
La Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF) en 2025
La DPEF traite de la politique sociale, environnementale, sociétale et de gouvernance de toute entreprise. Zoom sur cette obligation légale.
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Il faut dire que ce fameux trou apparu au-dessus de l’Antarctique nous donne des sueurs froides : tantôt rétrécissant, tantôt s’agrandissant...
Quel est l’état actuel de la couche d’ozone ? Pourquoi cette dernière est-elle si importante ? Comment s’est-elle formée ? Joue-t-elle un quelconque rôle dans le changement climatique par ailleurs ? Pourquoi un trou est-il apparu au milieu de cette fameuse couche d’ozone ?
Explications.
La couche d'ozone désigne une couche protectrice localisée au sein de l'atmosphère terrestre. Il s'agit d'une sorte de filtre très chargé en molécules d'ozone.
Pour être tout à fait précis, la couche d'ozone se situe dans la stratosphère, entre 20 et 50 km d'altitude au-dessus de nos têtes.
Pour rappel, l’atmosphère est composée de cinq couches :
La couche d’ozone se distingue naturellement par une forte concentration d’ozone (O3, parfois appelé trioxygène). Cette concentration est proportionnellement plus importante que n'importe où ailleurs dans l'atmosphère - d’où le nom de “couche d’ozone”.
Pour se faire une idée, la concentration en ozone y est estimée à dix parties par million (ppm).
Petite parenthèse : l’acronyme « ppm » désigne une unité de mesure communément utilisée pour évaluer la pollution de l’air et de l’environnement. L’unité ppm indique combien de molécules d’un polluant donné on distingue, sur un million de molécules d’air par exemple.
Dans le détail, l’ozone est un gaz composé de trois atomes d'oxygène.
Il est naturellement présent dans l’atmosphère terrestre, mais peut aussi être émis par l'Homme - notamment au sein de la troposphère, là où nous vivons tous et toutes.
Dans la basse atmosphère, l'ozone devient alors un polluant toxique susceptible d’affecter notre système respiratoire par exemple.
Pour consulter l'ensemble des recommandations à observer en cas de pic de pollution à l'ozone, rendez-vous directement sur le site du Ministère de la Santé en cliquant ici.
La couche d’ozone agit comme un filtre, permettant de préserver la Terre des rayonnements ultraviolets émanant du Soleil. Ces rayonnements ultraviolets sont nocifs à la vie sur notre planète - particulièrement les UV-B.
Rappelons que les UV-B sont capables d’altérer l'ADN. Ils sont donc mutagènes pour les plantes et les animaux dont nous faisons partie.
De façon plus large, sans couche d’ozone, les maladies à l’image du cancer de la peau se multiplieraient de façon alarmante. De même que les soucis d’ordre oculaire.
Mais le rôle de la couche d’ozone ne se cantonne pas à cette dimension de protection. Avant de protéger la vie sur Terre, la couche d’ozone contribue à la rendre possible. Car lorsqu’elle absorbe les rayons ultraviolets que nous évoquions plus tôt, la couche d’ozone devient aussi une source de chaleur. C'est ce qui explique que la stratosphère (là où elle se situe) soit la seule couche de l’atmosphère où la température augmente avec l'altitude.
En bref, la couche d’ozone joue un rôle déterminant dans la régulation de la température terrestre. D’après une étude parue en 2023, celle-ci serait 270 degrés plus basse faute de couche d’ozone.
La couche d’ozone s’est formée suite à l’apparition sur Terre des premiers organismes capables de réaliser de la photosynthèse.
Or, les océans sont une sorte de grand aspirateur à carbone (plus scientifiquement, on les désigne sont le nom de "puits de carbone naturel"). Une fois apparues, les cyanobactéries utilisèrent le dioxyde de carbone (CO₂) présent en grande quantité dans l’eau pour produire un gaz nouveau dans l’atmosphère : l'oxygène moléculaire (O2).
Ensuite rejeté dans l'atmosphère, cet oxygène moléculaire est monté dans les hauteurs, là où l'énergie du rayonnement solaire est telle qu’elle peut “casser” cette molécule d'oxygène (O2) en deux atomes d'oxygène (O).
