
Comprendre la taxonomie verte
La taxonomie européenne compte parmi les outils devant permettre à l'UE d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Mais en quoi consiste-t-elle ?
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Ce en quoi consiste vraiment l'Accord de Paris
Le bilan qu'on peut en faire, une décennie après sa signature

L’Accord de Paris est un traité international. Il est exclusivement centré sur la lutte contre le réchauffement climatique, donc sur la limitation de la hausse de la température moyenne à la surface de notre planète.
L’Accord de Paris est un traité dit “juridiquement contraignant”. Ça signifie qu’il s’agit d'un contrat entre les parties qui l’ont ratifié. Les accords juridiquement contraignants peuvent donc être utilisés dans le cadre de procédures judiciaires.
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L’Accord de Paris a été adopté le 12 décembre 2015 par 196 parties lors de la COP21 à Paris. Signé le 22 avril 2016, il est entré en vigueur le 4 novembre de la même année. Les États-Unis s’étant depuis retirés de l’Accord, le nombre des parties au traité est tombé à 195.
L’Accord de Paris a deux objectifs et non trois :
Dit simplement, l’Accord de Paris vise à limiter le réchauffement climatique au maximum, car parvenir à cantonner la hausse de la température moyenne à + 2 °C relèverait déjà de l’exploit, compte tenu du temps imparti et de la situation de départ (sans parler de la vitesse à laquelle les choses ont évolué en l’espace de dix ans). Il impliquerait notamment que nous parvenions à la neutralité carbone à l’échelle mondiale d’ici 2050. Ces seuils, bien sûr, n’ont pas été choisis au hasard.
CCNUCC
Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
Malheureusement, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a reconnu le 22 octobre 2025 que l’objectif des 1,5 °C serait très probablement dépassé dans les années à venir. Pour rappel, si nous avions voulu limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, le niveau de nos émissions de gaz à effet de serre aurait dû culminer avant 2025 au plus tard et diminuer de 43 % d'ici 2030. Ces fameuses émissions de gaz à effet de serre (GES) se trouvent en effet à la racine du problème, puisque c’est leur excès au sein de l’atmosphère qui provoque le réchauffement en provoquant l’emballement de l’effet de serre.
Si on se focalise uniquement sur la question des objectifs, alors non, l’Accord de Paris n’est pas respecté. Comme nous l’évoquions plus haut, l’un de ces deux objectifs a déjà été enterré. Et la trajectoire sur laquelle nous nous trouvons actuellement n’augure rien de bon pour le second.
Vaclav Smil, dans “2050. Pourquoi un monde sans carbone est presque impossible” (Éditions Arpa)
Chercheur spécialisé sur les sujets d’énergie et de climat
Des spécialistes tels que Vaclav Smil ou Jean-Marc Jancovici insistent lourdement sur le fait que si nous voulions véritablement atteindre les objectifs de l’Accord de Paris (et par voie de conséquence la neutralité carbone à horizon 2050), nous assisterions à une contraction spectaculaire - et très désagréable - de l’économie mondiale. Raison pour laquelle il est hautement improbable que nous limitions le réchauffement à + 2 °C.
Faut-il en conclure que l’Accord de Paris est inutile ? Non, définitivement pas. Tout d’abord, parce qu’il est important que les chiffres qui y figurent soient dans tous les esprits.
La limite des 2 °C est un seuil au-delà duquel la Terre telle que nous la connaissons changera radicalement (nous en expérimentons d'ailleurs déjà un avant-goût). Les risques climatiques notamment, y augmenteront de manière conséquente, et il est important de se préparer à cette réalité. D’où l’importance de ne pas seulement travailler à atténuer le réchauffement climatique, mais aussi de commencer à s’adapter dans la limite de ce qui sera possible.
L’Accord de Paris a grandement contribué à faire connaître ces seuils, qui sont des points de repère d’une importance capitale pour tâcher de nous préparer au mieux. Par ailleurs, on peut tout à fait reconnaître que l’Accord de Paris n’a, jusqu’ici, pas porté les fruits escomptés, sans jeter à la poubelle les progrès qui ont été enregistrés - car oui, il y en a eu.
