Neutralité carbone : pourquoi et comment l'atteindre d'ici 2050 ?
Pour respecter les objectifs fixés par l'Accord de Paris, nous devons atteindre la neutralité carbone à l’échelle planétaire à horizon 2050. Mais pourquoi ?
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Situé en Antarctique, le glacier Thwaites - le plus large glacier de la planète - menace de se détacher. Si ce "glacier de l'apocalypse" fond, les conséquences seraient alors loin d’être minimes pour l’environnement, la population côtière et la biodiversité.
Mauvaise nouvelle : la dernière étude de la revue scientifique PNAS, publiée en 2024, démontre que celui-ci disparaît également par le dessous, alors que les scientifiques pensaient jusque là que la perte provenait uniquement de la surface.
Malheureusement, la fonte de cette calotte glaciaire est l’une des nombreuses illustrations du réchauffement de la planète.
Et pour cause : très touchés par le changement climatique, les pôles subissent la fonte des glaces de plein fouet. Depuis 2000, les glaciers perdent en moyenne 267 milliards de tonnes de glace par an !
Pourquoi ce glacier attire-t-il actuellement tous les regards ? Quels sont les risques occasionnés par la fonte des glaces ? Comment pouvons-nous limiter ces répercussions ?
On vous explique tout.
Le « Glacier de l’apocalypse » est le surnom donné au glacier Thwaites situé dans l’Antarctique. Considéré comme le plus large glacier de la planète - 120 km de large, 3 km de profondeur et 600 km de long soit plus grand que la Floride - il attire actuellement tous les regards et nourrit de grandes craintes.
La raison ? Il menace de se détacher.
Le glacier Thwaites perd chaque année près de 50 milliards de tonnes de glace - une quantité qui a doublé ces 30 dernières années. Dans le détail, une étude publiée dans la revue Nature Geoscience révèle que le glacier fond à un rythme de 2,1 km/an.
D’après les glaciologues, la fonte de la zone flottante du glacier serait effective d’ici quelques années, et entraînerait la disparition totale du glacier dans les prochains siècles.
Deux principaux motifs peuvent expliquer ce phénomène :
Les scientifiques de la NASA estiment que la taille de la cavité équivaut aux deux tiers de celle de Manhattan.
L’utilisation du terme « apocalypse » est-elle vraiment appropriée pour ce glacier ?
Cette appellation tire son origine d’un article intitulé « Le glacier de l’apocalypse », publié le 9 mai 2017 dans le magazine Rolling Stone par l’écrivain spécialiste du climat, Jeff Goodell. Particulièrement attrayant, le surnom est depuis resté.
Malgré les conséquences environnementales et sociales dont la disparition du glacier pourrait être à l’origine, ce terme ne fait cependant pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique.
Les experts jugent cette expression trop alarmiste, signifiant que tout est perdu et conduisant ainsi à l’inaction.
De fait, le mot « apocalypse » induit effectivement l'idée que nous sommes déjà condamnés. Or ce n’est pas le cas - même si la situation reste préoccupante.
La fonte des glaces est l’une des répercussions majeures du réchauffement climatique - le glacier de l’apocalypse en est d’ailleurs la parfaite illustration. Mais quelles seraient les conséquences précises de ce phénomène ?
L’augmentation moyenne du niveau de l’eau est estimée à 3 mm par an. Or, d’ici 2100, les experts du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) estiment que l’élévation des eaux induite par la fonte de l’Antarctique serait de 14 à 114 centimètres à elle seule.
Bon à savoir : 99 % de la glace mondiale se trouve dans les pôles - dont 90 % rien qu’en Antarctique.
Si le glacier de l’apocalypse venait à se détacher, cela provoquerait une élévation de l’eau de 65 cm, voire de trois mètres dans les siècles à venir. À terme, cela déstabiliserait la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental entière.
La calotte glaciaire est localisée à l’entrée d’une série de glaciers situés en dessous du niveau de la mer. Dans ce contexte, sa disparition entraînerait leur effondrement, ainsi qu’une montée des eaux dévastatrice pour les zones côtières et les états insulaires.
Une partie des zones littorales mondiales pourrait ainsi être engloutie, alors que 40 % de l’humanité réside à moins de 100 km des côtes.
Toutefois, le glacier de l’apocalypse n’est pas le seul sur le globe à être victime du réchauffement climatique. Ce phénomène provoque le recul de tous les glaciers de la planète sans exception.
Ainsi, des glaciers situés en Antarctique oriental et au Groenland font également l’objet d’une surveillance accrue, puisqu’ils retiennent une quantité d’eau supérieure à la normale. Si ces derniers venaient à disparaître, l’élévation de la mer serait nettement plus importante que celle causée par Thwaites.
À titre d’information, la hausse du niveau de l’eau de 17 cm menacerait pas moins de 400 millions de personnes. D’ici 2050, le monde devrait compter 140 millions de réfugiés climatiques.
