Décarbonation : définition, pistes de réflexion et mise en œuvre
Pilier de la transition écologique, la décarbonation s'impose à nos sociétés, en vue notamment de réduire notre dépendance aux énergies fossiles.
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D’après une étude de l’IFOP, 51 % des Français pensent qu'une entreprise doit être utile à la société dans son ensemble. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la loi Pacte a introduit le statut de société à mission en France en 2019. Selon l'Observatoire des sociétés à mission, on dénombre aujourd'hui 1351 organisations répondant à ce nom.
Mais qu'est-ce qu'une entreprise à mission ? Quels sont les avantages de ce statut ? Les risques éventuels ? Comment devient-on une société à mission en 2024 ?
Explications
Une entreprise à mission (ou entreprise à impact) est une société qui vise à contribuer au bien commun. Cette volonté va souvent de pair avec l'instauration d'une démarche RSE ambitieuse.
Rien d'abstrait toutefois : pour pouvoir bénéficier de la qualification d'entreprise à mission, l'ensemble de ces éléments doivent :
Par ailleurs, la qualité de "société à mission" figure dans le répertoire Sirene.
La qualification d'entreprise à mission est apparue en 2019, via l'article 176 de la loi du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises. Plus simplement, cette législation est souvent désignée sous le terme de "loi Pacte".
Bien évidemment, la déclaration doit s'accompagner d'un plan d'action. L'ensemble de ces éléments feront l'objet d'un contrôle et d'une vérification quant à leur crédibilité.
Toutes les entreprises peuvent prétendre au statut de société à mission. Indépendamment de leur secteur d'activité, de leur chiffre d'affaires, de leur structure juridique ou de leur taille.
Conformément à l’article L.210-10 et suivants du Code de commerce, les conditions à remplir sont :
Pour assurer un suivi efficace des objectifs fixés, il est essentiel d'identifier des indicateurs de performance pertinents. Par exemple, si votre entreprise souhaite contribuer activement à l'objectif mondial de neutralité carbone, la réalisation annuelle d'un bilan carbone est tout indiqué. Outre le fait d'évaluer vos émissions de gaz à effet de serre (GES), le bilan carbone vous permettra d'identifier vos principaux postes d'émissions. Ceci afin d'établir un plan de transition cohérent et efficace sur le long terme.
Voici quelques exemples de KPIs intéressants (en fonction des missions que vous aurez choisies).
Typologie de KPIs | Exemples de KPIs |
---|---|
KPIs environnementaux |
Réduction des émissions de CO2 (tonnes/an). Pourcentage d'énergie renouvelable utilisée. Quantité de déchets recyclés (en tonnes ou en pourcentage). Réduction de la consommation d'eau. Indice de biodiversité sur les sites de production. |
KPIs sociaux |
Taux d'emploi local (pourcentage d'employés recrutés localement). Taux de formation des employés (heures de formation par employé/an). Taux d'inclusion (pourcentage d'employés appartenant à des groupes sous-représentés). Taux de satisfaction des employés. Taux d'accidents du travail. |
KPIs sociétaux |
Contribution à des projets locaux (nombre de projets soutenus ou montant investi). Pourcentage d'achat responsable ou local. Impact sur les populations locales (nombre de personnes bénéficiant directement ou indirectement des activités de l'entreprise). |
KPIs économiques liés à la mission |
Pourcentage du chiffre d'affaires consacré à la mission. Retour sur investissement des projets à impact. Pourcentage des bénéfices réinvestis dans des projets à impact. |
KPIs de gouvernance |
Pourcentage de femmes ou de membres de minorités dans les instances dirigeantes. Nombre d'instances de contrôle ou de suivi de la mission (comme un comité de mission). Fréquence des rapports d'impact publiés. |
KPIs de transparence |
Nombre de rapports RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) publiés. Adhésion à des normes ou certifications reconnues (comme le label B Corp ou ISO 26000). Niveau de détail et d'accessibilité des informations partagées sur la mission et ses impacts. |
Depuis 2019, une entreprise peut enrichir ses statuts d'une "raison d’être". Au sens de l'article 1835 du code civil, la raison d'être d'une organisation est "constituée des principes dont la société se dote et pour le respect desquels elle entend affecter des moyens dans la réalisation de son activité".
Or, ainsi que le soulignait la Harvard Business Review en août 2023, la définition de cette raison d'être n'est pas anodine.
Or, ces missions d'intérêt général s'inscrivent rarement sur le court terme. A contrario des objectifs financiers d'une entreprise. À ce titre, la raison d'être d'une entreprise revêt un caractère d'autant plus visionnaire - et inspirant pour les salariés comme pour les clients.
Bien pensée, une raison d'être peut devenir un élément à part entière de l'identité de l'entreprise. Et par voie de conséquence, un élément différenciant. Voire un avantage concurrentiel, tant sur le plan de l'image que sur celui de la résilience.
De fait, les conflits sociaux et les problématiques environnementales qui émaillent notre société contemporaine questionnent la pérennité et l'essence même de certains modèles. En se questionnant sur ses impacts sociaux et environnementaux, une entreprise devient capable de se réinventer et de s'adapter en vue d'assurer sa pérennité.
D'après une étude Harris Interactive, près de 70 % des 18-30 ans déclarent qu’ils seraient prêts à s'abstenir de postuler auprès d'entreprises ne tenant pas compte des enjeux écologiques.
