
Le guide du Bilan Carbone® entreprise en 2025
Qu'est-ce qu'un Bilan Carbone® entreprise ? Pourquoi le réaliser ? Comment ? Quelles sont les étapes à suivre en 2024 ? Greenly vous dit tout.
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Bon marché, léger et résistant, le plastique s’est imposé comme le pilier de notre économie moderne. Des emballages aux vêtements, en passant par nos voitures et nos cosmétiques, il façonne notre quotidien, non sans conséquence. Car si l’image du bac jaune est rassurante, la réalité en est tout autre : recyclage complexe et coûteux, exportation massive, déchets enfouis sous terre…
Que devient réellement le plastique que nous croyons recycler ?
Si le plastique peut être fabriqué à partir de matières naturelles comme la cellulose ou l'amidon, la grande majorité de la production repose aujourd’hui sur un dérivé du pétrole : le naphta.
En effet, le naphtha sert à produire les polymères – ces longues chaînes moléculaires à la base de tous les plastiques. Pour y parvenir, le naphta est chauffé à très haute température (800 °C) avant d’être refroidi brutalement (400 °C), un procédé qui fragmente ses grosses molécules en unités plus petites : les monomères. Ces monomères sont ensuite assemblés par une réaction chimique pour former de nouvelles chaînes solides : les polymères, la matière première essentielle à la fabrication du plastique.
À la sortie de la raffinerie, ces polymères prennent la forme de granulés, de poudres ou de liquides, auxquels on ajoute des additifs pour leur donner des propriétés spécifiques (rigidité, souplesse, couleur...).
Enfin, ces matières plastiques (granulés, poudres, liquides) sont ensuite chauffées, fondues et mises en forme par différents procédés (injection, extrusion, soufflage...) pour créer des objets du quotidien comme des bouteilles en plastique, des emballages en polystyrène, etc.
Oui, il existe sept familles de plastiques, qui s’inscrivent dans une classification plus large, regroupant les polymères en trois grandes catégories : les thermoplastiques, les élastomères et les thermodurcissables (source : ADEME, 2023).
Ces trois grandes catégories définissent la manière dont les plastiques réagissent à la chaleur et aux déformations, et à l’intérieur de cette classification – sept grandes familles de plastiques se dessinent – chacune avec ses propres propriétés et usages.
Devenus familiers, les plastiques restent pourtant méconnus dans leur diversité.
Voici un aperçu des principaux types de plastique (source : Paprec) :
Comprendre cette classification permet de mieux saisir les enjeux en matière de recyclage du plastique. Car plus les plastiques se mélangent et se fondent, plus leur recyclage se complique, d’autant que l’ajout de produits chimiques accentue la difficulté.
Le plastique est principalement composé d’hydrocarbures, mais sa texture et ses propriétés résultent de l’ajout d’additifs et de solvants. Ces substances chimiques, qui peuvent représenter une part importante de sa composition (source : IMARC Group, 2023), jouent des rôles variés :
Un véritable cocktail chimique, qui complique encore davantage le recyclage ou la décomposition naturelle du plastique…
La durée de décomposition du plastique dépend de sa composition chimique et des conditions environnementales auxquelles il est exposé :
En moyenne, il faut des centaines, voire des milliers d’années pour que le plastique se désintègre complètement. Ainsi, pour des objets du quotidien en plastique, l'ONG Écologie Sans Frontière estime les durées de décomposition suivantes :
Un constat accablant sachant que près d’un quart des déchets plastiques produits (22 %) finissent abandonnés dans des décharges à ciel ouvert ou dispersés dans la nature (source : Statista, 2023).
Le plastique peut être recyclé de deux façons : par recyclage mécanique, qui consiste à le trier, le nettoyer, le broyer, puis le refondre pour lui donner une seconde vie – ou par recyclage chimique – qui le décompose en éléments de base afin de créer de nouvelles matières.
Le recyclage mécanique du plastique, largement répandu aujourd’hui, repose sur un processus simple : trier, broyer, laver, puis transformer les déchets plastiques en granulés – sans altérer la structure du matériau.
Toutefois, bien que maîtrisé, ce procédé a ses limites. En effet, il fonctionne uniquement avec des plastiques de bonne qualité – c’est-à-dire peu ou pas mélangés avec d’autres plastiques.
