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Que se cache-t-il derrière "la fin de l'abondance" ?
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Que se cache-t-il derrière "la fin de l'abondance" ?

ÉcologiePolitique
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En 2022, Emmanuel Macron a fait polémique en évoquant la fin de l’abondance. Comment tendre vers la sobriété alors que nos sociétés sont fondées sur la surconsommation ?
Écologie
2023-10-20T00:00:00.000Z
fr-fr

Lors de son discours d’introduction au Conseil des Ministres du 24 août 2022, Emmanuel Macron a annoncé la fin de l’abondance. Un terme rapidement repris dans tous les médias, créant ainsi une vaste polémique. Pourtant, un changement majeur de nos habitudes de production et de consommation pourrait s’avérer utile pour opérer la transition écologique de nos sociétés.

Que signifie la fin de l’abondance ? Comment adapter nos sociétés au contexte actuel ? Explications.

Qu’est-ce que l’abondance ?

Abondance, définition

Le Larousse définit l’abondance comme étant : 

Une grande quantité de quelque chose » ou « une aisance procurée par des ressources importantes.

Dans ce contexte, on relève quatre principales formes d’abondance : 

  • économique, qui renvoie à la disponibilité des biens et des ressources économiques au sein d’une société (richesse matérielle, soins, emploi, accès à l’éducation, etc.) ;
  • environnementale, qui englobe les ressources naturelles (eau, air pur, biodiversité, forêts, océans, etc.) ;
  • alimentaire, qui désigne la variété et la quantité des denrées alimentaires disponibles pour la consommation humaine ;
  • énergétique, qui désigne l’usage de l’énergie issue de ressources fossiles (pétrole, gaz naturel ou charbon) ou renouvelables (éolien, solaire, géothermie, hydraulique ou biomasse).

L’émergence d’une société de l’abondance

Basée sur la croyance en des ressources illimitées, la société de l’abondance est le produit d’un ensemble de facteurs historiques, sociaux, économiques et technologiques, dont : 

  • la révolution industrielle, qui a bouleversé les méthodes de production et conduit au prélèvement de nouvelles ressources (les énergies fossiles notamment) ; 
  • les progrès technologiques et scientifiques, qui ont permis la production de masse (l’électrification, l’automatisation, l’informatisation, etc.) ;
  • l’essor du capitalisme et l’économie de marché, qui ont encouragé la production toujours plus importante de biens et de services pour maximiser les profits ;
  • l’avènement de l’industrie publicitaire, qui a joué un rôle majeur dans la surconsommation des ressources ;
  • la mondialisation, qui permet d’acheter une variété de biens et de services aux quatre coins du globe.
Bien que ces avancées aient apporté de nombreux avantages (tant en termes de niveau de vie, que de confort matériel), elles sont à l’origine de défis majeurs (inégalités sociales, surconsommation des ressources et impacts environnementaux, par exemple). 

Pourquoi mettre fin à l’abondance ? 

Faire face au contexte actuel

Compte tenu du contexte de guerre en Ukraine et de réchauffement climatique, le discours d’introduction d’Emmanuel Macron en date du 24 août 2022 s'est voulu marquant. Le Président français a souhaité préparer la population aux années à venir : 

Au fond, nous vivons la fin de l’abondance, celle des liquidités sans coût - on devra en tirer les conséquences économiques - celle de produits et de technologies qui nous paraissaient perpétuellement disponibles, la rupture des chaînes de valeurs. La rareté de telle ou telle matière ou technologie réapparaît, comme celle de l’eau. Nous aurons des dispositions à prendre.

Le Président parle ainsi d’une « série de crises graves », d’un moment de « grande bascule » ou encore d’un « grand bouleversement » menant tout droit vers « la fin de l’évidence » et « la fin de l’insouciance ». 

Autant de termes alarmistes qui ont outré les politiques et les Français des classes sociales les moins aisées, dont le mode de vie n’est pas synonyme d’abondance. Suite à la mauvaise interprétation de son propos et à la polémique engendrée par son discours, le Président a apporté des précisions :

La fin de l’abondance, c’est celle en matières premières.

En d’autres termes, pour continuer à répondre à nos besoins de plus en plus importants, nous devons repenser nos modes de production et de consommation - ce qui doit aussi servir à assurer l’indépendance de la France.

