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Qu'est-ce que le "risque climatique" pour les acteurs de la finance ?
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Qu'est-ce que le "risque climatique" pour les acteurs de la finance ?

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une main qui tient une liasse de billets américains devant de l'herbe
Le risque climatique dans le secteur financier est une notion essentielle devant être intégrée dans les stratégies financières. De quoi s’agit-il ? Ce concept est-il réglementé ?
Secteurs d'activité
2023-02-03T00:00:00.000Z
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C’est un fait : tous les secteurs d’activité sont impactés par le réchauffement climatique. Le monde de la finance n’y échappe pas. En vue de respecter l’objectif de l’Accord de Paris - qui est de limiter le réchauffement à + 2 °C d’ici 2050 - il est nécessaire de réorienter les flux. ➡️

En ce sens, il existe un risque climatique que les acteurs financiers doivent prendre en compte dans leurs stratégies et dans leurs prises de décision.

Quels sont les risques qui menacent le monde de la finance ? Comment les banques peuvent-elles intégrer les enjeux environnementaux dans leurs stratégies ? La finance verte est-elle une solution ? Explications. 💬

une immense vague qui tombe sur un phare sous un ciel noir

👀 Qu’entend-on par « risque climatique » ?

Risque climatique, définition 📖

Un risque climatique renvoie à l’exposition d’une entreprise à un événement climatique et aux répercussions sur son activité. 💥

Bien que ces aléas soient considérés comme des catastrophes naturelles (ouragans, sécheresses, incendies, tempêtes ou inondations), leur fréquence et leur intensité dépendent du réchauffement climatique. 

En effet, cet événement mondial est causé par les activités humaines, et plus particulièrement par l’émission d’une forte quantité de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. Ce surplus de GES perturbe l’équilibre climatique et impactent nos territoires (les zones côtières sont principalement touchées) et nos activités de manière : 

  • directe : la hausse du niveau des eaux, les ouragans, les variations de températures, etc. qui s’illustrent par des pertes physiques à court et à long terme ;
  • indirecte : la baisse des récoltes, la perte de la biodiversité, etc.

👉 Pire : les aléas climatiques extrêmes ont un coût non négligeable. En 2022, les catastrophes naturelles ont coûté 10 milliards d’euros aux assureurs.

La notion globale de risque en finance 😱

En 2019, Finance For Tomorrow - un organisme d’acteurs engagés pour une finance plus soutenable - a partagé un rapport intitulé « Le risque climatique en finance ». Ce document rappelle que l’article 2 de l’Accord de Paris a inscrit le monde de la finance comme étant un acteur indispensable de la transition. 💰

L’Accord précise ainsi les engagements que doivent tenir les acteurs financiers internationaux : 

  • rendre compatible les flux financiers avec les objectifs de réduction des émissions de GES ;
  • rendre le secteur financier plus résilient aux conséquences du changement climatique.

Ces engagements ne peuvent être tenus sans prendre en compte la notion de risque. Il s’agit d’un facteur indispensable, notamment pour accorder un crédit ou orienter les investissements selon l’appréciation et la rentabilité d’un projet. ✅

En outre, au vu de l’urgence climatique actuelle, les risques climatiques doivent impérativement intégrer les stratégies d’adaptation ou d’atténuation du changement climatique des acteurs de la finance.

En effet, à l’échelle mondiale, le dérèglement climatique peut être à l’origine d’une dépréciation brutale des actifs, de la perturbation de la stabilité des politiques publiques et de l’accentuation des fragilités financières.

un homme qui utilise une calculatrice

👋 Quelle est la typologie des risques climatiques sur la finance ?

Dans son discours intitulé « Tragédie des horizons », Mark Carney - gouverneur de la Banque centrale d’Angleterre et président du Conseil de la stabilité financière du G20 - révèle en 2015 que le réchauffement climatique fait peser trois grands types de risques sur le monde de la finance.