Si un produit est fabriqué avec plusieurs types de matériaux, il est parfois difficile de les séparer et c'est l'ensemble qui doit être jeté. En moyenne, un plastique recyclé mécaniquement peut être réutilisé entre 2 et 3 fois avant de perdre en qualité et devenir inutilisable (source : Futura Sciences, 2024).
De plus, à chaque cycle de recyclage, la matière perd en qualité et en performance, limitant ainsi le nombre de fois où elle peut être utilisée. Enfin, les additifs et colorants présents dans les emballages ne disparaissent pas – ce qui complique leur réutilisation. (source : CITEO, 2024).
Le recyclage chimique du plastique consiste à décomposer le plastique en ses composants de base à l’aide de procédés chimiques – afin de produire de nouveaux polymères ou des matières premières réutilisables pour fabriquer du plastique neuf.
L'un des procédés utilisés, la pyrolyse, chauffe le plastique dans un environnement sans oxygène pour éviter qu’il ne brûle. Ce processus produit trois types de matières : un résidu solide (semblable à des cendres), une huile et un gaz, dont la proportion varie en fonction de la température utilisée (source : CITEO).
D’autres techniques existent, comme la gazéification, la solvolyse ou encore la conversion chimique. Contrairement au recyclage mécanique – ces procédés permettent de traiter une plus large gamme de plastiques et d’éliminer certains additifs – mais à un coût économique et énergétique bien plus élevé que mécaniquement (source : Sia Partners, 2021).
La France compte plusieurs usines dédiées au recyclage du plastique, réparties sur l'ensemble du territoire. Parmi les acteurs majeurs, on peut citer Paprec, qui fondé en 1994, gère de nombreux sites spécialisés dans le traitement des déchets plastiques.
En 2019, l'entreprise Soprema a inauguré une usine à Strasbourg, innovant dans le recyclage de plastiques auparavant non recyclables, tels que les bouteilles en PET opaque et les emballages complexes.
Enfin, des projets ambitieux émergent, à l’image de Loop Industries qui, en partenariat avec Suez – annonçait en 2022 la construction d’une usine capable de traiter 70 000 tonnes de plastique par an. Un projet finalement suspendu en raison de la conjoncture économique et de l'inflation (source : Usine Nouvelle, 2024).
Comparée à ses voisins européens, la France fait figure de mauvais élève en matière de recyclage, avec un taux de seulement 27 % en 2023 (source : CITEO, 2023). Plus de la moitié des déchets plastiques sont incinérés – brûlés à très haute température pour produire de l’énergie – tandis qu’un tiers finit en décharge, enfoui sous terre (source : Statista, 2024).
Si l’incinération des déchets avec récupération d’énergie peut sembler vertueuse, elle reste une opération énergivore et génératrice de gaz à effet de serre. Quant à l’enfouissement, il ne fait que déplacer le problème sous terre, parfois à un coût environnemental considérable. À Montech, par exemple, la création d’un site d’enfouissement a nécessité la destruction de 17 hectares de forêt et l’excavation d’un gigantesque trou de 50 mètres de profondeur, destiné à accueillir et compacter des déchets pendant vingt-cinq ans (source : France Info, 2024).
Et dans le monde, quel taux de recyclage ? À l’échelle mondiale, seul 9 % du plastique est recyclé. Un chiffre peu flatteur, d’autant que certains de nos voisins européens font bien mieux. L’Allemagne, la Belgique ou encore les Pays-Bas parviennent à recycler plus de la moitié de leur plastique (source : Statista, 2024).
À l’image des microplastiques, invisibles mais omniprésents, la pollution plastique a longtemps semblé lointaine. Pourtant, ses conséquences sont désormais bien visibles.
Au cœur du Pacifique, un monstre flottant en témoigne : le « 7ᵉ continent », une gigantesque masse de déchets plastiques, trois fois plus grande que la France, dérive entre la Californie et Hawaï.
Un symbole accablant de notre surconsommation, et un rappel que rien ne disparaît vraiment dans l’océan. Pour en savoir plus sur cette île au plastique, découvrez notre article sur le continent de plastique !