La hausse des températures planétaires modifie fortement les courants marins. Concrètement, les eaux se réchauffent de plusieurs manières, via :
Les courants marins sont pourtant essentiels à la régulation du climat, puisqu’ils contribuent à la redistribution de l’énergie solaire sur l’ensemble du globe. Dès lors, les différents phénomènes cités participent au changement des températures et donnent lieu à des événements climatiques extrêmes (canicules, inondations, etc.).
À titre d’information, en 50 ans, l’Antarctique a gagné 3 °C.
La fonte des glaces provoque la perte de l'habitat naturel de nombreux êtres vivants. D’autant que la rapidité de ce phénomène ne leur laisse pas le temps d’acclimatation adéquat. Même si des animaux tentent de migrer vers de nouveaux territoires, ils doivent faire face aux espèces qui y sont déjà présentes.
L’exemple le plus connu reste celui des ours polaires réfugiés sur un petit morceau de banquise. Mais ce n’est pas le seul, puisque d’ici la fin du siècle, la fonte des glaces pourrait réduire les effectifs des colonies de manchots empereurs de 93 %.
Les écosystèmes marins ne sont pas en reste. La montée des eaux ne permet pas aux rayons du soleil d’accéder aux profondeurs des mers et de participer au processus de photosynthèse des récifs coralliens. Cela impacte plusieurs espèces de poissons qui dépendent pourtant de ce riche écosystème pour survivre.
Au-delà de ça, la modification des courants marins ne permet plus non plus de transporter convenablement les nutriments nécessaires aux êtres vivants peuplant les mers et les océans.
Les réserves mondiales d’eau douce sont évaluées à 2,8 %, dont seule 0,7 % est potable.
La fonte des glaces affecte la qualité d'eau douce en surface et souterraine. De fait, l’eau de mer étant salée, l'élévation du niveau de la mer salinise cette ressource naturelle et la rend impropre à la consommation pour les humains, les animaux et les plantes.
Au-delà des répercussions environnementales, la raréfaction de l’eau pourrait être à l’origine d’une grave crise mondiale, de conflits entre les différentes communautés, ainsi que de nouvelles disparités sociales.
Nous sommes ici dans un véritable cercle vicieux.
Le réchauffement climatique est à l’origine de la disparition des glaces. Or les glaciers sont utiles pour limiter ledit réchauffement.
En effet, leur couleur blanche permet de réfléchir 95 % des rayons du soleil et de maintenir des températures vivables. Les glaces sont essentielles au bon fonctionnement de l’effet de serre - un phénomène qui permet de réguler le climat.
La fonte des glaces, elle, libère le CO2 emprisonné depuis de longues années, accélérerait ainsi le réchauffement climatique. D’ici 2100, certains scénarios du GIEC estiment que la fonte des sols gelés pourrait relâcher plusieurs centaines de gigatonnes de carbone dans l’atmosphère.
Adopté en 2015, l’Accord de Paris doit nous aider à lutter contre le réchauffement climatique. Ce traité juridiquement contraignant engage les pays signataires à adopter des mesures en vue de limiter le réchauffement sous la barre des + 2 °C d’ici la fin du siècle.
Tous les cinq ans, ce texte historique signé par 196 parties fait l’objet d’un renouvellement. À ce titre, chaque État doit alors déterminer de nouvelles actions concrètes pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Le réchauffement climatique est caractérisé par une trop forte concentration de gaz à effet de serre d’origine anthropique dans l’atmosphère.
Même si nos activités en portent la responsabilité, nous pouvons nous réjouir sur un point : des moyens existent pour inverser la tendance.
Plusieurs actions peuvent être mises en place pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 :
Le Paquet « Ajustement à l’objectif 55 » de l’Union européenne a fixé son objectif de réduction de 55 % des émissions de GES d’ici à 2030.
La France, elle, s’engage d’ici 2050 à atteindre la neutralité carbone. Pour ce faire, la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) prévoit de diviser par six ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990.
Bien qu’il soit impératif de traiter le problème à la source, la technologie peut permettre de gagner un temps précieux. Face à la rapidité de la fonte des glaces, certains chercheurs mettent au point divers projets :
Ces projets sont, pour le moment, au stade de l’idée. Il demeure nécessaire d’étudier leurs impacts sur la biodiversité et sur le réchauffement climatique.
La fonte des glaces est d’ores et déjà bien entamée, et les conséquences des actions ci-dessus ne seront visibles que dans les siècles prochains.
Cependant, il existe à ce jour plusieurs points de bascule, notamment en Antarctique. Ce sont des zones extrêmement fragilisées, qui pourraient ne jamais retrouver leur état d'origine. Néanmoins, tendre vers une société décarbonée permettrait de préserver un tiers de la masse glaciaire d’ici la fin du siècle.
La lutte contre le réchauffement climatique est l’affaire de tous. Bien que le glacier de l’apocalypse soit géographiquement très loin de nous, sa fonte est bien réelle, et finira par nous impacter.
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