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Comprendre les élections européennes 2024
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Comprendre les élections européennes 2024

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Entre les 6 et 9 juin 2024, les pays membres de l'Union européenne ont élu 720 députés au Parlement européen. Mais avec quelles implications ?
Écologie
2024-06-11T00:00:00.000Z
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Depuis 1979, tous les cinq ans, les citoyens et citoyennes de l'Union européenne (UE) se rendent aux urnes pour élire les membres du Parlement européen. Cependant, il est indéniable que le scrutin rituel qui s'est déroulé entre le jeudi 6 et le dimanche 9 juin 2024 revêtait une dimension toute particulière. En cause : les multiples problématiques qui acculent aujourd'hui l'Union européenne, allant parfois jusqu'à remettre en cause sa légitimité. Une réalité d'autant plus sujette à débat que les résultats des élections européennes de 2024 semblent avoir encore accentué les divisions déjà existantes au sein de la coalition des 27 pays membres.

Que retenir de ce scrutin ? Comment analyser les résultats ? Que présagent-ils pour l'avenir de l'Union européenne ?

Tour d'horizon.

Les élections européennes

Que sont les élections européennes ?

Les élections européennes désignent un scrutin organisé tous les cinq ans par les 27 pays membres de l'Union européenne. À cette occasion, l'ensemble des citoyens et citoyennes de l'UE sont appelés à voter pour élire leurs représentants en tant que députés européens. Ces derniers siégeront au Parlement européen de Strasbourg pour un mandat de cinq ans.

En 2024, 720 eurodéputés européens ont ainsi été élus (soit 15 de plus qu'à l'occasion du scrutin de 2019). Ce nouveau chiffre proposé par le Conseil européen avait été approuvé par le vote des députés en septembre 2023. Dans ce contexte, il avait été arrêté que la France, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Pologne, la Finlande, l’Irlande, la Lettonie, la Slovaquie et la Slovénie pourraient élire des représentants supplémentaires.

NB : Le nombre total d'eurodéputés ne peut pas excéder 750. Chaque pays dispose d'un minimum 6 députés (96 au maximum).

Pour voter aux élections européennes en France, les électeurs et électrices doivent d'abord remplir l'une de ces deux conditions :

  • être un citoyen ou une citoyenne français(e) âgé(e) d'au moins 18 ans à la veille du scrutin ;
  • être un citoyen ou une citoyenne d'un autre pays de l'UE, âgé(e) d'au moins 18 ans et disposant du droit de vote dans son pays d'origine.

En outre, les électeurs et électrices doivent s'assurer d'être inscrits sur la liste électorale de leur commune de résidence. Le jour du scrutin, il suffit ensuite de se rendre dans le bureau de vote de cette commune, muni de sa pièce d'identité (carte nationale d'identité ou passeport).

Pour les Français et les Françaises résidant à l’étranger, il est possible de voter :

  • depuis l'étranger, en étant inscrit sur une liste électorale consulaire ;
  • depuis la France, en étant inscrit sur la liste électorale d'une commune.

Attention toutefois, car ainsi que le précise le site Service Public, si vous êtes inscrit sur les listes électorales de votre pays d'accueil dans le cadre de ce scrutin, cette inscription prime. Cela signifie que vous votez pour les représentants de votre pays d'accueil. A contrario, si vous souhaitez élire les députés français, vous devez :

  1. demander à être radié de la liste électorale de votre pays d'accueil ;
  2. demander à être inscrit sur la liste électorale consulaire.
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Qu'est-ce que le Parlement européen ?

Le Parlement européen est une assemblée transnationale destinée à représenter les citoyens et les citoyennes de l'Union européenne. Ainsi que le précise son site officiel, il s'agit par ailleurs, à travers le monde, de la seule assemblée de ce type élue de manière directe.

