La difficile équation de la sobriété numérique
La sobriété numérique vise à minimiser l’impact environnemental lié à notre usage du numérique. Un concept qui se heurte pourtant à de nombreux défis.
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Les efforts pour diminuer les émissions de CO2 engendrées par les voitures particulières se multiplient, mais notre attention ne devrait-elle pas se porter aussi sur celles issues du transport maritime ? Que ce soit pour l’acheminement de marchandises ou de touristes, les déplacements en mer ne sont pas sans impact sur l’environnement.
Quelle est l’empreinte carbone du transport maritime ? Est-elle conséquente comparée aux autres modes de transport ? Comment la réduire pour être en mesure de limiter le réchauffement climatique à + 2 °C d’ici 2050 ? On vous dit tout.
Le transport maritime désigne l’acheminement de personnes (notamment à des fins touristiques) et de marchandises par voie maritime. Selon les Nations Unies, le transport maritime représente 80 % des volumes transportés et 90 % des échanges intercontinentaux de marchandises.
Malgré sa lenteur (plusieurs semaines, voire des mois pour arriver à bon port), ce mode de transport comporte de grands avantages :
Aujourd'hui, le transport de personnes s’effectue majoritairement par avion et non plus par bateau (excepté pour les croisières).
Selon le Green Shipping Challenge à l’initiative des gouvernements américain et norvégien, les émissions de gaz à effet de serre (GES) du transport maritime sont incompatibles avec les objectifs de l’Accord de Paris. En effet, Francis Estellat, directeur adjoint des Fonds Equity Mid Cap chez Bpifrance l’affirme :
D’après le rapport 2022 du GIEC, le transport maritime représente 16 % des émissions du fret et 70 % des tonnes-kilomètres transportées (c’est-à-dire le déplacement d’une tonne de marchandises sur un kilomètre).
En définitive, sur la décennie écoulée, le transport maritime était annuellement responsable de 600 à 1 100 MtCO2, soit 3 % des émissions mondiales de GES.
Et la tendance ne semble pas près de s’inverser au vu de l’augmentation constante des volumes de fret. D’après les experts du GIEC, les volumes ont augmenté de 250 % sur les 40 dernières années (en 2018, 11 milliards de tonnes ont été transportées. Un record).
Ainsi, selon l’Organisation maritime internationale (OMI), les émissions pourraient être multipliées par deux d’ici 2050. Les émissions mondiales de GES seraient ainsi portées à 17 % (au lieu des 3 % actuels).
En 2023, plus de 106 000 bateaux composent la flotte mondiale, dont :
L’empreinte carbone du transport maritime est principalement constituée des émissions issues du bunker (un résidu du pétrole obtenu après le raffinage de l’essence ou du diesel). Considéré comme un fioul lourd et difficile à brûler, sa combustion rejette du dioxyde de carbone (CO2), du méthane (CH4) et du protoxyde d’azote (N2O), les principaux gaz responsables du réchauffement climatique.
Les navires relâchent également des particules fines et de soufre dans l’atmosphère. Celles-ci sont dangereuses pour l’environnement et la santé humaine (particulièrement pour les personnes vivant à proximité des ports et des côtes). Selon la durée de l’exposition, les populations peuvent être sujettes à des crises d’asthme, des irritations, développer des maladies chroniques ou des troubles neurologiques.
En définitive, les navires utilisant un fioul lourd émettent 3 500 fois plus de particules fines que le diesel.
L’environnement n’est pas en reste. Au-delà de dégrader la qualité de l’air, ces rejets nocifs contribuent au réchauffement climatique, provoquant l’acidification des océans et le dérèglement des écosystèmes marins.
De plus, le déversement des produits toxiques (eaux usées des navires, marées noires, etc.), la pollution sonore, la perte de conteneurs en mer, le naufrage des navires ou encore la migration d’espèces invasives impactent la faune, la flore, les fonds marins et détruisent l’habitat de nombreuses espèces.
Sans compter que l’intensification des flux commerciaux a modifié certains lieux naturels à l’image du canal de Suez et du canal de Panama.
Durant la COP 27, plusieurs pays ont demandé à l’Organisation maritime internationale (OMI) de viser le zéro carbone d’ici à 2050 - au lieu de réduire de moitié les émissions d'ici à cette même date. Voici certaines mesures à adopter pour entamer la transition énergétique et écologique de ce secteur.
