire l’écocide ». Il est ainsi à l’origine de ce terme qu’il caractérise comme une « destruction délibérée de l'environnement ».
Or, à l’époque et même si ce nouveau terme intrigue, il passe vite à la trappe paraissant alors extrême.
Malgré plusieurs cris d’alerte de la part d’écologistes, de scientifiques et d’intellectuels, ce n’est qu’en 1972 que le premier ministre suédois de l’époque, Olof Palme évoque ce concept lors du Sommet de la Terre à Stockholm. L'écocide se popularise peu à peu.
Depuis la création de ce terme, les plus fervents défenseurs souhaitent criminaliser l’écocide dans le droit international. Mais cela est un échec cuisant, notamment avec le « Rapport Whitaker » créé en 1985. En 1998, le statut de Rome crée la Cour pénale internationale (CPI), qui détermine les quatre crimes les plus graves :
Aucune trace de l’écocide encore à ce jour.
Bon à savoir : la CPI a la capacité de traiter des atteintes graves à la nature uniquement si elles entrent dans le cadre des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité.
Nouvelle tentative infructueuse en 2010 par la juriste britannique Polly Higgins à l’origine du mouvement Eradicating ecocide. Elle demande à l’ONU de reconnaître l’écocide comme crime contre la paix.
En 2014, le mouvement End Ecocide on Earth est à la tête du projet d’initiative citoyenne européenne (ICE) pour reconnaître le crime d’écocide. Mais le manque de signatures ne permet pas de mener le projet à terme. Néanmoins, en 2014, les initiateurs de ce mouvement ont pu signer la Charte de Bruxelles, dont l’objectif est d’avoir de meilleures conditions de vie sur Terre.
Cette notion revient sur le devant de la scène en 2019 avec la menace de submersion de deux nations insulaires, le Vanuatu (Pacifique) et les Maldives (océan Indien). Tous deux réclament la reconnaissance et le jugement du crime d’écocide.
En 2019 puis en 2021, la notion d’écocide a fait l’objet de deux propositions de lois françaises, mais sans succès. En cause, la définition de ce terme manquerait de précision.
L’objectif de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) est de trouver des solutions pour réduire les émissions de CO2 d’au moins 40 % d’ici 2030 par rapport à 1990. Pour ce faire, il convient de ne pas dépasser les 9 limites planétaires pour garantir le développement de l’humanité. À ce titre, les 150 citoyens membres ont fait 149 propositions, dont celle de reconnaître le crime d’écocide.
Ils définissent l’écocide de la sorte : « Constitue un crime d'écocide, toute action ayant causé un dommage écologique grave en participant au dépassement manifeste et non négligeable des limites planétaires, commise en connaissance des conséquences qui allaient en résulter et qui ne pouvaient être ignorées ».
Afin d’assurer l’entrée en vigueur de cette loi, ils requièrent la création d’une Haute Autorité des limites planétaires et la mise en place de sanctions. À ce titre, les responsables d’atteintes massives envers l’environnement hériteraient d’une amende de 10 millions d’euros accompagnée d’une peine d’emprisonnement de 20 ans.
Une sanction contraignante qui effraie.
En décembre 2020, la Belgique dépose une demande pour inscrire le crime d'écocide dans le droit international. Il s’agit du premier pays européen à demander officiellement la reconnaissance internationale des atteintes graves envers l’environnement.
En juin 2021, une nouvelle tentative est menée par un groupe d’experts spécialisés en droit pénal international et en droit de l’environnement et humains, mandatés par l’association « Stop Écocide ».
Après six mois de recherche, ils sont parvenus à une définition juridique internationale du crime d’écocide : il s’agit « d’actes illégaux ou arbitraires commis en sachant la réelle probabilité que ces actes causent à l’environnement des dommages graves qui soient étendus ou durables ».
Après plus de 50 ans de lutte pour criminaliser l'écocide, celui-ci se voit enfin inscrit au Journal Officiel en 2021 dans le cadre de la loi Climat et Résilience. Mais la victoire reste amère : cette proposition a été largement revue et modifiée. Barbara Pompili, ex-ministre de la Transition écologique et Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice remplacent le « crime d’écocide » par le « délit d’écocide » minimisant ainsi l’atteinte la plus grave à l’environnement.
À cela s'ajoutent deux nouvelles mesures : « le délit général de pollution » et « le délit de mise en danger de l’environnement ».
En clair : un pas en avant, deux pas en arrière. L'écocide n'est pas reconnu comme un crime, il est relégué derrière le délit général de pollution et celui de mise en danger de l'environnement, avec des sanctions s'avérant bien moindres que celles demandées par la Convention citoyenne pour le climat. De plus, la définition est bien peu claire comparée à celles proposées précédemment :
Pour éviter l'écocide, il est possible d’agir à notre niveau et réduire nos émissions de CO2. Faites appel à Greenly et ses experts pour réaliser le Bilan Carbone® de votre entreprise et participer à la sauvegarde de la planète.