Dans la pratique, ce parlement :

  • valide le budget de l'UE ;
  • contrôle les dépenses de l'UE ;
  • élit le président de la Commission européenne et désigne ses commissaires ;
  • proposent et votent (ou non) des législations portant sur la vie au sein de la Union européenne, qu'il s'agisse de sujets sécuritaires, écologiques, économiques ou autres.

Si, au moment de l'élection, les potentiels futurs eurodéputés s'affrontent sous l'étiquette de leur parti au plan national, c'est ensuite au sein de groupes politiques européens que les représentants siègent au Parlement.

Aujourd'hui, il existe 7 groupes au sein du Parlement :

Quelles sont les règles pour les pays de l'Union européenne ?

Chaque pays membre est responsable de l'organisation de l'élection sur son territoire. 4 règles essentielles doivent être respectées :

  • le nombre de représentants élus au sein d'un parti politique doit être proportionnel au nombre de voix obtenus ;
  • les citoyens et citoyennes de l'UE qui résident au sein d'un autre pays membre de l'UE peuvent voter et se présenter au scrutin ;
  • les citoyens et citoyennes votent une fois et une fois seulement ;
  • les élections doivent se dérouler sur la même période de 4 jours, du jeudi au dimanche.

NB : Il faut souligner que le nombre d'eurodéputés élus dans chaque pays de l'UE est fondé sur le principe de proportionnalité dégressive. Plus un pays compte d’habitants plus il a de sièges. En revanche, les États membres les moins peuplés ont la garantie d'obtenir davantage de sièges par habitant. Dans les faits, le député d'un pays davantage peuplé représente donc plus de personnes que le député d'un pays moins peuplé. Ainsi, les États membres les plus peuplés consentent à être sous-représentés, afin de "majorer la représentation des États membres les moins peuplés".

Les résultats des élections européennes 2024

Les résultats en France

En France, les élections européennes ont été largement remportées par l'extrême droite, et plus spécifiquement par le parti du Rassemblement national (RN). Cette victoire est d'autant plus nette qu'en réalité, il faut ajouter au score du RN le score des autres listes de cette mouvance : Reconquête, etc.

Dans le détail, le scrutin donne le décompte suivant :

  1. le Rassemblement national (RN) avec 31,37 % des voix ;
  2. Besoin d'Europe (Renew) avec 14,6 % des voix ;
  3. Réveiller l'Europe (PS-Place Publique) avec 13,83 % des voix ;
  4. la France Insoumise (LFI) avec 9,89 % des voix ;
  5. la droite pour faire entendre la voix de la France en Europe (LR) avec 7,25 % des voix ;
  6. Europe écologie (EELV) avec 5,5 % des voix ;
  7. la France fière (Reconquête) avec 5,47 % des voix.

Attention : les listes ayant obtenu moins de 5 % des voix ne remportent pas de siège. En 2024, ce fut notamment le cas de la liste du Parti communiste.

Pour ce qui relève du taux de participation, le chiffre est en hausse par rapport à 2019, avec 51,49 % contre 50,12 % il y a cinq ans.

Listes candidates Pourcentage des suffrages Nombre de sièges
Rassemblement national (RN) 31,37 % 30
Renaissance 14,60 % 13
Parti socialiste (PS) - Place publique 13,83 % 13
La France Insoumise (LFI) 9,89 % 9
Les Républicains (LR) 7,25 % 6
Europe Écologie Les Verts (EELV) 5,50 % 5
Reconquête 5,47 % 5

Les résultats dans l'ensemble des pays de l'Union européenne

L'extrême droite a opéré une large poussée sur l'ensemble de l'UE. Toutefois il est à noter que ce sont la droite traditionnelle et les sociaux-démocrates qui se positionnent toujours comme les deux plus importants groupes au sein du Parlement.

