Comprendre l'accord UE-Mercosur en 3 questions clés
Objet d'un débat intense, nous vous proposons de comprendre l'accord UE-Mercosur en 3 questions clés.
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Depuis 1979, tous les cinq ans, les citoyens et citoyennes de l'Union européenne (UE) se rendent aux urnes pour élire les membres du Parlement européen. Cependant, il est indéniable que le scrutin rituel qui s'est déroulé entre le jeudi 6 et le dimanche 9 juin 2024 revêtait une dimension toute particulière. En cause : les multiples problématiques qui acculent aujourd'hui l'Union européenne, allant parfois jusqu'à remettre en cause sa légitimité. Une réalité d'autant plus sujette à débat que les résultats des élections européennes de 2024 semblent avoir encore accentué les divisions déjà existantes au sein de la coalition des 27 pays membres.
Que retenir de ce scrutin ? Comment analyser les résultats ? Que présagent-ils pour l'avenir de l'Union européenne ?
Tour d'horizon.
En 2024, 720 eurodéputés européens ont ainsi été élus (soit 15 de plus qu'à l'occasion du scrutin de 2019). Ce nouveau chiffre proposé par le Conseil européen avait été approuvé par le vote des députés en septembre 2023. Dans ce contexte, il avait été arrêté que la France, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Pologne, la Finlande, l’Irlande, la Lettonie, la Slovaquie et la Slovénie pourraient élire des représentants supplémentaires.
NB : Le nombre total d'eurodéputés ne peut pas excéder 750. Chaque pays dispose d'un minimum 6 députés (96 au maximum).
Pour voter aux élections européennes en France, les électeurs et électrices doivent d'abord remplir l'une de ces deux conditions :
En outre, les électeurs et électrices doivent s'assurer d'être inscrits sur la liste électorale de leur commune de résidence. Le jour du scrutin, il suffit ensuite de se rendre dans le bureau de vote de cette commune, muni de sa pièce d'identité (carte nationale d'identité ou passeport).
Pour les Français et les Françaises résidant à l’étranger, il est possible de voter :
Attention toutefois, car ainsi que le précise le site Service Public, si vous êtes inscrit sur les listes électorales de votre pays d'accueil dans le cadre de ce scrutin, cette inscription prime. Cela signifie que vous votez pour les représentants de votre pays d'accueil. A contrario, si vous souhaitez élire les députés français, vous devez :
Le Parlement européen est une assemblée transnationale destinée à représenter les citoyens et les citoyennes de l'Union européenne. Ainsi que le précise son site officiel, il s'agit par ailleurs, à travers le monde, de la seule assemblée de ce type élue de manière directe.
Dans la pratique, ce parlement :
Si, au moment de l'élection, les potentiels futurs eurodéputés s'affrontent sous l'étiquette de leur parti au plan national, c'est ensuite au sein de groupes politiques européens que les représentants siègent au Parlement.
Aujourd'hui, il existe 7 groupes au sein du Parlement :
Chaque pays membre est responsable de l'organisation de l'élection sur son territoire. 4 règles essentielles doivent être respectées :
NB : Il faut souligner que le nombre d'eurodéputés élus dans chaque pays de l'UE est fondé sur le principe de proportionnalité dégressive. Plus un pays compte d’habitants plus il a de sièges. En revanche, les États membres les moins peuplés ont la garantie d'obtenir davantage de sièges par habitant. Dans les faits, le député d'un pays davantage peuplé représente donc plus de personnes que le député d'un pays moins peuplé. Ainsi, les États membres les plus peuplés consentent à être sous-représentés, afin de "majorer la représentation des États membres les moins peuplés".
En France, les élections européennes ont été largement remportées par l'extrême droite, et plus spécifiquement par le parti du Rassemblement national (RN). Cette victoire est d'autant plus nette qu'en réalité, il faut ajouter au score du RN le score des autres listes de cette mouvance : Reconquête, etc.
Dans le détail, le scrutin donne le décompte suivant :
Attention : les listes ayant obtenu moins de 5 % des voix ne remportent pas de siège. En 2024, ce fut notamment le cas de la liste du Parti communiste.
Pour ce qui relève du taux de participation, le chiffre est en hausse par rapport à 2019, avec 51,49 % contre 50,12 % il y a cinq ans.
