
European Sustainability Reporting Standards (ESRS) : le guide
Les normes ESRS sont des règles visant à encadrer la réalisation du reporting extra-financier imposé par la CSRD. Explications.
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L'Indice de Performance Environnementale (IPE) est un outil créé par les universités de Yale et Columbia qui classe 180 pays selon l'efficacité de leurs politiques environnementales. Publié tous les deux ans depuis 2006, il combine 58 indicateurs répartis en 11 catégories pour produire une note sur 100. Cet indicateur est mondialement reconnu mais fait l'objet de critiques importantes concernant sa méthodologie et sa capacité à mesurer réellement la performance environnementale. Il valorise notamment les capacités d'investissement des pays riches au détriment de l'empreinte écologique réelle.
L’Environmental performance index (EPI), 2019
Commissariat général au développement durable
Le but ? Inciter les États à atteindre leurs objectifs climatiques. Plus généralement, l’IPE contribue à l’atteinte des objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD).
Publié pour la première fois en 2006, cet indicateur a été conjointement élaboré par les Universités de Yale et de Columbia – sa création faisant suite à la demande du forum économique mondial de Davos. Communiqué tous les deux ans, le classement est aujourd’hui internationalement reconnu.
L’EPI succède à l’Environmental Sustainability Index (ESI) employé entre 1999 et 2005. Également développé par les universités de Yale et de Columbia, cet indice de durabilité environnementale mesurait alors les performances environnementales générales de 142 pays.
L'indicateur IPE s'avère être un outil de référence important pour les pays cherchant à améliorer leur performance environnementale, car il offre potentiellement la possibilité de :
Cet indicateur, qui évalue la situation actuelle de l'environnement, se concentre sur les résultats tangibles de l'application de la politique environnementale d'un pays.
L’indice EPI en 2024 combine 58 indicateurs répartis en 11 catégories de problématiques, allant de la lutte contre le changement climatique et la pollution de l’air à la gestion des déchets, la durabilité de la pêche et de l’agriculture, ainsi que la déforestation et la protection de la biodiversité. À noter qu’en 2006, seuls 16 indicateurs répartis en 11 catégories étaient étudiés !
En détail, voici les onze indicateurs étudiés par l’EPI (source : Environmental Performance Index) :
Comment l’IPE collecte et vérifie ses données environnementales ? Les données environnementales sur lesquelles se base l’IPE sont issues d’organisations internationales, d’instituts de recherche, d’universités et d’agences gouvernementales. Elles sont ensuite vérifiées par des tiers. À noter que les données partagées par les gouvernements eux-mêmes ne sont pas considérées. Il en est de même pour les intentions d’action et les données historiques. Tout comme les indicateurs individuels, la formule de calcul de l'IPE se transforme à chaque nouvelle édition. C’est pourquoi, en raison de changements méthodologiques constants, qu'il est inapproprié de comparer le score d'un pays avec celui de la précédente édition.
Les 11 catégories mesurent à la fois la pression sur l’environnement, l’état des écosystèmes, l’évolution dans le temps et les actions du gouvernement. Par exemple, dans la catégorie « biodiversité », 80 % de la note dépend des actions mises en place par le gouvernement, tandis que seulement 20 % repose sur la qualité des habitats.
Toutes ces catégories sont ensuite regroupées sous trois grands objectifs politiques :
Chaque donnée est ensuite transformée en un indicateur compris entre 0 et 100 (100 étant l’objectif à atteindre). Les scores de chaque donnée sont pondérés, regroupés par catégorie, puis par objectif afin de donner une note finale à la politique environnementale de chaque pays.
Après l'évaluation, une note sur 100 est attribuée à chaque pays puis ceux-ci sont classés du plus au moins éco-responsable.
À noter que les trois objectifs de l’IPE – à savoir l’amélioration de la santé environnementale, la protection de la vitalité des écosystèmes et l’atténuation du changement climatique – représentent respectivement 20, 42 et 38 % de la note finale.
Yale EPI 2024
Environmental Performance Index
Le classement IPE (Indice de Performance Environnementale) 2024 révèle moins une excellence environnementale qu'une fracture entre pays développés et émergents.