👉 À noter : la fin de l’abondance (et plus particulièrement de la société de l’abondance) est un concept popularisé en 1958 par l’économiste John K. Galbraith. Dans son ouvrage intitulé « La société d’abondance », Galbraith indique qu’au cours du XXème siècle, nous sommes passés d’une économie de pénurie à une économie d’abondance. Problème ? Nous avons par là même créer de nouveaux besoins superflus.

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Préserver les ressources naturelles

C'est un fait : les ressources de la planète sont limitées. 

Or, à l'heure actuelle, notre économie est encore majoritairement linéaire. C’est-à-dire que nous extrayons les ressources, les utilisons et les jetons quand elles sont hors d’usage au lieu de les réemployer. Un modèle précaire fondé sur l'illusion de ressources naturelles infinies. 

Le problème, c'est que la surconsommation des ressources, l’augmentation de la population, nos pratiques intensives et polluantes (la culture et l’élevage notamment), le gaspillage et la production de déchets impactent directement notre capacité à produire et notre économie. Ces paramètres empêchent la nature de se régénérer, perturbent le cycle de la nature, épuisent les sols et menacent la pérennité de la biodiversité.

👉 En atteste d'ailleurs le fameux jour du dépassement. Le 2 août 2023, l’humanité a consommé toutes les ressources que la planète est capable de régénérer en une année.

En outre, la rareté des ressources conduit à la hausse des prix, à l’inflation, voire à la possible pénurie de ressources vitales. Selon l’ONU et l’Unesco, l’eau potable pourrait très prochainement faire l’objet d’une crise mondiale du fait de la surconsommation et de la mauvaise gestion de cette ressource (pourtant essentielle à notre agriculture).

👉 L’épuisement des ressources naturelles contribuerait à l’effondrement de notre société telle que nous la connaissons.

Limiter les impacts environnementaux

Outre l’usage démesuré et polluant des énergies fossiles depuis la révolution industrielle, l’agriculture intensive est une illustration parmi tant d'autres de la société de l’abondance. Développée au sortir de la Seconde Guerre mondiale, elle devait répondre aux besoins de la population en augmentant les rendements agricoles via l’usage d’intrants. À cela s’ajoutaient le bas prix des marchandises qui ont contribué à la popularisation de ce modèle. 

Devenue essentielle pour répondre aux besoins de l’ensemble de la population, l'agriculture intensive se trouve à l’origine de multiples dégradations environnementales et climatiques, à l’image de : 

  • l’émission d’une quantité excessive de GES dans l’atmosphère étant à l’origine du réchauffement climatique ;
  • l’appauvrissement de la biodiversité ;
  • la déforestation ;
  • la dégradation des sols ;
  • l’épuisement des ressources - la nature n’ayant pas le temps de se régénérer ;
  • le gaspillage et la hausse des déchets.

👉 En définitive, nous avons cherché à modeler la nature pour que celle-ci subvienne à nos besoins, sans tenir compte des siens.

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cover youtube agriculture intensive

Réduire les inégalités

À l’échelle mondiale, l’abondance est synonyme d’inégalités. C'est tout le concept du paradoxe de l’abondance.

Ce phénomène contradictoire illustre le fait que les pays dotés d’abondantes ressources naturelles font parfois face à des difficultés économiques bien pires que les pays dépourvus de ces ressources. En bref, ces derniers ne bénéficient pas nécessairement de la présence de ces richesses sur leur territoire.

Par exemple, de nombreux pays africains possèdent du pétrole. La présence de cet or noir (et la ruée des investisseurs et des compagnies pétrolières sur les territoires) n’a pourtant pas permis de mettre un terme à la pauvreté.

Comment atteindre la sobriété : condition indispensable pour permettre la fin de l’abondance ?

Sortir des énergies fossiles

Du fait du contexte environnemental, économique et géopolitique actuel, la France doit impérativement développer son indépendance énergétique. En effet, le pays importe la quasi-totalité de ses énergies fossiles : 

  • 100 % du charbon provient des États-Unis, d'Australie, d'Afrique du Sud et de Colombie ;
  • 98,5 % du pétrole est issu de l'Afrique, des pays de l'ex-URSS, du Moyen-Orient, de la mer du Nord, du Niger et de la Russie.
  • 98 % du gaz naturel est importé de Norvège, d'Algérie, de Russie et des Pays-Bas.