En résumé :

  • le Groupe du Parti populaire européen (PPE) remporte 25,83 % des sièges ;
  • l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates (S&D) remporte 18,75 % des sièges ;
  • Renew Europe remporte 10,97 % des sièges ;
  • le Groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR) remporte 10,14 % des sièges ;
  • le Groupe Identité et démocratie (ID) remporte 8,06 % des sièges ;
  • le Groupe des Verts/Alliance libre européenne (ALE) remporte 7,36 % des sièges ;
  • les nouveaux élus sans appartenance à un groupe politique du Parlement sortant remportent 7,64 % des sièges ;
  • les non-inscrits remportent 6,25 % des sièges ;
  • le groupe de la gauche au Parlement européen (GUE/NGL) remporte 5 % des sièges.

La taux de participation, lui, est en très légère hausse avec 50,93 % contre 50,66 % en 2019.

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Que retenir de ce scrutin ?

Les principaux points à retenir sont :

  1. L'accroissement de l'influence du PPE, qui devrait inciter l'Union européenne à donner la priorité à ses intérêts économiques et industriels. Dans l'ensemble, il faut s'attendre à voir favorisées des politiques plus conservatrices. En outre, leur poids au sein l'échiquier fait d'eux des partenaires de choix dans le cadre d'une potentielle coalition.
  2. La montée de l'extrême droite, qui a réalisé des gains substantiels en France et en Italie. Il faut cependant souligner que les désaccords entre les mouvances d'extrême droite au sein même du Parlement pourraient contrecarrer leur influence. A contrario, en cas de coalition entre elles et avec d'autres formations politiques, l'extrême droite européenne pourrait peser sur les politiques de l'UE.
  3. Le recul des Verts et des libéraux qui incarnent sans nul doute les grands perdants de cette élection. Les Verts/ALE rétrogradent de la quatrième à la sixième place en termes d'importance, ce qui limitera leur capacité à plaider en faveur des politiques de transition et de lutte contre le changement climatique. Pour ne rien arranger, les pertes du groupe Renew Europe viennent affaiblir encore davantage la position libérale et éventuellement progressiste du point de vue environnemental.
  4. L'avenir d'Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne est très incertain. En dépit du soutien du PPE, la montée de l'extrême droite et l'affaiblissement du groupe Renew Europe entravent sa capacité à obtenir une majorité. Des alliances politiques complexes pourraient préserver son leadership, au sein d'un Parlement toutefois très facturé.
  5. La décision de la France de dissoudre son assemblée. Face à la débâcle du camp présidentiel et à la victoire écrasante de l'extrême droite, Emmanuel Macron a décidé d'organiser de nouvelles élections législatives qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochains. Un choix controversé, qui pourrait avoir de sérieuses conséquences pour le futur de la France au sein dans l'UE.

Le Figaro apporte toutefois quelques nuances à ces grandes lignes.

Il n'y a effectivement pas eu cette "vague populiste" tant annoncée lors de ces élections, mais une progression significative de la droite radicale qui (...) représentera au mieux un quart des élus au Parlement européen. C'est dans la continuité de la tendance des derniers scrutins, puisque la droite radicale comptait pour environ 9 % des députés européens en 2004, 12 % en 2009, 16 % en 2014 et 19 % en 2019. De ce point de vue, bon nombre d'observateurs ont été incapables de constater combien la situation française était singulière en Europe : chez nous, la droite radicale (Rassemblement national et Reconquête !) va remporter 35 sièges, soit onze de plus que dans le Parlement sortant. (Mathieu Gallard, directeur d'études à Ipsos France, pour Le Figaro)

En l'état, un clivage Est-Ouest semble nettement se dessiner au sein de l'Union européenne, ainsi que le souligne le journal Le Monde.