Courrier international
17 octobre 2025
Alors oui, le chiffre mérite d’être nuancé, car il implique que les engagements pris en termes de réduction des émissions soient maintenus. Mais il n’en demeure pas moins que c’est un premier pas encourageant.
Notez aussi que, aujourd’hui, plus de 9000 entreprises à travers le monde ont établi et fait valider des objectifs de décarbonation indexés sur les trajectoires fixés par l’Accord de Paris via la SBTi (elle-même créée dans le sillage de l’Accord de Paris). Les atteindront-elles ? L'avenir le dira, mais on ne peut pas nier que l'Accord de Paris a contribué à initier un mouvement collectif qui va vers le mieux, même lentement.
Vaclav Smil, dans “2050. Pourquoi un monde sans carbone est presque impossible” Éditions Arpa
Chercheur spécialisé sur les sujets d’énergie et de climat
Arthur Aubœuf, pour Leaf Media
Cofondateur de Team for the Planet

La mise en œuvre de l’Accord de Paris repose essentiellement sur deux mécanismes : les contributions déterminées (CDN) au niveau national et les stratégies à long terme (LT-LEDS).
L’Accord de Paris fonctionne par cycle, et chaque cycle a une durée de 5 ans. Au début d'un cycle, chaque pays (ou groupe de pays comme dans le cas de l’Union européenne) est supposé soumettre une forme de “plan” indiquant les actions qui seront menées en vue de contribuer à l’atteinte des objectifs fixés par l’Accord de Paris.
Ces plans portent le nom de “Contributions déterminées au niveau national” (CDN) ou “Nationally Determined Contributions” (NDCs) en anglais.
Les pays ayant ratifié l’Accord de Paris ont dû soumettre leurs premières CDN en 2020 et devront normalement répéter cette déclaration tous les 5 ans - indépendamment du fait que les actions indiquées dans ces plans puissent avoir des délais de mise en œuvre supérieurs à 5 ans.
CCNUCC
Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
Mais à la différence de l’Accord de Paris, les CDN ne sont pas contraignantes. Un État qui manque son objectif ne sera donc pas sanctionné, ce qui présente à la fois des avantages et des inconvénients. Compte tenu de la grande complexité de la transition écologique qui doit être menée à l’échelle de chaque territoire, le fait de sanctionner tout écart aurait pu dissuader la ratification du traité pour un grand nombre de pays. D’une certaine façon, l’Accord de Paris encourage ainsi les parties à se pencher sur le sujet de leur transition et à esquisser ses grandes lignes, même si des erreurs ou des retards doivent intervenir sur le parcours. C’est une manière de les aider à mettre le pied à l'étrier. Mais d’un autre côté, l’urgence climatique demeure. Et sans accord contraignant sur les CDN, il devient tentant de procrastiner face aux difficultés posées par la transition.
Les nouvelles CDNs ont pour beaucoup été soumises en novembre 2025, à l’occasion de la COP30 à Bélem, mais certaines feuilles de route manquent encore à l’appel (celle de l’Inde notamment).
Parfois maladroitement traduit “stratégies à long terme de développement à faible émissions”, ces fameuses stratégies sont simplement des feuilles de route visant à organiser l’action de chaque pays sur un horizon plus ou moins lointain.
Ces stratégies sont, en quelque sorte, une version extensive des CDN. Mais contrairement aux CDN, les LT-LEDS ne sont pas obligatoires, ce qui crée nécessairement des disparités entre les États.
Certains pays à l’image de l’Australie en ont déjà soumis plusieurs (une en 2021, puis en 2024), tandis que d’autres n’ont partagé leur première stratégie à long terme qu’en 2025 (le Liban, par exemple).
Il existe une différence entre signer et ratifier. L’Iran, la Libye et le Yémen ont bien signé l’Accord de Paris, mais ils ne l’ont pas ratifié. Or, une simple signature ne les contraint pas juridiquement. Comme le souligne le Conseil de l’Europe, “la signature d’un traité est l’acte par lequel l’État manifeste son intérêt à l’égard du traité et son intention de la ratifier. L’État n’est pas lié par le traité au moment de la signature”. “La ratification est l’acte par lequel l’État exprime son consentement définitif à être lié par le traité. L’État Partie doit alors respecter les dispositions du traité et les mettre en œuvre”.