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Quelle est l'empreinte carbone du transport maritime ?
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Quelle est l'empreinte carbone du transport maritime ?

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image d'un porte conteneur et sa fumée sur fond vert
Si le transport maritime était un pays, il se classerait parmi les dix plus grands émetteurs mondiaux (source : Le Monde, 2022).
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2025-05-12T00:00:00.000Z
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À l’heure où l’on déplace aussi bien d’énormes volumes de marchandises que de nombreuses foules de touristes sur des navires devenus de véritables villes flottantes, il est temps de questionner le sens et les limites d’un transport maritime toujours plus colossal, souvent ignoré dans sa démesure écologique.

À l’origine, qu’entendait-on par transport maritime ?

À l’origine, le transport maritime désignait l'acheminement de personnes et de marchandises par voie maritime.

Selon les services offerts, il se divise en deux catégories (source : OpenEdition Books)

  1. la ligne régulière lorsque le service de transport maritime est organisé sur des itinéraires fixes, à des horaires prédéfinis (e.g. un porte-conteneur qui assure une liaison entre deux îles) ;
  2. le transport à la demande, aussi appelé tramping, qui fonctionne sans horaires ni itinéraires fixes ou le navire est affrété selon les besoins du client, souvent pour des cargaisons spécifiques (e.g. un navire affrété pour transporter du soja du Brésil à la France). 

Pour le transport de marchandises, le chargeur (l'expéditeur) s'engage à payer un prix appelé fret, tandis que le transporteur s'engage à acheminer une marchandise précise d’un port d’embarquement à un port de destination, selon des conditions convenues.

Selon les Nations Unies, le transport maritime représente 80 % des volumes transportés et 90 % des échanges intercontinentaux de marchandises en 2022 (source : Nations Unies, 2022). 

Malgré sa lenteur (pouvant durer plusieurs semaines, voire des mois), le transport maritime reste privilégié pour :

  • sa rentabilité car les faibles frais de douane et d’expédition de marchandises sont plus compétitifs que ceux de l'aérien, du routier et du ferroviaire ;
  • il permet l’acheminement d’un volume plus élevé de marchandises (grâce aux porte-conteneurs) ;
  • il parcourt des distances intercontinentales ;
  • il transporte des flux de toute nature (les marchandises peuvent être des produits manufacturés, des liquides, du vrac solide, des matières premières, des denrées alimentaires, des véhicules, etc)...
Le trafic maritime, qui avait baissé à partir de 1979, a connu une reprise au milieu des années 80, confirmée au début des années 1990. En outre, les transports maritimes traditionnels ont été bouleversés par l'introduction de lignes « tour du monde », sur lesquelles se greffent des lignes « navettes » (source : Larousse).

Pour ce qui est du transport de passagers, il s'effectue désormais majoritairement par voie aérienne plutôt que maritime (excepté pour les croisières), un moyen nettement plus polluant que l'ancien – un mode bien plus carboné que son prédécesseur.

Quelle est l’empreinte carbone de l’industrie du transport maritime ?

Si le transport maritime était un pays, il se classerait parmi les dix plus grands émetteurs mondiaux (source : Le Monde, 2022).

Quel est l'impact environnemental du transport maritime ?

D'après le Green Shipping Challenge, lancé par les gouvernements des États-Unis et de Norvège, les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées au transport maritime ne sont pas conformes aux objectifs fixés par l’Accord de Paris.

Le transport maritime entretient un lien intrinsèque avec la mondialisation (source : Cairn, 2021).

En effet, car ce mode de transport permet l'échange massif de marchandises entre les continents, facilitant ainsi le commerce international. D'après le rapport 2022 du GIEC, le transport maritime est responsable de 16 % des émissions de GES liées au transport de marchandises, tout en assurant 70 % des distances parcourues par les marchandises dans le monde.

Et la tendance paraît peu susceptible de changer, compte tenu de l'accroissement continu des volumes de fret. Selon les spécialistes du GIEC, il y a eu une hausse de 250 % des volumes au cours des 40 dernières années (en 2018, un record avec 11 milliards de tonnes transportées).

Les principales sources de pollution maritime

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Quelles sont les émissions de CO₂ du transport maritime ?

À ce jour, seul l’information publiée par l’Organisation Maritime Internationale (OMI) rapporte que le secteur maritime a émis environ 1 076 millions de tonnes de CO₂e en 2018, représentant près de 2,89 % des émissions anthropiques mondiales (source : Organisation Maritime Internationale, 2020).

À noter que les émissions de ce secteur ont augmenté de 9,3 % entre 2012 et 2018, passant de 977 millions de tonnes de CO₂e en 2012 à 1 076 millions de tonnes de CO₂e (source : Organisation Maritime Internationale, 2020). Pire encore, selon cette même source, les rejets de gaz à effet de serre risquent d'augmenter considérablement d'ici 2050, selon différentes prévisions économiques et énergétiques crédibles. En d'autres termes, au lieu de diminuer, nos émissions pourraient augmenter jusqu'à 30% par rapport à 2008.