Comme l’explique le site Futura Sciences, les atomes d’oxygène n’aiment cependant pas rester seuls...
Ils cherchent vite à s’accrocher à une molécule d’oxygène intacte. Et quand ils y arrivent, ils forment quelque chose de nouveau : une molécule d’ozone (O₃), aussi appelée trioxygène (voir nos fiches récap' ci-dessous).
Mais l'histoire ne s'arrête pas là, car l’ozone dispose d'un pouvoir étonnant (et très utile) : il peut absorber les rayons ultraviolets (UV) du soleil.
Or, quand l’ozone fait cela, il se “sacrifie” un peu. La lumière UV "casse" en effet la molécule d’ozone (O₃), qui redevient :
Toujours aussi sociable, cet atome va partir se rattacher à une autre molécule d’ozone, qui devient à nouveau… De l'oxygène moléculaire (O₂), aussi appelé "dioxygène" en chimie, et essentiel à la respiration des animaux sur Terre.
La problématique posée par la couche d’ozone a émergé dans le courant des années 1970. À l’époque, on constate que la couche d’ozone s’est appauvrie, au point de former un trou au-dessus de l’Antarctique.
Le phénomène apparaît saisonnier : l’épaisseur de la couche d’ozone diminue à l’occasion du printemps austral (en septembre), puis se reconstitue quelques mois plus tard. Et ainsi de suite.
Au cours du printemps, l'air froid génère en effet des nuages stratosphériques polaires (aussi désignés sous le nom de “vortex stratosphérique” ou “vortex polaire”) qui viennent appauvrir un ozone déjà mis à mal par la pollution.
NB : en temps normal, ce phénomène n’intervient pas à hauteur de l’Arctique, car son vortex polaire est malgré tout trop chaud pour provoquer l’apparition des nuages stratosphériques. Une exception récente est intervenue en 2020, année où un trou de la taille du Groenland a été observé au-dessus de l’Arctique. Refermé depuis, ce dernier était vraisemblablement la conséquence des anomalies thermiques observées quelques semaines auparavant dans le Pacifique nord.
Malheureusement, outre les conséquences sanitaires, l’appauvrissement de la couche d’ozone favorise également le changement climatique.
À titre indicatif, on estime que 90 % de la quantité d’ozone présente sur Terre se trouve dans la stratosphère, et 10 % dans la troposphère.
Après étude, les spécialistes ont établi que cette situation avait été causée par les émissions de gaz industriels. Plus spécifiquement, il s’agit :
L’ensemble de ces substances a été regroupé sous l’appellation SACO, ou Substances Appauvrissant la Couche d'Ozone.
Signé en 1987, le Protocole de Montréal est l’accord international ayant statué sur la protection de la couche d’ozone via l’élimination graduelle des substances qui lui sont nocives.
La bonne mise en œuvre de ce protocole devrait permettre d'éviter 443 millions de cas de cancer de la peau à l’échelle des États-Unis d’ici la fin du siècle. De même que des millions de cas de cataractes.
Rappelons, par ailleurs, qu’une telle initiative contribue également à la protection :
En 1987, le protocole de Montréal a été signé par l’ensemble des pays membres des Nations Unies (24 au total). Ces derniers sont depuis soumis à l’obligation d’éliminer graduellement les SACO utilisés pour la réfrigération, la climatisation, le gonflement de la mousse, les aérosols, les solvants et d’autres applications encore.
Depuis sa signature, le Protocole de Montréal a fait l’objet de cinq amendements :
Le trou dans la couche d’ozone est toujours présent. Un temps en voie de régression, il s’est de nouveau agrandi fin 2023.
D’après l'Agence spatiale européenne (ESA), le trou de la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique a atteint sa taille maximale le 16 septembre 2023, avec 26 millions de kilomètres carrés de superficie (l'équivalent de l'Amérique du Nord). Pour Antje Inness, chercheuse au Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, il s'agissait de "l'un des plus grands trous d'ozone jamais enregistrés".
