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Dilemme du prisonnier et réchauffement climatique : agir sans attendre
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Dilemme du prisonnier et réchauffement climatique : agir sans attendre

ÉcologieRéchauffement climatique
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Face à l’urgence climatique, les entreprises font quotidiennement affaire au dilemme du prisonnier. De quoi s’agit-il ? Greenly clarifie ce concept dans cet article.
Écologie
2023-09-08T00:00:00.000Z
fr-fr

La gravité du réchauffement climatique requiert une action, tant individuelle que collective. États, citoyens, entreprises… Tous sont concernés.
Cependant, malgré les mises en garde des scientifiques, cette mobilisation contre le changement climatique demeure timide - en atteste le record historique des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l’énergie en 2022 (36,8 gigatonnes).  

Une question se pose donc : pourquoi votre entreprise devrait-elle passer à l’action, alors que d’autres minimisent, voire nient le réchauffement climatique ? Greenly s’est penché sur la question.

Dilemme du prisonnier, de quoi parle-t-on ?

Dilemme du prisonnier, définition

Le dilemme du prisonnier est un concept pouvant s’appliquer à de nombreuses situations, y compris à la lutte contre le réchauffement climatique. 

Énoncé en 1950 par le mathématicien Albert Tucker, le dilemme du prisonnier désigne une situation où - sans coopération - il est rationnel pour chaque acteur individuel de prendre une décision optimale pour lui, mais dommageable pour le collectif. 

Lors d’un séminaire à l’Université de Stanford, le mathématicien a illustré ce concept en se servant de l’anecdote suivante : deux individus sont arrêtés sur le lieu du délit qu’ils viennent de commettre. Incarcérés sans possibilité de communiquer, ils sont ensuite interrogés séparément. 

Les policiers leur présentent alors trois choix : 

  • si un seul des deux avoue et dénonce son complice, il sera libéré. L’autre écopera quant à lui, de la peine maximale (huit ans de prison) ;
  • si les deux nient leur implication et en l’absence de preuves, ils seront condamnés à une courte peine (un an) ;
  • si les deux avouent, chacun verra sa peine réduite à quatre ans.

Au niveau individuel, il est plus rationnel de dénoncer l’autre pour obtenir une réduction de peine. A contrario, au niveau collectif, il est plus rationnel de nier toute implication. Cependant, sans communication préalable, les prisonniers ont de grandes chances d’avouer et de se dénoncer mutuellement - ce qui leur causera le plus grand tort.

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Le dilemme du prisonnier au sein d’une entreprise écoresponsable

Le dilemme du prisonnier s’applique dans diverses situations, dont la lutte contre le réchauffement climatique.

Dans notre article intitulé « Stratégie bas carbone en entreprise : pourquoi est-elle indispensable ? », nous avions évoqué : 

  • les coûts d’adaptation - nécessaires pour réparer les dommages liés au changement climatique, mais également pour adapter infrastructures et activités ;
  • les coûts de mitigation - c’est-à-dire les frais résultant des différentes actions liées à la réduction d’un impact carbone donné.
Dans ce contexte, le dilemme du prisonnier se poserait de la façon suivante : pourquoi se donner la peine d’engager des frais de mitigation, alors que l’inaction des autres entreprises engendrera à coup sûr la création de nouveaux coûts d’adaptation - et ce, quel que soit le niveau de réduction des émissions atteint par sa propre structure ? 

À d’autres échelles, l’entreprise qui déciderait de réduire ses émissions subirait donc une double peine, au même titre que le prisonnier dénoncé par son complice alors qu’il a tenu parole. Malgré les efforts fournis par une organisation donnée, les bénéfices demeureraient insuffisants pour enrayer la multiplication des coûts d’adaptation. Pourquoi donc s’embêter à engager à la fois des frais de mitigation et des frais d’adaptation ? 

Il ne s’agit pas là du seul exemple :   

  • Éric Zemmour refuse catégoriquement d’envisager la mise en place d’une politique climat ambitieuse, sous prétexte que les pays les plus émetteurs ne font pas de même (« La France représente 1 % des émissions de CO2 ») ; 
  • l’aérien et le numérique jugent leur contribution respective aux émissions de GES “minimes” et souhaitent voir d’autres secteurs plus émetteurs agir avant d’engager eux-mêmes des frais de décarbonation.

👉 En suivant cette logique, aucune entreprise, pays ou secteur n’aurait donc intérêt à se lancer dans une stratégie de réduction de ses émissions. 

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Comment dépasser ce dilemme du prisonnier ?

Anticiper la réglementation pour réduire ses coûts de mitigation

Une première façon de répondre à ces arguments est d'insister sur la réglementation future autour des émissions.

En tant que groupements collectifs, les États perçoivent l’intérêt de tous. Ils tentent donc de forcer les entités en leur sein à collaborer, en pénalisant celles qui ne s’engagent pas. 

La coopération mise en place lors de l’Accord de Paris a fait sauter un premier dilemme du prisonnier à l’échelle étatique. 
Dans son sillage, plusieurs pays se sont engagés à réduire leurs émissions directes et indirectes, initiant alors le développement de nouvelles réglementations environnementales - à l’image de la stratégie nationale bas-carbone en France. 

Malheureusement, ces réglementations sont trop peu ambitieuses et ne permettent pas de remplir nos objectifs en matière de réduction d’émissions. 

Pour preuve : d’après le GIEC, si toutes les législations envisagées sont mises en œuvre, le réchauffement climatique moyen à la surface de la Terre dépassera + 3 °C.