Encore particulièrement dépendant aux énergies fossiles, ce secteur doit se tourner vers des alternatives moins émissives. Or, les technologies propres ne sont pas encore viables et les innovations dans ce domaine demeurent rares et coûteuses. D’autant que les carburants actuels restent avantageux : ils prennent peu de place, sont simples à transporter et leur coût est faible. Ces paramètres n’incitent pas un changement de pratique.
À l’heure actuelle, le gaz naturel liquéfié (GNL) est le carburant le plus développé.
Même s’il permet une réduction de 20 % des émissions de CO2 et améliore la qualité de l’air, il n’est pas considéré comme une alternative à faible émission de carbone par le GIEC.
De son côté, la Banque mondiale ne recommande pas l’utilisation de ce carburant de transition. En effet, bien qu’il limite les émissions de soufre et de particules fines, il peut être à l’origine de fuites de méthane et son cycle de vie totalise 10 % de ses émissions.
Selon le rapport 2022 du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), la transition écologique du transport maritime ne peut s’effectuer sans l’utilisation d’une énergie zéro carbone, ce qui implique :
👉 D’ici à 2025, le branchement électrique des navires à quai (permettant la mise à l’arrêt des moteurs auxiliaires) sera effectif dans toute l’Union européenne.
La transition écologique du transport maritime est lente et difficile, mais les choses tendent à bouger petit à petit.
Depuis 2015, l’Union européenne a abaissé le taux de soufre à 0,1 % du carburant dans les zones ayant un trafic maritime dense à proximité de côtes peuplées.
Depuis 2020, la quantité de soufre dans les carburants marins est également limitée par l’OMI. L’ensemble des navires marchands sont désormais dans l’obligation de ramener la teneur maximum de soufre à 0,5 % contre 4,5 % précédemment.
Cette obligation est valable pour le combustible utilisé pour la propulsion, mais également pour celui transporté (l’intérêt étant de ne pas avoir recours à un combustible non conforme en pleine mer ou en dehors des zones de contrôle).
En vue de s’assurer du respect de ces obligations, l’OMI a mis en place quatre zones de réglementations des émissions de polluants atmosphériques (des zones ECA pour « Emission Control Area ») dans le monde :
En définitive, l’utilisation du fioul lourd est interdite (excepté pour les bateaux équipés d’épurateurs séparant le soufre du gaz d’échappement).
Diminuer l’empreinte carbone du transport maritime implique de revoir nos habitudes de consommation pour réduire le trafic des marchandises par la mer. En effet, l’importation de produits exotiques est principalement à l’origine du transit en mer.
La solution ? Consommer des produits locaux. Au-delà de soutenir l’économie locale, les consommateurs sont assurés d’acheter des produits de qualité, labellisés selon les normes françaises tout en limitant leur impact carbone.
Il en est de même pour les voyages. Au lieu d’opter pour un séjour sur un bateau de croisière, les voyageurs peuvent se tourner vers la découverte des pays en train (un mode de transport peu émissif).
Il est vrai que les répercussions sanitaires et environnementales ainsi que les chiffres cités tout au long de l’article peuvent paraître impressionnants. Toutefois, le transport maritime domestique de marchandises (c’est-à-dire les trajets dont l’origine et la destination se situent en France métropolitaine) s’avère être un mode de transport efficace sur le plan environnemental.
Selon l’analyse réalisée par le Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires en octobre 2022, le transport maritime émet en moyenne trois grammes de CO2 par tonnes-kilomètres. C’est dix fois moins que le transport fluvial (30 g/t-km) et trente fois moins que le transport routier (100 g/t-km).
La pollution locale engendrée par les bateaux à quai ou par les vents amenant les polluants vers les côtes est également moindre par rapport à celle issue des transports routier et fluvial.
Dernier élément de comparaison : le coût environnemental. Celui du fret maritime s’élève à 0,10 c€/t-km (impact similaire au transport ferroviaire). Il est sept fois inférieur à celui du transport fluvial et 19 fois inférieur à celui du transport routier.
👉 En définitive, le rapport entre leur consommation d’énergie par kilomètre et leur capacité de stockage font des transports maritime et ferroviaire les moyens d’acheminement à privilégier pour les marchandises.
Le réchauffement climatique étant déjà bien avancé, il convient de poursuivre nos efforts en matière de réduction des émissions. Quantifiez celles de votre entreprise en réalisant votre Bilan Carbone®.
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