Finance durable : un modèle financier vertueux est-il possible en 2025 ?
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Avec son Pacte Vert lancé en 2019, l’Europe a mis les bouchées doubles pour respecter l’objectif de l’Accord de Paris. Ce faisant, l’Union européenne s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050 et compte bien être le premier continent à réaliser cet exploit.
Soucieuse de lutter contre le réchauffement climatique, la Suisse souhaite emprunter la même voie que l'UE. Comment le pays compte-t-il respecter l’objectif de neutralité carbone ? On vous dit tout sur la loi climat tout juste adoptée par le peuple.
Le 18 juin 2023, les Suisses ont voté à 59,1 % en faveur d’un projet de loi du Conseil fédéral (gouvernement de coalition) visant la neutralité carbone du pays en 2050.
Pour y parvenir, la Suisse s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) en changeant radicalement son modèle énergétique.
👉 Au-delà de réduire l’empreinte carbone du pays, l’atteinte de la neutralité carbone permet de renforcer la sécurité et l’indépendance énergétique du pays.
Cette loi surnommée « Loi fédérale sur les objectifs en matière de protection du climat, sur l’innovation et sur le renforcement de la sécurité énergétique » est en réalité issue d’une précédente initiative considérée comme beaucoup plus radicale.
Refusée à quelques voix près (48 % de oui) par la population il y a deux ans, « l’initiative pour les glaciers » portée par la gauche rose-verte exigeait l’abandon pur et simple des énergies fossiles en 2050. Une mesure qui a été abandonnée dans le nouveau projet de loi.
Le ministre de l’énergie et de l’environnement helvétique, Albert Rösti, se félicite de l’adoption de ce texte, assurant que le Conseil fédéral dispose désormais d’un « mandat clair » pour mener une politique climatique cohérente avec l’Accord de Paris.
Or, le ministre est un ancien lobbyiste des énergies fossiles issu de l’UDC - un parti souverainiste et europhobe comptant nombre de climatosceptiques dans ses rangs. À leurs yeux, l’adoption de toute mesure écologique est tout à fait futile.
Les partisans étaient donc les seuls à être totalement opposés à ce projet de loi au point d’assurer que son adoption :
Cependant, le statut d’Albert Rösti l’oblige à soutenir ce projet pourtant opposé à ses convictions profondes.
L’adoption de cette nouvelle loi permet d’aligner la politique énergétique de la Suisse sur l’Accord de Paris et de réaffirmer son engagement en ce sens. Pour rappel, signé en 2015 par 196 Parties, l’Accord de Paris constitue le cadre mondial actuel en matière de climat.
Pour y parvenir, nombre de pays ont adopté des mesures de réduction et d’adaptation au réchauffement climatique, entamant ainsi la transition écologique de leur économie.
Sensibilisés au réchauffement climatique, les Suisses ont la réputation d’agir quotidiennement pour l’environnement. Or, leur empreinte carbone démontre que leurs efforts doivent se poursuivre.
D’après une étude menée en 2022 par McKinsey & Company, la Suisse serait responsable de 2 à 3 % des émissions mondiales de carbone la plaçant au même niveau que le Japon, le Brésil et l’Indonésie.
Plusieurs raisons selon Swissinfo :
Si vous nous lisez régulièrement et avez pris connaissance des conclusions du GIEC, vous n’êtes pas sans savoir que la forte concentration de GES - présente dans l’atmosphère depuis la révolution industrielle - est à l’origine du réchauffement climatique.
Ce phénomène engendre une hausse des températures, la disparition de la biodiversité, la destruction des puits de carbone naturels, la pollution de l’air, des sols et des mers ou encore la multiplication d’événements météorologiques extrêmes.
En outre, selon les spécialistes, les glaciers suisses sont voués à disparaître sous l’effet du changement climatique. Pour preuve : les glaciers du pays alpin ont connu une fonte record en 2022, avec une perte de plus de 6 % de leur volume total - soit trois kilomètres cubes de glace.
