
La Net-Zero Banking Alliance (NZBA)
Initiative mondiale visant à aligner les banques sur l’Accord de Paris, la Net-Zero Banking Alliance (NZBA) apparaît en 2025 plus affaiblie que jamais.
ESG / RSE
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Écologie
À l’heure où l’on déplace aussi bien d’énormes volumes de marchandises que de nombreuses foules de touristes sur des navires devenus de véritables villes flottantes, il est temps de questionner le sens et les limites d’un transport maritime toujours plus colossal, souvent ignoré dans sa démesure écologique.
À l’origine, le transport maritime désignait l'acheminement de personnes et de marchandises par voie maritime.
Selon les services offerts, il se divise en deux catégories (source : OpenEdition Books) :
Pour le transport de marchandises, le chargeur (l'expéditeur) s'engage à payer un prix appelé fret, tandis que le transporteur s'engage à acheminer une marchandise précise d’un port d’embarquement à un port de destination, selon des conditions convenues.
Malgré sa lenteur (pouvant durer plusieurs semaines, voire des mois), le transport maritime reste privilégié pour :
Pour ce qui est du transport de passagers, il s'effectue désormais majoritairement par voie aérienne plutôt que maritime (excepté pour les croisières), un moyen nettement plus polluant que l'ancien – un mode bien plus carboné que son prédécesseur.
D'après le Green Shipping Challenge, lancé par les gouvernements des États-Unis et de Norvège, les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées au transport maritime ne sont pas conformes aux objectifs fixés par l’Accord de Paris.
En effet, car ce mode de transport permet l'échange massif de marchandises entre les continents, facilitant ainsi le commerce international. D'après le rapport 2022 du GIEC, le transport maritime est responsable de 16 % des émissions de GES liées au transport de marchandises, tout en assurant 70 % des distances parcourues par les marchandises dans le monde.
Et la tendance paraît peu susceptible de changer, compte tenu de l'accroissement continu des volumes de fret. Selon les spécialistes du GIEC, il y a eu une hausse de 250 % des volumes au cours des 40 dernières années (en 2018, un record avec 11 milliards de tonnes transportées).
À noter que les émissions de ce secteur ont augmenté de 9,3 % entre 2012 et 2018, passant de 977 millions de tonnes de CO₂e en 2012 à 1 076 millions de tonnes de CO₂e (source : Organisation Maritime Internationale, 2020). Pire encore, selon cette même source, les rejets de gaz à effet de serre risquent d'augmenter considérablement d'ici 2050, selon différentes prévisions économiques et énergétiques crédibles. En d'autres termes, au lieu de diminuer, nos émissions pourraient augmenter jusqu'à 30% par rapport à 2008.
Dans le but d'inciter ce secteur à amorcer sa transition vers la décarbonation, il a été intégré, depuis le 1er janvier 2024, au sein du système d’échange de quotas carbone de l’Union Européenne (UE). À compter du 1er janvier 2025, ce dispositif s’élargira aux cargos de marchandises et aux navires de haute mer, dans un effort visant à atteindre les ambitieux objectifs climatiques de l’UE pour 2030 et 2050.
NB : Pour info, l’empreinte carbone du transport maritime est principalement constituée des émissions issues du bunker (un résidu du pétrole obtenu après le raffinage de l’essence ou du diesel). Considéré comme un fioul lourd et difficile à brûler, sa combustion rejette du dioxyde de carbone (CO₂), du méthane (CH4) et du protoxyde d’azote (N2O), les principaux gaz responsables du réchauffement climatique.
À l’instar du transport routier, les navires relâchent également des particules fines et de soufre dans l’atmosphère.
Les moteurs marins émettent divers polluants — notamment des particules fines (PM2,5), des oxydes de soufre (SOx) et d’azote (NOx) — dont les effets sur la mortalité et la morbidité prématurées sont largement documentés (source : Nature, 2018).
