Qu'est-ce qu'une rivière atmosphérique ?
Les rivières atmosphériques sont des phénomènes météorologiques ayant régulièrement fait la une ces dernières années. Que faut-il savoir à leur sujet ?
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Abondamment médiatisé, le dégel du permafrost est régulièrement évoqué en raison de l’impact dévastateur qu’il pourrait avoir dans le cadre de l’aggravation du changement climatique - ce qui est parfaitement exact. En revanche, il serait faux de penser qu’il s’agit là du seul danger présenté par ce dégel : risque sanitaire, mise en péril de certaines espèces, conséquences économiques, menaces sur les infrastructures existantes…
Nous vous présentons ici les 5 principaux dangers induits par le dégel, voire la disparition prochaine du permafrost.
Au sens du CNRS, le permafrost (ou pergélisol en français) est un terme désignant “un sol perpétuellement gelé”. Ce sol se situe en dessous d’une première couche dite active (ou superficielle). Visible en surface, elle est soumise aux cycles saisonniers, dégelant en été puis regelant en hiver. A contrario, le permafrost, localisé juste derrière, est un sol dont la température est demeurée plus de deux ans inférieure à 0 °C. Devenu imperméable, l’eau ne peut plus s’y infiltrer et donne donc lieu à la formation de marécages dans la toundra, par exemple.
Toujours selon le CNRS, en 2021, le permafrost occupait le quart des terres émergées de l'hémisphère nord. Il est principalement localisé dans la zone Arctique de ce dernier, en Alaska, au Canada, au Groenland, en Laponie et en Russie (en Sibérie plus précisément).
Toutefois, ainsi que le souligne Carbone4, le pergélisol est également présent dans d’autres régions : en Antarctique, sur le plateau tibétain ou au cœur des sédiments marins peu profonds.
Le permafrost constitue l’une des composantes de ce qu’on appelle la cryosphère, qui représente l’ensemble des masses de glace, de neige et de sols gelés présentes sur la Terre.
Dans un rapport daté de 2019, le GIEC rappelait que la cryosphère incluait :
Pour résumer, en gelant, le permafrost a empêché la dégradation de la matière organique qu’il contenait et qui aurait normalement dû avoir lieu par le biais de l’activité des micro-organismes. Une activité toutefois susceptible de reprendre en cas de dégel. Dégel actuellement en cours du fait du réchauffement climatique.
Un exemple très récent nous permet d'ailleurs d'apprécier le potentiel de conservation du permafrost : le 14 novembre 2024, une équipe scientifique russe a dévoilé les résultats de ses travaux sur une dépouille extraordinairement bien conservée d'un tigre à dents de sabre (baptisée "Momie de Badyarikha"), trouvée en 2020 dans la permafrost sibérien - dans le bassin de la rivière Indigirka, en Yakoutie.
Pour consulter en détail l'article de recherche, cliquez ici.
En l’espèce, des expérimentations conduites en 2014 sous l’égide du professeur Jean-Michel Claverie ont effectivement démontré qu’il était possible de “réactiver” des virus vieux de 30 000 ans. Des conclusions réitérées depuis, dans le cadre d’une étude plus récente datant de février 2023. Conduite sur des virus âgés de 48 500 ans, l’étude conclut que ces derniers ont bel et bien conservé leurs propriétés infectieuses.
Autre sujet : les bactéries. En 2016, le journal Le Parisien rapportait qu’un enfant était hélas décédé des suites d’une contamination à l’Anthrax (ou maladie du charbon). Officiellement, au total, 21 personnes avaient fait l’objet de cette contamination survenue dans le nord de la Russie - environ 100 cas suspects avaient toutefois été détectés et fait l’objet d’une hospitalisation. En cause : la fonte des sols gelés, qui avait libéré la bactérie coupable (Bacillius anthracis). Une bactérie mortelle, touchant aussi bien les Hommes que les animaux. Toujours à cette période, pas moins de 2 300 rennes étaient morts suite à contamination.
La hausse de la température moyenne mondiale conduit peu à peu au dégel du pergélisol, et donc à la reprise de l’activité des micro-organismes qui y avait été mise en sommeil. Résultat : la séquestration du carbone organique opérée par le permafrost se trouve ainsi enrayée.