La montée de l’extrême droite est spectaculaire en Europe de l’Ouest, en particulier dans les vieilles démocraties qui ont connu des régimes totalitaires ou autoritaires au siècle dernier. Elle s’installe comme force politique dans les trois plus grands pays, par ailleurs membres fondateurs de l’Union : la France est évidemment le cas le plus frappant (...) en Italie aussi (...) en Allemagne (...) en Autriche (...) en Belgique (...) seul contraste, le parti d’extrême droite de Geert Wilders a été battu par la gauche aux Pays-Bas. En revanche, les partis d’extrême droite et leur version illibérale d’Europe centrale postcommuniste ont reculé dans une région qui apparaissait comme leur berceau. (...) Sans doute peut-on tirer de ces résultats la leçon d’une désillusion des électeurs face à l’expérience de l’exercice du pouvoir par les partis populistes. La guerre en Ukraine et la proximité de la menace russe ont aussi, dans ces régions, joué un rôle mobilisateur en faveur des partis résolument pro-européens, l’Union européenne et l’unité de ses membres étant donc perçues comme une protection.

Comment expliquer les résultats de ces Européennes 2024 ?

Avant toute chose, il est essentiel de garder à l'esprit que les résultats de ce scrutin sont la somme de 27 scrutins nationaux aux ramifications très diverses.

Sophie Pornschlegel, directrice des études pour l'antenne bruxelloise de l'Institut Jacques-Delors, le résume d'ailleurs très bien pour franceinfo.

Il est difficile d'analyser les élections européennes comme un phénomène unique parce qu'en réalité, il y a 27 scrutins directement influencés par des enjeux nationaux. (Sophie Pornschlegel)

La percée de l'extrême droite

La percée de l'extrême droite n'est pas nouvelle. Ainsi que le soulignait plus haut Mathieu Gallard, l'extrême droite engrange de nouveaux sièges à chaque nouvelle élection européenne depuis le début des années 2000.

Le fait est, cependant, que cette dynamique ne cesse de se renforcer. Un phénomène que Marc Lazar, historien, explique de multiples manières.

D'abord par l'expression d'une très grande défiance politique, dans chacun de ces pays, à l'égard des institutions nationales mais aussi européennes. La deuxième raison, c'est la situation sociale : moins que le chômage qui se situe à 6 % en moyenne dans l'UE, ce sont les questions de pouvoir d'achat, d'accès à la santé et au logement, de précarisation du marché du travail et d'inégalités qui motivent les électeurs des droites radicales. (...) (Troisièmement) le rejet de l'immigration, des conditions dramatiques et des demandeurs d'asile. Nous sommes dans des sociétés de plus en plus diversifiée d'un point de vue culturel et ethnique, et cette diversification est mal perçue par une partie des Européens. D'autant plus que les modèles d'intégration, multiculturels ou laïques comme en France, sont en crise. Face à cette situation, les nationaux populistes proposent un roman national tourné vers le passé. (Marc Lazar, entretien avec Le Un Hebdo)

L'effondrement des Écologistes

La débâcle du camp écologiste est d'autant plus cinglante que leur triomphe aux dernières européennes avait semblé acter le commencement d'une nouvelle ère pour la prise en compte des problématiques environnementales.

Elle est en fait la triste illustration de la difficulté à laquelle se heurte la transition écologique de façon beaucoup plus globale. Si une certaine forme de consensus commence à poindre - notamment en Europe - autour de la nécessité d'agir contre le changement climatique, la mise en pratique, elle, suscite toujours autant de crispation, de débat, voire de rejet.

En l'espèce, la virulence de la crise qui a frappé le monde agricole début 2024 n'a certainement pas aidé le camp des Verts. Durement pointés du doigt, le Green Deal européen et les éléments qui pouvaient y être associés n'en sont pas ressortis indemnes. Ce à quoi il faut bien sûr ajouter des éléments de lecture totalement extérieurs au sujet environnemental, ainsi que le souligne Guillaume Farriol sur franceinfo.

Le contexte a changé depuis le lancement de ce "Green deal" en 2019. À l’époque, c'était la percée des Verts aux élections européennes et on voyait des jeunes dans les rues toutes les semaines derrière Greta Thunberg. Depuis, il y a eu la guerre en Ukraine, l'inflation ou encore la crise agricole.

Faut-il craindre un recul de l'Union européenne sur les questions environnementales ?

