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Le continent de plastique désigne un amas de détritus flottants dans l’océan Pacifique. Si l’on compte aujourd’hui 5 grands entassements de déchets à travers les mers, le plus imposant d’entre eux se trouve entre la Californie et Hawaï. Il est également appelé “Vortex de déchets du Pacifique Nord”, “le 7ème continent” ou encore “Great pacific garbage patch” en anglais (GPGP).
Conséquence d’une pollution plastique de l'eau mondiale et massive, ce continent de plastique est aujourd’hui une préoccupation majeure, en raison de ses effets néfastes sur la biodiversité et même la santé humaine.
Mais ce continent peut-il disparaître ? Des mesures de dissolution sont-elles envisagées ? Pourra-t-on vaincre le monstre plastique que nous avons créé ?
Réponses dans cet article.
Découvert en 1997 par l’océanographe et skipper américain Charles J. Moore, le 7ème continent s’étend sur environ 1 600 000 km², soit 3 fois la taille de la France métropolitaine. En plus de sa superficie titanesque, l’amoncellement couvre 10 mètres de profondeur sous la mer.
Au regard de la surface colossale de ce continent, il est curieux de noter qu’il n’est pas possible de l’apercevoir via satellite ou depuis un avion. L’explication est simple : les déchets qui le forment se désintègrent au fil du temps en milliards de particules plastique. Il ne s’agit donc pas d’un tas compact, mais d’une sorte de nuage de particules s’étendant sur des millions de kilomètres, à raison d’une concentration moyenne de 5,1kg par km². C’est la raison pour laquelle seul le bateau permet d’observer le “continent de plastique”, en naviguant directement au sein même de la zone.
Invité sur TV5 Monde, Patrick Deixonne, fondateur de l’association Expédition 7ème Continent, explique que ces déchets sont domestiques et industriels, et arriveraient à 80% par la terre, (jetés dans les fleuves ou les rivières, ramenés par des tsunamis, emportés par le vent). Les 20% restants, quant à eux, seraient déversés directement en mer depuis les navires.
Une expédition menée par des scientifiques du Ocean Cleanup Project s’est penchée sur l’origine géographique des déchets en prélevant un échantillon de 6000 détritus, avec pour objectif de découvrir leur source. Pour cela, les chercheurs se sont appuyés sur les écritures visibles sur ces déchets, ou encore des logos et symboles. En tout, ce sont exactement 232 morceaux qui ont pu être identifiés. Ils en ont conclu que les principaux pays fautifs seraient, par ordre d’importance : le Japon, la Chine et la Corée du Sud (représentant à eux seuls les ¾ de cet échantillon). Viendraient ensuite les États-Unis, Taïwan et le Canada. Ces 6 pays seraient ainsi responsables de 90% du contenu de ce minuscule prélèvement du continent-poubelle.
Toujours grâce à cette expédition, les chercheurs ont remarqué qu’une grande quantité de ces ordures relève de débris de pêche industrielle (86% des débris récupérés). Les 6 pays susmentionnés sont en effet suspectés de pêche massive, ce qui expliquerait la nature des déchets.
En plus des filets et cordes de pêche abandonnés, le 7ème continent regorge de décompositions en tout genre : produits de beauté et d’hygiène, vêtements, emballages, bouteilles… Tout le plastique utilisé par l’Homme peut se retrouver dans ce vortex.
Les détritus forment ce continent en raison des vents et des courants que l'on appelle des gyres, qui emprisonnent les débris dans cette zone. Il existerait toutefois une théorie du CRNS qui, grâce à des modélisations confirmées via les témoignages des habitants des côtes, estime que des couloirs de sorties existeraient vers le littoral sud-américain. Ils ne feraient que quelques centaines de kilomètres de long, ce qui ne permettrait donc pas à tous les déchets de s’extirper du vortex.
L’émergence de ce continent poubelle met en péril tout l’écosystème terrestre. Si les morceaux les plus conséquents sont aujourd’hui devenus le triste habitat de certaines espèces qui menacent l’équilibre de la faune, les morceaux invisibles à l'œil nu, eux, demeurent les plus dangereux.