Pour autant, les scientifiques considèrent que cet état de fait ne remet pas en cause la guérison progressive de la couche d’ozone - amorcée depuis la mise en œuvre du Protocole de Montréal. Effectivement, l’éruption du volcan Hunga Tonga en 2022 pourrait expliquer l'agrandissement survenu l'année suivante.
Près de trente ans après le Protocole de Montréal, les gaz qui attaquent l'ozone au-dessus de nos têtes n’ont pas encore disparu de notre atmosphère. D’après les prévisions, il faudra compter entre 50 et 100 ans pour qu’ils soient totalement éradiqués.
Par ailleurs, les trous de la couche d'ozone présentent une "variabilité naturelle". En 2019, les températures exceptionnellement élevées avaient enrayé la formation de nuages stratosphériques polaires. Conséquence directe : le trou dans la couche d’ozone avait rétréci de façon spectaculaire.
Une bonne nouvelle tout de même ? Au printemps 2024, une étude publiée dans Nature Climate Change a annoncé que les concentrations d'hydrochlorofluorocarbones (HCFC) au sein de notre atmosphère ont commencé à décliner plus tôt que ce que les prévisions avaient anticipé. Un signe encourageant.
De même, les mesures observées le 28 septembre 2024 incitent à l'optimisme.
Dans le détail, sous réserve que le protocole de Montréal soit respecté, les scientifiques estiment que la situation pourrait revenir à la norme :
Le 9 janvier 2023, des experts mandatés par l'ONU ont indiqué que la couche d'ozone pourrait bel et bien, un jour, retrouver les valeurs de 1980. À date, 99 % des substances qui détruisent l'ozone sont en cours d’élimination. Pour consulter le rapport complet, cliquez ici.
Bien évidemment, un tel exploit dépendra du respect scrupuleux des règles établies par le protocole de Montréal, et ce, à l’échelle mondiale. La prudence reste donc de mise.
Si 24 pays seulement avaient initialement ratifié le protocole de Montréal, ce dernier a maintenant été signé par l'ensemble des pays du globe.
Il arrive parfois que certains et certaines assimilent le problème de la couche d'ozone avec celui du réchauffement climatique.
De fait, ainsi que l'a illustré Jean-Marc Jancovici dans cet article, les deux problématiques présentent des similitudes. Parmi elles :
Pour autant, il s'agit bel et bien de deux défis distincts.
Les phénomènes à l'œuvre ne sont pas les mêmes, par exemple : dans le cas de la couche d'ozone, c'est la réaction chimique engendrée par les CFC qui pose problème. A contrario, dans le cas du réchauffement climatique, la question relève de la physique pure : c'est l'accumulation de gaz à effet de serre (GES) au sein de l'atmosphère qui "étouffe" la Terre en ajoutant un effet de serre anthropique à l'effet de serre naturel existant sans intervention humaine (lequel est essentiel à la vie sur notre planète). Les échanges d'énergie se trouvent ainsi enrayés - on parle de forçage anthropique, par référence au forçage radiatif (ou forçage climatique) qui est un concept un peu plus large.
Pour en savoir plus sur le forçage radiatif, n'hésitez pas à consulter notre article dédié.