Le résultat de ce scrutin pourrait avoir un impact sur l'avenir du Green Deal européen, dans un contexte où l'influence de la droite populiste s'accroît et pourrait donc enrayer la progression du Vieux Continent en matière de durabilité.

L'héritage des européennes de 2019

Le scrutin de 2019 avaient marqué un changement significatif dans le paysage politique de l'Union européenne, en particulier du point de vue environnemental. De fait, il avait été marqué par une augmentation du soutien aux partis écologistes de l'Europe, reflétant ainsi une préoccupation croissante vis-à-vis du changement climatique et des politiques à mettre en œuvre pour y faire face.

Le groupe Verts/ALE avait réussi à obtenir 74 sièges, devenant le quatrième plus grand groupe au Parlement. En l'espèce, ce succès s'expliquait certainement par la visibilité croissante des conséquences du changement climatique, ainsi que par la multiplication des manifestations environnementales à travers le continent - en grande partie inspirées par les grèves du Vendredi pour l'avenir menées par Greta Thunberg. L'ensemble de ces facteurs avaient alors accru la pression sur les politiciens pour qu'ils donnent la priorité aux questions environnementales.

Or, la représentation accrue des partis verts au Parlement a bien sûr eu un impact substantiel sur les politiques de l'UE. Les questions environnementales ont été mises au premier plan, avec des progrès significatifs en la matière et cristallisés par l'élaboration du Green Deal européen (un plan ambitieux visant à ce que l'UE atteigne la neutralité carbone d'ici 2050). Ce cadre prévoit notamment des mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), à investir dans les énergies renouvelables et à promouvoir les pratiques de l'économie circulaire.

Malheureusement, les progrès réalisés depuis quelques années pourraient se trouver menacés à terme par l'accroissement du soutien aux partis populistes.

Quelles avancées avaient été opérées par l'UE sur le volet environnemental ?

Le Parlement sortant a initié des progrès significatifs dans la lutte contre le changement climatique, notamment grâce au Pacte vert européen (aussi appelé Green Deal) introduit par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Pour faire de l'Europe le premier continent neutre en carbone, les initiatives promouvant la durabilité, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l'innovation verte se sont multipliées.

L'une des réalisations fondamentales du Parlement actuel tient à l'adoption de la loi européenne sur le climat, qui oblige légalement l'UE à atteindre son objectif d'ici 2050 et fixe un objectif intermédiaire de réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55 % d'ici 2030 (par rapport aux niveaux de 1990). Cette législation sous-tend une série de politiques conçues pour accélérer la transition vers une économie bas-carbone, y compris l'expansion du système d'échange de quotas d'émission (SEQE) et des normes plus strictes en matière de droits d'émission pour les véhicules et les industries.

De son côté, la loi sur la restauration de la nature oblige l'UE vis-à-vis de la restauration des écosystèmes dégradés et de la biodiversité en général. Cette loi exige que les États membres élaborent et mettent en œuvre des plans visant à restaurer au moins 20 % de leurs terres et de leurs superficies marines d'ici 2030. En outre, les réglementations visant à réduire les émissions de méthane - un puissant gaz à effet de serre - ont été renforcées, et de nouvelles normes pour les émissions de véhicules lourds ont été introduites en vue de réduire la pollution du secteur des transports.

Ceci étant dit, malgré l'ensemble de ces progrès, le programme du Parlement pour le climat a évidemment été confronté à de nombreux défis, comme à un certain nombre de critiques.

Certains États membres et partis politiques estiment que les objectifs du Green Deal européen sont trop ambitieux dans le cadre de la reprise économique post COVID-19, comme de la crise actuelle. De l'autre côté du spectre, certains soutiennent que les politiques climatiques de l'UE ne vont pas assez loin, et que l'inclusion du gaz fossile à sa taxonomie, par exemple, mine l'intégrité des objectifs climatiques définis.