L’apparition du Vortex de déchets du Pacifique Nord constitue un habitat parfait pour de nombreux indésirables. Certaines espèces dites “neuston” (ensemble des petits animaux qui vivent à la surface de l’eau) comme les cnidaires, les algues ou les mollusques se développent à une vitesse inquiétante dans cet amas de pollution, où ils s’adaptent parfaitement bien. Or, leur expansion peut menacer la biodiversité ambiante, comme l’explique la biologiste marine et écologue Mélanie Ourgaud :
Si ces rencontres fortuites entre espèces restent encore peu étudiées, l'invasion de prédateurs au milieu de l'Océan Pacifique comme la porpite ou la vélelle risque de modifier définitivement la biosphère marine actuelle, et tend certains scientifiques comme Mélanie Ourgaud à penser que ces perturbateurs seraient une menace.
Dégradation de leur habitat, empoisonnement dû aux plastiques et produits chimiques ingérés… La liste des dégâts ne s’arrête malheureusement pas là. De nombreux animaux sont mis en danger par ces vestiges nous appartenant : des tortues sont étouffées par les sacs plastique qu’elles confondent avec des méduses, des oiseaux sont retrouvés le ventre rempli de plastique… Nombreuses sont donc les conséquences de cette pollution pour la faune en mer.
L'élément le plus dangereux de cet ensemble demeure néanmoins les morceaux invisibles : ces plastiques transformés en infimes particules par le soleil et l’eau sont ingérés par les plus petits organismes, eux-mêmes mangés par leurs prédateurs, à leur tour engloutis par des carnivores plus gros qu’eux… Et voilà que le plastique s'invite dans nos assiettes. Si aucune étude n’a encore été menée sur le sujet pour le moment, nous savons cependant que de nombreuses espèces ingèrent du plastique. De par notre place dans la chaîne alimentaire, il semble donc évident que nous en ingérons également.
Les phytoplanctons, ou planctons végétaux, produisent de la photosynthèse depuis les océans. D'après la WWF, comme ces espèces microscopiques représenteraient des centaines de milliards d'individus, le phytoplancton génèrerait la moitié de l'oxygène présent dans l'atmosphère, et absorberait jusqu'à 50% des émissions de carbone terrestres.
Mais le continent de plastique menace cet équilibre : les microplastiques reflètent les rayons du soleil, altérant la photosynthèse des phytoplanctons, et donc leur capacité à absorber le dioxyde de carbone et rejeter de l'oxygène. Par ailleurs, la consommation de plastique par ces micro-organismes dégrade leur croissance, leur fertilité et leur reproduction.
En plus d'être la base de l'alimentation d'espèces aquatiques, le phytoplancton est donc un maillon crucial pour générer de l'oxygène et permet aux océans d'avoir le rôle de puits de carbone. Si ceux-ci se retrouvent menacés, alors tout l'écosystème mondial le sera également.
Pour lutter contre ce monstre-poubelle, il va falloir s’armer de patience et d’espoir : aujourd’hui, aucun pays ne souhaite réfléchir au problème ni même s’en occuper, en raison des coûts de ce nettoyage, et du fait que leurs eaux territoriales n'abritent pas nécessairement le 7ème continent. Heureusement, certaines associations, des personnalités et des particuliers œuvrent pour la disparition de cette déchetterie.
Ocean Cleanup s’est donnée pour mission de s’occuper du continent de plastique.
Pour ce faire, ils ont mis au point le System 03 afin de nettoyer l’océan, et font de la prévention afin de limiter les dommages, déjà gigantesques, du plastique dans l’océan.
Résultant des prototypes System 001 et System 002, le System 03 est le projet le plus abouti d’Ocean Cleanup qui, d’après eux, serait “prêt pour nettoyer le GPGP en entier”. Le System 03 est une barrière flottante de plus de 2 km de long, munie d’un filet, qui ratisse le Vortex et devrait pouvoir retirer 100kg de plastique par heure.