Avec 67/100, la France se situe dans une moyenne honorable mais décevante pour une puissance du G7, distancée par l'Estonie (75,7/100) – pays balte dont la densité démographique faible et la forte couverture forestière jouent mécaniquement en sa faveur.
L'écart avec le Vietnam (24,6/100) illustre surtout les biais méthodologiques de l'IPE : cet indice privilégie les capacités d'investissement dans les infrastructures vertes (assainissement, énergies renouvelables, réglementation) plutôt que l'empreinte écologique réelle. Ainsi, des pays riches pollueurs peuvent afficher de bons scores grâce à leurs moyens techniques, tandis que des économies émergentes industrialisées à marche forcée sont pénalisées malgré leur faible empreinte carbone historique.
Ce classement interroge donc davantage sur les moyens déployés que sur les résultats obtenus en matière de soutenabilité globale – empreinte carbone par habitant, consommation de ressources, impact sur la biodiversité mondiale.
Une lecture critique s'impose : l'excellence administrative ne garantit pas la sobriété écologique.
Classement IPE : entre responsabilité et vulnérabilité… Les pays d’Asie (le Pakistan, le Bangladesh, le Vietnam, la Birmanie et l’Inde) occupent les dernières positions du classement. Toutefois, ils ont un accès limité au financement pour assurer leur transition écologique, et sont simultanément parmi les pays les plus vulnérables aux impacts directs du changement climatique, qu'il s'agisse d'événements extrêmes ou de processus évolutifs. Cette circonstance met en évidence la nécessité impérieuse de fournir une aide financière à ces pays à travers les « pertes et dommages » liés au climat. Au contraire, des pays tels que les États-Unis et la Chine (respectivement à la 35 et à la 156ème place) ont la capacité d'agir, mais ne mobilisent pas assez leurs ressources pour préserver l'environnement.
Le Dr Navroz Dubash – du Center for Policy Research et l’un des auteurs du dernier rapport du GIEC – dénonce le paramètre « problématique » du changement climatique, mentionné dans Le Petit Journal. Il livre ses réflexions à ce sujet :
Environnement, l'Inde dernière du classement IPE 2022
Le Petit Journal, 2022
Cet indicateur est mondialement reconnu mais fait l'objet de critiques importantes concernant sa méthodologie et sa capacité à mesurer réellement la performance environnementale. Il valorise notamment les capacités d'investissement des pays riches au détriment de l'empreinte écologique réelle.
L'IPE souffre d'un problème fondamental : il prétend mesurer une réalité – la performance environnementale – que personne ne définit de la même manière.
Les systèmes d'indicateurs de performance environnementale (IPE), entre communication et contrôle
Cairn, 2007
Résultat : l'IPE agrège des données hétérogènes – qualité de l'air, biodiversité, gestion des déchets – en un score unique tout aussi trompeur qu'une moyenne générale scolaire combinant mathématiques et art.
Un pays peut exceller en assainissement des eaux mais massacrer des forêts primaires, obtenant malgré tout un score flatteur. Plus grave encore, cet indice valide implicitement le modèle occidental : infrastructures lourdes, réglementation bureaucratique, investissements massifs. Il ignore les approches low-tech, les savoirs traditionnels de gestion des communs, ou la sobriété imposée par nécessité. L’IPE pourrait donc servir davantage à rassurer les décideurs par des chiffres plutôt qu'à questionner les modèles de développement économiques.
Environmental Performance Index
Environmental Performance Index, 2024
En détail, voici comment la France par rapport aux différents indicateurs analysés (Environmental Performance Index, 2024) :
Enfin, même si la France a significativement amélioré sa position en matière d'atténuation climatique (11ème en 2024 contre 51ème en 2022), cette progression reste insuffisante au regard de la trajectoire 2050 qui la place au 141ème rang mondial. Pour changer la donne, deux approches pourraient être envisagées :
Pour que la trajectoire des émissions soit en accord avec l'objectif de l'Accord de Paris – qui vise à limiter le réchauffement à +2 °C, idéalement +1,5 °C d'ici la fin du siècle –, la France doit également renforcer des mesures spécifiques par secteur : agriculture, transports et énergie en priorité.