Au-delà de perturber l’environnement, l’ensemble de ces effets a un impact sur notre santé (la pollution sous ses diverses formes favorise le développement de maladies) et sur notre économie (l’agriculture est en difficulté suite à l’érosion des sols).
Les Suisses en ont conscience : l’objectif de neutralité carbone sera difficile à atteindre, mais pas impossible. Bien que la loi n’impose aucune contrainte ni taxation - pouvant compliquer l’implication des acteurs économiques - elle pourrait toutefois contribuer à rattraper le retard de la Confédération en particulier dans la production d’énergies renouvelables.
Rattraper ce retard est d’autant plus important que la Suisse s’est vue dans l’obligation de diminuer ses importations d’énergie fossiles du fait de la guerre en Ukraine. Le pays dépend désormais de son courant d’origine hydroélectrique et nucléaire - provenant en partie de la France.
👉 Les autorités ont préféré opter pour des « incitations » afin d’éviter tout risque d’écologie punitive envers le budget des ménages.
Les énergies fossiles (pétrole, gaz naturel et charbon) sont les principales sources d’émissions de gaz à effet de serre - que ce soit par leur extraction que par leur utilisation. Or, malgré la prise de conscience sur ses effets négatifs, ce type d’énergie est toujours en tête du mix énergétique primaire mondial - plus de 82 % en 2021.
Face à ces impacts non négligeables, la Suisse - qui dépend à 75 % des importations d’énergies fossiles - envisage de réduire la consommation des énergies fossiles sans l’interdire pour autant. De fait, la loi encourage l’installation de systèmes de chauffage plus respectueux de l’environnement, à l’image des pompes à chaleur.
Les technologies innovantes ne sont pas délaissées. Le projet de loi accordera des subventions aux industries qui investissent dans ces technologies - à l’image de la capture et du stockage de CO2.
Le meilleur moyen de réduire les émissions issues des énergies fossiles et de réduire la dépendance énergétique du pays consiste à les remplacer par des énergies décarbonées produites localement.
C’est pourquoi le texte incite vivement à augmenter la production et l’utilisation des énergies renouvelables (notamment l’hydraulique et le photovoltaïque) en créant de nouvelles capacités de production. En effet, la Suisse ne compte qu’une trentaine d’éoliennes.
En cause : sous couvert du droit suisse, les opposants locaux ont la possibilité de bloquer le développement de projet - d’intérêt national ou non - pendant plusieurs décennies.
Ce faisant, la Suisse espère entamer une transition énergétique douce, mais efficace.
Les Suisses l’ont démontré avec leur vote : la cause écologique les importe. Cependant, leur engagement devra se démontrer par des actions concrètes dont leur mise en œuvre pourra constituer un véritable défi.
En effet, atteindre la neutralité carbone de la Suisse en 2050 implique la mobilisation des industries (qui devront alors modifier radicalement leur processus) et des ménages (qui devront revoir leur mode de consommation). Or, même si une grande partie de la population est sensibilisée aux enjeux climatiques, il ne faut pas oublier que 42 % des votes étaient contre l’adoption du projet de loi.
Bien que le vote ait été concluant et les ambitions louables, les experts craignent que la Suisse ne prenne peur face à l’ampleur du projet à mener. En effet, le pays est d’ores est déjà connu pour la lenteur des projets d’énergies renouvelables, au point qu’ENAG (une holding financière) a décidé de prolonger son contrat avec EDF pour cinq ans supplémentaires.
C’est notamment du fait du « Nimby effect », littéralement traduit par « pas dans mon arrière-cour ». Ce syndrome désigne le fait d’approuver une initiative dans l’optique que le projet - ici des infrastructures énergétiques - se réalise ailleurs pour éviter de subir les désagréments engrangés.
Or, au vu de l’urgence climatique, il semble inconcevable de reporter une nouvelle fois ces mesures d’adaptation au changement climatique et de réduction des émissions.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre est plus que jamais essentiel pour lutter contre le réchauffement climatique. Les pays, citoyens et vous, entreprises, sont fortement incités - voire obligés par la réglementation - à agir sur leurs émissions.
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