Loin de l’image de la bouteille plastique recyclable à l’infini, celle-ci serait en réalité recyclable que quelques fois…
Pour remplacer les bouteilles en plastique, mieux vaut privilégier le verre – recyclable à l’infini – ou des matériaux bio-sourcés comme le chanvre ou l’acide polylactique, un plastique biodégradable issu de l’amidon de maïs, déjà utilisé dans l’emballage et l’impression 3D. Toutefois, l’ADEME précise que :
Pour en savoir plus, consultez notre article sur le recyclage des bouteilles plastiques !
La sur-abondance de plastique a plusieurs conséquences sanitaires, sociales et environnementales.
Pour les conséquences sociales, il faut rappeler – à juste titre – que le plastique est présent partout. Nous savons que l’Homme ingère jusqu’à l’équivalent d’une carte bancaire en plastique par semaine (source : WWF, 2019).
Une récente étude a également révélé que des quantités importantes de plastique avaient été retrouvées dans notre cerveau, comme l’explique une publication parue dans la revue Nature Medicine :
Sociale, car une grande partie de nos déchets plastiques est expédiée vers des pays en développement, autrefois la Chine, jusqu’à ce que Pékin mette un terme à ces importations jugées ingérables. Depuis, l’Asie du Sud-Est et l’Afrique sont devenues les nouvelles décharges de l’Occident, avec des répercussions environnementales et sanitaires alarmantes. En effet, ces pays se retrouvent submergés par des montagnes de plastique alors même qu’ils n’ont pas les moyens de traiter cette pollution importée. Résultat : contamination massive des sols et de l’eau, risques sanitaires accrus pour des populations souvent démunies.
Vêtements usagés : de la benne à l’autre bout du monde ? La fast-fashion inonde nos garde-robes, mais que deviennent réellement les habits déposés dans les bennes de collecte ? Bien loin d’une seconde vie locale, une grande partie finit par traverser les océans… pour s’entasser en Afrique, notamment au Ghana, devenu la décharge textile de l’Occident.
Enfin, la pollution plastique asphyxie l’environnement, s’infiltrant des montagnes jusqu’aux abysses des océans (source : Kvale, K., et al., 2020). Chaque année, des millions d’animaux ingèrent des microparticules de plastique, provoquant occlusions et intoxications mortelles. Ces déchets contaminent la chaîne alimentaire et menacent, à terme, la santé de l’Homme. Dans les sols, ils perturbent la fertilité des sols et contaminent les nappes phréatiques, mettant en péril l’agriculture et l’accès à une eau potable saine. Enfin, la production et l’incinération du plastique rejettent d’importantes quantités de gaz à effet de serre, accélérant le changement climatique.
Si tenter d’éviter le plastique paraît être une tâche titanesque – un travail de fourmi face aux industries qui en fabriquent à grande échelle, dans une société inondée de polymères – il n’en reste pas moins que des gestes simples peuvent, en réalité, infléchir la tendance.
Avant même de chercher à consommer différemment, limiter la pollution plastique implique une réflexion en amont : l’achat est-il réellement nécessaire ? Comme le rappelle Béa Johnson, « le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas » – car il ne mobilise ni ressources naturelles, ni énergie pour sa fabrication, son transport ou son recyclage.
Plutôt que de se demander comment réduire le plastique, les vraies questions à se poser sont :
Toutefois, lorsque l’achat est indispensable, alors de bons réflexes peuvent être adoptés afin de moins consommer de plastique. Greenly vous présente cinq solutions, à portée de main, pour limiter la pollution plastique :
Une étude publiée en 2020 dans Nature révèle que des gestes anodins du quotidien, comme ouvrir une bouteille d’eau en plastique, peuvent libérer des microplastiques dans l’environnement (Sobhani et al., 2020).
Pour combattre efficacement la crise de la pollution plastique, un changement systémique est nécessaire (Source : Nations Unies, 2023).
Comment les déchets plastiques sont-ils traités en Europe ?, Statista, 2024, https://fr.statista.com/infographie/24596/gestion-dechets-plastiques-selon-mode-de-traitement-par-pays/
La fabrication du plastique en 5 étapes, Futura Sciences, 2022, https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/chimie-fabrication-plastique-5-etapes-6227/
Le meilleur déchet, c’est celui qui n’existe pas », Le Monde, 2017, https://www.lemonde.fr/festival/video/2017/09/23/bea-johnson-le-meilleur-dechet-c-est-celui-qui-n-existe-pas_5190260_4415198.
