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Les ambitions de l'agriculture durable
L'immensité de son périmètre d'action
Les challenges auxquels elle peut nous aider à faire face
L’agriculture durable ambitionne de révolutionner le modèle agricole de manière beaucoup plus profonde et globale, y compris sur les volets économique et social. D’où le fait que nous parlions de ces différentes dimensions comme des “piliers” de l’agriculture durable.

FAO
Food and Agriculture Organization of the United Nations
Pour l’agriculture durable, il s’agit donc de développer une agriculture plus respectueuse de l’environnement dans son acception la plus large.
Il est par exemple tout aussi important de protéger les écosystèmes que de faire en sorte que tout le monde puisse manger à sa faim - ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui, même si de grands progrès ont été opérés dans ce domaine au cours des dernières décennies (nous y reviendrons plus bas).

Les 3 piliers de l’agriculture durable sont les mêmes que ceux du développement durable :
On l’aura compris : l’agriculture durable se positionne à contre-courant des principes de l’agriculture intensive, dont l’objectif affiché a été d’accroître les rendements agricoles par tous les moyens possibles et imaginables.
Pour en savoir plus sur le développement durable en général, n’hésitez pas à consulter notre article dédié.
L’agriculture durable se traduit de multiples manières, et c’est logique : en s’attaquant à la fois aux sphères environnementale, économique et sociale, elle couvre une grande variété de sujets (et de problématiques).
D’où la difficulté, d’ailleurs, de savoir qui peut véritablement se revendiquer comme un.e digne représentant.e de l’agriculture durable… Peut-on accepter qu’un.e exploitant.e se revendique comme tel.le, s’il ou elle n’est pas absolument irréprochable en tout point ? Ou doit-on d’ores et déjà encourager une démarche de progrès qui tend à évoluer petit à petit vers l’agriculture raisonnée ?
À titre illustratif, le spectre des pratiques liées à l'agriculture durable s’étend de l’agroécologie à la création de lois permettant d’encadrer la juste rémunération des producteurs (c’était, en substance, l’un des objectifs de la loi Egalim), en passant par des politiques favorisant l’accès au foncier pour les possibles repreneurs et porteurs de nouveaux projets.
| Pilier du développement durable | Exemples de pratiques associées |
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🌱 Pilier environnemental — Préserver les ressources naturelles
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💶 Pilier économique — Assurer la viabilité des exploitations
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👩🌾 Pilier social — Garantir équité et bonnes conditions de travail
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Présentée ainsi, on pourrait penser que l’agriculture durable relève quasiment de l’altruisme. Ce qui est vrai dans une certaine mesure. Les objectifs poursuivis par l’agriculture durable sont plutôt nobles… Mais ne nous y trompons pas : l’agriculture durable relève aussi du pragmatisme le plus pur.
Faire en sorte que les agriculteurs.rices perçoivent un revenu décent est la meilleure manière de s’assurer que cette profession demeure attractive - et donc que le système agricole local perdure.
Or, dans un contexte de tensions internationales accrues, l’indépendance d’un pays dans des domaines tels que l’alimentation est absolument cruciale.
Outre la question de cette indépendance, il faut rappeler que pour abaisser l’empreinte carbone d’un pays au maximum, il est important de réduire les importations. Et cela vaut pour le domaine alimentaire : si nous aspirons à devenir un pays “bas carbone”, nous devons privilégier les aliments que nous sommes en capacité de produire à l’échelle locale - d’où l’importance, une fois encore, d’assurer la survie de notre modèle agricole.
The Shift Project
“Climat, crises : Le plan de transformation de l’économie française”
Toutefois, il n’est pas inutile de rappeler ici qu’une transition en faveur de l’agriculture durable ne pourra avoir lieu sans le soutien des populations elles-mêmes…
The Shift Project
“Climat, crises : Le plan de transformation de l’économie française”

Autre point d’importance : les dérèglements climatiques qui impactent d’ores et déjà les récoltes de nombre d’exploitations.
Adopter les pratiques de l’agriculture durable, c’est aussi améliorer la résilience de notre système alimentaire en l’adaptant à ces changements.
Comme son nom l’indique, l’agriculture durable vise à assurer une alimentation de qualité sur le temps long. Malheureusement, nous savons d’ores et déjà que certaines des conséquences du réchauffement climatique ne peuvent plus être évitées. Parmi elles : la modification du climat et, par voie de conséquence, de la nature des cultures qui peuvent être envisagées sur tel ou tel territoire.
C’est cela aussi, l’agriculture durable : savoir s’adapter à des changements qui, quoi qu’on en dise, sont désormais inéluctables. Parmi ces changements, l’exposition à divers types de risques climatiques doit être prise en considération, car développer la résilience de notre modèle agricole signifie (aussi) que nous devons lui donner les moyens d’encaisser les coups.

Quelle que soit la responsabilité que portent les énergies fossiles dans la crise climatique actuelle, ces dernières ont aussi eu des effets bénéfiques au cours des dernières décennies. Dans le domaine de l’alimentation, elles ont par exemple grandement contribué à lutter contre la faim dans le monde.
Vaclav Smil
Comment marche vraiment le monde (Éditions Cassini)
Et si beaucoup de choses expliquent cette réalité (l’amélioration de la variété des cultures, la mécanisation agricole, la fertilisation, l’irrigation ou encore la protection de ces mêmes cultures), il en est une à ne pas sous-estimer.
Vaclav Smil
Comment marche vraiment le monde (Éditions Cassini)
Seulement voilà : cette époque bénie est désormais révolue. Outre le fait que les énergies fossiles soient responsables du réchauffement climatique actuel, leur raréfaction progressive doit nous amener à nous tourner vers l’agriculture durable. Faute de quoi, nous nous retrouverons le bec dans l'eau.
Les experts estiment qu’il nous reste environ 139 ans de charbon, 54 ans de pétrole et 49 ans de gaz fossile. Comme nous l’expliquons dans notre article consacré aux énergies fossiles, ces estimations doivent cependant être traitées comme telles. De nouveaux gisements peuvent encore être découverts... Mais après plus de deux siècles d’exploitation intensive des gisements les plus à portée de main, il est évident que ces nouveaux gisements - si tant est qu’ils existent - compteront parmi ceux dont la présence était la moins facilement détectable… Autrement dit, leur exploitation pourrait s’avérer si difficile et coûteuse que la question de la rentabilité d'une telle épopée en viendrait possiblement à être questionnée.
Rappelons que le défaut majeur des énergies renouvelables concerne leur intermittence : les énergies renouvelables ne délivrent pas de l’énergie “à la demande” à la manière dont le font les énergies fossiles ou le nucléaire. S’orienter progressivement vers un modèle énergétique bas carbone (et a fortiori si on aspire à délaisser le nucléaire), c’est donc accepter l’éventualité de devoir, à certains moments, faire face à des “pénuries” en matière d’énergie - en comparaison, bien sûr, d’une époque où nous aurons bénéficié d’un apport énergétique quasi illimité dans les pays développés. Pénuries dont la production alimentaire pourrait donc pâtir… Un aspect à ne pas négliger quand on sait qu’il y a aujourd’hui 8,2 milliards d’êtres humains à nourrir sur Terre. Et que nous devrions être plus de 9 milliards à l'horizon 2050.