En outre, le dégel du permafrost induit une boucle de rétroaction active particulièrement perverse : de fait, ce dégel induit par le réchauffement climatique contribue ensuite à la renforcer, en relâchant des gaz à effet de serre déjà en situation de ce surplus au sein de notre atmosphère.
En avril 2024, le journal Le Monde mettait en lumière le défi que doit à présent relever un site français bien connu : l’Aiguille du Midi.
Sous étroite surveillance, le site fait d’ores et déjà l’objet de travaux de consolidation car, toujours selon l’article du Monde, la situation ne devrait pas aller en s’améliorant dans les années qui viennent.
Malheureusement, les infrastructures des stations de haute montagne ne sont pas les seules infrastructures concernées par ce problème : en fonction des régions, des agglomérations elles-mêmes pourraient se voir menacées par de nouveaux risques.
Le coût économique du dégel du permafrost est difficilement évaluable, mais réel. De fait, compte tenu de l’engrenage que ce dégel pourrait contribuer à alimenter à l’endroit du changement climatique, on pourrait facilement lui imputer quantité de désastres (et les factures qui leur sont associées).
De façon plus spécifique, on peut toutefois d’ores et déjà souligner que les conséquences directes du dégel sur les infrastructures mentionnées plus haut suffisent à présenter un aperçu des frais qui sont et seront occasionnés. Ceci sans parler des activités économiques qui pourraient être mises en péril dans les régions concernées.
Nous l’avons vu plus haut : le dégel du permafrost a d’ores et déjà démontré qu’il pouvait produire des effets désastreux sur les populations (humaines ou animales) résidant au cœur des régions concernées.
Pour autant, le projet de recherche PERMTHAW initié par l'Union européenne et portant sur l’étude de potentiels environnements post-permafrost a également abouti à des conclusions pour le moins étonnantes.
Il n’est évidemment pas question de dire que le dégel du permafrost est une bonne nouvelle - loin de là. En revanche, les pistes de réflexion proposées par le projet PERMTHAW pourraient se révéler grandement utiles dans le cadre de l’élaboration de nos politiques d’adaptation au changement climatique.
Faute d’un changement radical, 30 à 99 % du permafrost en surface pourrait fondre d’ici 2100. Or, un dégel de 30 % du permafrost pourrait d’ores et déjà conduire à l’émission de pas moins de 160 milliards de tonnes de gaz à effet de serre.
La vérité, hélas, c’est qu’il est presque déjà trop tard pour enrayer le phénomène.
Est-ce à dire que tout est définitivement perdu ? Difficile de se prononcer, mais il est en tout cas certain que faute d’une réaction, la situation n’a définitivement aucune chance de s’arranger. Si le permafrost ne peut sans doute pas être sauvé en totalité, tout ce qui peut l’être est bon à prendre.
Alors que faire ?
On ne le répétera jamais assez : réduire collectivement nos émissions de gaz à effet de serre (donc notre empreinte carbone) constitue une priorité absolue, afin de limiter la hausse de la température moyenne mondiale au maximum. Conformément à l’Accord de Paris signé en 2015, cette hausse devrait se maintenir sous la barre des + 1,5 °C (2 °C incarnant la limite que nous ne devons surtout pas dépasser) d’ici 2100.
Problème : nous ne sommes pas du tout sur les bons rails.
Faute de deviner si nous parviendrons ou non à enrayer le phénomène, il est absolument indispensable de faire preuve de vigilance et de se préparer au pire. Dans ce contexte, la mise en place de technologies de surveillance (à l’image de ce qui a été fait pour l’Aiguille du Midi) s’impose. De façon locale, mais aussi plus globale. En 2022, un réseau de surveillance de long terme a ainsi été créé pour la région alpine : baptisé PermaNET, ce réseau doit “contribuer à l’atténuation des risques naturels résultant des impacts du changement climatique sur le pergélisol alpin”.
De la même façon, il est important de travailler dès à présent à l’adaptation des infrastructures localisées dans des zones à risque. Là encore, à l’image de ce qui est actuellement fait pour l’Aiguille du Midi, des travaux de consolidation peuvent être entrepris là où cela se révèle pertinent, afin de protéger les infrastructures existantes et prévenir d’éventuelles catastrophes.
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