La France doit donc effectuer sa transition énergétique. L’objectif ? Sortir des énergies fossiles pour se tourner vers les énergies renouvelables (éolien, solaire, géothermie, hydraulique et biomasse). 

Le dernier rapport du GIEC ne laisse planer aucun doute. Pour limiter le réchauffement climatique à + 2 °C comme décidé dans l’Accord de Paris, il est impératif de stopper l'extraction du charbon, de réduire l'usage du pétrole de 60 % et du gaz de 70 % d'ici à 2050 par rapport au niveau de 2019.

Propre et inépuisable, l’énergie verte constitue la meilleure alternative pour mettre un terme à notre dépendance énergétique.

Seul bémol : ces ressources sont intermittentes et non pilotables. Les systèmes actuels doivent donc faire l’objet d’améliorations notables pour permettre de répondre aux besoins énergétiques des Français. En attendant, il conviendrait de rationner l’énergie fossile disponible.

Dans ce contexte, la France doit réduire et ajuster sa consommation aux besoins réels et limiter le gaspillage d’énergie en atteignant la sobriété énergétique. Cela peut passer par l’adoption d’écogestes simples : installer des ampoules LED, limiter le nombre d’équipements électriques, entretenir ses équipements de chauffage, etc.

La sortie des énergies fossiles est indispensable pour faire face à l’épuisement de nos réserves. Selon le BP Statistical Review of World Energy 2020, il resterait : 

  • 139 ans de réserve de charbon (environ 1074 milliards de tonnes) ;
  • 48,8 ans de gaz naturel (188 100 milliards de tonnes) ;
  • 53,5 ans de pétrole (244,4 milliards de tonnes).‍
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Cover vidéo youtube énergie

Prendre conscience du caractère limité de nos ressources

L’abondance en elle-même ne constitue pas un problème. C’est la manière dont elle est atteinte, gérée et partagée qui pose problème.

La fin de l’abondance consiste à adopter un comportement plus durable impliquant de consommer mieux, mais moins. Par exemple en : 

  • réduisant sa consommation de viande (l’élevage occupe 80 % de la surface agricole française) ;
  • privilégiant les produits locaux et de saison ;
  • limitant le gaspillage alimentaire (chaque année, un tiers de la production mondiale de nourriture est gaspillé ou perdu) ;
  • valorisant ce que nous considérions auparavant comme des déchets (par exemple, les pêcheurs d’Islande valorisent les arêtes des poissons dans la cosmétique ou les produits pharmaceutiques).

Au-delà des denrées alimentaires, nous devons aussi protéger les ressources naturelles nécessaires à la fabrication de nos équipements numériques (smartphones, ordinateurs, téléviseurs, etc.). Cela passe par le développement d’une économie circulaire qui consiste notamment à : 

  • réparer nos appareils ;
  • recycler les objets en fin de vie ;
  • acheter d’occasion ou reconditionné ;
  • privilégier la qualité à la quantité ;
  • choisir des produits durables et écoconçus ;
  • remplacer moins fréquemment nos équipements.

Réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES)

En 2022, la France a émis 408 millions de tonnes équivalent CO2, soit une baisse de 2,7 % par rapport à 2021. [Citepa]

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les Français adoptent un comportement de plus en plus éco-responsable et sont même prêts à faire des sacrifices. En témoigne un sondage Ifop pour les Intercommunalités de France paru en 2023. 

Pour 85 % des personnes interrogées, l’adaptation de notre société, de notre économie et de nos modes de vie constitue une priorité. Dans le détail : 

  • 85 % des sondés sont favorables à des restrictions d’eau ;
  • 87 % des sondés sont favorables au « zéro artificialisation nette » ;
  • 62 % des sondés sont favorables aux zones à faibles émissions (ZFE) ;
  • 59 % des sondés ont la capacité de favoriser les modes de déplacement alternatifs à la voiture pour les trajets de moins de 5 km.

Dans l’optique de réduire nos émissions de GES, de préserver les ressources naturelles et la biodiversité, nous devons bâtir une société sobre et durable. Outre l’adoption de bonnes pratiques individuelles (réduire l’usage de la voiture thermique, limiter les achats, etc.), l'ensemble de nos secteurs d’activité doivent entamer leur transition écologique.

👉 À noter : conformément à la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), la France doit diviser ses émissions de GES par six d’ici 2050 pour atteindre la neutralité carbone à cette même date.

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