Finance durable : un modèle financier vertueux est-il possible en 2025 ?
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L’atteinte de la neutralité carbone en 2050 constitue un prérequis indispensable pour parvenir à limiter le réchauffement climatique à + 2 °C en 2100. Face à l’urgence climatique actuelle, des initiatives mondiales voient le jour de la part de l’ensemble des acteurs économiques - dont les assureurs.
Ces derniers sont d’ailleurs à l’origine de la Net Zero Insurance Alliance (NZIA), une coalition internationale permettant de multiplier leurs efforts environnementaux. Quels sont les objectifs ? Quels assureurs font partie des membres ? Cette initiative porte-t-elle ses fruits ? On vous dit tout.
Créée en 2021 lors du sommet du G20 à Venise consacré au climat et placée sous l’égide de l’Organisation des Nations unies, la Net Zero Insurance Alliance (NZIA) est une coalition internationale d’assureurs et de réassureurs désireux de respecter l’objectif de neutralité carbone en 2050.
À terme, les membres se sont engagés à soutenir la transition vers une économie mondiale nette zéro, en prenant en compte les effets du changement climatique et les objectifs climatiques dans leur politique de couverture des risques. Cela passe par :
👉 La NZIA constitue l’une des « Alliances pour la neutralité carbone » regroupées au sein de l’Alliance de Glasgow (Glasgow Financial Alliance for Net Zero, GFANZ).
Une assurance durable désigne une assurance qui identifie, évalue, gère et surveille les risques associés aux questions environnementales, sociales et de gouvernance. Cela permet de réduire les risques, développer des solutions innovantes et d’améliorer les performances de l’entreprise.
👉 À ce titre, l’ensemble de la chaîne de valeur - y compris les interactions avec les parties prenantes - s’intègre dans une démarche écoresponsable.
L’engagement de la NZIA s’inscrit dans le cadre des Principes pour une assurance durable (PSI) déterminés par l’UNEP (United Nations Environment Programme). Lancés en 2012 lors de la Conférence des Nations unies sur le développement durable, les quatre principes suivants servent de cadre mondial au secteur de l’assurance :
Fondée par huit assureurs et réassureurs - AXA, Allianz, Aviva, Generali, Munich Re, SCOR, Swiss Re, et Zurich -, la Net Zero Insurance Alliance comptait 29 membres début 2023.
👉 Les membres représentent 15 % du marché mondial de l’assurance.
Tous assureurs et réassureurs mondiaux est libre de rejoindre cette coalition. L’Alliance voit les choses en grand puisque le périmètre pourrait s’élargir à d’autres acteurs du marché, à l’image des courtiers ou des associations d’assurance.
Le secteur de l’assurance constitue un véritable levier de décarbonation de l’économie. En effet, par leurs activités, les assureurs sont au premier plan pour lutter contre le réchauffement climatique et accélérer la transition écologique.
En 2022 en France, l’enchaînement des catastrophes naturelles (sécheresses, feux de forêt ou canicules) a été coûteuse pour les assureurs (10 milliards d’euros selon la Fédération France Assureurs).
Ce faisant, le réchauffement climatique constitue l’un des trois principaux risques identifiés par la profession avec la dégradation de l’environnement économique et les cyberattaques.
Afin d’inverser la tendance, les assureurs doivent encadrer les activités polluantes, désinvestir les actifs à fortes émissions carbone et être incitatifs sur la prévention des risques. Dans un même temps, leurs investissements de long terme dans des projets durables doivent financer la transition écologique et énergétique.
👉 En rejoignant cette alliance, les assureurs se positionnent comme des acteurs clés dans la lutte contre le changement climatique.
Le 17 janvier 2023, lors du Forum économique mondial de Davos, les assureurs ont présenté le protocole permettant de décarboner la couverture des risques. La Net Zero Insurance Alliance liste cinq objectifs permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050 :
Déjà en 2021, Generali avait partagé son objectif intermédiaire : réduire les émissions de son portefeuille d’actions et d’obligations d’entreprises de 25 % en cinq ans, par rapport aux niveaux de 2019. L’assureur s’était également engagé à exclure le charbon thermique des portefeuilles et à investir 8,5 à 9,5 milliards d’euros dans les obligations vertes et durables.