Les SOx favorisent la formation d’aérosols sulfatés, responsables de problèmes respiratoires – une problématique majeure pour les personnes vivant à proximité des ports et des côtes. Selon la durée de l’exposition, les populations peuvent être sujettes à des crises d’asthme, des irritations, développer des maladies chroniques ou des troubles neurologiques. Enfin, ces rejets sont responsables de l’acidification des milieux naturels, et impliqués dans des modifications du bilan radiatif.
L'environnement n'est pas négligé non plus. Outre son rôle dans l'aggravation du réchauffement climatique et la détérioration de la qualité de l'air, le transport maritime a également des conséquences écologiques en termes de pollution des écosystèmes et de perturbation de la biodiversité.
En ce qui concerne les perturbations des systèmes écologiques, diverses activités liées au transport maritime telles que le rejet de produits toxiques (eaux usées des navires, marées noires, etc.), la pollution sonore, l'échouement de conteneurs en mer, le naufrage de navires ou encore l'introduction d'espèces envahissantes ont un impact écologique direct sur la faune et la flore, ainsi que sur les écosystèmes marins et terrestres.
À titre d’exemple, les paquebots de croisière géants sont autorisés à rejeter certaines eaux usées en mer, à condition que cela soit consigné dans un journal de bord et effectué à une certaine distance des côtes, conformément aux règles internationales. Mais derrière ce cadre légal se cachent des volumes vertigineux : jusqu’à 1,9 million de litres d’eaux usées et près de 20 tonnes de déchets solides générés chaque jour par un seul navire. Une pollution marine à la hauteur de ces mastodontes des mers (source : Reporterre, le média de l'écologie, 2016).
L’empreinte carbone d’un trajet dépend fortement des choix individuels (cabine seule, classe affaires, siège seul) ainsi que du taux d’occupation du navire. Par exemple, sur un aller-retour Marseille–Ajaccio avec cabine, les émissions maritimes par passager peuvent dépasser celles d’un vol sur la même distance.
Si l’avion reste le mode de transport le plus polluant par passager-kilomètre, le transport maritime génère lui aussi un impact environnemental majeur à l’échelle mondiale – avec des coûts cachés importants, comme détaillé ci-dessous :
Quel mode de transport choisir…
Type de transport | Émissions de CO₂ | Coûts cachés |
Ferry (cabine seule) | 249 kg de CO₂ |
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Ferry (siège seul) | 50 kg de CO₂ |
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Voiture thermique | 137 kg de CO₂ |
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Avion (économique) | 163 kg de CO₂ |
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Source : Réalisé avec le simulateur Ferry.com et Agir pour la transition écologique pour un aller-retour Ajaccio–Marseille
Enfin, en ce qui concerne le transport de marchandises, cette méthode reste la plus favorable en termes d'impact environnemental. Selon le ministère de la Transition écologique (2022), le transport maritime émet en moyenne 3 g de CO₂ par tonne-kilomètre, soit dix fois moins que le fluvial et trente fois moins que le routier. Son coût environnemental est également très bas : 0,10 centime €/t-km, comparable au ferroviaire et nettement inférieur aux autres modes. En définitive, le rapport entre leur consommation d’énergie par kilomètre et leur capacité de stockage font des transports maritime et ferroviaire les moyens d’acheminement à privilégier pour le transport de marchandises.
Tout d'abord, l'industrie maritime est fortement tributaire des énergies fossiles, il est donc impératif qu'elle se dirige vers des options moins polluantes. Or, les technologies propres ne sont pas encore viables et les innovations dans ce domaine demeurent rares et coûteuses.
