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Les IRO (Impacts, Risques et Opportunités) sont au cœur des obligations de reporting imposées aux entreprises par la directive Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD). En analysant les IRO à travers sa chaîne de valeur, l'entreprise identifie ses enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) les plus significatifs, et détermine les informations à inclure dans son rapport extra-financier.
Cette démarche de réflexion permet ensuite à l'entreprise de mettre en œuvre des mesures adaptées pour gérer ces IRO.
Les Impacts, Risques et Opportunités (IRO) représentent trois aspects essentiels que les entreprises doivent analyser et reporter dans le cadre de l'obligation de reporting extra-financier imposée par la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) - entrée en vigueur en 2024, suite à sa publication au Journal Officiel de l'Union Européenne le 5 janvier 2023.
Au cœur de cette analyse se trouve le concept de la double matérialité, qui oriente l’évaluation des IRO et veille à ce que l'entreprise considère à la fois les dimensions externes (sociétales et environnementales) et internes (financières et opérationnelles) dans sa stratégie de reporting extra-financier.
Depuis la publication de la directive européenne CSRD, les entreprises sont tenues de reporter leurs impacts sociaux, environnementaux et de gouvernance (ESG) de manière rigoureuse et transparente.
Pour ce faire, elles doivent s’appuyer sur le principe de la double matérialité, qui consiste à évaluer considérer :
En somme, l'entreprise devra identifier et publier uniquement les informations qui sont réellement importantes, soit parce qu'elles ont un impact significatif sur la société et l'environnement, soit parce qu'elles influencent directement la performance financière de l’entreprise.
Deux étapes clés : évaluer l’importance des enjeux ESG (incidences, risques et opportunités), puis déterminer quelles données spécifiques doivent être incluses dans le rapport.
Grâce à cette approche, les entreprises peuvent véritablement intégrer les enjeux ESG de manière holistique, comme l’indique le cabinet PwC.
La double matérialité permet d'amorcer cette réflexion structurante afin d'identifier les IRO, qui seront définis dans le chapitre suivant.
L’analyse des IRO se fait pour l'ensemble du groupe, sans prendre en compte la structure juridique des filiales. En effet, l’entreprise veille à inclure toutes les filiales afin d'obtenir une vision complète et objective des IRO sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
Les IRO sont définis par le Règlement (UE) 2023/2772 de la Commission Européenne comme suit :
En pratique, l'analyse commence souvent par les impacts, mais les risques et opportunités peuvent aussi être identifiés indépendamment de ces impacts. Un impact devient significatif s’il affecte les résultats financiers, la trésorerie ou l’accès au financement de l’entreprise. Cela peut inclure, par exemple, les effets du changement climatique.
L’évaluation prend en compte la chaîne de valeur (activités, partenaires, localisation) et les dépendances aux ressources critiques, comme l’eau.
Pour comprendre le contexte de ces exigences nouvelles, un retour en arrière s’impose. Dans le cadre du Green Deal Européen, l'Union européenne a instauré de nouvelles obligations de communication extra-financière, c'est-à-dire non économiques, s’appliquant à plus de 50 000 entreprises sur son territoire.
Depuis la publication de la directive CSRD, ces entreprises sont donc tenues de publier des informations claires, cohérentes et comparables sur leur performance ESG.
L’évaluation des IRO joue un rôle central dans la consolidation et la communication des informations extra-financières.
L’analyse des IRO joue un rôle essentiel en illustrant comment :
Le but est de garantir que les informations communiquées sont à la fois pertinentes pour les parties prenantes externes, et utiles pour les décisions en interne.
L’entreprise analyse les Impacts, Risques et Opportunités (IRO) en fonction de critères clairs, à la fois qualitatifs (qui évaluent l'importance des enjeux) et quantitatifs (qui mesurent leur impact), afin de sélectionner les IRO les plus significatifs à inclure dans le rapport CSRD, conformément aux normes spécifiques détaillées dans le dernier chapitre de cet article.
Les IRO sont évalués via deux prismes complémentaires :
Dans l’analyse des IRO, le premier paramètre à examiner est le 'I' d'impact, également appelé “incidence”. Le Parlement européen définit cet impact de la manière suivante :
Pour bien comprendre les attendus, et toujours selon cette même source, voici comment sont caractérisés les impacts négatifs (réels ou potentiels) et positifs :
Comment caractériser un impact ?
Type d'impact | Détail |
---|---|
Impact négatif réel | Ampleur : mesure dans laquelle les incidences négatives sont répandues ; Étendue de l’impact : importance et gravité des conséquences (ex. dégâts environnementaux, sociaux). Caractère irrémédiable : l’impact peut-il être réparé ? |
Impact négatif potentiel* | Gravité potentielle : évaluation de l’impact en fonction de l’ampleur, de l’étendue et du caractère irrémédiable. |
Impact positif | Évaluation de l’impact : caractériser en fonction des mêmes critères que les impacts négatifs (ampleur, étendue et caractère irrémédiable) ; Probabilité : chance que l’impact positif se réalise. |
*Dans le cas d’une incidence négative potentielle sur les droits de l’Homme, la gravité de l’incidence l’emporte sur sa probabilité (Source : Règlement (UE) 2023/2772, 2023).