Pour autant, opérer au tri au milieu des multiples argumentaires à caractère environnemental ne constitue pas une mince affaire. Aujourd'hui, rares sont les entreprises qui revendiquent leur inaction climatique... C'est la raison pour laquelle le statut d'entreprise à mission peut aider à gagner en attractivité. Et pour cause : le fait d'inscrire son engagement écologique au sein de ses statuts crédibilise ce dernier. Car il fait l'objet d'un suivi par le comité de mission.
Par ailleurs, les salariés manifestent leur volonté de donner du sens à leur travail. Une étude conduite par Jobs that make sense et Audencia s'est penchée sur cette question : en 2022, elle établissait que 92 % de ses répondants étaient "en quête de sens". De même, 57 % des répondants affirmaient que contribuer à la transition écologique et/ou sociale donnerait justement du sens à leur travail. Un sens autre que celui de contribuer à développer le chiffre d'affaires de l'entreprise.
Une entreprise à mission peut difficilement atteindre ses objectifs sans le soutien de ses parties prenantes. De fait, la chaîne de valeur de toute société compte pour une part importante de son impact global. Il suffit de voir, par exemple, comment la chaîne d'approvisionnement d'une marque de fast fashion nuit à son bilan carbone.
En ce sens, le fait de devenir une entreprise à mission peut créer un effet "boule de neige". En changeant, une société impose de nouvelles exigences, auxquelles ses fournisseurs décideront de répondre ou non. Néanmoins, dans un contexte où lex impacts environnementaux et sociaux occupent une place croissante, ce changement est susceptible de faire office de "détonateur". Autrement dit, il peut inciter les entreprises qui hésitaient à initier leur propre transition à se lancer à leur tour.
Pour tenir ses engagements dans la durée, il est important de se fixer des objectifs clairs, précis et mesurables. Faute de quoi, l'entreprise peut être sanctionnée. Les missions choisies peuvent être d’ordre social ou environnemental.
En voici quelques exemples (cette liste n'est pas exhaustive).
Thématique | Causes / Missions |
---|---|
Lutte contre le changement climatique | Développement de technologies d'énergie renouvelable. Initiatives de reforestation ou de conservation des océans. Réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'entreprise. |
Soutien à l'éducation | Financement de programmes éducatifs pour les populations défavorisées. Mise en place de formations pour les adultes en reconversion professionnelle. Collaboration avec des écoles pour renforcer les compétences en STEM. |
Promotion de la santé et du bien-être | Développement de produits alimentaires sains. Initiatives pour améliorer l'accès aux soins médicaux dans les régions sous-desservies. Programmes de bien-être au travail pour les employés. |
Réduction des inégalités | Programmes d'emploi pour les groupes sous-représentés. Initiatives de formation et d'accompagnement pour les femmes entrepreneures. Projets pour soutenir l'inclusion des personnes handicapées. |
Protection de la biodiversité | Initiatives de conservation d'espèces menacées. Actions pour réduire l'empreinte écologique de l'entreprise. Partenariats avec des organisations de protection de la nature. |
Développement durable | Adhésion à des normes de production éthique et responsable. Promotion d'une économie circulaire (recyclage, réutilisation). Initiatives pour la conservation de l'eau ou la gestion durable des ressources. |
Soutien aux communautés locales | Programmes de développement économique dans les régions où l'entreprise opère. Partenariats avec des artisans locaux pour favoriser l'emploi et la transmission des savoir-faire. Initiatives de philanthropie ou de mécénat. |
Promotion de l'éthique et de la transparence | Actions pour garantir une chaîne d'approvisionnement éthique. Programmes de lutte contre la corruption. Engagements pour la transparence fiscale. |
La définition de la raison d’être de son entreprise est impérative. Attention, cette modification doit être inscrite :
Une raison d’être doit expliquer la ou les missions environnementales et/ou sociales que se fixe l'entreprise dans le cadre de son activité.
Pour les entreprises de plus de 50 personnes, la mise en place d'un comité de mission s'impose.
Dans le cas des entreprises de moins de 50 salariés, la loi autorise une version "allégée" du comité de mission. On parle alors de référent de mission.
Pour devenir une entreprise à mission, une déclaration doit être effectué sur le site du guichet unique des formalités des entreprises.
La publication sera effectuée :
Il est possible de faire cette déclaration au moment de la demande d’immatriculation pour la création de l’entreprise. Sinon, une demande d’inscription modificative fera l'affaire.
La garantie du respect des missions choisies est cruciale. Cette vérification doit être opérée tous les deux ans, par un organisme tiers indépendant (OTI).
Pour choisir son organisme indépendant, il existe deux possibilités :
Dans tous les cas, c’est une étape obligatoire.
Attention : si le comité estime que les décisions de l'entreprise ne prennent pas en compte les enjeux environnementaux et sociaux liés à ses missions, il peut révoquer le statut d’entreprise à mission.
Dans la pratique, cette demande peut être déposée :
Si la demande aboutit il sera demandé au représentant légal de la société de supprimer la mention "société à mission" de tout document ou support de communication.
Attention : dans une telle hypothèse, ce changement implique d'entreprendre une nouvelle formalité modificative auprès du greffe du tribunal de commerce.
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