Le risque physique 🔥

Le risque physique correspond aux pertes subies par les acteurs économiques suite aux dommages causés par des catastrophes naturelles. Dès lors, cette analyse repose sur la mesure de : 

  • l’impact (incertain) des aléas climatiques ;
  • la vulnérabilité et la capacité d’adaptation des actifs dépendamment de leur localisation géographique et des scénarios climatiques envisagés.

👉 Cette première forme de risque impacte aussi bien la chaîne de valeur (via des problèmes logistiques) que la valeur des actifs (infrastructures).

Le risque de transition 🌍

Le risque de transition renvoie aux conséquences économiques engendrées par la mise en place de stratégies et de modèles économiques bas-carbone. 

À terme, il s’agit d’éviter une baisse de la valeur des actifs et de saisir les opportunités économiques sur le long terme dans quatre principaux domaines : 

  • la réglementation, dont le prix du carbone, les obligations de transparence sont à l’origine de risques, alors que l’augmentation de la transparence de l’information représente une opportunité permise par la transition écologique ;
  • les marchés, où les comportements des consommateurs, le coût des matières premières et les incertitudes sur les signaux de marché peuvent être des risques. Ici, l’opportunité est de pouvoir accéder à de nouveaux marchés ;
  • la technologie, laquelle permet d’atteindre l’indépendance énergétique et garantir l’efficacité des processus. Néanmoins, les innovations bas-carbone et l’incertitude issues des investissements et de la R&D (la recherche et le développement expérimental) représentent des risques ;
  • la réputation, qui peut être positive grâce à la transition, mais le risque étant de stigmatiser un secteur.

👀 À noter : ces informations proviennent du point climat « Gérer les risques de transition de son portefeuille : de la théorie à la pratique » publié par I4CE en 2017.

Le risque de responsabilité juridique ⚖️

Cette dernière forme de risque correspond aux compensations financières devant être payées par une personne morale jugée responsable de dommages sur l’environnement.

En effet, en France, une étude de la police et de la gendarmerie en date de 2021 a dénombré 31 400 infractions environnementales. Dans le détail, un tiers des actes concernait les animaux, 25 % étaient liés à l’exploitation forestière ou minière illégale et 13 % relevaient d’infractions à la réglementation sur la chasse et la pêche. 🎣

La responsabilité des États est dans un premier temps mis en cause, notamment avec l’Affaire Leghari au Pakistan et l’Affaire Urgenda aux Pays-Bas.
En 2018, l’Affaire du Siècle est le premier recours en justice à ce sujet en France. Plusieurs associations pointent alors du doigt le non-respect des engagements écologiques pris par l’État lui-même. 
La responsabilité des acteurs privés n’est pas en reste, puisque des citoyens mènent des entreprises devant la justice, à l’image du Conservation Law Fondation v. Shell Oil Products US ou du procès Mark McVeigh v. Australian Retail Employees Superannuation Trust [REST].

👉 À terme, l’objectif est de faire respecter le devoir de vigilance à l’échelle internationale.

un homme qui met son pouce en l'air

⚒️ Quels sont les outils et les méthodologies à disposition des acteurs financiers ?

Les acteurs de la finance disposent de plusieurs outils et méthodologies permettant de mener une stratégie de décarbonation compatible avec la trajectoire de + 2 °C requise.

Le bilan carbone 📝

Chaque acteur a l’opportunité de quantifier les émissions de GES engendrées par son activité via un bilan carbone. Sur une période d’un an et selon un périmètre défini, cette étude personnalisée permet de faire un état des lieux de l’impact environnemental de la structure, puis d’élaborer une stratégie de réduction des émissions.

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Concernant les risques climatiques, le bilan carbone mesure la dépendance de l’activité à ce gaz à effet de serre et peut donc servir à mesurer les risques pouvant découler d’un surcoût du carbone, des ruptures technologiques ou du durcissement des réglementations.

Grâce à ces éléments, les investisseurs peuvent aisément identifier les activités étant réellement bénéfiques (ou au contraire, néfastes) pour la transition écologique.