Autre défi : le retrait forcé d'une proposition de loi visant à réduire de moitié l'utilisation des pesticides chimiques dans toute l'UE. Cette décision, prise par von der Leyen en février 2024, a fait suite aux protestations généralisées du monde agricole, en France et ailleurs. La proposition - initialement partie intégrante de la stratégie Farm to Fork de l'UE - a ainsi dû être abandonnée en dépit des tentatives pour trouver un compromis favorisant des alternatives plus écologiques aux pesticides chimiques. Bien évidemment, diverses organisations environnementales ont critiqué ce retrait, exprimant des préoccupations quant aux implications pour la biodiversité et la qualité de l'eau.

Pour conclure

Les élections européennes de 2024 incarnaient un moment crucial pour l'avenir des politiques climatiques de l'UE. L'enjeu : assurer ou non la continuité du Green Deal européen, pierre angulaire du plan visant à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. En bref, l'orientation de ce nouveau Parlement pourrait déterminer la capacité de l'UE à tenir ses objectifs, ou la propension de politiques contraires à nuire aux progrès récents.

De fait, un coup d'arrêt pourrait être porté à la lutte contre le changement climatique, si les partis (notamment de droite traditionnelle et populiste) décidaient de s'unir en ce sens, sapant au passage la capacité de l'UE à atteindre ses objectifs climatiques et conduisant à une fragmentation des efforts des États membres.

L'extrême droite seule, en revanche, ne disposerait pas d'une minorité de blocage a priori.

Elle ne pourra pas s'opposer efficacement à des votes adoptés par l'actuelle "grande coalition" formée par les chrétiens-démocrates et les conservateurs du Parti populaire européen (PPE), les sociaux-démocrates du groupe Socialistes et Démocrates (S&D) et les libéraux et les centristes du groupe Renew, qui conservent une majorité absolue de sièges. D'autant plus que les écologistes tendent assez souvent à rejoindre ce bloc majoritaire. (Mathieu Gallard, directeur d'études à Ipsos France, pour Le Figaro)

Néanmoins, pour le cas spécifique des problématiques environnementales, il est à noter que les parties de droite traditionnelle ne se trouvent pas nécessairement à l'avant-garde.

Le PPE disposera de beaucoup plus de moyens de pression sur ses partenaires libéraux et sociaux-démocrates pour influencer le travail en commission. (Mathieu Gallard, directeur d'études à Ipsos France, pour Le Figaro)

En ce sens, ce changement marqué très marqué à droite au sein du Parlement pourrait donc potentiellement avoir plusieurs implications :

  • La réduction de la pression réglementaire - Un assouplissement de la réglementation environnementale visant à favoriser les industries traditionnelles pourrait intervenir, ce qui entraverait certainement les progrès en matière d'élimination des émissions de gaz à effet de serre.
  • La fin du financement et des investissements - Les initiatives vertes recevront probablement moins de soutien financier, ce qui affectera les projets visant à soutenir les énergies renouvelables, l'agriculture durable et les infrastructures vertes.
  • Leadership international - Le rôle de l'UE en tant que leader mondial du climat pourrait être compromis, ce qui affecterait les négociations d'ordre international et les efforts en matière de lutte contre le changement climatique.

Rappelons que le Green Deal condense un large éventail d'initiatives visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, promouvoir les énergies renouvelables et soutenir la mise en œuvre du développement durable dans de nombreux secteurs. Si le Pacte vert a mis l'UE sur la voie d'importantes réformes environnementales, son avenir dépend du soutien que le nouveau Parlement lui apportera ou pas.

Plus spécifiquement, les élections de 2024 auront un impact sur la capacité de l'UE à atteindre les objectifs qu'elle s'est fixée à horizon 2030, comprenant une réduction de 55 % de ses émissions de gaz à effet de serre (par rapport aux niveaux de 1990). Et pour cause : la tenue de ces objectifs implique la mise en œuvre de réglementations strictes, ainsi que des investissements importants dans les technologies vertes. Or, un Parlement influencé par des partis aux tendances climatosceptiques pourrait s'opposer à ces efforts.

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