Le 29 mai 2024, l’association a atteint la barre symbolique des 100 extractions réalisées.
Il est tout de même important de noter que l’action d’Ocean Cleanup ne fait pas totalement l’unanimité. Leur projet ne récupère pas les microplastiques, pourtant très dangereux. De plus, certains scientifiques critiquent l’élimination du 7ème continent, désormais investi par de nombreuses espèces. Dans le journal The Atlantic, l’écologue Rebecca Helm déclare que : « ces projets pourraient priver le monde d’un écosystème entier que nous ne comprenons pas et que nous ne pourrons peut-être jamais récupérer ».
Une remarque qui peut sembler aberrante, en raison des multiples mises en garde proférées au sujet du plastique et de ses méfaits sur l’environnement. Comme quoi rien n’est jamais tout blanc ou tout noir : même si les nouvelles espèces sont en effet jugées invasives par des personnalités telles que Mélanie Ourgaud (citée plus haut), d'autres scientifiques comme Rebecca Helm, eux, soulignent le caractère inédit de ce nouveau laboratoire que représente la vie au sein de cet amas de détritus. Ils reconnaissent ainsi que les espèces concernées se sont parfaitement adaptées. Détruire cet habitat qui abonde de vie ne semble donc pas légitime pour ces chercheurs, qui ne souhaitent pas la disparition de tous ces individus et des études qu'ils pourraient en tirer.
De ce point de vue, l’urgence consisterait donc davantage à enrayer le déversement de plastique dans l’océan - un point qui fait consensus au sein de la communauté scientifique, lui. Par ailleurs, au-delà des questions de préservation du continent de plastique à des fins d’étude, Rebecca Helm estime que les méthodes de nettoyage employées peuvent faire plus de mal que de bien lorsqu’elles sont insuffisamment minutieuses - à l’image des grands filets déployés, qui piègent certains animaux en même temps qu’ils piègent le plastique.
À défaut de pouvoir détruire le continent de plastique à notre échelle, nous pouvons cependant éviter qu’il se développe. C’est pourquoi il existe de nombreuses actions pédagogiques pour sensibiliser et éduquer aux risques de la pollution plastique océanique.
Ben Lecomte, le premier homme à avoir traversé l’Atlantique à la nage sans planche, s’est lancé un défi jusqu’alors jamais réalisé : suivi par un voilier voguant à ses côtés, il a nagé pendant 80 jours pour relier Hawaï et San Francisco, avec l’unique but d’attirer l’attention sur ce continent poubelle. Durant son expédition, le voilier a recueilli plus de 43 000 morceaux de plastique afin de contribuer au nettoyage et de récolter des données.
Association reconnue d’intérêt général, l’Expédition 7e Continent œuvre dans deux domaines : l’Exploration bleue et la Tournée pédagogique.
En collaboration avec des scientifiques du CNRS et du laboratoire Plastic@Sea, l’Exploration bleue vise à mieux comprendre l’impact des perturbateurs endocriniens contenus dans le plastique sur la biodiversité marine grâce aux plastiques prélevés en mer.
La Tournée pédagogique, quant à elle, a lieu dans les écoles sur le temps scolaire, et pendant l’été sur les plages françaises. En allant à la rencontre des écoliers et vacanciers, ils sensibilisent à l’impact du plastique et réfléchissent ensemble aux solutions pour limiter son utilisation.
La guerre contre le continent de plastique est donc lancée : grâce au ramassage des déchets et à la sensibilisation de la population, celui-ci pourrait s’affaiblir considérablement. Ceci dit, si rien n’est envisagé à l’avenir pour la question des microplastiques, ces derniers risquent de perdurer dans nos océans et sans doute nos assiettes.
Pour limiter ses émissions et protéger l'environnement, il devient plus urgent que jamais d’agir. Demandez une démo pour réaliser une estimation de votre bilan carbone.