Les indicateurs de risques climatiques 👍

Les risques climatiques pouvant impacter le secteur financier peuvent être évalués, quantifiés et gérés selon les indicateurs suivants : 

  • les scores d’exposition au risque permettent d’identifier les risques et leurs impacts sur les actifs avec une note allant de 0 à 100. Ils sont calculés à court, moyen et long terme ;
  • la part verte et la part grise sont utiles pour identifier la part des revenus d’une entreprise pouvant être impactée (positivement comme négativement) par la transition bas-carbone. L’objectif étant d’anticiper l’évolution de sa valeur ;
  • les indicateurs d’impact financier réalisent une estimation financière (calculée sur des modèles de données historiques, voire des projections) quant aux pertes encourues par les aléas climatiques ;
  • les indicateurs d’alignement à une trajectoire à + 2 °C qui reposent sur la quantification des émissions de GES. Ces macro-indicateurs permettent d’indiquer la contribution de l’entreprise à la transition écologique et les améliorations à adopter pour s’inscrire dans la trajectoire.

À terme, cela permet d’élaborer des stratégies ESG (Environnementale, Sociale et de Gouvernance) qui permettent d’intégrer les enjeux du développement durable au sein du secteur financier. Plus généralement, il s’agit d’examiner l’impact des activités de financements et d’investissements sur l’économie réelle.

L’analyse qualitative ✅

Au-delà d’utiliser l’ensemble des indicateurs en vue d’obtenir le plus d’informations possible, les investisseurs peuvent développer des analyses de scénarios et des stress-tests. Il convient de réaliser une analyse qualitative pour veiller au bon déroulement des stratégies tout en limitant les risques. 👍

Cette analyse peut être réalisée grâce aux données historiques et prospectives. Attention, elle doit impérativement s’intégrer dans les processus de décisions des acteurs économiques et financiers.

À titre d’illustration, début 2022, la Banque centrale européenne (BCE) a réalisé le premier stress test climatique auprès de 104 banques. L’objectif était d’évaluer leur capacité de résistance aux risques climatiques. 

Les résultats montrent que 60 % des banques évaluées n’ont pas de cadre de test de résistance au risque climatique. Seulement 20 % prennent en compte le risque climatique comme une variable afin d’octroyer un prêt.

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🤔 L’intégration du risque climatique par les acteurs financiers est-elle réglementée ?

En France 🇫🇷

Au vu des résultats peu encourageants de l’étude ci-dessus, les banques sont incitées à mieux intégrer le risque climatique d’ici 2024. En ce sens, deux grandes réglementations françaises ont vu le jour : 

  • la loi de la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 exige aux investisseurs de faire preuve de transparence quant à la prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux ;
  • la déclaration de performance extra-financière (DPEF) dont les entreprises de plus de 250 salariés doivent partager les informations relatives au réchauffement climatique, à la durabilité et à l’impact de la structure sur la société et l’environnement.

La finance durable comme cadre de référence 📑

Au-delà de prendre en compte les risques climatiques qui pèsent sur les banques, la finance a, elle aussi, des répercussions sur l’environnement. Née en 2015 avec la signature de l’Accord de Paris, la finance verte est une forme de finance intégrant ainsi l’environnement dans ses principes fondamentaux.

À ce titre, elle englobe les investissements de projets et d’entreprises engagés pour l’environnement. Il s’agit de réorienter les flux financiers en cohérence avec les ODD (Objectifs de Développement Durable) et l’Accord de Paris. 🎯

En 2020, un rapport d'Oxfam France révélait que 70 % des financements énergétiques des banques françaises étaient encore à destination des énergies fossiles. 
Or, selon les experts du GIEC, il faudrait limiter l’utilisation de ces énergies particulièrement émettrices de gaz à effet de serre (GES) - à l’origine de 80 % des émissions de CO2 mondiales - pour respecter la trajectoire de + 2 °C. À l’heure actuelle, les choix d’investissements des infrastructures financières nous amènent tout droit à un monde à + 4 °C. 🔥

Il est donc impératif de cesser de financer les activités polluantes (les énergies fossiles notamment) pour financer la transition. Dès lors, les investisseurs contribuent à orienter l’économie vers un modèle bas-carbone et inclusif.

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