Tandis que les impacts se concentrent sur les effets de l’entreprise, les risques s’intéressent aux menaces externes qui pèsent sur elle.
Pour caractériser une menace potentielle pour l’entreprise en lien avec des facteurs environnementaux, sociaux ou de gouvernance, il convient d’identifier :
Les opportunités dans le cadre des IRO découlent de tendances et de facteurs liés aux enjeux environnementaux, sociaux ou de gouvernance, et peuvent aussi offrir plusieurs avantages à une entreprise, à partir du moment où :
Dans ce contexte, l’entreprise devra évaluer cette opportunité en :
Cette évaluation ne s’arrête pas là – elle implique aussi l’incorporation desdites opportunités dans la stratégie de l’entreprise et leur suivi dans le temps afin de garantir leur succès. Cela passe par l’instauration d’indicateurs de performance permettant de mesurer l’évolution des impacts (part de marché gagnée, nouveaux revenus générés, etc.).
Une fois les Impacts, Risques et Opportunités (IRO) clairement identifiés, la matrice de risques et le système de cotation permettent de classer et prioriser les données de manière claire et visuelle, facilitant ainsi leur intégration dans des rapports stratégiques et leur suivi au sein de l'entreprise.
Une matrice risques et opportunités est un graphique composé d'axes et de cadrans, qui permet aux décideurs d'analyser et de prioriser les risques et les opportunités liés à l’environnement interne ou externe d’une entreprise, soit sur l’ensemble de sa chaîne de valeur.
Elle aide à structurer la réflexion et à prendre des décisions éclairées en identifiant les éléments clés pour l’entreprise, grâce aux axes de réflexion détaillés ci-dessous :
Composantes principales de la matrice | Détail |
---|---|
Axes de la matrice | Impact (ou gravité) : mesure les conséquences potentielles d’un risque ou les bénéfices d’une opportunité (élevé, moyen, faible). Probabilité (ou occurrence) : évalue la probabilité que le risque ou l’opportunité se concrétise (élevée, moyenne, faible). |
Quadrants | Les éléments sont répartis dans différents quadrants en fonction de leur position sur les axes : a) Risques critiques : impact élevé et probabilité élevée. b) Opportunités stratégiques : Bénéfices élevés et probabilité élevée. c) Les autres quadrants regroupent des risques ou opportunités moins prioritaires. |
Grâce à cette matrice, les éléments les plus urgents ou stratégiques (risques à traiter ou opportunités à saisir) sont mis en évidence pour guider les plans d’action.
C'est l'un des éléments clés qui appuie la caractérisation des IRO : la grille de cotation des risques.
La grille de cotation des risques est un outil permettant d’attribuer une note (de 0 à 3, 1 à 5, etc.) ou un score (A à F) à chaque risque ou opportunité en fonction de deux critères principaux : l'impact (la gravité) et la probabilité (l'occurrence).
Concrètement, cela veut dire qu’il faut appliquer une note pour chaque critère d’évaluation, et ce, pour tous les IRO. En d’autres termes, pour un impact négatif potentiel, est-ce que l’ampleur attendue est très faible (0) ou majeure (3) ? Est-ce que l’étendue est très faible (0) ou majeure (3) ? Et ainsi de suite pour chaque critère. Cette démarche permet d'obtenir un score final, qui quantifie l'importance relative de chaque IRO selon les critères définis.
NB : L'European Financial Reporting Advisory Group (EFRAG) est l'organisme chargé de définir les règles de reporting. En ce qui concerne l'échelle de cotation, elle ne prescrit pas de standard. Il incombe donc à l'entreprise de concevoir son propre système de cotation. Toutefois, l'EFRAG impose d'autres règles de reporting, qui seront expliquées dans le chapitre suivant.
L'EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group) a été chargé par la Commission européenne d'établir les standards de reporting et de fournir un cadre général, notamment à travers un guide complémentaire public.
Ce guide comprend les normes de l’European Sustainability Reporting Standards (ESRS), en particulier les ESRS 1 (Exigences générales) et ESRS 2 (Informations générales à publier), qui détaillent l'identification, l'évaluation et la publication des IRO dans le rapport CSRD.
Les normes IRO-1 et IRO-2, décrites aux pages 51, 52 et 53 du règlement (UE) 2023/2772, sont des règles de reporting issues des normes ESRS et se définissent comme suit :
Pour simplifier, l’entreprise doit expliquer comment identifier les IRO (procédures, outils, critères utilisés), mais également présenter les résultats clés de cette analyse (quels impacts, risques et opportunités sont jugés prioritaires). À cet égard, elle doit indiquer le niveau de précision des données et, le cas échéant, préciser les actions envisagées pour améliorer cette précision à l'avenir, tout en tenant compte des différents horizons temporels : court, moyen et long terme.
Enfin, en cas de changement dans la présentation ou d'erreurs dans les informations antérieures, l'entreprise doit en informer ses parties prenantes et opérer les ajustements nécessaires.
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