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Fin mai 2022, la Deutsche Bank a été visée par une enquête pour greenwashing. Un signal fort adressé à l’ensemble des institutions financières, lesquelles sont appelées à contribuer activement, elles aussi, à la lutte contre le changement climatique.
Plutôt que de s'attarder sur la Deutsche Bank, cependant, nous souhaitons mettre en lumière les mécanismes ayant amené à la mise en cause de cette institution bancaire. L'objectif : aborder cette question de façon constructive, et permettre à ceux qui le souhaitent d'évoluer en conséquence.
Qu'est-il arrivé à la Deutsche Bank ? Sur quel fondement cette enquête en greenwashing a-t-elle été ouverte ? Comment faire en sorte que ce cas de figure ne se reproduise pas ?
Explications.
Le 31 mai 2022, la Deutsche Bank (DB) et sa filiale de gestion d’actifs (DWS) ont été perquisitionnées par la police allemande, suite à des suspicions de greenwashing. L’alerte avait été donnée auprès de l’Autorité fédérale de supervision financière (la BaFin) et du gendarme américain des marchés (SEC), par l’ancienne responsable du développement durable de la DWS, Desiree Fixler.
En l'espèce, elle accusait le gestionnaire d’actifs d’avoir gonflé la taille de ses investissements ESG - Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance.
L’institution financière a été visée par une enquête pour fraude. En bref, certains de ses produits d’investissements auraient été étiquetés comme durables sur les prospectus de vente. Or, les critères ESG n’étaient manifestement pas pris en compte pour la plupart de ces produits. Autrement dit : leur durabilité ne se fondait pas sur des critères concrets.
Ce n'est pas à nous de le dire, mais à la Deutsche Bank. Il est à noter que la banque nie avoir trompé ses investisseurs. Le patron de la DWS, Asoka Wöhrmann, a néanmoins démissionné dans la foulée.
Dans cette affaire, la mutation rapide que connaît le monde financier a sans doute joué. Un exemple : en 2020, le rapport annuel de la DWS faisait état de portefeuilles ESG d’une valeur de 459 milliards d’euros. En 2021, ce chiffre tombait à 115 milliards d’euros d’actifs ESG. Une baisse drastique, sans doute causée par le renforcement des règles européennes sur la transparence de ces produits. Pour rappel, le 10 mars 2021 a marqué l'entrée en vigueur du règlement européen (UE) 2019/2088 sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers.
Pour ce qui est de la Deutsche Bank, il est donc probable que la virtuosité de bon nombre de ses actifs ait été surévaluée. Alors : erreur, négligence, méconnaissance ou cynisme ?
Le problème, c'est que ces produits d’investissement rapportent effectivement très gros. Selon les prévisions de Bloomberg Intelligence, d’ici 2025, l’ensemble de ces actifs devrait culminer à plus de 50 000 milliards de dollars. Une somme équivalente au tiers des actifs mondiaux sous gestion.
Le greenwashing est une technique frauduleuse employée dans le domaine du marketing et de la communication. Il s'agit de promouvoir une image de marque plus responsable, éthique et écologique qu'elle ne l'est en réalité.
En France, le greenwashing est une infraction passible de deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 300 000 euros - celle-ci pouvant être portée (de manière proportionnée aux avantages tirés du délit) à 80 % des dépenses engagées pour la réalisation de la publicité ou de la pratique coupable de greenwashing (article L.132-2 du Code de la consommation).
En outre, depuis le 1er janvier 2023 en France, le recours aux allégations de neutralité carbone est encadré par la loi. En cas d'infraction, les organisations concernées sont passibles d'une amende de 100 000 euros.
D’après l’étude menée par Oxfam en octobre 2020, l’empreinte carbone des banques françaises représente huit fois les émissions de gaz à effet de serre de la France.
Sans le savoir, bon nombre de citoyens participent au financement des énergies fossiles, principaux responsables du réchauffement climatique. En effet, beaucoup de banques soutiennent l’exploitation et l’utilisation de ces énergies polluantes via l’épargne de leurs clients. Ce soutien se manifeste au travers de leurs choix de financement et d’investissement.
Or, selon le 13ème rapport Banking on Climate Chaos, en 2020, les banques françaises auraient représentés les principaux apports financiers européens des énergies fossiles. Depuis 2016, elles les auraient financées à hauteur de 350 milliards de dollars.
D’après les analystes, au cours des 20 prochaines années, le marché des fonds ESG devrait connaître une croissance de 20 000 milliards de dollars. En somme, plus le réchauffement climatique fait irruption dans l’actualité, plus ce type d’actifs connaît du succès…
Une aubaine financière. Mais à quel prix ?
C'est à la justice qu'il appartient de trancher le cas de la Deutsche Bank. Du reste, pour les autres institutions bancaires, cette affaire doit sonner comme un véritable signal : celui du changement. S'il ne fallait retenir qu'une chose de cet événement, c'est que la question de la transition écologique est devenue trop sérieuse pour prendre certaines allégations à la légère. Ou ne pas suivre de près les évolutions relatives à la transition du secteur bancaire. Ce dernier a entamé sa mue - en témoigne l'émergence progressive du modèle des banques éthiques. Libre à ceux qui le souhaitent d'entrer dans la danse. Il n'est pas trop tard.