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Les effets du réchauffement climatique sur l’environnement ne sont plus à démontrer. La hausse des températures, les événements climatiques extrêmes ou l’érosion des sols contribuent à la dégradation de l’environnement et à la disparition de la biodiversité.
C’est en ayant conscience de ces impacts que les acteurs de la viticulture commencent à adopter des mesures d’adaptation. Mais n’est-il pas trop tard pour sauver le vin français ? Réponse dans cet article.
Le règlement UE n°1308/2013 définit le vin français comme étant un :
Le climat tempéré, la diversité des cépages (on dénombre une cinquantaine de cépages), ainsi que la variété des sols français favorisent la culture de la vigne sur l’ensemble du territoire. On dénombre ainsi 13 grandes régions viticoles :
Selon le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, entre 2010 et 2020 :
✍️ À noter : les appellations AOP ou IGP garantissent les origines géographiques, la qualité, voire le savoir-faire local d’un vin.
En 2020, la viticulture française représentait alors :
👉 La France est le premier pays exportateur mondial de vin français - avec 1,3 milliard de litres exportés -, le deuxième pays producteur mondial et le troisième producteur mondial de vin bio.
Cependant, la viticulture n’est pas sans impact sur l’environnement. Selon l’ADEME, une bouteille en verre de 75 cl est à l’origine de 1,1 kg eq. CO2. En définitive, le packaging représente 50 % du bilan carbone d’une entreprise viticole.
À cela s’ajoutent les émissions engendrées par le fret routier, les matériaux entrants et les énergies - selon l’ADEME, le travail de la vigne correspond à 43 % de l’énergie consommée et 57 % sont utilisés à la fabrication du vin.
Depuis 2012, le projet INRAE LACCAVE se penche sur les impacts du réchauffement climatique sur le vin français. Voici les principales conclusions.
La production de vins français de qualité dépend entièrement des conditions climatiques. Pourtant, selon l’un des scénarios français les plus pessimistes, l’augmentation de la température moyenne est estimée à + 4 °C d’ici 2100. Outre, la hausse des températures, le changement du régime des pluies et la variabilité du climat impacteront l’ensemble des vignobles français.
Malheureusement, les conséquences sont déjà visibles et s’illustrent tout particulièrement par le développement précoce de la vigne :
À cela s’ajoutent les vagues de chaleur qui augmentent les risques d’incendies (destruction des vignes, goût de fumée, etc.), la grêle et les pluies violentes qui détruisent les récoltes - voire des parcelles entières - accentuant ainsi l’érosion des sols. La chaleur et l’humidité favorisent quant à eux, le développement de maladies, de champignons et des ravageurs.
Les vignes situées dans la zone méditerranéenne sont les principales victimes du stress hydrique. Pour faire simple, le manque d’eau perturbe le développement de la vigne, diminue les rendements et modifie les processus de maturation des raisins.
Dès lors, les vins sont plus sucrés, moins acides et plus alcoolisés, causant un déséquilibre en bouche.
Selon le règlement UE n°1308/2013, le titre alcoométrique total du vin ne doit pas être supérieur à 15 % vol, mais peut atteindre 20 % vol par dérogation.
En réponse, le règlement européen 934/2019 stipule que la teneur en alcool des vins peut être réduite de 20 % au maximum. Si les raisins deviennent plus alcoolisés, il sera difficile de respecter ces taux…
👉 Cependant, ces nouvelles conditions de production peuvent donner lieu à de nouveaux profils aromatiques, à l’image des goûts de « fruits cuits ».
Toute activité humaine est à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Dès lors, la filière vin est incitée à quantifier ses émissions avant de les réduire. Cela passe par la réalisation d’un bilan carbone, permettant de cibler les pratiques les plus émissives et d’élaborer un plan d’action pour réduire les émissions.
L’atténuation du changement climatique peut s’effectuer de plusieurs manières :
👉 À ce titre, une exploitation qui s’engage à mettre en œuvre des pratiques bas carbone au sein de sa production peut être certifiée HVE (Haute Valeur Environnementale) et afficher ce label directement sur ses bouteilles.
Après avoir étudié la résilience des sols des zones viticoles, il est possible de planter des cépages résistants à la sécheresse, aux hautes températures et aux maladies. Pour ce faire, les viticulteurs peuvent utiliser des cépages issus de régions plus chaudes, de nouvelles variétés ou au contraire des cépages plus anciens.
Les vignerons peuvent choisir des variétés inscrites au Catalogue officiel national ou au catalogue officiel d’un autre État membre de l’Union européenne. On compte alors trois types de variétés :
À cela s’ajoutent celles que l’on nomme les VIFA (Variétés d’Intérêt à Fin d’Adaptation) qui permettent de conserver les caractéristiques et l’identité du vin. Elles doivent idéalement être introduites :
Dans le cas où les parcelles auraient été détruites par des événements météorologiques ou par l’érosion du sol, les viticulteurs peuvent relocaliser leurs plantations au sein d’une même zone de production. Cela est faisable en modifiant l’exposition, l’altitude, la région ou les sols.
En vue de protéger les raisins, l’amélioration de la gestion des sols contribue à éviter leur érosion et à conserver l’eau. En effet, le changement climatique impacte le cycle hydrologique, la demande en eau et l’eau disponible dans le sol pour la vigne.
Les viticulteurs peuvent ainsi ajouter un paillage ou de la matière organique pour protéger leurs pieds de vigne. Les raisins peuvent également être protégés grâce à la conduite du feuillage ou à la plantation d’arbres venant apporter de la fraîcheur.
Enfin, afin d’éviter un possible manque d’eau, les viticulteurs doivent adopter une gestion plus économe de l’eau. Plusieurs possibilités :
👉 Bon à savoir : selon l’article D665-17-5 du Code Rural, il est interdit d’irriguer les vignes dédiées à la production de raisins de cuve du 15 août à la récolte. En effet, n’étant pas une culture alimentaire, la vigne n’est pas considérée comme prioritaire pour les besoins en eau.
L’adaptation du secteur viticole au changement climatique nécessite aussi bien des mesures traditionnelles que l’usage de la technologie, notamment pour améliorer les techniques de vinifications.
À ce titre, au-delà d’installer des dispositifs anti-gel, anti-grêle et de lutte contre la sécheresse, il convient de modéliser l’écosystème vigne, puis d’opter pour des pratiques œnologiques appropriées. Cela passe par la sélection de micro-organismes adaptés, le désucrage des moûts, la désalcoolisation et l’acidification des vins.
Ainsi, la mobilisation de la recherche et du développement de solutions technologiques s’avère nécessaire pour compléter la stratégie d’adaptation de la filière. Il convient donc de bâtir un Plan Climat de la filière - à l’image du Plan National Dépérissement du Vignoble.
👉 Attention toutefois : bien que la technologie puisse être utile, le risque d’artificialiser la viticulture au point d’oublier le savoir-faire local et le terroir n’est pas inexistant.
Les vignes ne sont pas les seules victimes du réchauffement climatique, les saisonniers subissent également la hausse des températures. C’est pourquoi l’organisation de travail doit faire l’objet d’une révision pour améliorer les conditions de travail. Quelques axes d’amélioration :
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