
Fresque du climat : que faut-il savoir et comment l'organiser ?
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De sa biodiversité foisonnante à son rôle de régulateur du climat, sans oublier le mystère de ses abysses, la haute mer est un trésor fragile que l’humanité doit préserver comme un bien commun.
La haute mer se définit juridiquement comme par « toutes les parties de la mer n’appartenant pas à la mer territoriale ou aux eaux intérieures d’un État » (source : Nations unies). Autrement dit, la haute mer désigne la partie de l’océan qui n’est placée sous l’autorité exclusive d’aucun pays.
Mais la haute mer ne se résume pas à cette simple définition. D’autant plus que les océans couvrent près de deux tiers de la surface de la Terre : à elle seule, la haute mer représente 64 % de cette surface et près de 95 % du volume total des océans (source : Parliamentarians for Global Action). La haute mer, aussi appelée « mer libre », est avant tout un bien commun.
De par ses caractéristiques exceptionnelles, la haute mer se situe donc à l’intersection d’enjeux majeurs sur les plans sociaux, environnementaux et économiques, car :
C’est donc tout naturellement que la haute mer requiert une attention particulière, au même titre que les zones sauvages continentales, comme l’Antarctique.
Notre planète Terre, souvent appelée la planète bleue, est couverte à près de 70% d'eau. Pourtant, moins de 1% de ces zones bénéficie de mesures de protection.
Bien que la haute mer s’étende sans limite sur notre globe, elle a longtemps été tenue à l’écart des accords environnementaux, reléguée au rang de territoire secondaire face aux zones côtières…
Le traité sur la protection de la haute mer est un accord historique visant à sauvegarder la biodiversité de ces zones marines.
Le traité sur la protection de la haute mer est un accord international qui complète la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM).
Signée à Montego Bay (Jamaïque) en 1982 et entrée en vigueur en 1994, cette convention a défini et réglementé les espaces maritimes de la façon suivantes (source : CNRS) :
Le nouveau traité sur la haute mer – signé le 4 mars 2023 par les délégués de la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale – de l’anglais Biodiversity of Areas Beyond National Jurisdiction (BBNJ) – met un terme à des négociations entamées entre les États membres de l’ONU depuis 2004 !
Adopté officiellement le 19 juin 2023, le traité sur la haute mer porte en particulier sur (source : Vie publique, 2023) :
Finalement, la conférence visant à protéger la haute mer a abouti à la ratification du traité et à l'engagement de 341 nouveaux engagements financiers, pour un total de 18,8 milliards d'euros.
Selon Greenpeace, les quatre piliers du traité de la haute mer sont définis comme suit (source : Greenpeace) :
Néanmoins, malgré ses fondements admirables, le traité sur la protection de la haute mer a des insuffisances en termes de gouvernance mondiale. Par exemple, elle ne définit aucun critère précis pour assurer la mise en œuvre effective des obligations de protection de l’environnement marin et de ses ressources (source : Parliamentarians for Global Action).
Le traité sur la haute mer est qualifié d’historique car il vise à combler un vide juridique. Il est le premier texte juridique contraignant – adopté par tous les pays membres de Nations unies – soit 193 pays – à engager de réelles mesures de protection et conservation des ces espaces marins.
Dès son entrée en vigueur, ce texte permettra de créer des aires marines protégées (AMP) dans la haute mer. Ces zones permettent de concilier les objectifs de protection de la biodiversité marine tout en favorisant la gestion durable des activités maritimes.
À noter que la mise en œuvre effective du traité peut prendre plusieurs dizaines d’années. Par exemple, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, signée à Montego Bay le 10 décembre 1982, n’est entrée en vigueur qu’en 1994, soit 12 ans plus tard.
Le traité entrera en vigueur après sa ratification par 60 pays. La période de signature se termine le 20 septembre 2025.
L’adoption du traité, s'appuyant donc sur l'héritage de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (Unclos) devait permettre d’atteindre six objectifs relatifs à la haute mer (source : Vie publique, 2023) :
Pour que ces objectifs soient atteints, le traité sur la haute mer (BBNJ) doit suivre un processus classique : après sa signature, il doit être ratifié selon les procédures nationales, comme un vote au parlement ou une approbation par le chef d’État.
Pour entrer en vigueur, il doit être ratifié par au moins 60 pays. Si ce seuil est atteint, le traité s’appliquera automatiquement à ces États 120 jours plus tard, devenant juridiquement contraignant.
Le traité demeure perçu comme une avancée timide par l'association Bloom, engagée dans la défense des océans. Frédéric Le Manach, son directeur scientifique, souligne les nombreuses zones d’ombre qui subsistent :
De plus, surveiller et contrôler ces zones marines nécessite des moyens technologiques et financiers considérables que peu d'États possèdent. La nature transfrontalière de la haute mer complique également l'attribution des responsabilités et la coordination entre les différentes juridictions nationales, tandis que l'absence de souveraineté claire rend difficile l'application coercitive des sanctions en cas de violations. Enfin, les écosystèmes marins profonds évoluent sur des échelles temporelles longues, rendant les effets des mesures de protection difficilement mesurables à court terme.
Ainsi, le traité est en attente de ratification et d'intégration dans le droit national par les États membres de l'ONU.
En attendant l’entrée en vigueur du traité sur la protection de la haute mer, il convient d’agir au niveau national. En effet, avec une superficie de 11 millions de km², la France possède le deuxième plus grand domaine maritime – derrière les États-Unis.
Une proportion jugée largement insuffisante par les associations environnementales, qui appellent à porter à 30 % la part du territoire marin effectivement protégé, afin de répondre aux enjeux évoqués dans cet article.
La haute mer : un espace aux frontières de la recherche …, OpenEdition Journals, 2012, https://journals.openedition.org/echogeo/12929
La haute mer – non-réglementée et sous attaque : fiche d’information à destination des parlementaires, Parliamentarians for Global Action, https://www.pgaction.org/pdf/2020/factsheet-high-seas-unregulated_fr.pdf
Le droit international peut-il sauver les océans ?, CNRS, 2023, https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-droit-international-peut-il-sauver-les-oceans
Pourquoi le nouveau traité sur la haute mer est essentiel …, UN News, 2023, https://news.un.org/fr/story/2023/06/1136227
Comment le Traité sur la haute mer (BBNJ) peut protéger nos océans, Greenpeace, https://www.greenpeace.fr/comment-le-traite-sur-la-haute-mer-bbnj-peut-proteger-nos-oceans/
Le traité international de protection de la haute mer adopté …, Vie publique, 2023, https://www.vie-publique.fr/en-bref/288478-traite-international-de-protection-de-la-haute-mer-laccord-adopte
Traité de l'ONU sur la haute mer : "Un petit pas" pour l …, francebleu.fr, 2023, https://www.francebleu.fr/infos/environnement/traite-de-l-onu-sur-la-haute-mer-un-petit-pas-pour-l-association-bloom-3795970
Limitation du chalutage de fond : les ONG sceptiques après les annonces d’Emmanuel Macron sur les aires marines protégées, Le Monde, 2025, https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/06/08/limitation-du-chalutage-de-fond-les-ong-sceptiques-apres-les-annonces-d-emmanuel-macron-sur-les-aires-marines-protegees_6611334_3244.html
Accord historique pour protéger la haute mer : pourquoi c'était inespéré après 15 ans de négociations, Novethic, 2023, https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/traite-sur-la-haute-mer-pourquoi-cet-accord-etait-inespere-151385.html