Couche d'ozone : qu'est-ce que c'est ?, Futura Sciences, https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/climatologie-couche-ozone-4411/
Connaissez-vous les cinq couches de l'atmosphère ?, Office fédéral de météorologie et de climatologie MétéoSuisse, https://www.meteosuisse.admin.ch/portrait/meteosuisse-blog/fr/2023/05/wie-ist-die-atmosphaere-aufgebaut.html
Un trou hors-norme s'est creusé dans la couche d’ozone boréale en raison de températures trop élevées, Futura Sciences, https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/arctique-trou-hors-norme-creuse-couche-ozone-boreale-raison-temperatures-trop-elevees-33750/
PPM : à quoi correspond cette unité de mesure de la pollution ?, GEO, https://www.geo.fr/environnement/ppm-a-quoi-correspond-cette-unite-de-mesure-de-la-pollution-193340
Gaz : qu'est-ce que c'est ?, Futura Sciences, https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/physique-gaz-15336/
Oxygène : qu'est-ce que c'est ?, Futura Sciences, https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/chimie-oxygene-798/
Recommandations en cas d’épisode de pollution à l’ozone, Ministère de la Santé, https://sante.gouv.fr/archives/archives-presse/archives-breves/article/recommandations-en-cas-d-episode-de-pollution-a-l-ozone
Cancer de la peau chez des poissons : la faute au trou d'ozone ?, Futura Sciences, https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/zoologie-cancer-peau-chez-poissons-faute-trou-ozone-40548/
Couche d'ozone, Actu-environnement, https://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/couche_d_ozone.php4
La photosynthèse, une chimie verte enclenchée par l’énergie solaire, CEA, https://www.cea.fr/multimedia/Documents/publications/clefs-cea/archives/en/086a092rutherford.pdf
Que se passerait-il en cas de disparition de la couche d'ozone ?, GEO, https://www.geo.fr/environnement/que-se-passerait-il-en-cas-de-disparition-de-la-couche-ozone-atmosphere-temperatures-cfc-215201
Comment s’est formée la couche d'ozone ?, Futura Sciences, https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/environnement-formee-couche-ozone-6435/
Cycle de l'oxygène, Larousse, https://www.larousse.fr/encyclopedie/animations/Cycle_de_loxygène/1101025
Nuage, qu'est-ce que c'est ?, Futura Sciences, https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/climatologie-nuage-14525/
L'ère de l'ébullition mondiale est-elle réellement une première ?, Greenly, https://greenly.earth/fr-fr/blog/actualites-ecologie/l-ere-de-l-ebullition-mondiale-est-elle-reellement-une-premiere
L’ozone, un gaz à deux visages, GEO, https://www.geo.fr/environnement/l-ozone-un-gaz-a-deux-visages-169527
Substances qui appauvrissent la couche d'ozone, Sénat, https://www.senat.fr/ue/pac/EUR000007988.html
Environnement : comment expliquer la reconstitution de la couche d'ozone ?, Franceinfo, https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-billet-vert/environnement-comment-expliquer-la-reconstitution-de-la-couche-d-ozone_5565723.html
Appauvrissement de la couche d’ozone : Protocole de Montréal, Gouvernement du Canada, https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/organisation/affaires-internationales/partenariats-organisations/appauvrissement-couche-ozone-protocole-montreal.html
Le trou de la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique atteint une taille record en 2023, Sciences et Avenir, https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/le-trou-de-la-couche-d-ozone-au-dessus-de-l-antarctique-atteint-une-taille-record-en-2023_174303
Le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique s'est agrandi, Les Échos, https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/le-trou-dans-la-couche-dozone-au-dessus-de-lantarctique-sest-agrandi-2031409
Destruction rapide d’ozone stratosphérique après l’éruption du volcan Hunga Tonga, CNRS, https://www.insu.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/destruction-rapide-dozone-stratospherique-apres-leruption-du-volcan-hunga-tonga
Les bonnes nouvelles de la couche d'ozone, Les Échos, https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/les-bonnes-nouvelles-de-la-couche-dozone-2102341
A decrease in radiative forcing and equivalent effective chlorine from hydrochlorofluorocarbons, Nature, https://www.nature.com/articles/s41558-024-02038-7
La couche d'ozone va mieux mais il lui faudra du temps pour se remettre, RTS, https://www.rts.ch/meteo/2024/article/la-couche-d-ozone-va-mieux-mais-il-lui-faudra-du-temps-pour-se-remettre-28691214.html
La reconstitution de la couche d’ozone est en bonne voie, selon des experts, ONU Info, https://news.un.org/fr/story/2023/01/1131187
Scientific Assessment of Ozone Depletion : 2022, World Meteorological Organization, United Nations Environment Programme, National Oceanic and Atmospheric Administration, National Aeronautics and Space Administration, European Commission, https://ozone.unep.org/system/files/documents/Scientific-Assessment-of-Ozone-Depletion-2022-Executive-Summary.pdf
L’effet de serre, quel rapport avec le trou dans la couche d’ozone ?, Jean-Marc Jancovici, https://jancovici.com/changement-climatique/aspects-physiques/leffet-de-serre-quel-rapport-avec-le-trou-dans-la-couche-dozone/