Listes candidates | Pourcentage des suffrages | Nombre de sièges |
---|---|---|
Rassemblement national (RN) | 31,37 % | 30 |
Renaissance | 14,60 % | 13 |
Parti socialiste (PS) - Place publique | 13,83 % | 13 |
La France Insoumise (LFI) | 9,89 % | 9 |
Les Républicains (LR) | 7,25 % | 6 |
Europe Écologie Les Verts (EELV) | 5,50 % | 5 |
Reconquête | 5,47 % | 5 |
L'extrême droite a opéré une large poussée sur l'ensemble de l'UE. Toutefois il est à noter que ce sont la droite traditionnelle et les sociaux-démocrates qui se positionnent toujours comme les deux plus importants groupes au sein du Parlement.
En résumé :
La taux de participation, lui, est en très légère hausse avec 50,93 % contre 50,66 % en 2019.
Les principaux points à retenir sont :
Le Figaro apporte toutefois quelques nuances à ces grandes lignes.
En l'état, un clivage Est-Ouest semble nettement se dessiner au sein de l'Union européenne, ainsi que le souligne le journal Le Monde.
Avant toute chose, il est essentiel de garder à l'esprit que les résultats de ce scrutin sont la somme de 27 scrutins nationaux aux ramifications très diverses.
Sophie Pornschlegel, directrice des études pour l'antenne bruxelloise de l'Institut Jacques-Delors, le résume d'ailleurs très bien pour franceinfo.
La percée de l'extrême droite n'est pas nouvelle. Ainsi que le soulignait plus haut Mathieu Gallard, l'extrême droite engrange de nouveaux sièges à chaque nouvelle élection européenne depuis le début des années 2000.
Le fait est, cependant, que cette dynamique ne cesse de se renforcer. Un phénomène que Marc Lazar, historien, explique de multiples manières.
La débâcle du camp écologiste est d'autant plus cinglante que leur triomphe aux dernières européennes avait semblé acter le commencement d'une nouvelle ère pour la prise en compte des problématiques environnementales.
Elle est en fait la triste illustration de la difficulté à laquelle se heurte la transition écologique de façon beaucoup plus globale. Si une certaine forme de consensus commence à poindre - notamment en Europe - autour de la nécessité d'agir contre le changement climatique, la mise en pratique, elle, suscite toujours autant de crispation, de débat, voire de rejet.
En l'espèce, la virulence de la crise qui a frappé le monde agricole début 2024 n'a certainement pas aidé le camp des Verts. Durement pointés du doigt, le Green Deal européen et les éléments qui pouvaient y être associés n'en sont pas ressortis indemnes. Ce à quoi il faut bien sûr ajouter des éléments de lecture totalement extérieurs au sujet environnemental, ainsi que le souligne Guillaume Farriol sur franceinfo.
Le résultat de ce scrutin pourrait avoir un impact sur l'avenir du Green Deal européen, dans un contexte où l'influence de la droite populiste s'accroît et pourrait donc enrayer la progression du Vieux Continent en matière de durabilité.
Le groupe Verts/ALE avait réussi à obtenir 74 sièges, devenant le quatrième plus grand groupe au Parlement. En l'espèce, ce succès s'expliquait certainement par la visibilité croissante des conséquences du changement climatique, ainsi que par la multiplication des manifestations environnementales à travers le continent - en grande partie inspirées par les grèves du Vendredi pour l'avenir menées par Greta Thunberg. L'ensemble de ces facteurs avaient alors accru la pression sur les politiciens pour qu'ils donnent la priorité aux questions environnementales.
Or, la représentation accrue des partis verts au Parlement a bien sûr eu un impact substantiel sur les politiques de l'UE. Les questions environnementales ont été mises au premier plan, avec des progrès significatifs en la matière et cristallisés par l'élaboration du Green Deal européen (un plan ambitieux visant à ce que l'UE atteigne la neutralité carbone d'ici 2050). Ce cadre prévoit notamment des mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), à investir dans les énergies renouvelables et à promouvoir les pratiques de l'économie circulaire.
Malheureusement, les progrès réalisés depuis quelques années pourraient se trouver menacés à terme par l'accroissement du soutien aux partis populistes.