Du pétrole à la pollution : le coût du polyester - Unric, 2024, https://unric.org/fr/du-petrole-a-la-pollution-le-cout-du-polyester/
No Plastic in Nature, assessing plastic ingestion from nature to people, 2019, WWF, https://awsassets.panda.org/downloads/plastic_ingestion_press_singles.pdf
Recyclage des déchets plastiques : tout comprendre, Paprec, https://www.paprec.com/fr/comprendre-le-recyclage-2/tout-savoir-sur-les-matieres-recyclables/plastiques/
Les grandes familles de plastiques, ADEME, 2023, https://infos.ademe.fr/magazine-juin-2023/dossier/les-grandes-familles-de-plastiques/
Matière plastique, https://fr.wikipedia.org/wiki/Mati%C3%A8re_plastique?utm_source=chatgpt.com
IMRAC Group, 2023, https://www.imarcgroup.com/plastic-additives-market
Le monde est inondé de déchets plastiques, Statista, 2023, https://fr.statista.com/infographie/32378/production-mondiale-dechets-plastiques/
Tout ce qu'il faut savoir sur la pollution plastique, Nations Unies, 2023,
https://www.unep.org/fr/actualites-et-recits/recit/tout-ce-quil-faut-savoir-sur-la-pollution-plastique
Gestion des déchets : le monde croule sous le plastique, Statista, 2023, https://fr.statista.com/infographie/30037/evolution-production-mondiale-de-dechets-plastiques-selon-type-domaine-utilisation/
Combien de temps met le plastique pour se dégrader dans la nature ?, Écologie Sans Frontière, 2024, https://www.uniclima.org/combien-de-temps-met-le-plastique-pour-se-degrader/
Recyclage des plastiques : cap sur les nouvelles technologies, CITEO, 2024, https://www.citeo.com/interview-dun-expert/recyclage-des-plastiques-cap-sur-les-nouvelles-technologies
Recyclage chimique par pyrolyse, CITEO, https://www.citeo.com/mot-clef/recyclage-chimique-par-pyrolyse
Economie circulaire : le recyclage chimique des plastiques, Sia Partners, 2021, https://www.sia-partners.com/fr/publications/publications-de-nos-experts/economie-circulaire-le-recyclage-chimique-des-plastiques?utm_source=chatgpt.com
Combien de fois le plastique peut-il être recyclé ?, Futura Sciences, 2024, https://www.futura-sciences.com/maison/questions-reponses/recyclage-fois-plastique-peut-il-etre-recycle-15650/
Les chiffres du recyclage en France, CITEO, 2024, https://www.citeo.com/le-mag/les-chiffres-du-recyclage-en-france#:~:text=86%25%20Acier,27%25%20Plastiques
« Où enterrent-ils nos poubelles ? » : la face cachée de la gestion des déchets, France Télévisions, 2024, https://www.francetelevisions.fr/et-vous/notre-tele/que-font-ils-de-nos-poubelles-25884
La Chine ne veut plus importer les déchets européens, Novethic, 2017, https://www.novethic.fr/actualite/environnement/dechets/isr-rse/la-chine-ne-veut-plus-importer-les-dechets-europeens-144684.html
Friperie du monde, le Ghana croule sous nos vêtements, Reporterre, 2022, https://reporterre.net/Friperie-du-monde-le-Ghana-croule-sous-nos-vetements
En Moselle, le projet d’usine de recyclage chimique des plastiques à 440 millions d'euros de Suez et Loop Industries suspendu, Usine Nouvelle, 2024, https://www.usinenouvelle.com/article/en-moselle-le-projet-d-usine-de-recyclage-chimique-des-plastiques-a-440-millions-d-euros-de-suez-et-loop-industries-suspendu.N2222197
Le paradoxe du plastique en 10 questions - La librairie ADEME, ADEME, https://librairie.ademe.fr/ged/6402/guide-paradoxe-plastique-10-questions.pdf