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Les principes clés de l'agriculture raisonnée
La manière dont elle se traduit dans la pratique
Pourquoi elle constitue une étape de transition essentielle
Ce pourquoi elle est parfois critiquée
Pour tenter de répondre à certaines d’entre elles, de nombreuses exploitations agricoles se tournent donc peu à peu vers le modèle de “l’agriculture raisonnée”.

L’agriculture raisonnée (“responsible farming” en anglais) désigne l’ensemble des principes et techniques d’une production agricole qui cherche à optimiser son rendement, pour être économiquement viable tout en limitant au maximum les impacts négatifs de cette production sur l’environnement. Il s’agit d’une mise en pratique du concept plus théorique de “l’agriculture durable”.
Pour une agriculture du vivant
Mouvement associatif créé en 2018
La manière de définir l’agriculture raisonnée varie parfois légèrement d’une source à l’autre. De même, si vous explorez un peu Internet, vous verrez que la perception de cette agriculture raisonnée va du très positif au très négatif. Aux yeux de certain.e.s, l’agriculture raisonnée n’est qu’une forme “light” de l’agriculture conventionnelle, en ce sens qu’elle ne révolutionne pas véritablement les pratiques mises en œuvre.
L’agriculture raisonnée se fixe comme objectif d’observer 4 grands principes :
L’une des caractéristiques de l’agriculture raisonnée (d’ailleurs souvent pointée du doigt par ses détracteurs), c’est qu’elle autorise le recours à certains intrants - les produits phytosanitaires, par exemple.
Dico AE
Dico Agroécologie
Dit clairement, cela signifie qu’en agriculture, il existe un seuil au-delà duquel même si vous augmentez encore la dose de produits chimiques utilisée, vous n’obtiendrez pas à une différence significative en termes de rendements.
Un exemple de pratique propre à l’agriculture raisonnée consiste donc à chercher à utiliser les produits phytosanitaires en “quantité raisonnable” - comprenez, ne pas en utiliser plus que ce qui s’avère nécessaire pour optimiser les rendements.
Vous comprenez sans doute pourquoi l’agriculture raisonnée n’incarne pas l’idéal dont rêvent beaucoup de défenseurs.ses de l’environnement. Il est indéniable qu’un principe tel que celui-ci peut conduire à perpétuer l’usage de produits dont nous préférerions sans doute tous et toutes nous passer (agriculteurs.rices y compris)… Et c’est tout l’objet des conflits qui opposent parfois militant.e.s écologistes et agriculteurs.rices - les second.e.s reprochant aux premiers.ères. de ne pas tenir compte de la réalité des difficultés qu’ils ou elles rencontrent dans le cadre de leur production (nuisibles, dérèglements climatiques, nécessité de produire beaucoup pour être rentables et ainsi pouvoir se dégager un revenu décent, etc.).

Dans l’Hexagone, le concept de l’agriculture raisonnée a été davantage formalisé que dans d’autres pays.
Crédit Agricole
Banque française
En tant qu’agriculteur.rice, il est donc possible d’obtenir ce qu’on appelle une “certification environnementale”.
Initialement, cette certification était échelonnée en 3 niveaux :
Pour décrocher le label HVE (Haute Valeur Environnementale), il faut atteindre le niveau 3 de la certification.
Attention : le niveau 1 a été supprimé en octobre 2023.
Ministère de l’Agriculture
septembre 2024
Ministère de l’Agriculture
septembre 2024
Pour consulter l’ensemble des renseignements relatifs à ce label, merci de vous référer au site du Ministère de l’Agriculture en cliquant ici.
L’intérêt de l’agriculture raisonnée est réel, tout particulièrement à l’époque à laquelle nous vivons - celle du début de la transition écologique que nous devons mener pour lutter contre le réchauffement climatique, mais aussi contre la mise à mal de l’environnement qui rend notre vie possible.
Si l’agriculture raisonnée s’avère aussi pertinente, c’est parce qu’elle incarne probablement aussi une phase de transition pour notre modèle agricole.
L’agriculture raisonnée statue sur 3 aspects clés :
Ces 3 aspects sont incontournables dans l’élaboration d’un nouveau modèle agricole, qui soit à la fois durable et équitable.
Si l’agriculture raisonnée est parfois présentée comme manquant d’ambition (voire pire), il faut rappeler que la transition écologique de tout domaine d’activité ne s’opère pas en un claquement de doigts.
Les contraintes qui pèsent sur certaines entreprises (ou exploitations agricoles dans le cas présent) peuvent être conséquentes. Ce qui oblige le ou les professionnel(s) à opérer leur transition de manière progressive, une étape après l’autre.
En ce sens, l’adoption des valeurs et principes de l’agriculture raisonnée constitue un premier pas non négligeable, dans la mesure où la reconnaissance de ces principes traduit d’ores et déjà une prise de conscience quant au fait qu’une agriculture bénéfique au plus grand nombre ne peut exister sans respect à l’égard de l’ensemble des parties concernées (que l’on parle de l’environnement, des êtres humains ou des animaux).

D’un autre côté, comme nous le disions plus haut, on peut légitimement se demander si l’agriculture raisonnée va suffisamment loin dans ses préceptes.
En autorisant l’usage de certains intrants “jusqu’à un certain point”, elle laisse de fait la porte ouverte à la perpétuation de l’usage d’intrants dont nous devrions peut-être chercher à nous défaire de manière définitive, pour le bien-être des agriculteurs.rices y compris.
Rappelons, en effet, que ces professionnels sont les premières victimes des conséquences sanitaires liées à l’utilisation de ces intrants.
Inserm
Organisme de recherche scientifique public dédié à la santé humaine
Les agricultures raisonnée, biologique et durable fonctionnent un peu à la manière de poupées russes. Pour schématiser : l’agriculture durable est un but, l’agriculture raisonnée la politique adoptée pour atteindre ce but, et l’agriculture biologique, l’un des moyens mis en œuvre dans le cadre de cette politique. L’agriculture durable ambitionne de contribuer à créer un modèle alimentaire au sein duquel tout un chacun bénéficie d’une nourriture de qualité en quantité suffisante, tout en assurant un revenu décent aux agriculteurs.rices. Pour œuvrer en faveur de l’agriculture durable, certain.e.s agriculteurs.rices décident donc d’inscrire leur activité dans le cadre d’un ensemble de pratiques jugées “raisonnables” - c’est l’agriculture raisonnée. Dans ce contexte, un.e agriculteur.rice peut donc décider, pour respecter l’environnement, d’inscrire sa production dans le champ de l’agriculture biologique, par exemple.
En principe, oui. L’agriculture durable a vocation à s’inscrire dans le cadre d’un développement durable du modèle agricole. Mais dans les faits, il est préférable de juger au cas par cas, car les degrés d’ambition en matière de transition peuvent grandement varier et donc ne pas être véritablement comparables, même si deux exploitations se revendiquent comme adoptant les principes de l’agriculture raisonnée. En l’espèce, l’existence de différents niveaux au sein de la certification environnementale illustre bien le fait qu’il existe de multiples étapes dans ce processus de transition - et qu’il s’agit donc d’un travail de longue haleine, que tout le monde ne mènera peut-être pas à son terme.