Le groupe Matmut, quant à lui, souhaite que la totalité de ses investissements soit couverte par une analyse intégrant les critères d’Investissement Socialement Responsable (ISR).
En vue de s’aligner sur l’Accord de Paris - limiter le réchauffement à + 2 °C d’ici 2100 -, les assureurs ont jusqu’au 31 juillet 2023 pour choisir au moins un objectif prioritaire sur les cinq proposés dans le protocole.
En 2024, les assureurs devront se fixer trois objectifs - dont l’un porte sur la réduction des émissions de GES.
En outre, les membres de la NZIA pourront élaborer un plan d’action global ou portant sur un seul secteur d’activité.
Le 25 mai dernier, suite au départ de SCOR - premier français à quitter la coalition - et de Swiss Re, AXA - membre fondateur de la NZIA - a également annoncé quitter l’alliance, indiquant poursuivre :
Allianz en a fait de même et Matmut devrait suivre. Cependant, aucun des assureurs français n’a détaillé les raisons de leur départ.
Ces cinq groupes ne sont pas les premiers à afficher leur mécontentement de la sorte. Leur retrait de la Net Zero Insurance Alliance fait suite à ceux de trois groupes majeurs européens que sont Munich Re, Hannover Re et l’assureur Zurich.
Munich Re explique son geste en évoquant les risques d’entrave à la libre concurrence engendrés par ce type d’alliance.
Dans un communiqué, la NZIA indique que les groupes ayant quitté l’alliance :
En effet, une semaine avant ces multiples défections, une vingtaine de procureurs d’État républicains des États-Unis ont fait parvenir une lettre de critiques à la Net Zero Insurance Alliance. Cette dernière met en exergue le risque juridique encouru par les membres présents aux États-Unis - donnant lieu à plusieurs années de procédures.
En cause, des risques antitrust importants provoqués par :
Dans leur lettre, les procureurs généraux se disent :
Pour éviter toute mauvaise communication et des répercussions juridiques, les assureurs œuvrant aux États-Unis ont préféré quitter l’alliance.
Bien que la dissolution de la NZIA ne soit pas actée, les membres restants doivent faire face à la pression des États-Unis. L’assureur Aviva devrait remplacer AXA à la présidence de la Net Zero Insurance Alliance.
À la pression des États-Unis s’ajoutent les critiques liées :
En vue de réduire leur empreinte carbone, les assureurs et réassureurs doivent en priorité réaliser le bilan carbone de leur activité selon l’ensemble des catégories d’émissions. L’objectif étant de cibler les postes les plus polluants et d’agir en conséquence.
Ils doivent également prendre en compte leurs « émissions assurées », c’est-à-dire celles engendrées par les activités et les projets qu’elles soutiennent.
Suite à cet état des lieux, les entreprises sont en mesure d’établir une stratégie de réduction des émissions. Des actions de réduction peuvent alors être mises en place au sein de leurs opérations internes, de leur chaîne de valeur et directement envers les clients.
En effet, atteindre la neutralité carbone implique une action commune. Les assureurs accompagnent donc leurs entreprises clientes dans leur transition écologique (en les formant aux enjeux écologiques et en encourageant l’usage d’énergies renouvelables, par exemple).
La réduction de l’empreinte carbone du secteur passe par l’accompagnement des entreprises dans leur transition écologique et l’investissement dans des placements verts. Des investissements encore trop faibles, puisque selon France Assureurs, ils s’élevaient à 141 milliards d’euros en 2021 - ce qui représente 6,3 % des actifs gérés par les assureurs.
En vue d’atteindre leurs objectifs climatiques, les assureurs sont fortement incités à refuser d’assurer des projets pétroliers et gaziers ou des entreprises œuvrant dans les énergies fossiles (notamment le charbon), dont la combustion génère une grande quantité de gaz à effet de serre (GES).
Cependant, plus facile à dire qu’à faire… Pour les assureurs, il s’agit d’une décision radicale qui démontre certes leur engagement écologique, mais qui les privent d’une partie de leur chiffre d’affaires. Or, ce point constitue un frein pour certains acteurs.
Dans l’optique de réduire les émissions carbone de l’assurance, les acteurs du secteur doivent sensibiliser leurs parties prenantes. Deux grandes options s’offrent à eux :
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