Le Parlement sortant a initié des progrès significatifs dans la lutte contre le changement climatique, notamment grâce au Pacte vert européen (aussi appelé Green Deal) introduit par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Pour faire de l'Europe le premier continent neutre en carbone, les initiatives promouvant la durabilité, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l'innovation verte se sont multipliées.
L'une des réalisations fondamentales du Parlement actuel tient à l'adoption de la loi européenne sur le climat, qui oblige légalement l'UE à atteindre son objectif d'ici 2050 et fixe un objectif intermédiaire de réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55 % d'ici 2030 (par rapport aux niveaux de 1990). Cette législation sous-tend une série de politiques conçues pour accélérer la transition vers une économie bas-carbone, y compris l'expansion du système d'échange de quotas d'émission (SEQE) et des normes plus strictes en matière de droits d'émission pour les véhicules et les industries.
De son côté, la loi sur la restauration de la nature oblige l'UE vis-à-vis de la restauration des écosystèmes dégradés et de la biodiversité en général. Cette loi exige que les États membres élaborent et mettent en œuvre des plans visant à restaurer au moins 20 % de leurs terres et de leurs superficies marines d'ici 2030. En outre, les réglementations visant à réduire les émissions de méthane - un puissant gaz à effet de serre - ont été renforcées, et de nouvelles normes pour les émissions de véhicules lourds ont été introduites en vue de réduire la pollution du secteur des transports.
Ceci étant dit, malgré l'ensemble de ces progrès, le programme du Parlement pour le climat a évidemment été confronté à de nombreux défis, comme à un certain nombre de critiques.
Autre défi : le retrait forcé d'une proposition de loi visant à réduire de moitié l'utilisation des pesticides chimiques dans toute l'UE. Cette décision, prise par von der Leyen en février 2024, a fait suite aux protestations généralisées du monde agricole, en France et ailleurs. La proposition - initialement partie intégrante de la stratégie Farm to Fork de l'UE - a ainsi dû être abandonnée en dépit des tentatives pour trouver un compromis favorisant des alternatives plus écologiques aux pesticides chimiques. Bien évidemment, diverses organisations environnementales ont critiqué ce retrait, exprimant des préoccupations quant aux implications pour la biodiversité et la qualité de l'eau.
Les élections européennes de 2024 incarnaient un moment crucial pour l'avenir des politiques climatiques de l'UE. L'enjeu : assurer ou non la continuité du Green Deal européen, pierre angulaire du plan visant à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. En bref, l'orientation de ce nouveau Parlement pourrait déterminer la capacité de l'UE à tenir ses objectifs, ou la propension de politiques contraires à nuire aux progrès récents.
De fait, un coup d'arrêt pourrait être porté à la lutte contre le changement climatique, si les partis (notamment de droite traditionnelle et populiste) décidaient de s'unir en ce sens, sapant au passage la capacité de l'UE à atteindre ses objectifs climatiques et conduisant à une fragmentation des efforts des États membres.
L'extrême droite seule, en revanche, ne disposerait pas d'une minorité de blocage a priori.
Néanmoins, pour le cas spécifique des problématiques environnementales, il est à noter que les parties de droite traditionnelle ne se trouvent pas nécessairement à l'avant-garde.
En ce sens, ce changement marqué très marqué à droite au sein du Parlement pourrait donc potentiellement avoir plusieurs implications :
Rappelons que le Green Deal condense un large éventail d'initiatives visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, promouvoir les énergies renouvelables et soutenir la mise en œuvre du développement durable dans de nombreux secteurs. Si le Pacte vert a mis l'UE sur la voie d'importantes réformes environnementales, son avenir dépend du soutien que le nouveau Parlement lui apportera ou pas.
Plus spécifiquement, les élections de 2024 auront un impact sur la capacité de l'UE à atteindre les objectifs qu'elle s'est fixée à horizon 2030, comprenant une réduction de 55 % de ses émissions de gaz à effet de serre (par rapport aux niveaux de 1990). Et pour cause : la tenue de ces objectifs implique la mise en œuvre de réglementations strictes, ainsi que des investissements importants dans les technologies vertes. Or, un Parlement influencé par des partis aux tendances climatosceptiques pourrait s'opposer à ces efforts.