Pour respecter leurs engagements, les états vont donc devoir durcir et élargir les contraintes réglementaires. Cela augmentera les coûts de mitigation pour les entreprises.

👉 À titre d’exemple, le marché européen du carbone (actuellement limité aux industries les plus émissives) a longtemps présenté des prix trop bas pour l'émission d’une tonne de carbone - en comparaison des coûts d’adaptation. Toutefois, ce marché a vocation à intégrer l’ensemble des émissions du territoire européen et atteindre 130 € la tonne d’ici 2030

De plus, alors que nous nous obstinons dans l’inaction, les coûts de mitigations vont croissant. En effet, plus la transition est abrupte, plus les dommages économique et coûts sont forts.

En ce sens, la situation initiale du dilemme du prisonnier - qui était défavorable à l’entreprise ayant anticipé une démarche de réduction - tendrait à s’inverser dans le futur.

Engranger des co-bénéfices adaptation-mitigation

Par ailleurs, il est faux de penser que celui qui diminue son impact carbone paie le même coût d’adaptation que son voisin n’ayant entrepris aucune action.

De nombreux investissements de mitigation donnent lieu à des bénéfices en termes de coûts d’adaptation. Deux exemples : 

  • l’électrification de l’activité d’une entreprise permet de se protéger de la volatilité des prix du gaz ;
  • la mise aux normes d’un bâtiment sur le plan thermique aide une entreprise - et ses employés - à se protéger des vagues de chaleur (lesquelles vont s’intensifier et se multiplier). 

En l’état, certaines initiatives en matière de réduction des émissions sont également des initiatives d’adaptation. 

En limitant la dépendance de votre entreprise aux énergies fossiles, vous réduirez votre exposition aux troubles économiques engendrés par une transition forcée (disruption de la chaîne d’approvisionnement, volatilité des prix des matières premières, inflation, etc.).

Agir sur les émissions de votre entreprise vous permettra de vous protéger en partie des effets du changement climatique. Même si vos concurrents ne mettent aucune action en place.

Être un leader de son secteur

De façon plus générale, sur un marché ultra-concurrentiel et sensible à ces sujets, se distinguer de la concurrence via une offre moins carbonée peut aussi permettre d’entraîner d’autres entreprises dans son sillage.  

Il en va de même pour toute chaîne de valeur : l’ambition d’un seul des maillons de ladite chaîne peut mener à des efforts de décarbonation à travers l’ensemble de la chaîne. Ainsi, des secteurs entiers peuvent progresser grâce à l’initiative d’un seul acteur. Or, dans ce cas de figure, les réductions d’émissions deviennent significatives et réduisent les coûts d’adaptation de tous.

Profiter des opportunités économiques de la transition

L’OCDE souligne les avantages compétitifs des « first-movers ». Œrsted, par exemple. 

En 2008, cet énergéticien danois a anticipé l’évolution du marché en basculant abruptement son mix énergétique d’une majorité de charbon vers des énergies éoliennes renouvelables. 
Bien que l’entreprise ne soit pas encore complètement indépendante de l’usage des énergies fossiles, sa progression a ainsi été plus forte que celle du marché. Une avancée récompensée par les investisseurs. 

Le gain d’un tel avantage compétitif se vérifie d’ailleurs sur des marchés moins techniques, où le marketing constitue un outil clé. De fait, depuis quelques années, le développement durable s’est généralisé au sein des stratégies de communication. Cependant, les messages ne sont pas toujours alignés sur l’impact environnemental réel des entreprises ou de leurs produits - une pratique mensongère nommée « greenwashing ».

👉 En ce sens, justifier d’une trajectoire de réduction de vos émissions alignée avec les objectifs de l’Accord de Paris constitue un atout marketing - une façon de se prémunir des accusations de greenwashing et d’étendre votre activité !

plusieurs branches d'arbres composées de feuilles

Comment passer outre le dilemme du prisonnier dans le cadre de votre entreprise ?

Prendre en compte la responsabilité de chacun

Cet article s’est concentré sur l’aspect économique d’une stratégie de réduction des émissions. Pourtant, au-delà du succès économique d’une entreprise, le dilemme du prisonnier pose des questions morales.

Une des questions est celle de la responsabilité - celle des entreprises, mais aussi des individus qui la composent. Si les entreprises sont des structures économiques orientées vers le profit, elles demeurent composées d’êtres humains ayant des sensibilités morales.

Même si cette responsabilité est diluée par la présence de nombreux acteurs, les employés contribuent à l’impact de l’entreprise par leur force de travail. Chacun doit donc déterminer s’il souhaite apporter - ou non - sa contribution dans la lutte contre le réchauffement climatique.

👉 Si vous avez aimez cet article, n'hésitez pas à consulter celui-ci : "Stratégie bas carbone en entreprise : pourquoi est-elle indispensable ?"

Bâtir une stratégie bas carbone ambitieuse avec Greenly

Malgré un apparent dilemme du prisonnier, les entreprises entamant une stratégie de réduction de leurs émissions peuvent ressortir gagnantes. Bien sûr, nous ne pouvons être catégoriques à ce sujet, car cela dépend de la justesse avec laquelle la stratégie climat est élaborée. 

Chez Greenly, nous proposons cependant d’aider les entreprises à naviguer au cœur de cet environnement complexe, afin d’élaborer les stratégies de réduction les plus bénéfiques possible. 

Vous êtes intéressés ? Lancez-vous dans cette démarche vertueuse en réservant votre démonstration gratuite.

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