Dans le but d'inciter ce secteur à amorcer sa transition vers la décarbonation, il a été intégré, depuis le 1er janvier 2024, au sein du système d’échange de quotas carbone de l’Union Européenne (UE). À compter du 1er janvier 2025, ce dispositif s’élargira aux cargos de marchandises et aux navires de haute mer, dans un effort visant à atteindre les ambitieux objectifs climatiques de l’UE pour 2030 et 2050.

NB : Pour info, l’empreinte carbone du transport maritime est principalement constituée des émissions issues du bunker (un résidu du pétrole obtenu après le raffinage de l’essence ou du diesel). Considéré comme un fioul lourd et difficile à brûler, sa combustion rejette du dioxyde de carbone (CO₂), du méthane (CH4) et du protoxyde d’azote (N2O), les principaux gaz responsables du réchauffement climatique. 

Le rejets d’émissions de particules fines et de soufre par les navires

À l’instar du transport routier, les navires relâchent également des particules fines et de soufre dans l’atmosphère. 

Un navire de croisière arrêté à quai pendant une heure émet autant de pollution qu'environ 30 000 véhicules roulant à 30 km/h (source : Sénat, 2023).

Les moteurs marins émettent divers polluants — notamment des particules fines (PM2,5), des oxydes de soufre (SOx) et d’azote (NOx) — dont les effets sur la mortalité et la morbidité prématurées sont largement documentés (source : Nature, 2018). 

Les SOx favorisent la formation d’aérosols sulfatés, responsables de problèmes respiratoires – une problématique majeure pour les personnes vivant à proximité des ports et des côtes. Selon la durée de l’exposition, les populations peuvent être sujettes à des crises d’asthme, des irritations, développer des maladies chroniques ou des troubles neurologiques. Enfin, ces rejets sont responsables de l’acidification des milieux naturels, et impliqués dans des modifications du bilan radiatif.

La pollution générée par le transport de marchandises ou de voyageurs…

L'environnement n'est pas négligé non plus. Outre son rôle dans l'aggravation du réchauffement climatique et la détérioration de la qualité de l'air, le transport maritime a également des conséquences écologiques en termes de pollution des écosystèmes et de perturbation de la biodiversité.

NB : Phénomène encore peu documenté, saviez-vous que, selon une étude conjointe de l’OMI (Organisation maritime internationale) et du WWF (2020), entre 20 000 et 80 000 cétacés sont tués chaque année à cause de collisions avec des navires. Le sujet a récemment refait surface avec le drame de “Sweet Girl”, une jeune baleine heurtée par un bateau au large de Papeete. Connue pour sa curiosité naturelle et son comportement social envers les humains, Sweet Girl a agonisé durant de longues heures avant de succomber à ses blessures.

En ce qui concerne les perturbations des systèmes écologiques, diverses activités liées au transport maritime telles que le rejet de produits toxiques (eaux usées des navires, marées noires, etc.), la pollution sonore, l'échouement de conteneurs en mer, le naufrage de navires ou encore l'introduction d'espèces envahissantes ont un impact écologique direct sur la faune et la flore, ainsi que sur les écosystèmes marins et terrestres. 

À titre d’exemple, les paquebots de croisière géants sont autorisés à rejeter certaines eaux usées en mer, à condition que cela soit consigné dans un journal de bord et effectué à une certaine distance des côtes, conformément aux règles internationales. Mais derrière ce cadre légal se cachent des volumes vertigineux : jusqu’à 1,9 million de litres d’eaux usées et près de 20 tonnes de déchets solides générés chaque jour par un seul navire. Une pollution marine à la hauteur de ces mastodontes des mers (source : Reporterre, le média de l'écologie, 2016).

Quel mode de transport choisir (bateau, avion, etc.) ?

L’empreinte carbone d’un trajet dépend fortement des choix individuels (cabine seule, classe affaires, siège seul) ainsi que du taux d’occupation du navire. Par exemple, sur un aller-retour Marseille–Ajaccio avec cabine, les émissions maritimes par passager peuvent dépasser celles d’un vol sur la même distance.

Si l’avion reste le mode de transport le plus polluant par passager-kilomètre, le transport maritime génère lui aussi un impact environnemental majeur à l’échelle mondiale – avec des coûts cachés importants, comme détaillé ci-dessous :

Quel mode de transport choisir…

Type de transport Émissions de CO₂ Coûts cachés
Ferry (cabine seule) 249 kg de CO₂
  • pollution atmosphérique
  • pollution aquatique
  • pollution sonore
  • impact biodiversité
  • impact sur la santé
Ferry (siège seul) 50 kg de CO₂
  • identique aux éléments précédemment cités
Voiture thermique 137 kg de CO₂
  • pollution atmosphérique
  • pollution sonore
  • impact biodiversité
  • impact sur la santé
Avion (économique) 163 kg de CO₂
  • pollution atmosphérique
  • pollution sonore

Source : Réalisé avec le simulateur Ferry.com et Agir pour la transition écologique pour un aller-retour Ajaccio–Marseille

Enfin, en ce qui concerne le transport de marchandises, cette méthode reste la plus favorable en termes d'impact environnemental. Selon le ministère de la Transition écologique (2022), le transport maritime émet en moyenne 3 g de CO₂ par tonne-kilomètre, soit dix fois moins que le fluvial et trente fois moins que le routier. Son coût environnemental est également très bas : 0,10 centime €/t-km, comparable au ferroviaire et nettement inférieur aux autres modes. En définitive, le rapport entre leur consommation d’énergie par kilomètre et leur capacité de stockage font des transports maritime et ferroviaire les moyens d’acheminement à privilégier pour le transport de marchandises.