Cependant, voici quelques axes à explorer pour réduire les émissions de GES dans le secteur maritime :
NB : À l’heure actuelle, le gaz naturel liquéfié (GNL) est le carburant le plus développé dans les transports maritimes. Toutefois, même s’il permet une réduction des émissions de CO₂ et contribue à une meilleure qualité de l’air, il n’est pas considéré comme une alternative à faible émission de carbone par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). En effet, bien qu’il limite les émissions de soufre et de particules fines, il peut être à l’origine de fuites de méthane – un gaz au pouvoir réchauffant 80 fois plus élevé que le CO₂.
Cependant, au-delà des solutions technologiques, la vraie transformation réside dans une mutation culturelle profonde : réduire drastiquement la demande, repenser nos modes de consommation et de déplacement, et privilégier la sobriété.
Enfin, avant de réserver une croisière, il faut garder en tête que ce type de voyage est extrêmement carboné. Passer une semaine en formule "all inclusive" à bord d’un paquebot géant, c’est souvent choisir son propre confort au détriment des populations locales, de la biodiversité, etc...
La réduction de vos émissions de fret maritime est facilitée grâce à la plateforme Greenly. Celle-ci permet d'analyser et de suivre l'empreinte carbone de vos activités en temps réel, en intégrant des données détaillées sur les modes de transport utilisés.
Greenly peut vous guider dans l’identification de solutions à faible empreinte carbone, l’optimisation de vos choix de transport et la réduction de la consommation énergétique d'une flotte de bateaux. Grâce à des rapports détaillés et des solutions personnalisées, la plateforme vous guide efficacement dans la gestion de l'impact environnemental de vos opérations maritimes.
Profitez d’une démonstration gratuite et sans engagement de la plateforme Greenly pour vous lancer en toute sérénité dans cette démarche vertueuse.
Le transport maritime au risque de la démondialisation, Cairn, 2021, https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=FUTUR_445_0063
Transport et services maritimes | Formations et Métiers de la Mer, Formations et Métiers de la Mer, https://formations.mer.gouv.fr/transport-et-services-maritimes-39
REVIEW OF MARITIME TRANSPORT, Nations-Unies, 2022, https://unctad.org/system/files/official-document/rmt2022_en.pdf
TRIBUNE. « Pour mettre le cap sur la décarbonation, les actions doivent être collectives », Ouest France, 2024, https://lemarin.ouest-france.fr/shipping/tribune-pour-mettre-le-cap-sur-la-decarbonation-les-actions-doivent-etre-collectives-7182319c-298d-11ef-96d1-fdb7d737b711
COP27 : le fret maritime est l’un des plus grands émetteurs de CO2, et il tarde à changer de cap, Le Monde, 2022, https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/11/11/cop27-le-transport-maritime-un-secteur-polluant-qui-tarde-a-changer-de-cap_6149485_4355770.html
Pollution de masse des paquebots de croisière géants, Sénat, 2023, https://www.senat.fr/questions/base/2023/qSEQ230607193.html
ATTÉNUER LES IMPACTS DU TRANSPORT MARITIME …, WWF.CA, https://wwf.ca/wp-content/uploads/2022/02/WWF-MPA-5-Impacts-Cetaceans-FR-v3.pdf
Les paquebots géants sont une source géante de pollution …, Reporterre, le média de l'écologie, 2016, https://reporterre.net/Les-paquebots-geants-sont-une-source-geante-de-pollution-marine
Ferry.com, https://futur.eco/simulateur/transport/ferry/empreinte-du-voyage
Calculer les émissions de carbone de vos trajets, Agir pour la transition écologique, https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/bureau/deplacements/calculer-emissions-carbone-trajets
Les ports français sous haute tension pour passer à l' ...,Les Echos, 2023, https://www.lesechos.fr/pme-regions/provence-alpes-cote-dazur/les-ports-francais-sous-haute-tension-pour-passer-a-lelectrique-1992187
Les coûts environnementaux du transport maritime …, Ministères Aménagement du territoire Transition écologique, https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/publications/thema_essentiel_22_les_couts_environnementaux_du_transport_maritime_domestique_de_marchandises_octobre_2022.pdf