La difficile équation de la sobriété numérique
La sobriété numérique vise à minimiser l’impact environnemental lié à notre usage du numérique. Un concept qui se heurte pourtant à de nombreux défis.
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Produite à partir d’une source naturelle gratuite (le soleil), l’électricité solaire est considérée comme étant une énergie renouvelable essentielle pour limiter les impacts engendrés par les énergies fossiles.
Cependant, au fil du temps, les louanges émises envers l’énergie solaire ont laissé place aux critiques concernant son efficacité, son prix et son bilan carbone. Les méthodes de production des panneaux photovoltaïques sont notamment dans le viseur (utilisation de matériaux polluants, la quantité d’énergie employée, etc.).
Une question se pose alors : les bienfaits de cette source d’énergie sont-ils annulés par l'empreinte carbone des panneaux photovoltaïques ? Réponse ici.
Au même titre que l’électricité éolienne et hydraulique, l’électricité solaire est une énergie renouvelable (EnR) étant issue d’une source naturelle et inépuisable à l’échelle du temps humain (le soleil). De fait, la production d’électricité solaire est possible grâce à trois principaux procédés de captation :
En France, ce sont les panneaux photovoltaïques qui dominent le marché. Il s’agit d’un dispositif plat directement raccordé au réseau électrique et installé sur la toiture des logements, dans des parcs dédiés ou dans des fermes solaires gérées par des entreprises.
Dès leur commercialisation entre 1995 et 2001, les panneaux solaires ont suscité un engouement massif et bénéficié d’un accueil positif. Plusieurs raisons :
Un panneau solaire est conçu à partir de matériaux composés de silicium, de verre, d’aluminium, de cuivre et de plastique - et non de terres rares comme le précise l'ADEME. Une fois exposés au soleil, ces matériaux semi-conducteurs créent un courant électrique continu grâce à la circulation des électrons. Cependant, l’utilisation de l’électricité n’est possible qu’après sa transformation en courant alternatif via un boîtier appelé onduleur (ou micro-onduleur).
Il existe deux types de panneaux solaires :
👉 Ces deux sortes de panneaux peuvent être combinées dans un panneau hybride.
L’empreinte carbone correspond aux émissions de gaz à effet de serre directes ou indirectes émises par une activité ou une filière (en l’occurrence le photovoltaïque).
De fait, calculer le bilan carbone de la production d’électricité solaire implique de réaliser l’Analyse de cycle de vie (ACV) d’un panneau photovoltaïque. Cette étude prend en compte l’énergie et les émissions engendrées tout au long du cycle de vie de l’installation :
En définitive, le bilan carbone d’un panneau est mesuré en grammes d’équivalent CO2 par kWh (gCO2eq/kWh).
Ne nous ne faisons pas d’illusions, toute production d’énergie - aussi renouvelable soit-elle - engendre un impact écologique plus ou moins conséquent. En démontre l’électricité solaire, et plus particulièrement l’installation nécessaire à sa production.
En effet, l’impact environnemental du photovoltaïque est majoritairement induit lors de la fabrication des panneaux. Conçus principalement en Chine, les panneaux solaires nécessitent des matériaux polluants (silicium et mercure) pour fonctionner.
Bien que présent en abondance sur Terre, le silicium est extrait des carrières sous forme de quartz et nécessite d’être transformé en wafer. Ce procédé de production - permettant d'obtenir une plaque très fine - est particulièrement énergivore quelle que soit la technologie employée.
👉 Le CNRS estime que la production d’un kilo de silicium en wafer requiert 2 933 kWh d’électricité.
Selon l’ADEME, Agence de la transition écologique, en France, un panneau photovoltaïque émet en moyenne 55 grammes de CO2 par KiloWatt produit. Cependant, en prenant en compte les matériaux utilisés, le modèle et le mix énergétique du pays de fabrication, l’ADEME évalue l’empreinte carbone du photovoltaïque à :
La phase d’utilisation des panneaux solaires fait de l’électricité solaire une énergie propre - ils n’engendrent ni bruit, ni mouvement, ni émission de GES. L’empreinte carbone est donc presque nulle. « Presque », puisqu’il faut néanmoins prendre en compte les opérations de maintenance et d’entretien.
La durée de vie d’un panneau solaire est estimée entre 20 et 50 ans. Au-delà, sa puissance et son rendement sont amoindris.
De fait, en France, selon la directive européenne de 2002/96/CE relative aux déchets d’équipement électriques et électroniques (DEEE), les distributeurs de panneaux doivent supporter les coûts et initier le processus de recyclage.
Renforcée en 2012, cette directive veille à ce que les composants recyclables des panneaux soient réutilisés comme matières premières dans la fabrication de nouveaux matériaux.
Au-delà des distributeurs, des organismes spécialisés à l’image de Soren peuvent prendre en charge le recyclage. À ce titre, en 2021, Soren a collecté et valorisé 3 463 tonnes de panneaux photovoltaïques.
Certes, les panneaux solaires ne sont pas neutres en carbone. Cependant, leur bilan carbone est minime par rapport à celui des énergies fossiles. L’association SolarPowerEU révèle que la production d’électricité solaire émet 96 % d’émissions de carbone de moins que le charbon et 93 % de moins que le gaz naturel.
Sans compter qu’au-delà des émissions de GES engendrées, les énergies fossiles contribuent à la déforestation, épuisent les ressources, fragilisent les écosystèmes, les espèces animales et végétales. Ces exemples ne constituent qu’un échantillon des conséquences de l’utilisation de combustibles fossiles…
👉 En définitive, malgré une phase de fabrication des panneaux émissive, la production d’électricité solaire reste toutefois une solution efficace contre le réchauffement climatique.
En vue d’atteindre l’objectif national de neutralité carbone à l’horizon 2050, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) souhaite élever la part des énergies renouvelables de 33 % de la consommation finale brute d’énergie en 2030 - 2022, elle était estimée à 20,7 %. Dans l’idéal, en 2028, la filière photovoltaïque devrait représenter 28 % de la production électrique renouvelable.
Comment y parvenir tout en limitant l’empreinte carbone de la production d’électricité solaire ?
Le bilan carbone de la production d’électricité solaire est causé par la production de panneaux en Chine - dont le mix énergétique est majoritairement composé d’énergies fossiles. De fait, pour fabriquer des panneaux peu carbonés, il convient de relocaliser la production en France - notamment l’assemblage des modules.
Les panneaux conçus en France sont plus propres pour deux raisons :
En outre, des alternatives commencent à voir le jour en France :
Depuis leur commercialisation, les panneaux photovoltaïques ont fait l’objet de nombreuses évolutions technologiques améliorant leur bilan carbone :
Bien que la quantité de matériaux utilisée ait diminué au fil des ans, la PPE encourage les chercheurs et les industriels européens et français dans le développement de nouvelles méthodes, à l’image de l’hétérojonction.
Cette technologie d’avenir met en contact dans la couche active de deux semi-conducteurs différents : le silicium monocristallin et le silicium amorphe. Selon le Gouvernement, cette nouvelle alternative devrait offrir un rendement supérieur aux panneaux solaires actuels, tout en réduisant l’utilisation de silicium.
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