Comment réduire l’empreinte carbone du transport maritime ?

Durant la COP 27, plusieurs pays ont demandé à l’Organisation maritime internationale (OMI) de viser la neutralité carbone d’ici à 2050 alors qu’en « réalité, les navires risquent plutôt de multiplier ces émissions par deux, en raison de l’augmentation constante des volumes de fret. » (source : Le Monde, 2022).

Tout d'abord, l'industrie maritime est fortement tributaire des énergies fossiles, il est donc impératif qu'elle se dirige vers des options moins polluantes. Or, les technologies propres ne sont pas encore viables et les innovations dans ce domaine demeurent rares et coûteuses.

Cependant, voici quelques axes à explorer pour réduire les émissions de GES dans le secteur maritime : 

  • l'adoption de carburants alternatifs (biocarburants, l'hydrogène, etc…) ; 
  • l'électrification des bateaux et d'ici 2030, l'alimentation électrique des navires à quai (qui permet l'arrêt de leurs moteurs auxiliaires) sera mise en œuvre dans l'ensemble de l'Union européenne (source : Les Echos, 2023) ;
  • l'optimisation des routes maritimes (vitesse adaptée, éviter les zones à forte biodiversité, optimiser le trafic portuaire, etc…) ;
  • l'amélioration de l'efficacité énergétique des moteurs... 

NB : À l’heure actuelle, le gaz naturel liquéfié (GNL) est le carburant le plus développé dans les transports maritimes. Toutefois, même s’il permet une réduction des émissions de CO₂ et contribue à une meilleure qualité de l’air, il n’est pas considéré comme une alternative à faible émission de carbone par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). En effet, bien qu’il limite les émissions de soufre et de particules fines, il peut être à l’origine de fuites de méthane – un gaz au pouvoir réchauffant 80 fois plus élevé que le CO₂.

Cependant, au-delà des solutions technologiques, la vraie transformation réside dans une mutation culturelle profonde : réduire drastiquement la demande, repenser nos modes de consommation et de déplacement, et privilégier la sobriété

Enfin, avant de réserver une croisière, il faut garder en tête que ce type de voyage est extrêmement carboné. Passer une semaine en formule "all inclusive" à bord d’un paquebot géant, c’est souvent choisir son propre confort au détriment des populations locales, de la biodiversité, etc...

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Paquebot de croisière gigantesque

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Bibliographie

Le transport maritime au risque de la démondialisation, Cairn, 2021, https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=FUTUR_445_0063

Transport et services maritimes | Formations et Métiers de la Mer, Formations et Métiers de la Mer, https://formations.mer.gouv.fr/transport-et-services-maritimes-39

REVIEW OF MARITIME TRANSPORT, Nations-Unies, 2022, https://unctad.org/system/files/official-document/rmt2022_en.pdf

TRIBUNE. « Pour mettre le cap sur la décarbonation, les actions doivent être collectives », Ouest France, 2024, https://lemarin.ouest-france.fr/shipping/tribune-pour-mettre-le-cap-sur-la-decarbonation-les-actions-doivent-etre-collectives-7182319c-298d-11ef-96d1-fdb7d737b711

COP27 : le fret maritime est l’un des plus grands émetteurs de CO2, et il tarde à changer de cap, Le Monde, 2022, https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/11/11/cop27-le-transport-maritime-un-secteur-polluant-qui-tarde-a-changer-de-cap_6149485_4355770.html

Pollution de masse des paquebots de croisière géants, Sénat, 2023, https://www.senat.fr/questions/base/2023/qSEQ230607193.html

ATTÉNUER LES IMPACTS DU TRANSPORT MARITIME …, WWF.CA, https://wwf.ca/wp-content/uploads/2022/02/WWF-MPA-5-Impacts-Cetaceans-FR-v3.pdf 

Les paquebots géants sont une source géante de pollution …, Reporterre, le média de l'écologie, 2016, https://reporterre.net/Les-paquebots-geants-sont-une-source-geante-de-pollution-marine

Ferry.com, https://futur.eco/simulateur/transport/ferry/empreinte-du-voyage

Calculer les émissions de carbone de vos trajets, Agir pour la transition écologique, https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/bureau/deplacements/calculer-emissions-carbone-trajets

Les ports français sous haute tension pour passer à l' ...,Les Echos, 2023, https://www.lesechos.fr/pme-regions/provence-alpes-cote-dazur/les-ports-francais-sous-haute-tension-pour-passer-a-lelectrique-1992187

Les coûts environnementaux du transport maritime …, Ministères Aménagement du territoire Transition écologique, https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/publications/thema_essentiel_22_les_couts_environnementaux_du_transport_maritime_domestique_de_marchandises_octobre_2022.pdf

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